Survivre dans un camp de concentration  - article ; n°1 ; vol.41, pg 3-28
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Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1982 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 3-28
Überleben in einem Konzentrationslager. Keine Situation scheint so klar zu sein wie die Sozialbeziehungen in einem KZ. Auch der «Erfolg» in seiner elementarsten Form des Überlebens scheint ausserhalb der Regeln des sozialen Lebens angesiedelt zu sein : ein Resultat des reinen Zufalls und der körperlichen Verfassung. Dieses Interview mit Margareta Glas-Larsson, die in Auschwitz-Birkenau überlebt hat, erlaubt es, praktische Fertigkeiten aufzuzeigen, die in einem Universum, in dem Konkurrenzregeln herrschen, denen sich niemand freiwillig unterwerfen würde, «nutzlich» sind. Während eine psychologisierende oder anekdotenhafte Erklärung des Überlebens ein moralisches Urteil beinhalten könnte, das den Überlebenden implizite anklagt, legt die soziologische Analyse den Akzent auf ein System, das vom Einzelnen verlangt, sich als «Held» zu verhalten, falls er in der unserer Moral entsprechenden Würde überleben will.
Surviving in a Concentration Camp. No situation seems clearer than that of relationships in a concentration camp. Nor is there any situation in which «success», in its most elementary form, appears so much to be a fact beyond the social, lending itself to explanation in terms of accident or physical constitution. This interview with Margareta Glas-Larsson, who survived Auschwitz-Birkenau, brings to light forms of know-how, «useful» skills in a universe ruled by logics of competition to which no one would willingly submit. Whereas psychologizing narration of the process of survival would tend to invite moral judgement and implicit condemnation of the survivor, sociological analysis impugns and describes a System which, in order to allow survival with dignity in accordance with the principles of our morality, would require individuals to conduct themselves as veritable «heroes».
Survivre dans un camp de concentration. Aucune situation ne semble être aussi claire que celle des relations dans un camp de concentration. Il n'est pas non plus de situation où le «succès», sous sa forme la plus élémentaire, la survie, ait à ce point l'apparence d'un fait en dehors du social, et donne autant prise à l'explication par les hasards ou par la constitution physique. Cet entretien avec Margareta Glas-Larsson, qui a survécu à Auschwitz-Birkenau, permet de mettre en évidence des formes d'habileté, des savoir-faire «utiles» dans un univers où fonctionnent des logiques de compétition auxquelles personne ne se soumettrait volontairement. Alors que l'explication psychologisante et événementielle du processus de survie risquerait de laisser le champ au jugement moral et à la condamnation implicite du survivant, l'analyse sociologique met en cause et décrit un système qui, pour permettre la survie dans la dignité selon les canons de notre morale, exigerait que les individus se comportent en véritables «héros».
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 358
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Gerhard Botz
Michael Pollak
Margareta Glas-Larsson
Survivre dans un camp de concentration
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 41, février 1982. pp. 3-28.
Citer ce document / Cite this document :
Botz Gerhard, Pollak Michael, Glas-Larsson Margareta. Survivre dans un camp de concentration . In: Actes de la recherche en
sciences sociales. Vol. 41, février 1982. pp. 3-28.
doi : 10.3406/arss.1982.2140
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1982_num_41_1_2140Zusammenfassung
Überleben in einem Konzentrationslager.
Keine Situation scheint so klar zu sein wie die Sozialbeziehungen in einem KZ. Auch der «Erfolg» in
seiner elementarsten Form des Überlebens scheint ausserhalb der Regeln des sozialen Lebens
angesiedelt zu sein : ein Resultat des reinen Zufalls und der körperlichen Verfassung. Dieses Interview
mit Margareta Glas-Larsson, die in Auschwitz-Birkenau überlebt hat, erlaubt es, praktische Fertigkeiten
aufzuzeigen, die in einem Universum, in dem Konkurrenzregeln herrschen, denen sich niemand
freiwillig unterwerfen würde, «nutzlich» sind. Während eine psychologisierende oder anekdotenhafte
Erklärung des Überlebens ein moralisches Urteil beinhalten könnte, das den Überlebenden implizite
anklagt, legt die soziologische Analyse den Akzent auf ein System, das vom Einzelnen verlangt, sich als
«Held» zu verhalten, falls er in der unserer Moral entsprechenden Würde überleben will.
Abstract
Surviving in a Concentration Camp.
No situation seems clearer than that of relationships in a concentration camp. Nor is there any situation
in which «success», in its most elementary form, appears so much to be a fact beyond the social,
lending itself to explanation in terms of accident or physical constitution. This interview with Margareta
Glas-Larsson, who survived Auschwitz-Birkenau, brings to light forms of know-how, «useful» skills in a
universe ruled by logics of competition to which no one would willingly submit. Whereas psychologizing
narration of the process of survival would tend to invite moral judgement and implicit condemnation of
the survivor, sociological analysis impugns and describes a System which, in order to allow survival with
dignity in accordance with the principles of our morality, would require individuals to conduct themselves
as veritable «heroes».
Résumé
Survivre dans un camp de concentration.
Aucune situation ne semble être aussi claire que celle des relations dans un camp de concentration. Il
n'est pas non plus de situation où le «succès», sous sa forme la plus élémentaire, la survie, ait à ce
point l'apparence d'un fait en dehors du social, et donne autant prise à l'explication par les hasards ou
par la constitution physique. Cet entretien avec Margareta Glas-Larsson, qui a survécu à Auschwitz-
Birkenau, permet de mettre en évidence des formes d'habileté, des savoir-faire «utiles» dans un univers
où fonctionnent des logiques de compétition auxquelles personne ne se soumettrait volontairement.
