Technique métallurgique avant la révolution industrielle : la forge d Aron (Bas-Maine) au XVIIIe siècle - article ; n°3 ; vol.15, pg 538-548
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Technique métallurgique avant la révolution industrielle : la forge d'Aron (Bas-Maine) au XVIIIe siècle - article ; n°3 ; vol.15, pg 538-548

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 3 - Pages 538-548
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

François Dornic
Technique métallurgique avant la révolution industrielle : la forge
d'Aron (Bas-Maine) au XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 3, 1960. pp. 538-548.
Citer ce document / Cite this document :
Dornic François. Technique métallurgique avant la révolution industrielle : la forge d'Aron (Bas-Maine) au XVIIIe siècle. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 3, 1960. pp. 538-548.
doi : 10.3406/ahess.1960.421627
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_3_421627EN COURS TRAVAUX
LA TECHNIQUE MÉTALLURGIQUE
AVANT LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
La forge d'Aron (Bas-Maine) au XVIII* siècle
En 1788, il existait en France, comme chacun le sait, un millier d'éta
blissements métallurgiques1, dispersés en pleine campagne, souvent
dans des écarts perdus, le long des cours d'eau dont le courant faisait
tourner la roue de leurs soufflets et marteaux, à proximité des forêts où
ils se fournissaient en charbon de bois, et utilisant le minerai de fer de
surface extrait au voisinage, la matière première et le combustible étant
voitures généralement par des chemins difficiles, à force de charrettes,
de chevaux ou de mulets. Ces établissements comprenaient un fourneau
pour la production de la fonte, et une forge où l'on affinait la fonte pour
obtenir le fer. Fourneau et forge étaient souvent groupés au même lieu,
parfois séparés, selon les ressources en bois ou la puissance du cours
d'eau. C'est que la force hydraulique devait en effet faire mouvoir, pour
le fourneau, non seulement les énormes soufflets grâce auxquels les hautes
températures de fusion pouvaient être atteintes, mais d'abord les pilons du
bocambre (ou bocard) servant à concasser le minerai, puis, pour la forge,
les soufflets des feux d'affinerie et les lourds marteaux de la fenderie.
Enfin le fer, mis en barres et en verges, était vendu aux utilisateurs, le
plus souvent des maréchaux de village qui le transformaient en clous,
fers à cheval, bandages de roue, outils et instruments de toute sorte...
Il arrivait aussi qu'on utilisât directement la fonte telle qu'elle sortait
du fourneau, pour la fabrication de plaques de cheminée, marmites,
chaudrons, poêles, etc.
Ce sont les activités d'un de ces établissements que nous allons étudier
grâce aux meilleures sources, les registres mêmes de la forge d'Aron
conservés au château de Bourgon et actuellement en dépôt aux archives
1. H. et G. Boubgin, L 'industrie sidérurgique en France au début de la Révolution,
Paris, 1920.
533 TECHNIQUE MÉTALLURGIQUE
départementales de la Mayenne. Ces registres couvrent sans interruption
la période 1736-1754. Journal permanent des dépenses et des recettes,
ils donnent le détail de toutes les opérations effectuées pour le fourneau
et pour la forge, depuis celles des « tireurs de mine » jusqu'à celles des
acheteurs de fer. S'y trouvent également notés les incidents, atmos
phériques ou autres, qui, pendant cette période de près de vingt ans,
ont pesé sur la production et les travaux. Complétés par quelques docu
ments annexes, ces livres vont ainsi fournir le tableau le plus vrai et le
plus complet de la vie quotidienne d'un établissement métallurgique,
semblable à tant d'autres, dans la première moitié du xvine siècle.
L'établissement d'Aron ne figure plus depuis longtemps sur la carte
industrielle de la France; précisons donc d'un mot sa situation. Aron se
trouve à quatre kilomètres de la ville de Mayenne. La forge dont nous allons
parler était située assez à l'écart du bourg, sur le grand étang de Beau-
coudray. Elle était approvisionnée de fonte par le fourneau de Bourgon, à
quelques kilomètres plus au sud, paroisse de Montourtier, près de la forêt
du même nom où se prenait une part importante du combustible. Du
