Science sociale et découpage régional - article ; n°1 ; vol.35, pg 27-36
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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1980 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 27-36
Sozialwissenschaft und regionale Gliederung Bemerkung zu zwei Debatten (1820-1920). Bildet die Region einen relevanten Rahmen für das Studium sozialer Tatbestände ? Von französischen Geographen und Historiker als evident angenommen, wurde die Gültigkeit der regionalen Zerlegung und Gliederung doch auch von anderen Praktikern der Sozialwissenschaft in Zweifelgezogen,undzwar zweimal in der neueren Geschichte. Gegen die Region und die vom 18. Jahrhundert so geschätzen «natürlichen» Räume entwickelt sich zwischen 1820 und 1840 eine erste soziale Statistik. Um auszumachen, worauf die anhand der departementalen Statistiken registrierten Differenzen beruhen, muß in der Tat mit anderen analytischen Räumen laboriert, müssen die Daten in konstruierten Ensembles zusammengefaßt werden, die den wirklichen, die Nation trennenden Gegensätze Gestalt geben. Die anfangs des Jahrhunderts in Gang gekommene Debatte zwischen Geographen und Historikern, Verfechter der regionalen Monographie, und Soziologen aus der Durkheim Schule, die dem regionalen Rahmen aile Relevanz absprechen, statt -dessen für morphologische und vergleichende Studien plädieren, reaktiviert den Gegensatz zweier Auffassungen der räumlichen Aufteilung und Zerlegung innerhalb der Humanwissenschaften. Im vorliegenden Aufsatz soll der Frage nachgegangen werden, inwieweit es sich bei diesen methodologischen Divergenzen in bezug auf die Definition des legitimen Raums um eine Übertragung der Hierarchien zwischen Wissenschaften, der Legitima tionsstrategien und der (wissenschaftlichen, politischen, ideologischen) Beziehungen zum untersuchten Gegenstand ins intellektuelle Feld handelt.
Social Science and Division into Regions. A Note on Two Debates (1820-1920). Is the region an appropriate framework for studying social facts ? French geographers and historians used to take this for granted, but the validity of regional units has been challenged by other social scientists, at two historical moments. Between 1820 and 1840, the science of social statistics was initially built up in opposition to 18th-century conceptions of the region and the «natural» area. Identifying the reasons which lie behind the differences recorded in the statistics of the departements requires using other analytic spaces, organizing the data into areas which correspond to the real contrasts within the French nation. In the early 1900s, a debate opened up between, on one side, the geographers and historians, who defended regional monographs, and, on the other side, the Durkheimian sociologists, who denied the regional framework any relevance and argued for morphological and comparative studies. This debate reactivated the opposition between two ways of understanding spatial division in the social sciences. These methodological differences over the definition of the legitimate spatial unit correspond, within the intellectual field, to the hierarchies between disciplines, different strategies to win legitimacy, and the different relationships (scientific, political and ideological) with the object of study itself.
Science sociale et découpage régional. Note sur deux débats (1820-1920). La région constitue-t-elle un cadre pertinent pour l'étude des faits sociaux ? Admise comme une évidence par les géographes et les historiens français, la validité du découpage régional a pourtant été mise en doute par d'autres praticiens de la science sociale, et ce à deux moments historiques. Entre 1820 et 1840, c'est contre la région et les espaces «naturels» chers au XVIIIe siècle que se bâtit une première statistique sociale. Identifier les raisons qui fondent les différences enregistrées par les statistiques départementales exige, en effet, de manipuler d'autres espaces d'analyse, d'agréger les données dans des ensembles construits dessinant les contrastes vrais qui divisent la nation. Au début du siècle, le débat noué entre les géographes et les historiens, défenseurs de la monographie régionale, et les sociologues durkheimiens qui dénient toute pertinence au cadre régional et plaident pour les études morphologiques et comparatistes, réactive l'opposition entre deux manières d'appréhender le découpage spatial dans les sciences humaines. Il s'agit donc d'essayer de comprendre comment ces divergences méthodologiques quant à la définition de l'espace légitime retraduisent, dans le champ intellectuel, les hiérarchies entre disciplines, les stratégies de légitimation, les rapports (scientifiques, politiques, idéologiques) entretenus avec l'objet étudié lui-même.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 123
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Roger Chartier
Science sociale et découpage régional
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 35, novembre 1980. pp. 27-36.
