Sur l origine ethnique des habitants de Paris - article ; n°1 ; vol.7, pg 20-31
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1896 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 20-31
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 129
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Bertillon
Sur l'origine ethnique des habitants de Paris
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 7, 1896. pp. 20-31.
Citer ce document / Cite this document :
Bertillon Jacques. Sur l'origine ethnique des habitants de Paris. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série,
tome 7, 1896. pp. 20-31.
doi : 10.3406/bmsap.1896.5627
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1896_num_7_1_562720- 9 JANVIER 1896
8° La face interne de l'hémisphère de l'aye-aye dans sa partie
antérieure a un développement des animaux supérieurs, comme
le sont les pachydermes.
9° Mais le rudiment de la scissure occipitale interne et de la
calcarine, d'où résulte la formation des lobules, carrés et cuneus,
range l'aye-aye non seulement à côté des lémuriens, mais près
de l'homme lui-même.
En résumé, par la forme de son cerveau, l'aye-aye devrait être
peu plissé, même en considérant sa taille exiguë, comme cela arrive
aux rongeurs beaucoup plus grands que lui. Mais justement à cause
même du volume trop disproportionnel avec sa taille, l'écorce
cérébrale de l'aye-aye s'est plissée considérablement.
De nos conclusions, il résulte que l'aye-aye, par beaucoup de
caractères de son cerveau, se rapproche des rongeurs; parses plis
pariétaux des carnassiers, et par les détails de la face interne de
son hémisphère il a beaucoup d'analogie avec les lémuriens, dont
il doit être considéré comme le précurseur.
Sur l'origine ethnique des habitants de Paris.
Par M. Jacques Bertillon.
Un très grand nombre de recherches anthropologiques et n
otamment plusieurs des travaux de notre maître Broca ont pour
base l'étude des « Parisiens ». Il importe donc de définir exacte
ment quelles sont les origines ethniques de cette population hy
bride par excellence.
Paris est une ville d'immigration.
Les naissances y sont rares, plus rares même que dans le reste
de la France. Les adultes fournis par la population parisienne
elle-même ne sont donc pas assez nombreux pour répondre à l'ap
pel sans cesse plus impérieux du travail. Ils sont suppléés par de
jeunes hommes venus de toutes les parties de la France, et —
fait plus remarquable — de les du monde.
La proportion des provinciaux établis dans la grande ville ne
dépasse pas sensiblement celle que l'on observe dans les autres
grandes capitales de l'Europe. Mais la proportion des étrangers
fixés à Paris est, au contraire, tout à fait anormale, et on ne trouve
pas de chiffres approchants dans les autres grandes cités. La J. BE11TILL0N, — ORIGINE DES HABITANTS DE PARIS 21
plupart de ces étrangers, dont le nombre augmente sans inter
ruption, ne viennent pas, comme on le dit souvent, pour y dépens
er de l'argent, mais au contraire, pour en gagner, et ils font aux
nationaux une concurrence très active dans presque toutes les
professions. Ils forment à Paris de véritables colonies, et un quart
d'entre eux y sont nés.
La présente étude l a notamment pour but :
1° De rechercher de quelles parties de la France viennent, dans
le passé (1833) et dans le présent, les immigrés français de Paris;
2° De quelle est, depuis 1833, le nombre et l'origine
des étrangers fixés à Paris.
I. — POPULATION DE PARIS SELON LE LIEU DE NAISSANCE.
Fréquence et répartition par quartiers des habitants de Paris nés
hors Paris. — II y a, à Paris, 2,243,743 Français et 180,962
étrangers.
Voici le lieu de naissance des uns et des autres : (voir tableau
page suivante) .
On voit que, à Paris, la plus faible partie des habitants seu
lement (36 p. 100) sont nés dans la ville. Cette proportion est à
peu près la même dans toutes les grandes capitales de l'Europe :
elle est de 32 à Pétersbourg; 41 à Berlin; 45 a Vienne. Elle
s'élève à 65 à Londres.
La proportion des Parisiens nés à Paris varie d'ailleurs beau
coup selon les quartiers de Paris. A Ménilmontant et quartiers
voisins, ils constituent un peu plus de la moitié de la population.
