Schèmes d action et assimilation active : une résurgence en forme de réhabilitation ? - article ; n°1 ; vol.91, pg 47-58
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Schèmes d'action et assimilation active : une résurgence en forme de réhabilitation ? - article ; n°1 ; vol.91, pg 47-58

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Description

L'année psychologique - Année 1991 - Volume 91 - Numéro 1 - Pages 47-58
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Henriette Bloch
Schèmes d'action et assimilation active : une résurgence en
forme de réhabilitation ?
In: L'année psychologique. 1991 vol. 91, n°1. pp. 47-58.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch Henriette. Schèmes d'action et assimilation active : une résurgence en forme de réhabilitation ?. In: L'année
psychologique. 1991 vol. 91, n°1. pp. 47-58.
doi : 10.3406/psy.1991.29444
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1991_num_91_1_29444L'Année Psychologique, 1991, 91, 47-58
Laboratoire de Psycho-Biologie de l'Enfant1
SCHEMES D'ACTION
ET ASSIMILATION ACTIVE :
UNE RÉSURGENCE EN FORME
DE RÉHABILITATION?
par Henriette Bloch
Dans le domaine du développement, la critique et la contes
tation des théories constructivistes, qui se poursuivent depuis
une quinzaine d'années, représentent un des traits marquants
de la psychologie contemporaine. Parmi les propositions les plus
discutées, se trouvent celles qui se rapportent à l'action, à son
statut, à son rôle dans les processus de développement, telles
qu'elles ont été exposées en particulier par Piaget (1936, 1947,
1960). A l'origine du débat, une révision des datations indiquées
par Piaget pour un certain nombre de conduites du bébé et la
mise en évidence de capacités beaucoup plus précoces qu'il
n'était supposé et susceptibles, dès la naissance, de s'exercer
dans des relations organisées avec le milieu, d'être mises en jeu des activités régulières. Ensuite, sont venues les mises en
question de tout un échafaudage de notions explicatives qu'on
est mal parvenu à opérationnaliser ou éclaircir. Deux d'entre
elles font particulièrement problème et ce d'autant plus qu'elles
préfigurent des notions essentielles à la compréhension d'étapes
et de transitions ultérieures : ce sont les notions de « schemes
d'action » et d' « assimilation active » ; la combinaison et l'exten
sion des schemes mènent à la forme de groupe des structures
mentales (groupe des déplacements, puis groupe inrc) et l'ass
imilation active préfigure la forme la plus achevée de l'assimila
tion que sera, dans l'intelligence opératoire, l'abstraction réfléchis-
1. ephe, CNRS ura 315, 41, rue Gay-Lussac, 75005 Paris. Henriette Block 48
santé. Dans un article théorique de grande portée, F. Bresson
(1971) s'était attaché à ces notions pour fonder son modèle de
« la genèse des propriétés des objets », modèle basé sur les
séquences d'action généralisables et les régularités de l'env
ironnement que l'assimilation active permet de prendre en
compte. « Les objets, écrivait-il dans sa conclusion, se chargent
de significations qui sont la trace des actions dans lesquelles
ils ont été inscrits et des effets qu'ils ont permis d'obtenir. »
Cette conception, largement inspirée de celle de Piaget, fait à
l'assimilation une place que des théories plus récentes lui ont
contestée. Le recueil de faits ignorés ou négligés engage aujour
d'hui à s'interroger de nouveau sur ce qu'est un scheme d'action
et sur les mécanismes et le rôle d'une assimilation active, chez
le bébé, au cours de la première année de la vie. C'est ce que
nous nous proposons de faire en nous arrêtant sur quelques
exemples.
Dans la théorie piagétienne, les schemes d'action prennent
source dans les mouvements réflexes présents à la naissance,
dont les formes, les trajectoires, le décours sont rigides et stéréo
typés. De sorte que leur répétition les reproduit à l'identique.
Ces mouvements donneraient d'abord naissance à des schemes
qui ne représenteraient pas une acquisition au sens propre, mais
une simple consolidation. Ainsi, la succion se conforterait-elle
