Taux d intérêt, taux d actualisation et croissance économique - article ; n°4 ; vol.17, pg 525-536
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Description

Revue économique - Année 1966 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 525-536
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 139
Langue Français

Extrait

Monsieur Pierre-Henri Derycke
Taux d'intérêt, taux d'actualisation et croissance économique
In: Revue économique. Volume 17, n°4, 1966. pp. 525-536.
Citer ce document / Cite this document :
Derycke Pierre-Henri. Taux d'intérêt, taux d'actualisation et croissance économique. In: Revue économique. Volume 17, n°4,
1966. pp. 525-536.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1966_num_17_4_407717D'INTERET, TAUX D'ACTUALISATION TAUX
ET CROISSANCE ECONOMIQUE
L'étude de la croissance a renouvelé la théorie des taux d'intérêt, en
analysant leur rôle dans la stratégie d'allocation des ressources, dans la
dynamique monétaire et dans les phénomènes de répartition *. Parallèle
ment, l'exigence d'un développement harmonisé a conduit le planificateur
à davantage de rationalité dans des choix économiques devenus plus diffi
ciles et plus nombreux. La technique de l'actualisation des valeurs s'est
révélée l'instrument logique le plus commode de ces choix 2. Or, à constater
l'évolution récente, il semble, dans la plupart des pays développés, que
la croissance continûment soutenue a entraîné une véritable escalade de
certains taux d'intérêt de référence, notamment du taux d'actualisation.
Ceci pose le problème des liens entre ces taux et la croissance économique.
Située dans le sillage de l'article précédent de M. Pierre Llau, la pré
sente note voudrait développer ce thème déjà esquissé des interrelations
entre taux d'intérêt et taux de croissance. On établira successivement :
— que les processus de la croissance économique rendent ambiguë la
distinction entre taux d'intérêt et taux d'actualisation (I) ;
— qu'en conséquence, la détermination du niveau convenable du taux
d'actualisation est difficile (II) ;
— qu'enfin les liens entre le taux de croissance et les taux d'intérêt sont
complexes, ainsi qu'il ressort de l'examen d'un certain nombre de mod
èles récemment proposés par les auteurs (III).
1. Cf. Pierre Llau, La détermination des taux d'intérêt, Paris, Ed. Gujas, 1962, p. 1.
2. Sur la supériorité de la méthode sur d'autres critères de choix entre projets (taux de
rentabilité interne, temps de récupération, période de remboursement, etc.), cf. P. Massé,
Le choix des investissements, Paris, Dunod, 1964, 2* édition, pp. 20-37 ; R. Olivieb, Techniques
modernes d'élaboration des programmes de développement, Ministère de la Coopération, série
Planification en Afrique, vol. 2, mars 1963, pp. 164-174 ; G. Caire, Techniques de planification,
I.R.F.E.D., cours ronéoté, Paris, 1963, pp. 88-103 ; O.N.U.. Manual on economic development
projects. New York, Ï958 ; P. Llau, « Taux d'actualisation et taux d'intérêt dans la décision
d'investissement de la firme », Revue économique, nov. 1963 ; H. Peumans, Théorie et pratique
des calculs d'investissement, Paris, Dunod, 1965, pp. 82-105 et 209-230. 526 REVUE ECONOMIQUE
I
L'ambiguïté de la distinction
entre taux d'intérêt et taux d'actualisation
II est banal — mais nécessaire à notre propos — de rappeler que la
croissance ne s'effectue pas de nos jours et ne s'est probablement jamais
effectuée le long d'un vecteur homothétique laissant inchangées les pro
portions et relations caractéristiques de l'économie. Certes, si la croissance
agissait comme un opérateur linéaire, il ne serait pas trop difficile de dé
montrer l'équivalence entre taux d'intérêt, taux d'actualisation et taux de
croissance. En effet, si l'on admet la thèse paresseuse — encore que paré-
tienne — d'un optimum concurrentiel dans un univers stable où la prévi
sion est parfaite, il peut être prouvé 3 :
— que taux d'intérêt courts et taux d'intérêt longs coïncident, puisque
