Sur la thésaurisation - article ; n°5 ; vol.16, pg 796-808
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Description

Revue économique - Année 1965 - Volume 16 - Numéro 5 - Pages 796-808
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 72
Langue Français

Extrait

Monsieur Guy Thuillier
Monsieur Yann Gaillard
Sur la thésaurisation
In: Revue économique. Volume 16, n°5, 1965. pp. 796-808.
Citer ce document / Cite this document :
Thuillier Guy, Gaillard Yann. Sur la thésaurisation. In: Revue économique. Volume 16, n°5, 1965. pp. 796-808.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1965_num_16_5_407681-t fi
SUR LA THESAURISATION
Rarement les économistes traitent de la thésaurisation pour elle-
même. Celle-ci apparaît comme un phénomène marginal par rapport
à l'épargne, l'investissement, la consommation ; les théories de l'i
nflation cependant ne laissent point de faire part à la déthésaurisation,
mais sans s'attacher à en expliquer le mécanisme.
Cette réserve tient pour une bonne part à un préjugé défavorable
qui s'attache, depuis les mercantilistes, à la thésaurisation. Aussi bien
les analyses des économies en voie de développement achoppent-elles
sur ce fait, qui, par nature, échappe à toute planification. Dans les
pays occidentaux, un taux élevé de thésaurisation subsiste, mais il
demeure mal connu, particulièrement en France. Est-il légitime, est-il
possible, sans porter de jugement de valeur, de donner une définition
du phénomène et d'en analyser les motivations profondes ?
I. DEFINITIONS
La thésaurisation est un prélèvement
*ur leS drCUitS Produf,tifs- C'*st un refus
A. LA THESAURISATION de consommer ou d investir sous une
forme quelconque.
Telle est bien la définition commune, mais son caractère flou est
évident — il est nécessaire, au moins dans un premier temps, de
définir des frontières et de préciser des seuils avec d'autres phéno
mènes dont certaines modalités sont proches de la thésaurisation :
l'épargne, l'investissement, et même la consommation.
De telles distinctions supposent que l'on puisse poser certains
critères préalables : trois d'entre eux semblent fondamentaux.
1° L'idée de non-productivité.
Il semble qu'il ne puisse y avoir thésaurisation s'il n'y a pas
renonciation à tout gain monétaire, donc à un taux d'intérêt quel
conque. Un compte en banque, un dépôt dans une caisse d'épargne LA THESAURISATION 797 SUR
ne sont pas en ce sens de la thésaurisation. En revanche, un dépôt
dans un coffre de banque peut correspondre à une thésaurisation (mon
naies anciennes, bijoux, voire billets de banque).
L'idée de non-productivité ne concerne pas seulement le thésaur
iseur, mais le système économique dans son ensemble : les dépôts
bancaires ou en caisse d'épargne sont utilisés, par définition, dans le
circuit économique — il n'en va pas de même, bien évidemment, des
dépôts en coffre, encore que, dans ce cas, il faille distinguer la
thésaurisation proprement dite de la simple précaution : ainsi le fait
de déposer dans un coffre des bons du Trésor ne saurait constituer
une thésaurisation.
On constate par conséquent une certaine concordance entre les
deux domaines : la non-productivité dont le particulier paie sa thésaur
isation n'est que la conséquence du caractère improductif de son
acte sur le plan général.
2° L'idée de durée.
Le problème consiste à distinguer la thésaurisation des simples
encaisses, que la théorie monétaire répartit sur une gamme étendue,
du plus au moins liquide, ce moins liquide étant constitué par les
encaisses de précaution.
Il est sans doute délicat de distinguer la thésaurisation de ces
dernières, d'autant que les formes peuvent en être voisines, par
exemple des achats d'or.
La confusion est si aisée qu'on a vu invoquer la notion d' « en
caisses thésaurisées », pour caractériser certaines conjonctures monét
aires. Seule l'idée de durée peut permettre d'introduire la clarté
nécessaire, encore que, à la limite, une thésaurisation puisse n'être
