Théorie de la « réduction des distances psychologiques dans une hiérarchie de pouvoir » de Mulder - article ; n°2 ; vol.66, pg 475-493
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Description

L'année psychologique - Année 1966 - Volume 66 - Numéro 2 - Pages 475-493
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-P. Poitou
Théorie de la « réduction des distances psychologiques dans
une hiérarchie de pouvoir » de Mulder
In: L'année psychologique. 1966 vol. 66, n°2. pp. 475-493.
Citer ce document / Cite this document :
Poitou J.-P. Théorie de la « réduction des distances psychologiques dans une hiérarchie de pouvoir » de Mulder. In: L'année
psychologique. 1966 vol. 66, n°2. pp. 475-493.
doi : 10.3406/psy.1966.27527
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1966_num_66_2_27527de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne Laboratoire
THÉORIE DE « LA RÉDUCTION
DES DISTANCES PSYCHOLOGIQUES
DANS UNE HIÉRARCHIE DE POUVOIR » DE MULDER
par J.-P. Poitou
Dans le premier chapitre de Studies in social power, D. Cartwright
(1959) soulignait combien les psychologues sociaux s'étaient montrés
négligents, voire timorés, dans l'étude de la variable « pouvoir ». A
tel point qu'on peut se demander si l'indifférence manifestée à l'égard
du pouvoir social ne tient pas à l'importance même de cette variable.
On voit donc tout l'intérêt de l'étude et des recherches consacrées
au pouvoir entreprises par Mauk Mulder (1959, 1960, 1964).
Ces travaux prennent leur point de départ dans des recherches
relatives aux réseaux de communication et aux groupes sociaux hiérar
chisés. Nous rappellerons brièvement ceux-ci avant de résumer la
théorie élaborée par Mulder sur la réduction des distances sociales
dans les relations de pouvoir. Nous exposerons ensuite les expériences
de Mulder destinées à valider cette théorie. Puis après en avoir discuté
les résultats, nous tenterons de montrer les développements auxquels
ils peuvent donner lieu.
I. — LA VARIABLE « POUVOIR »
DANS LES RÉSEAUX DE COMMUNICATION
ET LES GROUPES SOCIAUX HIÉRARCHISÉS
Des résultats de deux types ont attiré l'attention de Mulder par
la possibilité d'une intervention de la variable pouvoir qu'on pouvait
y déceler. Les premiers sont relatifs aux différences de satisfaction
éprouvée dans le travail en fonction de la place dans un réseau de
communication. Les seconds sont relatifs aux comportements des
supérieurs et des inférieurs les uns envers les autres dans des groupes
sociaux hiérarchisés. 476
1° Satisfaction et place dans le réseau
Les travaux bien connus sur les réseaux de communication avaient
montré l'influence de la place dans le réseau sur la satisfaction éprouvée
dans l'accomplissement de la tâche. Particulièrement, les sujets placés des positions centrales manifestaient une supérieure
à celle des autres. Pour expliquer cette relation entre centrante et
satisfaction, diverses interprétations avaient été proposées. Pour
Leavitt (1951) : la satisfaction du sujet central est due à V autonomie
et au contrôle sur l'organisation dont il dispose. Shaw (1954) tenta
de montrer que la dépendait des informations disponibles,
et que dans la mesure où une position centrale offrait plus de canaux,
donc plus d'information, elle était plus satisfaisante. Puis il relia cette
satisfaction à l'activité, c'est-à-dire le nombre d'action de communic
ation. Enfin Guetzkow (Guetzkow et Simon, 1955) suggéra que la était liée à l'importance fonctionnelle du poste. Mulder
(Mulder, 1959) critique avec beaucoup d'acuité ces différentes inter
prétations. Il remarque que dans les tâches expérimentales en question
trois types d'activité peuvent être distingués : l'échange d'information,
la résolution du problème et la distribution de la solution. Or les individus
en position centrale, et qui montrent la plus grande satisfaction dans
leur tâche, émettent et reçoivent le plus de messages, donc sont les
plus actifs. Mais leur activité se distingue aussi par sa qualité : le plus
souvent ce sont eux qui trouvent et transmettent la solution. Dans les
expériences en question, note Mulder, on ne peut distinguer les effets
de ces trois variables, donc trancher entre les différentes interprétations.
