Symboles institutionnels chez les Akan - article ; n°1 ; vol.13, pg 207-232
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Symboles institutionnels chez les Akan - article ; n°1 ; vol.13, pg 207-232

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Description

L'Homme - Année 1973 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 207-232
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Georges Niangoran-Bouah
Symboles institutionnels chez les Akan
In: L'Homme, 1973, tome 13 n°1-2. pp. 207-232.
Citer ce document / Cite this document :
Niangoran-Bouah Georges. Symboles institutionnels chez les Akan. In: L'Homme, 1973, tome 13 n°1-2. pp. 207-232.
doi : 10.3406/hom.1973.367334
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1973_num_13_1_367334SYMBOLES INSTITUTIONNELS CHEZ LES AKAN
par
GEORGES NIANGORAN-BOUAH
Ce chapitre* n'a pas la prétention d'être une étude exhaustive des institutions
de la société akan1 dans son ensemble. Il se fixe pour objectif de donner un aperçu,
un panorama succinct de certains éléments de l'histoire des populations de cette
région d'Afrique, de leurs institutions politiques, de leur vie sociale et leurs
activités économiques, à travers la nature des « poids figuratifs » contenus dans le
sanaa*. Les informateurs indiquent unanimement que tous les éléments sont
des ahindra-yobwe « pierres proverbes ». Il suffit de creuser quelque peu cette
formule pour se rendre compte qu'elle recouvre deux autres notions non moins
importantes. En effet, les poids appelés ahindra-yobwe sont également des mpani-
nisem et des titisem. Le terme mpaninisem est composé de deux éléments linguis
tiques : mpaninisem et sem. Le premier est le pluriel de panini « vieux, ancien,
ancêtre ». Le second terme, sem, est la forme contractée de asem « histoire, affaire,
légende, mythe, récit ». Mpaninisem, ce sont les récits historiques, les contes
et légendes que les personnes âgées ont l'habitude de raconter ; des récits dont
eux seuls détiennent le secret. Le terme mpaninisem laisse entendre que ces
récits historiques ont une origine humaine. Titisem est également un mot composé,
formé de titi et de sem. Le premier terme, titi, désigne l'état de quelque chose qui
a toujours été, de quelque chose dont l'origine remonterait à l'aube des temps
historiques ; ce terme se traduit également par « toujours ». Le deuxième élément,
déjà connu, se traduit par « récit historique, mythe, légende ». Titisem désigne
donc des récits qui datent, dans l'esprit des intéressés, du commencement de la
création ; ce sont de vieilles légendes dont l'origine échappe aux humains et qui,
dans la majorité des cas, ne furent révélées que par des dieux et par les esprits
* Extrait d'un livre à paraître aux Éditions Geuthner : Les « poids à peser l'or » dans la
civilisation akan.
1. Peuples du Golfe de Guinée (Côte d'Ivoire, Ghana, Togo) : Abron, Abouré, Agni,
Akyé, Anno, Abe, Ashanti, Adansi, Baoulé, Dinkyra, Fanti, Akwapim, Assin, Akyem,
Nzima, etc.
2. Sanaa ou dja : collection, ensemble des poids ou figurines. 208 GEORGES NIANGORAN-BOUAH
de la brousse. En les évoquant, les vieux font souvent allusion aux récits se
rapportant aux mythes de la création, aux croyances religieuses et au principe
de quelques institutions traditionnelles.
Le chef nafana Koffi Amoa de Bondoukou, parlant des poids ahindra, n'hésita
pas un seul instant à affirmer qu'il détenait des « photos » montrant son aïeul
Akomi recevant son homologue Tanin-Date, ancêtre qui a conduit les Abron-
Gyaman d'Akwamu (Ghana) à Gontugu (Bondoukou) en Côte d'Ivoire. Nous
avions pensé qu'en nous narrant l'histoire de l'immigration gyaman, le chef
faisait allusion à de vieux dessins tirés de documents européens anciens, étant
donné qu'aucun photographe ne pouvait être témoin d'un événement datant du
xvne siècle. Après l'offrande de la boisson rituelle d'usage, le chef Amoa présenta
ses « photos » qui ne sont autres que des éléments matériels (figurines en laiton)
du dja de cet ancêtre lointain. Spontanément, il avait identifié cette figurine
{cf. ph. i) — objet d'art en métal — à une photographie parce qu'elle a fixé et