par exercice. Ce faisant, elle répond au besoin de nourriture
et pourra être associée à la satisfaction de ce besoin. Pour que
survienne un changement, et mieux encore un progrès, il est
nécessaire qu'intervienne cet autre processus : l'assimilation du
besoin à l'acte. C'est là qu'entre en jeu active.
Les réactions circulaires en constituent la première illustration.
Là où Baldwin ne voyait que des « accommodats », Piaget
suggère qu'il y a assimilation, c'est-à-dire modification d'une
organisation routinière et première forme de mobilité par une
activité qui crée un lien entre cette organisation routinière et
des éléments du monde extérieur. Néanmoins, les changements
qui vont suivre ne seraient pas justiciables de cette première
forme d'assimilation, mais d'une forme supérieure conduisant
à la généralisation ou à la transposition active des schemes.
Bien que, dans les premiers mois de la vie, l'assimilation se
limite à une « simple application des moyens connus aux ci
rconstances imprévues », c'est cependant elle qui pousserait
l'enfant à s'intéresser à la nouveauté « pour elle-même » et Hommage à François Bresson 49
l'amènerait à différencier les moyens des buts. Ainsi, comme
l'a résumé P. Gréco, « l'action donne aux schemes une structure
qui rend de nouveaux schemes à l'action » (Préface à Bideaud,
1988, p. 12).
Les deux notions clés de cette conception sont des notions
abstraites, inférées des conduites. Font problème les conditions
à partir desquelles ces inferences peuvent légitimement être
présentées. Quels traits doit comprendre une conduite pour
évoquer un scheme d'action ? Qu'entend-on par ce terme ?
Comment se révèle un processus d'assimilation active ? Piaget
s'est assez peu soucié d'offrir des définitions précises. Les des
criptions sur lesquelles il s'est appuyé ne permettent pas de
donner à ces deux notions un contenu parfaitement clair. Toutef
ois elles ont une acception nettement diachronique. C'est au
cours du temps, à travers des changements communément
orientés que peuvent se faire jour schemes et processus d'assi
milation. Cela suppose néanmoins que le point de départ de
l'évolution diachronique soit connu et qu'on puisse la suivre,
si possible pas à pas, au cours du temps. Piaget en a donné
l'exemple avec les étapes qui conduisent à la permanence de
l'objet. Le point de vue diachronique suggère en outre une
différenciation de niveaux, donc la mise en évidence de tran
sitions et d'étapes représentant des paliers successifs. Il n'est
pas seulement besoin de mettre en évidence un scheme à une
période déterminée, mais encore de caractériser la ou les diff
érences entre ce scheme et celui qui lui succédera.
L'orientation de recherche indiquée par Piaget consiste à
étudier l'extension progressive des coordinations. Selon lui,
cette extension comprend à la fois les parties du corps associées
dans une action et l'espace extérieur dans lequel l'action est
accomplie. Bien que, pour Piaget, les concepts de scheme et
d'assimilation active soient liés, nous les envisagerons séparé
ment pour la clarté de l'exposé.
1. LE SCHEME D'ACTION
Sur la notion de scheme persiste une certaine confusion,
qui a tenu d'abord à un affaiblissement de sens entre Kant et
Bergson. Pour Kant, le scheme se définissait clairement comme
une représentation, intermédiaire entre les phénomènes per- 50 Henrieile Block
ceptifs et les catégories de l'entendement, cette représentation
a nécessairement une forme, moins labile que celle des phéno
mènes sensoriels, mais néanmoins susceptible de variations
contrairement aux catégories, invariantes par construction. Chez
Bergson, le scheme n'est plus qu'un ensemble d'images ou de
sensations kinesthésiques, dont les qualités formelles sont indé
cises. On pourrait penser que Piaget se situe plus près de Kant
que de Bergson et qu'il garde au scheme le sens d'une orga
nisation formelle relativement stable. Rien n'est moins sûr
(Morss, 1990). En fait, Piaget rejette l'idée que le scheme d'action
soit une représentation. L'intelligence sensori-motrice «

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