Citer ce document / Cite this document :
Chartier Roger. Science sociale et découpage régional. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 35, novembre
1980. pp. 27-36.
doi : 10.3406/arss.1980.2097
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1980_num_35_1_2097Résumé
Science sociale et découpage régional. Note sur deux débats (1820-1920).
La région constitue-t-elle un cadre pertinent pour l'étude des faits sociaux ? Admise comme une
évidence par les géographes et les historiens français, la validité du découpage régional a pourtant été
mise en doute par d'autres praticiens de la science sociale, et ce à deux moments historiques. Entre
1820 et 1840, c'est contre la région et les espaces «naturels» chers au XVIIIe siècle que se bâtit une
première statistique sociale. Identifier les raisons qui fondent les différences enregistrées par les
statistiques départementales exige, en effet, de manipuler d'autres espaces d'analyse, d'agréger les
données dans des ensembles construits dessinant les contrastes vrais qui divisent la nation. Au début
du siècle, le débat noué entre les géographes et les historiens, défenseurs de la monographie
régionale, et les sociologues durkheimiens qui dénient toute pertinence au cadre régional et plaident
pour les études morphologiques et comparatistes, réactive l'opposition entre deux manières
d'appréhender le découpage spatial dans les sciences humaines. Il s'agit donc d'essayer de
comprendre comment ces divergences méthodologiques quant à la définition de l'espace légitime
retraduisent, dans le champ intellectuel, les hiérarchies entre disciplines, les stratégies de légitimation,
les rapports (scientifiques, politiques, idéologiques) entretenus avec l'objet étudié lui-même.
Abstract
Social Science and Division into Regions. A Note on Two Debates (1820-1920).
Is the region an appropriate framework for studying social facts ? French geographers and historians
used to take this for granted, but the validity of regional units has been challenged by other social
scientists, at two historical moments. Between 1820 and 1840, the science of social statistics was
initially built up in opposition to 18th-century conceptions of the region and the «natural» area.
Identifying the reasons which lie behind the differences recorded in the statistics of the departements
requires using other analytic spaces, organizing the data into areas which correspond to the real
contrasts within the French nation. In the early 1900s, a debate opened up between, on one side, the
geographers and historians, who defended regional monographs, and, on the other side, the
Durkheimian sociologists, who denied the framework any relevance and argued for
morphological and comparative studies. This debate reactivated the opposition between two ways of
understanding spatial division in the social sciences. These methodological differences over the
definition of the legitimate spatial unit correspond, within the intellectual field, to the hierarchies between
disciplines, different strategies to win legitimacy, and the different relationships (scientific, political and
ideological) with the object of study itself.
Zusammenfassung
Sozialwissenschaft und regionale Gliederung Bemerkung zu zwei Debatten (1820-1920).
