Saussure et la langue
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qu'est ce que le structuralisme ? Définitions des concepts saussuriens et américains

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Publié le 16 avril 2012
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Langue Français

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L3S5 / Linguistique : introduction
2. Le structuralisme 2.1. Saussure et la langue comme système
Ferdinand de Saussure (1857-1913)
1916Cours de linguistique généralepar deux étudiants de rédigé Saussure après sa mort : Albert Sechehaye et Charles Bally.
Saussure: père du structuralisme (bien qu’il n’emploie pas le terme lui-même). Pose les bases de la linguistique moderne en redéfinissant l’objet d’étude de la démarche linguistique. Parmi les grandes idées du cours on retient : La linguistique a pour objet d’étude la langue«On peut à la rigueur conserver le nom de linguistique[pour]parler d’une linguistique de la parole. Mais il ne faudra pas la confondre avec la linguistique proprement dite, celle dont la langue est l’unique objet.» Ferdinand de Saussure, CLG, p. 3839 Langage :essentiellement une faculté propre à l’ensemble des êtres humains : ie la capacité à représenter les choses. Langue : mise enœuvre de cette faculté de LGA.Code utilisé par une communauté d’individu. Parole : manifestations spécifiques/individuelles des langues.
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La langue est un système en synchronie Synchronie:l’étud:e des LGEs à un moment donné de leur évolution eg. 2010s, 1600s... Diachronie:L’étude des LGEs en comparant les étapes de leur évolution : eg. vieil anglais vs anglais contemporain Pour Saussure, la linguistique doit privilégier la synchronie, car le système d’une langue ne peut être révéléqu’en étudesynchronique. oVoir Annexe 1
La langue est un système sémiotique
«La langue est une forme et non une substance. » Ferdinand de Saussure, CLG, p. 169 Signifiant = la dimension acoustique ou graphique Signifié= le concept/ l’idée: ce à quoi on veut faire référence La mise en relation des Signifiant et Signifié = arbitraire (immotivé). Mais certains Signifiants semblent plus motivésque d’autres: -les onomatopées -Les dérivations : cerisier/ prunier/ pommier Le signe va ainsi aller de pair avec la définition de la langue en tant que forme plutôt que substance : Au sein d’une même langue, c’est le système d’oppositivité entre les éléments qui donne uneforme à la langue. Or, chaque langue a un système d’oppositivité différent, et ainsi uneformedifférente. Eg. : Fleuve Rivière River Français indigo bleu vert jaune orange rouge w w Chona cips uka citema cicena cips uka Bassa hui ziza Auchlin A. & Moeschler J. 1997,Introduction à la linguistique contemporaine, Paris : Armand Colin : p. 30. Les systèmes pronominauxAutres exemples : les temps et aspects/ /Les systèmes prépositionnels (eg. indans/sur )
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L3S5 / Linguistique : introduction
Axe paradigmatique/ syntagmatique : Axe syntagmatique :l’axe sur lequel les unités se composent The cat ate a mouse yesterday  Yesterday the cat ate a mouse ----------------------------------On dit que les éléments «permutent» sur l’axe syntagmatique. La permutation peut entrainer -des agrammaticalités : Yesterday a mouse the cat ate. -des nuances : Because we are number 2, we try harder. We try harder because we are number 2. -des sens différents : Naturally he did it. He did it naturally. Axe paradigmatique :l’axe sur lequel les unités s’opposent The cat ate a mouse yesterday  bird  pencil On dit que les éléments «commutent» sur l’axe paradigmatique. LaLes axes paradigmatiques et syntagmatiques vont définir les conditions distributionnelles des unités linguistiques : Eg.My father’ssweater / The two most ugly kids / He rocked the baby to sleep1 2.2. Le Cercle de Prague «La langue est un système fonctionnel. » Roman Jakobson, Nicolaï Troubetskoy, et Sergei Karcevski Ouverture du manifeste du Cercle Linguistique de Prague, La Haye, 1929
Roman Jackobson