que la consolidation d'une encaisse de précaution.
On considérera que la thésaurisation est effective dès lors que le
terme n'en est pas fixé dans l'esprit du thésauriseur qui ne préjuge
pas de la date exacte à laquelle se dénouera l'opération ; des facteurs
de circonstance, événements familiaux, crise économique, peuvent
amener les intéressés à renoncer plus rapidement que prévu à une
thésaurisation ; mais on peut penser que la durée normale est celle
d'une génération.
3° La volonté de thésauriser.
La combinaison des deux premiers critères, non-productivité et
durée, conduit par la force des choses à exclure du champ de l'étude
les personnes morales, publiques ou privées. Pour les premières, 798 REVUE ECONOMIQUE
l'Etat en particulier, cela va sans dire — depuis la fin des trésors
de guerre ou des cassettes du Prince, par définition même les Etats
modernes ne peuvent se livrer à la thésaurisation. Les encaisses déte
nues par les autorités publiques, et notamment par les autorités monét
aires et les institutions financières, peuvent apparaître immobiles au
premier regard (qu'on songe à l'or du Fort-Knox) — mais il est bien
évident que ces encaisses sont nécessairement productives dans la
mesure où elles ne sont qu'un élément dans un ensemble de décisions
économiques, ou la garantie de l'équilibre d'un système économique
d'ensemble. Elles ne peuvent être considérées comme des
prises pour elles-mêmes.
En revanche les encaisses des entreprises peuvent donner à penser
que les personnes morales privées sont susceptibles de se livrer à
une certaine thésaurisation. Sans doute, les éléments d'information
sont-ils par trop insuffisants pour permettre d'apporter une réponse
précise à ce problème... Cependant, il semble par trop contradictoire
dans notre système économique de supposer que des entreprises peu
vent prendre des décisions économiques, que n'inspire aucune volonté
spéculative, dont elles n'attendent nul profit prévisible, et dont le
terme n'est pas fixé ; en principe on supposera donc que la thésau
risation stricto sensu est le fait de personnes physiques. Il ne faut pas
se dissimuler cependant que l'amoindrissement de la concurrence,
l'existence de situations monopolistiques, et, par suite des réserves
des entreprises, tendent à désintéresser ces dernières non seulement
du gain immédiat, mais encore de la rationalité économique, et sur
tout à les délivrer du temps : comme pour la thésaurisation familiale,
les décisions des grandes entreprises se prennent dans certains cas
à l'échelle d'une génération, ce qui rend impossible tout calcul précis
de rentabilité. Vus de l'extérieur, les phénomènes se ressemblent
donc, mais, même en ce cas, la volonté spéculative ne disparaît jamais
entièrement : les racines psychologiques sont différentes par nature.
Pour les petites entreprises, où il peut y avoir confusion entre
l'actif social et la fortune personnelle de l'entrepreneur, les décisions
de thésaurisation de ce dernier peuvent correspondre à des encaisses
de précaution de sa firme, les deux motifs se conjuguant à l'intérieur
d'une volonté unique.
On posera donc que la thésaurisation est un prélèvement de liqui
dités effectué par des individus, pour une durée non définie et à des
fins non productives.
Dès lors les frontières peuvent être tracées avec quelques chances
de réalisme. SUR LA THESAURISATION 799
La distinction est aisée avec ces autres contraires de la consom
mation que sont l'épargne et l'investissement. L'épargne est effect
ivement un prélèvement sur les liquidités, mais n'est pas seulement
le fait des individus, est effectuée pour une durée définie (dont
l'amplitude maxima correspond au désir de s'assurer une retraite)
et surtout ne perd pas de vue la réalisation de gains monétaires, soit
immédiats (taux d'intérêt), soit à plus long terme (jouissance d'un
capital ou d'un revenu à la fin de la période d'épargne). La distinction
avec l'

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