Alors que l'explication psychologisante et événementielle du processus de survie risquerait de laisser le
champ au jugement moral et à la condamnation implicite du survivant, l'analyse sociologique met en
cause et décrit un système qui, pour permettre la survie dans la dignité selon les canons de notre
morale, exigerait que les individus se comportent en véritables «héros».\>»' o*\.v* V*£e v\\%
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Cet article est né de la rencontre entre la volonté d'une déportée,
Margareta Glas-Larsson, de laisser son témoignage sur les camps de
concentration et une conception de la recherche historique qui,
partant des trajectoires individuelles, se donne pour objet de les
replacer dans les structures politiques, économiques et sociales.
Les premiers contacts ont eu lieu lors d'un séminaire à l'université
de Linz qui a permis de créer un climat de confiance indispensable
à la réussite d'un tel projet.
L'entretien proprement dit, mené par Gerhard Botz, avec l'aide
d'Anton Pleimer et Harald Wildfellner, a eu lieu en février 1979,
dans un appartement d'hôtel, pendant cinq journées consécutives.
Cette retraite hors de la vie quotidienne a eu un effet très positif
sur la mémoire de Margareta Glas-Larsson. Jamais elle n'a pu resti
tuer dans des entretiens de contrôle postérieurs autant de détails.
D'autant plus que l'interviewée montrait peu d'inclination à reve
nir longuement sur des événements déjà présentés. Les entretiens
qui eurent lieu pendant cinq jours ont été divisés en deux parties :
une première partie libre et l'autre plus directive. Pendant la
première partie, Margareta Glas-Larsson a raconté sa vie en s'aidant
de quelques notes préparées; pendant la deuxième partie elle a
répondu aux questions des enquêteurs. Toutes les conversations,
plus de 700 pages au total, ont été enregistrées et transcrites. Après
un contrôle minutieux du récit selon les règles de la critique histo
rique, plusieurs entretiens supplémentaires ont été menés entre les
mois de mai 1979 et août 1980. Il s'agissait moins de recueillir de
nouvelles informations que d'inviter Margareta Glas-Larsson à
réagir et à donner son avis sur des informations supplémentaires et
des interprétations avancées, ainsi que sur des corrections de dates
ou de noms apportées en fonction de recherches complémentaires.
La critique historique du récit de Margareta Glas-Larsson a été
possible grâce à l'accès aux archives du Musée national d'Auschwitz
à Oswiçcim, du Musée de Mauthausen et de l'Institut d'histoire
contemporaine de Munich, ainsi que grâce à l'aide de plusieurs
survivants de camps de concentration : Hermann Langbein, Dr. Ella
Lingens-Reiner, Herta Soswinska, Dr. Kurt Hacker, Isabella
Sosnowska, Bedfich Hajek, Jana Dobova, Dr. FrantiSka Pekelska,
Tedeusz Szymañski, Dr. Stanislaw KJodzinski et Ewa Lasocka.
Cet entretien comportera peu d'explications. On a retenu en
priorité les passages qui rapportent les moments décisifs pour la sur
vie de Margareta. Il s'agira de donner tous les éléments de sa biogra
phie qui aident à comprendre son action dans de telles circonstances
comme le produit d'un habitus acquis dans des conditions d'exis
tence qui la prédestinaient aux activités sociales les plus «gratuites»,
celles d'une épouse et d'une femme de la bonne société.*
*Une version longue de l'entretien avec des renvois à un glossaire qui comprend
tous les termes politiques et techniques ainsi que les événements chronolo
giques qui figurent dans le récit de vie de Margareta Glas-Larsson est en voie de
publication en allemand. Cf. Margareta Glas-Larsson, Ich will reden. Tragik und
Banalität des Überlebens in There sienstadt und Auschwitz , Wien, Molden, 1981. photo tirée d'un Cette
film tourné par les
troupes soviétiques en
janvier 1945 montre l'état
des blocs au camp des
femmes de Birkenau. Au
milieu, on voit le «canal
de cheminée» sur lequel
s'installaient souvent, en
attendant la mort, les
«musulmans» apathiques.
Illustration non autorisée à la diffusion :
Entretien avec Margareta Glas-Larsson 5
Aucune situation ne semble être aussi claire des logiques de compétition auxquelles
que celle des relations, dans un camp de personne ne se soumettrait volontairement.
concentration, entre le bourreau et sa Alors que l'explication psychologisante et
victime. Il n'est pas non plus de situation événementielle du processus de survie
où le «succès», sous sa forme la plus risquerait de laisser le champ au jugement
élémentaire, la survie, ait à ce point l'appa moral et à la condamnation implicite du
rence d'un fait en dehors du social et donne survivant, l'analyse sociologique met en
autant prise à l'explication par les hasards cause un système qui, pour permettre la
ou par la constitution physique. Les traits survie dans la dignité, selon les canons de
personnels, produits d'une histoire et d'une notre morale, exigerait que les individus se
trajectoire sociale spécifiques, semblent comportent en véritables «héros». C'est là
mis en suspens dans cet univers qui soumet que le témoignage de Margareta Glas-
les individus à un système de pouvoir qui Larsson prend tout son sens. N'appartenant

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