1 Lecture de référence:Nicolas Journet , 2000, « L'école de Prague ou la naissance de la linguistique structurale »,Un siècle de sciences humaines,inSciences Humaines n°30, Hors-série. 3
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C’est ce cercle de linguistes qui va, dans le sillon de Saussure, faire du structuralisme une école de pensée pendant 10 ans : 1929-1939 (i.e. jusqu’à l'invasion allemande de la Tchécoslovaquie.) Le Cercle puise son inspiration dans les travaux de Saussure, encore peu répandus, et le formalisme de l'école de Moscou. De plus, Jakobson et d'autress’intéressent à la poétique et à la stylistique, ce qui les amènent à ne pas regarder le langage comme un simple vecteur d’informations (eg.parle aussi pour être sociable, on pour le plaisir de formuler ses propos d’une manière plutôt qu’une autre…).Les grands axes du manifeste de 1929 : o: sonore,Traiter le langage dans ses dimensions morphologique, syntaxique et sémantique. o: les éléments entretiennentLes langues sont des systèmes des rapports oppositifs dans un butcommunicationnel. oA l’instar de Saussure, les langues sont à appréhender prioritairement en synchronie. o(cf. laL'intuition est la référence de toute analyse compétence de Chomsky). oEtablir une étude des différentes langues pour en comparer les structures (en partant du système acoustique : la phonologie). Le Cercle de Prague n’invente rien en soi mais vont favoriser la transmission et la pérennisation de la pensée Saussurienne et en l’agrémentant d’une réflexion communicationnelle. La phonologie (notamment grâce à Troubetskoy) devient une référence de démarche structurale ; la communication (notamment avec Jakobson) s’arme elle aussi d’une approche plus systématique. Après 1939 : la continuation du structuralisme est assurée par Louis Hjemlslev à Copenhague, A. Martinet en France, R. Jakobson aux Etats-Unis. NB. Parmi les étudiants de R. Jakobson au MIT : Noam Chomsky et Morris Halle, fondateurs la Grammaire Générative (1957).
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L3S5 / Linguistique : introduction
2.3. Le structuralisme américain
2.3.1. Edward Sapir (1884-1939): Langage et culture
Bien quen marge du structuralisme européen, on peut rattacher la démarche de Sapir à la linguistique structurale au sens où elle prend en compte la forme spécifique des différents systèmes. La grande différence est que Sapir engage une réflexion philosophique sur le rapport langue-pensée.
Selon Sapir la langue est une composante culturelle. La forme de la langue impose unmode d’appréhensi: con du monde est ce quon appelle lerelativisme linguistique.L’hypothèse dite de Whorf-Sapir (Sapir-Whorf hypothesis) parce que reprise et prolongée par Benjamin Lee Whorf, lui aussi spécialiste des langues améridiennes (alors qu’il avait une formation d’agent d’assurance).
We dissect nature along lines laid down by our native languages. The categories and types that we isolate from the world of phenomena we do not find there because they stare every observer in the face; on the contrary, the world is presented in a kaleidoscopic flux of impressions which has to be organized by our minds  and this means 2 largely by the linguistic systems in our minds.(B. L. Whorf)
2 1940,Science and Linguistics,Technology Review42(6): pp. 213. 5
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Lexemple type est celui de leskimo qui a plusieurs mots (une dizaine environ) pour qualifier la neige là où dautres langues nen auront quun (en Aztecneige,glaceetfroidsont désignés par le même mot).
kaniktshaqsnow qanikfalling snow anijosnow on the ground hiko ice tsikutlarge broken up masses of ice hikuliaqthin ice quahak new ice without snow kanut, new ice with snow pugtaqdrift ice
peqalujaqold ice manelaq, pack ice ivuneqhigh pack ice maneraq, smooth ice akuvijarjuakthin ice on the sea kuhugaqicicle nilakfresh water ice tugartaqfirm winter ice
Il est cependant difficile de faire un décompte précis des lexèmes indépendants et des allomorphes car la morphologie dit « polysynthétique » de la langue eskimo permet un grand nombre de dérivation (cf. le nombre de mot pour glace qui se terminent parakouag) : cf.The Great Eskimo Hoaxde Geoffrey Pullum.