moins pour la période dont nous nous occupons, car, le bois devenu insuf
fisant, le fourneau de Bourgon cessa ensuite toute activité, la forge d'Aron
se fournissant alors de fonte à un autre fourneau, celui d'Hermet, paroisse
de Mézangers, un peu plus éloigné encore, dont les installations avaient
été achetées en 1750, avec la terre et le bois dont elles dépendaient, par
le propriétaire et seigneur d'Aron et de Bourgon. Comme, par ailleurs,
le minerai (on dit alors « la mine », l'expression « le minerai » étant réservée
au lieu dont on l'extrayait) devait être tiré de la région d'Evron, on
imagine combien pesaient sur les prix les frais de transport, à un moment
surtout où ce coin montueux du Bas-Maine manquait de routes ; on voit
le dimanche 20 septembre 1739 le directeur de la forge d'Aron porter en
dépenses 243 livres pour fer en barres « donné par Monsieur aux habi
tants d'Aron pour employer en outils propres au travail des grands
chemins ».
Aron, Bourgon, Hermet, ce n'étaient pas là les seules usines à fer du
Bas-Maine. Dans les limites de l'actuel département de la Mayenne, on
en comptait alors plusieurs autres : Port-Brillet, en la paroisse d'Olivet,
avec deux fourneaux, forge et fenderie groupés sur étang ; Chailland, avec
fourneau et forge sur l'Ernée, un peu à l'écart, et autre fourneau
à Villeneuve, sur étang, à trois quarts de lieue de la forge; Orthe, en la
paroisse de Saint-Martin-de-Connée, avec fourneau, forge et fenderie
groupés sur ruisseau; La Bataille, en la paroisse de la Pooté, à trois lieues
d'Alençon, avec fourneau sur la Sarthe et forge joignante jusque vers
1740, époque à laquelle la rareté du bois fit tomber la forge, la fonte de
La Bataille étant ensuite portée aux forges d'Orthe et de la Gaudinière
et même aux forges de Saint-Denis-sur-Sarthon et de La Roche-Mabille,
en Normandie; Moncors, en la paroisse de Chammes, à une lieue de
539 ANNALES
Sainte-Suzanne, avec fourneau, forge et fenderie groupés sur l'Erve.
Ces divers établissements trouvaient une clientèle locale et régionale
disséminée dans le Maine, l'Anjou, la Bretagne et la Normandie. Leur
création remontait aux xvie et xvne siècles, la plupart ayant alors,
semble-t-il, pris la suite d'établissements moins importants et se dépla
çant sans doute suivant le minerai. Le grand nombre des lieux-dits
La Ferrière, Le Minerai, Les Forges, etc., le fait que des voies romaines
aient été empierrées avec des scories, témoignent d'ailleurs de l'extrême
ancienneté de la fabrication du fer. Les mêmes constatations peuvent se
faire dans les départements voisins, Sarthe, Orne, Ille-et- Vilaine, Maine-
et-Loire.
Les approvisionnements en minerai
Les gros registres d'Aron s'ouvrent en 1736 lorsque le propriétaire
Pouyvet de la Blinière, maître des requêtes et seigneur de Bourgon, prend
en mains l'exploitation de ses établissements au lieu de les affermer,
comme c'était généralement l'usage, et comme il avait fait lui-même
précédemment, à un maître de forges. Il en confie la direction au sieur
Voille, qui a sous ses ordres trois commis : à la forge, au fourneau et au
minerai.
A ce dernier, Michel Vinçon, qui reste en place pendant toute la
période considérée, il est payé au départ 16 000 livres « pour le tirage
des mines, ensemble pour une partie du droit de terrage, pour les journées
à apprêter les dites mines, achats d'outils et autres dépenses, même de
deux années de ses gages », plus 177 livres « pour menues dépenses de
mine », ces sommes à valoir du 1er novembre 1733 au 1er mai 1736.
Comme on le voit aux frais de transport, sur lesquels nous reviendrons,
le minerai provient d'au-delà et d'en deçà d'Evron. L'engagement de
Michel Vinçon, qualifié marchand, était intervenu — on l'apprend par
une autre source1 — le 1er octobre 1733, par acte notarié, aux gages de
60 livres par an; l'intéressé, qui allait « agir en qualité de commis facteur
pour avoir revue sur les tireurs de mine », engageait en même temps
quatre de ces derniers, nommément désignés, « tous journaliers et tireurs
ordinaires de mines dans les paroisses de Châtres, Neau, Saint-Christophe
et Mézangers », ayant la possibilité

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