perpétué un événement historique vieux de plusieurs siècles. Les statuettes en
bois appelées portraits d'ancêtre jouent le même rôle documentaire dans l'esprit
des Africains. Les Nafana ont pieusement conservé ces objets qui constituent
des documents sur les événements des temps anciens. Plus d'une fois, ils servirent
de pièces à conviction dans des conflits fonciers opposant Gyaman et Nafana.
Peu importe que ces objets soient ressemblants ou non, l'essentiel est que l'artiste
ait pu dégager de la masse du métal des formes permettant de saisir leurs messages
venus de l'aube des temps historiques, du temps où le ciel avoisinait la terre.
Le récit du chef Amoa confirme ce que nous disions plus haut. Il est évident
que cette figurine appelée « poids proverbe » n'en est pas un. Nous la considérons
comme une importante page d'histoire de deux peuples devenus amis et obligés
de cohabiter pour des raisons politiques. A ce niveau, titisem, mftaninisem et
ahindra ou ebe forment un tout indissociable : ce sont des éléments traduisant
une réalité sociale. En évoquant les mythes, les légendes, les symboles et les
proverbes spécifiques attachés aux différentes figurines contenues dans le dja,
les anciens les maintiennent dans leur forme elliptique et s'arrangent toujours
pour intégrer à tour de rôle les ahindra dans les textes des récits en rapport avec
l'histoire des princes, du pays et des clans, avec le système politique, la vie rel
igieuse, la vie économique et la vie sociale. Ils réalisent, par cette dialectique,
l'équivalent d'une monographie orale plus ou moins importante qui permet
à l'interlocuteur avisé et désireux de s'informer d'avoir une idée de quelques
institutions de base communes à l'ensemble des provinces, en passant les ebemwo
(figurines) en revue. Nous entendons demeurer fidèle à cette tradition et conserver
ainsi à chaque figurine son individualité et sa spécificité. Pour permettre cette
saisie partielle des principales institutions, disons qu'à chaque figurine sont
attachés des proverbes et des symboles qu'il convient de connaître au préalable.
Ces éléments peuvent n'être pas les mêmes partout, ni connus de tous. SYMBOLES INSTITUTIONNELS 20Ç
S'il est vrai que les Akan constituent un vaste ensemble linguistiquement
cohérent, il n'en demeure pas moins que chacune des provinces a développé
quelques institutions originales ignorées des autres. Ce phénomène, historique et
sociologique, s'explique par le fait qu'il n'y eut jamais, à notre connaissance, un
monarque unique dans leur longue histoire. L'importante tâche d'unification de
l'ensemble du pays, entreprise par Osei Tutu, ne fut malheureusement pas menée à
son terme. L'unité tant souhaitée par ce monarque n'existe qu'au niveau des seuls
Ashanti (plus de deux millions d'individus) . Les Abron et les Agni, encore divisés,
ne connaissent pas pareille organisation étatique groupant un aussi grand nombre
d'individus. Avec la mort d'Osei Tutu, les Akan ont peut-être perdu à jamais
l'unique chance qui s'offrait à eux de créer une nation homogène, forte, prospère
et respectée.
Pour nous familiariser avec les institutions de base et avec la pensée de ce
peuple, feuilletons ensemble les plus importantes et les plus belles pages du dja.
L'or destiné à payer les frais de cérémonie, à payer une amende d'adultère,
à régler une dette, était souvent accompagné d'un « poids figuratif ». Dans ce cas,
les figurines jouaient le rôle de nos notes d'aujourd'hui, le rôle du billet sous
enveloppe accompagnant un paquet postal ou envoyé par l'intermédiaire d'un
tiers. Dans certains cas, la figurine constitue le mot de passe qui autorise celui
qui le reçoit à parler et à s'exprimer en toute quiétude ; à remettre à son détenteur
et sans arrière-pensée l'objet d'une convention. Cari Kjersmeier, l'un des rares
auteurs à avoir compris la vraie nature des « poids » akan, écrit : « Les poids ne
sont pas seulement utilisés dans le commerce pour peser la poudre d'or, ils sont
également utilisés dans de nombreuses circonstances de la vie de tous les jours.
Quand le roi désire imposer un décret, souvent il fait couler un poids lourd ayant un
sens symboli

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