Statistique criminelle - article ; n°1 ; vol.12, pg 461-476
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Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 461-476
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lacassagne
Martin
Statistique criminelle
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 461-476.
Citer ce document / Cite this document :
Lacassagne , Martin . Statistique criminelle. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 461-476.
doi : 10.3406/psy.1905.3726
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3726VIII
LES DONNÉES DE LA STATISTIQUE CRIMINELLE
Quel mal n'a-t-on pas dit des statistiques! Il est certain qu'elles
indiquent un peu ce que veulent leur faire dire ceux qui les dressent.
Pour qu'une statistique soit réellement sérieuse, il faut qu'elle
comporte un nombre de cas considérable et qu'elle s'étende à une
longue période d'années. C'est bien le cas de la statistique crimi
nelle en France. Depuis 1825, le compte rendu de la justice nous fournit des chiffres annuels absolument comparables.
C'est une mine où psychologues, sociologues et médecins peuvent
rechercher des informations précises sur le niveau moral du pays.
Tous les autres pays ont depuis imité ce qui se fait en France,
en apportant dans leur étude des modifications et des améliorations
qui ont été appréciées par notre ministre actuel de la justice. Dans
une circulaire récente il vient de préciser les défauts du compte
rendu de l'administration de la justice criminelle de France et de
fixer les moyens de les faire disparaître. Il est utile à toutes les
personnes qui veulent consulter les statistiques de connaître les
points saillants de cette circulaire.
Depuis son institution, c'est-à-dire depuis 1827, la statistique étant
restée uniquement un instrument de contrôle de l'administration
judiciaire, ses comptes généraux avaient rempli leur rôle strict,
qui était de livrer à la publicité tous les actes judiciaires, de signaler
les résultats de la répression et enfin de dénoncer les irrégularités
commises dans l'application des lois de procédure. Mais M. Chaumié
a pensé que tel n'était pas le seul point de vue sous lequel puisse
et doive être étudiée la justice pénale; qu'il est du plus haut intérêt
de suivre les mouvements de la criminalité, de rechercher ses ori
gines, ses causes, ses rapports avec les progrès de la civilisation,
ses transformations, de vérifier en un mot si les principes nouvel
lement introduits dans la législation exercent une heureuse
influence sur la moralité publique. D'ailleurs, toutes les publi
cations officielles adressées à la chancellerie par les gouvernements
étrangers démontrent qu'on se préoccupe partout ailleurs de
recueillir les éléments propres à faire connaître sous toutes ses
faces le mouvement des crimes et des délits et de faciliter l'étude
sociale de la criminalité. Seule la France persistait à rédiger sa
statistique dans une forme et suivant une méthode qui ne donnaient
pas de résultats en rapport avec les besoins modernes.
C'est pourquoi le garde des sceaux, dans une circulaire aux pro- REVUES GENERALES 462
cureurs généraux, vient de prescrire sur quelles bases et dans quel
esprit nouveau les parquets devraient à l'avenir établir leurs statis
tiques :
« La statistique criminelle peut prendre pour bases de son ét
ablissement plusieurs unités, c'est-à-dire qu'elle peut démontrer soit
les jugements, soit les infractions, soit les délinquants. En France,
c'est l'unité jugement qui seule a de tout temps servi d'expression
mumérique à ces constatations.
« Cette méthode présente, à divers points de vue, les plus sérieux
inconvénients. Lorsqu'un individu, par exemple, est jugé plusieurs
fois dans l'année pour des crimes ou pour des délits, il figure, sous
le rapport de l'âge du sexe, de l'état civil, de la profession, etc.,
pour autant d'unités qu'il a encouru de jugements dans la même
année.
« D'autre part, puisque l'unité-jugement sert seule de base au
classement des délinquants, un prévenu condamné par le même
jugement pour vol et vagabondage par exemple, n'est inscrit dans
la statistique qu'au titre de l'infraction la plus grave, le. vol
l'espèce, sans y laisser trace de sa condamnation pour vagabondage.