Bildet die Region einen relevanten Rahmen für das Studium sozialer Tatbestände ? Von französischen
Geographen und Historiker als evident angenommen, wurde die Gültigkeit der regionalen Zerlegung
und Gliederung doch auch von anderen Praktikern der Sozialwissenschaft in Zweifelgezogen,undzwar
zweimal in der neueren Geschichte. Gegen die Region und die vom 18. Jahrhundert so geschätzen
«natürlichen» Räume entwickelt sich zwischen 1820 und 1840 eine erste soziale Statistik. Um
auszumachen, worauf die anhand der departementalen Statistiken registrierten Differenzen beruhen,
muß in der Tat mit anderen analytischen Räumen laboriert, müssen die Daten in konstruierten
Ensembles zusammengefaßt werden, die den wirklichen, die Nation trennenden Gegensätze Gestalt
geben. Die anfangs des Jahrhunderts in Gang gekommene Debatte zwischen Geographen und
Historikern, Verfechter der regionalen Monographie, und Soziologen aus der Durkheim Schule, die dem
regionalen Rahmen aile Relevanz absprechen, statt -dessen für morphologische und vergleichende
Studien plädieren, reaktiviert den Gegensatz zweier Auffassungen der räumlichen Aufteilung und
Zerlegung innerhalb der Humanwissenschaften. Im vorliegenden Aufsatz soll der Frage nachgegangen
werden, inwieweit es sich bei diesen methodologischen Divergenzen in bezug auf die Definition des
legitimen Raums um eine Übertragung der Hierarchien zwischen Wissenschaften, der Legitima
tionsstrategien und der (wissenschaftlichen, politischen, ideologischen) Beziehungen zum untersuchten
Gegenstand ins intellektuelle Feld handelt.:
rogerchartier
science sociale
De la collection des différences
à l'invention des deux France de longtemps naturelle» Dans humaine, statisticiens l'invention son L. livre ni pour n'en Febvre les de géographes, aient ensuite la crédite 1922, «précieuse usé, et La prisonniers déplorer le ni XVIIIe Terre les notion historiens, découpage siècle que et de l'évolution de la finissant pendant géograrégion ni les " noie surdeuxdebats 1920
Dans les décennies 1820 et 1830, les arithméticiens
sociaux, de Dupin à d'Angeville, renversent cette
appréhension de l'espace national. Il ne s'agit plus
pour eux d'engranger des données nouvelles, idenphie administrative -«après avoir décrit la France tifiant toujours plus finement les unités reconnues en ses provinces, ils la disséquaient en ses dépar
(provinces, pays, régions, etc.) mais de ramener à tements»- ou victimes de leurs découpages chimér
des oppositions simples, abstraites, macroscopiques, iques, ainsi Herbin, auteur en 1805 d'une Statis les différences constatées par la statistique départetique générale et particulière de la France qui mentale. L'opération fondamentale consiste à divise le pays en dix «régions», chacune d'elles agréger -donc dissoudre- les particularités locales étant «composée d'un nombre à peu près égal de dans des ensembles cohérents dont le contraste est départements» (1). Sûr de la légitimité de la parti susceptible de raison. De là, la progressive émergence tion régionale, Febvre fait de son maniement la d'un motif qui refoule la lecture éclatée de l'espace condition du progrès dans l'étude des faits sociaux. français : celui de la France double, imaginairement Pour lui, tout autre découpage spatial renvoie soit divisée par une frontière linéaire courant de Saint- à l'abstraction des divisions politiques, soit à la Malo à Genève. On a dit ailleurs l'histoire de ce gratuité d'un jeu de l'esprit. C'était là évacuer un thème qui focalise tous les grands débats des débuts fait essentiel, à savoir que la statistique sociale s'est du XIXe siècle (2). Mise d'abord en évidence sur le construite dans le premier tiers du XIXe siècle contre
terrain de l'inégal développement scolaire par la notion de région, et plus généralement
Malte-Brun en 1823 et Dupin en 1826, cette division tous les espaces «naturels», que leur unité (sup de la France en deux parts inégales fournit une posée) leur viennent de l'histoire ou du sol et du
structure spatiale permettant d'ordonner les statisclimat. Au XVIIIe siècle, les histoires naturelles, les
tiques économiques (Dupin, 1827), les comptes de inventaires provinciaux dressés à l'initiative des
la justice criminelle, les indices du paupérisme académies, les topographies médicales inscrivent
(Bigot de Morogues, 1832 ; Villeneuve-Bargemont, leurs collectes à l'intérieur de ces unités données
1834) et, finalement, tous les indicateurs quantifiés. d'avance, multiples et différentes. Il s'agit alors C'est ainsi qu'ayant rassemblé quatre-vingt dix-sept d'inventorier les caractères, bénéfiques ou malheur indices et cartographie seize d'entre eux, d'Angeville eux, d'ensembles territoriaux dont la personnalité en 1836 conclut : «Plus on étudie la statistique de est fondée historiquement et qui souvent, par sur l'homme, plus on trouve cette division rationnelle croît, possèdent une homogénéité géographique. sous le rapport des faits qui se rattachent à la Le royaume est perçu comme cons

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