les risques encourus par le prêteur ne s'accroissent pas au cours du
temps ;
— que le taux d'actualisation s'identifie au taux d'intérêt et même, si cer
taines conditions que nous rappellerons plus loin sont réunies, au taux
de croissance du produit à long terme.
Cette vision de l'univers peut à la rigueur convenir à une quelconque
micro-unité d'un marché quasiment concurrentiel. Elle est totalement in
adéquate lorsqu'il s'agit de projeter à terme le devenir de la Nation. A ce
niveau, il semble bien que le ou les taux d'intérêt et le taux d'actualisation
revêtent des aspects et remplissent des fonctions qui ne sont pas exacte
ment comparables.
A) Les différents aspects du taux de l'intérêt
M. P. Massé a fort bien mis en lumière le double aspect du taux de
l'intérêt, considéré comme un prix : « D'une manière très générale, écrit-il,
les prix ont un double rôle dans la vie économique. En tant que termes
de marchés conclus entre des entités différentes, ils influencent la répart
ition des revenus. En tant qu'éléments de calcul, utilisés par une entité
unique pour la comparaison de différentes variantes d'un choix, ils servent
à former des décisions ... Paramètre de prix comme les autres, le taux de
l'intérêt n'échappe pas à cette dualité » 4. Plus précisément :
3. Cf. supra la première partie de l'article précédent de P. Llau.
4. P. Massé, op. cit., p. 12. CROISSANCE ECONOMIQUE 527
— Dans la théorie de la répartition, l'intérêt apparaît comme le revenu
d'un agent ; s'il s'élève, il devient un instrument d'enrichissement au moyen
des transferts de revenu qu'il opère des emprunteurs aux prêteurs.
— Dans la théorie de la production et de l'allocation des ressources,
l'intérêt a une double signification ; d'une part il représente le coût d'un
facteur rare : le capital financier emprunté et, de manière plus générale,
le temps. D'autre part, il « agit comme un crible économique ou comme
un procédé de sélection automatique des projets » 5, et c'est en ceci qu'il
tend à s'identifier au taux d'actualisation.
La signification différente du taux d'intérêt suivant que l'on s'attache
à la production ou à la répartition n'aurait pas grande portée dans un uni
vers concurrentiel. Dans un tel univers, là rémunération des facteurs et le
revenu des agents sont tels que la production maximale correspond à une
répartition optimale. En d'autres termes, il y a coïncidence entre la pours
uite de l'efficience et la recherce de l'équité. Mais la croissance économique
bouscule les schemes concurrentiels et opère des mues de structures qui
privilégient des modes de développement asymétriques. Dans le choix des
programmes de développement, il y a le plus souvent dissociation —
pour ne pas dire conflit — entre l'objectif d'efficience économique et
la finalité éthico-sociale d'un projet 6. Il n'en est que plus nécessaire de
distinguer entre les différents aspects du taux de l'intérêt.
Puisque nous nous attachons principalement à la croissance économique,
donc à la production qui la soutient, convenons, avec M. P. Massé, d'em
ployer « l'expression de taux d'actualisation de préférence à celle de taux
d'intérêt lorsqu'il s'agira de calcul économique et non de contrat financier.
Un emprunteur et un prêteur conviennent d'un taux d'intérêt, un « fo
rmateur de décision » adopte un taux d'actualisation » 7.
On peut désormais comparer les deux sortes de taux.
B) La comparaison taux d'intérêt - taux d'actualisation
1° Le taux d'actualisation est un taux d'intérêt particulier : c'est le
taux d'intérêt de référence auquel on recourt dans les calculs de rentabilité.
2° Le taux de l'intérêt projette le présent dans l'avenir. A l'inverse, le
taux d'actualisation ramène l'avenir au présent.
3° Sans se confondre avec lui, le taux d'actualisation est en relation
étroite avec le taux de l'intérêt 8. Si nous supposons qu'une décision éco
nomique a été

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