Stratégie d'exploitation des zones de pêche d'un chalutier hauturier du Guilvinec - article ; n°1 ; vol.141, pg 55-63

N. Piriou, Jacques Pichon

Description

Norois - Année 1989 - Volume 141 - Numéro 1 - Pages 55-63
L'exploitation, entre 1971 et 1985, de ses zones de pêche par un patron de chalutier guilviniste a été étudiée au travers de cartes établies à partir de ses carnets de bord. Les changements de secteurs d'activité sont liés à la nécessité pour l'armateur d'assurer la rentabilité de son entreprise. Ils requièrent des moyens particuliers et sont soumis aux contraintes de l'environnement technique, sociologique et économique.
The exploitation, from 1971 to 1985, by a trawler master from Guilvinec, of his fishing zones has been studied by means of maps drawn up from his ship 's logs. The changes of working zones are connected with the necessity for the ship-owner to insure the profitability of his enterprise. They necessitate particular means and are subject to the technical, sociological and economical environment constraints.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1989
• Nombre de lectures: 56
• Langue: Français

Extrait

Jacques Pichon
Nicole Piriou
Stratégie d'exploitation des zones de pêche d'un chalutier
hauturier du Guilvinec
In: Norois. N°141, 1989. pp. 55-63.
Résumé
L'exploitation, entre 1971 et 1985, de ses zones de pêche par un patron de chalutier guilviniste a été étudiée au travers de cartes
établies à partir de ses carnets de bord. Les changements de secteurs d'activité sont liés à la nécessité pour l'armateur d'assurer
la rentabilité de son entreprise. Ils requièrent des moyens particuliers et sont soumis aux contraintes de l'environnement
technique, sociologique et économique.
Abstract
The exploitation, from 1971 to 1985, by a trawler master from Guilvinec, of his fishing zones has been studied by means of maps
drawn up from his ship 's logs. The changes of working zones are connected with the necessity for the ship-owner to insure the
profitability of his enterprise. They necessitate particular means and are subject to the technical, sociological and economical
environment constraints.
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Pichon Jacques, Piriou Nicole. Stratégie d'exploitation des zones de pêche d'un chalutier hauturier du Guilvinec . In: Norois.
N°141, 1989. pp. 55-63.
doi : 10.3406/noroi.1989.4418
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1989_num_141_1_44181989, Poitiers, t, 36, n° 141, p. 55-63. Norois,
NOTE
STRATÉGIE D'EXPLOITATION
DES ZONES DE PECHE
D'UN CHALUTIER HAUTURIER DU GUILVINEC
par Jacques Pichon et Nicole Piriou
Laboratoire de Géographie de la mer et des littoraux
B.P. 814 - 29285 BREST CEDEX - U.R.A. 904 du CNRS
RÉSUMÉ
L'exploitation, entre 1971 et 1985, de ses zones de pêche par un patron de chalutier
guilviniste a été étudiée au travers de cartes établies à partir de ses carnets de bord.
Les changements de secteurs d'activité sont liés à la nécessité pour l'armateur d'assurer
la rentabilité de son entreprise. Ils requièrent des moyens particuliers et sont soumis
aux contraintes de l'environnement technique, sociologique et économique.
ABSTRACT
The exploitation, from 1971 to 1985, by a trawler master from Guilvinec, of his
fishing zones has been studied by means of maps drawn up from his ship 's logs.
The changes of working zones are connected with the necessity for the ship-owner
to insure the profitability of his enterprise. They necessitate particular means and
are subject to the technical, sociological and economical environment constraints.
En 1987, les 480 navires artisans du quartier maritime du Guilvinec ont débarqué
36 256 tonnes de poissons et crustacés et réalisé un chiffre d'affaires de 623 millions
de francs. La pêche bigoudenne, forte de sa spécificité artisanale, se place ainsi au
deuxième rang national entre les deux unités halieutiques industrielles de Boulogne
et Lorient. Cette pêche artisanale qui constitue dans le pays bigouden un secteur
économique de première importance requiert des capitaux considérables, notamment
pour le renouvellement de la flottille supporté en grande partie par des patrons-
armateurs engagés dans de très lourds investissements qu'il s'agit d'amortir le plus
rapidement possible.
Le prix d'un chalutier hauturier de 24 mètres se situe, en 1988, entre 6 et 7
millions de francs. Si les aides nationales, régionales et éventuellement communauta
ires peuvent couvrir jusqu'à 50 % du capital engagé, la majorité de l'investissement
est à la charge d'un seul homme : un patron-armateur embarqué, commandant son
navire et qui s'endette lourdement pour financer l'achat de son outil de travail. Le