Ainsi dun point de vue historique, lenvironnement culturel détermine la forme de la langue, mais du point de vue de chaque locuteur cest la langue qui formate une vision du monde (puisque ce système lui est livré tout fait par ses parents).
On peut ensuite avoir une approche plus ou moins radicale de lHypothèse Whorf-Sapir :
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soit langue et pensée se confondent : la langue détermine la pensée au point dêtre une forme de pensée en soi ; soit langue et pensée sont distinctes, mais la langue organise la pensée (ainsi un sujet sourd qui ne maîtriserait pas de langue aurait une pensée désorganisée).
Eg. A geek / a nerd / un bobo / un no-life / un peopleLGE la découpe, identifie et organise ce que la pensée ressent de manière sourde.
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L3S5 / Linguistique : introduction
2.3.2. Leonard distributionalisme
Bloomfield
(1887-1949) et
le
A la différence de Sapir, Bloomfield se place aux antipodes dune réflexion mentaliste. Avec Bloomfield la linguistique opère selon une démarche rigoureuse qui privilégie la forme sur le sens . Il commence par étudier le Tagalog, une langue polynésienne, mais comme beaucoup de linguistes américains de son époque, il étudie aussi des langues amérindiennes, en loccurrence lAlgonquin, pendant WW1 (sur lequel applique la méthode de reconstruction historique pour montrer que la méthode fonctionne aussi sur des langues non IE).
Dans les années 20, Bloomfield devient professeur dallemand et de linguistique et rencontre Albert Paul Weiss, un Behavioriste. A partir de là, et de la prise en compte de la langue comme système (Saussure), Bloomfield est convaincu quil faut évacuer le mentalisme et ne se fier quaux données observables pour décrire scientifiquement le langage.
Sa démarche est exposée dans son livre de référence :Language, 1933.
A la différence de Sapir, Bloomfield estime que la pensée, la « boîte noire », doit être laissée hors-champ. Si la linguistique doit être une science à part entière, elle doit être objective et rejeter toute forme dinterprétation (à linverse de la linguistique cognitive actuelle par exemple).
Sa méthode, ditedistributionnelle, se fonde sur lagencement observable des unités linguistiques, qui aboutit à une déconstruction en unités discrètes :
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les phonèmes (unités vocaliques) les morphèmes (unités de sens : stimulus-réponses) les règles dagencement (syntaxe)
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Un des principes clés de Bloomfield est lanalyse en constituants immédiats, qui procède là encore selon une méthode distributionnelle rigoureuse qui consiste à vérifier que chaque segment peut être substitué par un constituant plus petit ou de même nature :
Eg. My brother ate a sandwich
* [My Brother] [ate] [a sandwich]  [My Brother] == [ate a sandwich]  [ he ] == [ did ]
* [[My] [Brother]] == [ate [a] [sandwich]]  [[My] [Brother]] == [ate [a sandwich]]  [[My] [Brother]] == [ate [ it ]]
Ce principe va être exploité et approfondi par un autre linguiste américain Zellig Harris (1909-1992) qui, sans avoir été un étudiant de Bloomfield, a été fortement influencé par sa méthode distributionnelle Voir son livre de référence :Methods in Structural Linguistics(1951).
Sa méthode, qui emprunte à la rigueur des mathématiques, va aboutir à lidée de transformation, qui sera ensuite réélaborée par Chomsky. Toutefois, à la différence de Chomsky, Harris applique lidée
de transformation au niveau de surface, comme une projection mathématique dun ensemble vers un autre. Chomsky va lui considérer que lon doit distinguer un niveau de surface dun niveau cognitif profond, et que les transformations sopèrent quelque part entre ces deux niveaux. Ainsi, la grande trouvaille de Chomsky est de rétablir le mentalisme dans lanalyse linguistique tout en prolongeant la tradition formaliste de Bloomfield et de Harris.
