THE MYTH OF THE EASTERN FRONT: THE NAZI-SOVIET WAR IN AMERICAN ...

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• Sociologie, société et politique

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THE MYTH OF THE EASTERN FRONT: THE NAZI-SOVIET WAR IN AMERICAN POPULAR CULTURE (LE MYTHE DU FRONT ORIENTAL : LA GUERRE GERMANO SOVIÉTIQUE DANS LA CULTURE POPULAIRE AMÉRICAINE) SMELSER, Ronald et DAVIES II, Edward J. Cambridge University Press, 2008.

M. Robert Engen

L’ouvrage de Ronald Smelser et d’Edward Davies,The Myth of the Eastern Front, offre un vaste examen et une critique de l’historiographie, de la documentation et de la culture populaire liées au déroulement de la Seconde Guerre mondiale sur le front soviétique. Les auteurs soutiennent que la réputation de l’armée allemande a été restaurée et embellie après le début de la guerre froide, malgré la défaite catastrophique de la Wehrmacht et, ce qui est plus inquiétant, malgré les terribles crimes de guerre commis par ses soldats. Après 1945, le paradigme qui est apparu dans la culture populaire et dans l’histoire militaire a présenté une armée allemande plus sympathique, jugée indépendamment de l’Holocauste et des autres crimes du régime nazi. Ce paradigme, selon Smelser et Davies, constitue une distorsion de l’histoire et illustre bien à quel point la mémoire collective peut être manipulée au service de visées politiques.

The Myth of the Eastern Fronts’ouvre sur un examen plutôt superficiel de la façon dont les médias populaires américains représentaient l’Union soviétique pendant la guerre, mais il se rachète dans les chapitres ultérieurs en explorant la profonde influence qu’ont eue les prisonniers de guerre allemands haut gradés sur l’opinion américaine après la guerre. Les généraux allemands, y compris les plus connus, par exemple Guderian, Manstein et Halder, ont gagné la faveur de leurs gardiens occidentaux et réussi à éviter de lourdes peines même s’il était prouvé qu’ils étaient complices de crimes de guerre, en particulier l’exécution de prisonniers et l’aide fournie aux infâmes escadrons de la mort allemands, lesEinsatzgruppen. Dans le contexte de la guerre froide, les anciens dirigeants militaires nazis ont parlé, écrit et établi des liens pour diffuser auprès d’un public américain très réceptif un compte rendu de leur guerre contre l’Union soviétique. Au moyen de publications populaires et grâce à leur coopération avec la division de l’histoire de l’armée américaine pour produire des études sur les combats, les soldats allemands, y compris des membres de la Waffen SS, ont réussi dans une large mesure à dissocier le souvenir des campagnes militaires allemandes de la Seconde Guerre mondiale des tueries perpétrées par le régime nazi. Ce faisant, ils sont aussi parvenus à embellir les succès opérationnels et tactiques de l’armée allemande, au détriment des réalisations des armées alliées.

Smelser et Davies vont plus loin et étudient les retombées qu’a eues cette révision de l’histoire. Les chapitres ultérieurs portent sur la fiction populaire, les jeux de guerre, les forums Internet, les figurants costumés des reconstitutions historiques et l’histoire contrefactuelle, car tous ces éléments ont pu servir à atténuer la culpabilité des Allemands après la guerre et à illustrer en détail les réalisations militaires allemandes. Plutôt que d’être associés au régime barbare qu’ils avaient servi, les soldats et généraux allemands du front oriental sont apparus comme les champions d’une « cause perdue », puisqu’ils tentaient de protéger l’Europe contre la Russie staliniste, et ils ont projeté une image de vaillants combattants face à un destin contraire. La notion d’une Wehrmacht

Le Journal de l’Armée du Canada Vol. 11.2 été 2008

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