Il en est de môme dans quelques autres quartiers excentriques
(La Maison-Blanche, Saint-Lambert, Javel, etc.). Au contraire,
dans les quartiers élégants, les Parisiens nés à Paris ne consti
tuent guère que le cinquième de la population.
La proportion des habitants de Paris, nés hors du département
de la Seine, ne paraît d'ailleurs pas augmenter depuis 1861.
D'après un calcul dont nous indiquons plus loin les bases, la
proportion des individus nés hors du département de la Seine,
en 1833, aurait été de 587 sur 1,000, ce qui s'éloigne peu des
chiffres observés aujourd'hui.
1 On trouvera, sur ce sujet, des renseignements plus complets dans le
volume intitulé : Résultats statistiques du dénombrement de la ville de
Pans, 1891. Lieu de naissance des habitants de Paris.
COMBIEN DE CHAQUE PROVENANCE
LIEU DE NAISSANCE FRANÇAIS ÉTRANGERS TOTAL sur 100 sur 100 sur 100 habitants étrangers Français en général
CD JN'és à Paris 16,7 36,4 852.796 883.060 38,1 30.264
Nés dans une autre commune du >■■
département i 1,7 2,6 59.934 3 073 63.007 2,7 < Nés dans un autre département. 5,3 50,3 1 209 833 9.634 1.219.467 W en Algérie ou une autre colo
5.286 189 5.475 0,2 0,1 0,2 nie GO CO Nés en Alsace-Lorraine 91.104 11 298 102.402 4,1 6,2 4,2 à l'étranger 24.790 151.294 1,1 70,0 6,3 126.504
Total 2.243.743 180.962 2.424.705 100,0 100,0 100,0
1 Conformément aux instructions, les individus nés dans les communes annexées à Paris en 1860 sont considérés
comme nés à Paris, même s'ils sont nés avant 1860. J. BERTILLON. — ORIGINE DES HABITANTS DE PARIS Zô
Ce qui est peut-être plus digne de remarque, c'est que un quart
des étrangers fixés a Paris (exactement 24 0/0) sont nés en France,
a Paris pour la plupart. Il est donc exact de dire que les étrangers
forment à Paris des colonies. C'est surtout dans les IXe, Xe et XIe
arrondissements et dans quelques quartiers voisins que l'on trouve
ces familles d'étrangers nés en France, et définitivement fixées
sur notre sol, quoique conservant leur nationalité d'origine.
Département de naissance des Français nés en France. — Le recen
sement de 1891 distingue pour la première fois le département
lieu de naissance des Français nés en France. Quoique cette re
cherche soit faite pour la première fois directement, cependant un
document de 1833, que nous interprétons plus loin, nous permet
d'avoir quelques notions sur la provenance des Parisiens de cette
époque déjà éloignée et si différente de la nôtre.
Les chiffres que nous publions (p. 28 et 29, col. b) peuvent
être étudiés a deux points de vue très différents. On peut, à leur
aide, calculer le rapport suivant : « Pour 1,000 habitants de chaque
département, combien y a-t-il à Paris, en 1891, dHndividus nés dans ce
département? » Ce rapport montre, en quelque sorte, le degré
d'attraction que Paris exerce sur chaque département. Mais ce
rapport ne nous apprend guère de quels éléments ethnologiques
est constituée cette race spéciale de Paris qui n'est pas un produit
autochtone, mais qui résulte du croisement de toutes les races
qui existent en France ou plus exactement en Europe.
Si l'on veut savoir dans quelle proportion chaque partie de la
France contribue a ce mélange, on calculera le rapport suivant :
« Sur 1,000 habitants de la Seine nés hors de la Seine, combien sont
nés dans chaque département? » (p. 28 et 29, col. b)..
Nos tableaux présentent ces deux calculs. Ils sont représentés gr
aphiquement par deux cartogrammes dans le volume cité plus haut.
Attachons d'abord nos regards a la hauteur de chaque rectangle,
afin de comparer les coefficients d'attraction propre à chaque dé
partement. Nous appelons ainsi le rapport répondant à la question
suivante : « Pour 1,000 habitants d'un département, combien y
a-t-il, dans le département de la Seine, d'individus nés dans ce
département?» Ainsi P représente la population d'un départe
ment; si I représente le nombre de personnes nées dans ce dépar
tement qui se trouvent à Paris et dans la banlieue, le rapport

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