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L3S5 / Linguistique : introduction
oAnnexe 1 Ferdinand de Saussure, ([1916] 1985), « Linguistique de la langue, linguistique de la parole »,Cours de Linguistique Générale, Parsi : Payot, pp. 3639  «En accordant à la science de la langue sa vraie place dans l’ensemble de l’étude du langage, nous avons du même coup situé la linguistiquetout entière. Tous les autres éléments du langage, qui constituent la parole, viennent d’euxmêmes se subordonner à cette première science, et c’est grâce à cette subordination que toutes les parties de la linguistique trouvent leur place naturelle.  Considérons, par exemple, la production des sons nécessaires à la parole les organes vocaux sont aussi extérieurs à la langue que les appareils électriques qui servent à transcrire l’alphabet Morse sont étrangers à cet alphabet;et la phonation,c’estàdire l’exécution des images acoustiques, n’affecte en rien le système luimême. Sous ce rapport, on peut comparer la langue à une symphonie, dont la réalité est indépendante de la manière dont on l’exécute; les fautes que peuvent commettre les musiciens qui la jouent ne compromettent nullement cette réalité. […]L’étude du langage comporte donc deux parties l’une, essentielle, a pour objet la langue, qui est sociale dans son essence et indépendante de l’individu; cette étude est uniquement psychique; l’autre, secondaire, a pour objet la partie individuelle du langage, c’estàdire la parole y compris la phonation: elle est psychophysique. Sans doute, ces deux objets sont étroitement liés et se supposent l’un l’autre : la langue est nécessaire pour que la parole soit intelligible et produise tous ses effets; mais celleci est nécessaire pour que la langue s’établisse;histo riquement, le fait de parole précède toujours. Comment s’aviseraiton d’associer une idée à une image verbale, si l’on nesurprenait pas d’abord cette association dans un acte de parole ? D’autre part, c’est en entendant les autres que nous apprenons notre langue maternelle;elle n’arrive à se déposer dans notre cerveau qu’à la suite d’innombrables expériences. Enfin, c’est la parole qui fait évoluer la langue : ce sont les impressions reçues en entendant les autres qui modifient nos habitudes linguistiques. Il y a donc interdépendance de la langue et de la parole;cellelà est à la fois l’instrument et le produit de celleci. Mais tout cela ne les empêche pas d’être deug choses absolument distinctes.La langue existe dans la collectivité sous la forme d’une somme d’empreintes déposées dans chaque cerveau, à peu près comme un dictionnaire dont tous les exemplaires, identiques, seraient répartis entre les individus. C’est donc quelque chose qui est dans chacun d’eux, tout en étant commun à tous et placé en dehors de la volonté des dépositaires. Ce mode d’existence de la langue peut être représenté par la formule 9
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1+1+1+1... = 1 (modèle collectif).  De quelle manière la parole estelle présente dans cette même collectivité ? Elle est la somme de ce que les gens disent, et elle comprend : a) des combinaisons individuelles, dépendant de la volonté de ceux qui parlent,b) des actes de phonation également volontaires, nécessaires pour l’exécution de ces combinaisons. Il n’y a donc rien de collectif dans la parole; les manifestations en sont individuelles et momentanées. Ici il n’y a rien de plus que la somme des cas particuliers selon la formule: (1 + 1’ + 1” + 1”’...). Pour toutes ces raisons, il serait chimérique de réunir. sous un même point de vue la langue et la parole. Le tout global du langage est inconnaissable, parce qu’il n’est pas homogène, tandis que la distinction et la subordination proposées éclairent tout. Telle est la première bifurcation qu’on rencontre dès qu’on cherche à faire la théorie du langage. Il faut choisir entre deux routes qu’il est impossible de prendre en même temps;elles doivent être suivies séparément.  On peut à la rigueur conserver le nom de linguistique à chacune de ces deux disciplines et parler d’une linguistique de la parole. Mais il ne faudra pas la confondre avec la linguistique proprement dite, celle dont la langue est l’unique objet. »
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