Il n'y a, en effet, dans ce cas, qu'un jugement en vertu de l'article 365
du Code d'instruction criminelle.
« De même, quand un prévenu doit répondre à la fois de plusieurs
vols, de plusieurs vagabondages, il n'est encore l'objet que d'un
seul jugement et ne figure dans la statistique que pour un vol, un
vagabondage, c'est-à-dire pour une unité, alors qu'en réalité il a
commis des infractions multiples. Il est donc impossible, avec les
données actuelles de la statistique : 1° de connaître le nombre des
individus différents 'jugés chaque année par les diverses juridic
tions répressives, et, par suite, d'établir à l'aide de rapprochements
avec les chiffres de la population, des rapports indiquant l'influence
des conditions personnelles des condamnés, sur le mouvement de
la criminalité ; 2° de dresser le tableau exact des diverses catégories
d'infractions, principalement de celles qui, comme le vagabondage,
la mendicité, la rébellion... sont le plus souvent connexes à d'autres
délits plus graves figurant seuls dans les relevés de la statistique.
« Pour arriver à fixer ces points jusqu'ici laissés dans l'ombre, le
choix de l'unité-infraction ou de l'unité-jugement s'impose aux
statisticiens. Je me bornerai à citer les principaux avantages qui
résultent de l'emploi de l'une ou l'autre de ces méthodes : rappro
chement d'unités comparables à celle du recensement, c'est-à-dire
établissement possible du rapport qui existe entre la population
criminelle et la population totale; appréciation de l'influence du
sexe, de l'âge, du mariage, de la vie urbaine ou rurale, de la pro
fession, sur la criminalité générale ou spéciale; détermination pré
cise de la mesure dans laquelle se trouve violée la loi pénale, fixa
tion du véritable contingent annuel de la criminalité; appréciation
des risques que fait subir à la population honnête la classe des
malfaiteurs.
« Tous ces renseignements qui font défaut en France se trouvent ET ETIENNE MARTIN. — STATISTIQUE CRIMINELLE 463 LACASSAGNE
dans la plupart des statistiques étrangères. Il est vrai que, pour
arriver à une représentation aussi précise des faits, la statistique
française manque d'un instrument qui, à l'heure actuelle, est
l'auxiliaire le plus précieux de presque tous les statisticiens étran
gers; je veux parler du bulletin individuel, c'est-à-dire de la fiche
nominative qui, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Russie, en
Belgique est dressée dans les différents parquets judiciaires pour
chaque inculpé, puis transmise au bureau central de statistique
chargé des opérations définitives de dépouillement et de classement.
« Malgré les avantages incontestables que présente ce dernier
système, il ne saurait être question pour le moment de l'adopter en
France. J'entends, du reste, ne pas priver mon administration du
concours expérimenté qu'apportent les magistrats à la préparation
des statistiques, convaincu que leur participation à ce travail donne
à l'authenticité des renseignements autant de garanties que toute
autre méthode.
« La présente circulaire n'a d'autre objet que de signaler la pra
tique nouvelle que nos substituts auront à suivre dans le dépouille
ment, le classement et l'appréciation des faits judiciaires, dont la
constatation leur incombe. Je me fie sur ce point à leur zèle et à
leur intelligence, désireux de recevoir, à partir de ce jour, des
statistiques non seulement exactes dans leur établissement matér
iel, mais accompagnées de commentaires sur le mouvement des
chiffres et sur la signification qu'il convient de leur donner. »
En terminant, le garde des sceaux énonce les cadres dans lesquels
les parquets devront dorénavant enfermer leurs récapitulations.
Certains de ces cadres s'appliquent à la situation des parquets,
d'autres aux ordonnances, aux juges d'instruction, aux tribunaux
correctionnels, à la détention préventive et à la libert&#

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