poids des remboursements d'emprunts l'oblige à rechercher une rentabilité maximale,
mais dans des conditions aléatoires puisque, à la différence d'autres chefs
d'entreprises, il ne peut maîtriser ni sa production, ni les prix de vente de
Mots-clés : Bretagne. Pays bigouden. Chalutier, Stratégie de pêche. Zones de pêche.
Key-words : Brittany. Trawler. Fishing strategy. Fishing zones. 56 JACQUES PICHON ET NICOLE PIRIOU
celle-ci. Les seuls éléments qu'il contrôle sont le choix des techniques et des zones
de pêche, et en partie les coûts de production.
Cependant, malgré l'augmentation des charges d'exploitation, provoquée
notamment par la hausse du prix du carburant et la situation précaire de certains
stocks (merlu, baudroie, raie), un grand nombre de commandants bigoudens se
sont lancés, ces dix dernières années, dans la construction de nouvelles unités et
une centaine de chalutiers hauturiers neufs sont venus enrichir la flottille depuis
1979. Ce qui tendrait à montrer qu'un choix judicieux des techniques et des zones
de pêche permet d'assurer la rentabilité de tels armements.
I. - L'ENTREPRISE LE QUEFFELEC.
L'étude entreprise sur l'armement artisan Le Queffelec, du Guilvinec, spécialisé
dans la pêche hauturière en mer celtique, a pour but de comprendre la stratégie
d'un patron-pêcheur et son évolution sur une quinzaine d'années.
De 1971 à 1985, (période étudiée), J. Le Queffelec a successivement tenu la barre
de trois navires différents. Jusqu'en 1972, simple actionnaire minoritaire, il a
commandé le Croas Men, propriété d'un armement quirataire. En 1973, il achète,
d'occasion, et pour un prix intéressant (400 000 F), un chalutier classique de 31
mètres construit en 1964 en Hollande pour un armement lorientais qui le destinait
à la pêche industrielle dans les zones Nord et Ouest-Ecosse, mais pour laquelle il se
révéla trop petit. Son acquisition a permis à J. Le Queffelec, en exploitant de
nouveaux secteurs, d'assurer la prospérité de son entreprise. Les bénéfices réalisés
l'obligent, pour alléger ses charges fiscales, à réinvestir et à mettre en chantier en
1985 un nouveau bateau, un « pêche-arrière » de 24 mètres, le Kerflous IL
Durant ces quinze années, le commandant a donc changé deux fois d'outil de
travail. Il est d'ailleurs le seul élément constant de son entreprise puisque l'équipage
aussi a varié : de 10 hommes sur le Croas Men, il passe à 7 sur le Kerflous en 1985
et chaque poste à bord, hormis celui de commandant, a eu plusieurs titulaires. Il
est donc le seul responsable de la stratégie de pêche qu'il élabore en tenant compte
de deux paramètres essentiels, la productivité et les cours sous criée.
1) Vendre au meilleur cours.
La production des navires hauturiers est vendue aux enchères chaque matin dans
les criées bigoudennes et les prix sont uniquement régis par la loi de l'offre et de la
demande. En compétition avec les autres chalutiers, J. Le Queffelec choisit moins
de « faire du tonnage » que de capturer du poisson de qualité, spécialité d'un
nombre limité de concurrents.
La comparaison des prix moyens au kilo des espèces capturées par le Kerflous
en 1985 par rapport à ceux du port du Guilvinec montre que la spécialisation du
bateau dans la capture de certaines espèces (Saint- Pierre, chaudraie*) est lucrative
alors que pour des espèces non ciblées (cardine) le prix moyen du Kerflous est
inférieur au niveau moyen des cours. Toutefois, la baudroie, spécialité du Guilvinec,
reste, tout au long de la période, garante du chiffre d'affaires puisque, en cas de
pêche médiocre, elle assure souvent la moitié des revenus.
* La chaudraie englobe les squales, les raies, la lingue. STRATÉGIE D'EXPLOITATION DES ZONES DE PECHE D'UN CHALUTIER 57
Tableau I. — Part des tonnages dans les captures totales
et prix moyen au kilo de 5 espèces
pour le Kerflous et pour le port du Guilvinec en 1985.
PRODUCTION PRODUCTION ESPÈCES PORTUAIRE DU KERFLOUS
p° P.M.K. % dans la p° P.M. K. % dans la
DU DU
DU PORT PORTUAIRE ! KERFLOUS KERFLOUS
Lotte 31,52 % 17,66 F 15,50 % 19,50 F
46,27 F" Saint-Pierre 0,80 % 42,78 F 5,30 %
Chaudraie 25,00 % 35,28 F 39,28 % 37,34 F
Merlu 7,90 % 19,69 F 6,80 % 18,56 F
Cardine 5,78 % 14,28 F 2,98 % 11,44 F
Source : OBREMAR 1986 et Fiches de vente du KERFLOUS
2) La productivité.
L'armateur, qui n'est pas maître des prix de sa production, concentre son effort
sur la productivité de son entreprise en essayant de produire beaucoup tout en
réduisant ses coûts d'exploitation. Sur le Kerflous, en 1985, ces coûts atteignaient
96,4 % des ventes brutes. Certains, comme les charges salariales, sont incompressibles,
puisque les m