Pour y parvenir, il propose trois définitions : celle de l'activité à savoir
le nombre de communications (dans les deux sens) par poste et par unité
de temps ; V accomplissement personnel, c'est-à-dire le fait d'achever
soi-même sa propre tâche, ici trouver soi-même la solution du problème.
Enfin l'exercice du pouvoir, c'est-à-dire déterminer le comportement
d'autrui. Cette variable est ici opérationnellement définie comme le
fait d'envoyer la solution (ou une information essentielle) à autrui.
Le degré d'activité ne saurait, selon Mulder, déterminer par lui-
même la satisfaction. On doit tenir compte de la nature et de
la qualité des opérations. De même V accomplissement personnel ne
procure de satisfaction que dans la mesure où la situation sociale
confère aux yeux mêmes de l'individu une valeur à la tâche qui lui
incombe.
C'est l'exercice du pouvoir qui, pour Mulder, est « le déterminant
primaire de la satisfaction, d'une façon générale comme dans les expé
riences citées sur la communication » (1959, p. 190). Cette dernière
hypothèse n'est pas tirée directement des résultats antérieurs. En
effet, dans ceux-ci on trouve peu d'indications qui puissent la suggérer,
si ce n'est que là où le sujet central a une fonction d'intermédiaire
plutôt que de dirigeant, il ne manifeste guère plus de satisfaction que RÉDUCTION DES DISTANCES ET HIÉRARCHIE 477 -P. POITOU. .T.
ses compagnons. C'est plutôt de considérations générales, voire philo
sophiques que Mulder a tiré cette hypothèse, qui est au cœur de ses
recherches.
2° Les interactions au sein d'une hiérarchie de pouvoir
Un certain nomhre de recherches, consacrées aux groupes sociaux
hiérarchisés, ont mis en lumière différents types de comportement
entre les individus occupant les différentes positions d'une hiérarchie
sociale. On trouvera un résumé de ces travaux dans Mulder (1959)
et une revue critique dans Poitou (1964). Quatre théories avaient été
proposées pour interpréter ces différents résultats :
1) En ce qui concerne la direction ascendante des communications,
Festinger (Back et al., 1950) y voit un substitut à la promotion. Faute
de pouvoir gagner les positions élevées, les inférieurs tentent au moins
de s'en approcher en communiquant avec les supérieurs.
2) Quant à V imitation du comportement des supérieurs, Lippitt et al.
(1952) l'interprétaient comme un moyen d'accéder à la position élevée,
ou, au moins, de s'assimiler au supérieur.
3) Kelley (1951) expliquait par des réactions d'hostilité entre sous-
groupes les choix sociométriques des supérieurs pour leurs pairs, et des
inférieurs pour les membres de leur propre sous-groupe.
4) Hurwitz et al. (1960) voyaient une mesure de protection personn
elle dans les comportements des inférieurs envers les supérieurs ;
les premiers chercheraient, par des communications et des marques de
sympathie aux seconds, à réduire le malaise ressenti devant les supérieurs,
voire à se les concilier.
Mulder considère que la thèse du pouvoir, comme source principale
de satisfaction, et les dérivations qu'il en propose rendraient compte,
de façon plus satisfaisante que les théories qu'on vient de citer, des
résultats relatifs aux relations dans les hiérarchies.
En effet, si, dans l'ensemble, ces théories peuvent rendre compte
du comportement des inférieurs envers les supérieurs, elles sont insuff
isantes en ce qui concerne celui des supérieurs entre eux.
Mulder propose une théorie générale de ces interactions fondées
sur la lutte pour l'exercice du pouvoir considéré comme une source
de satisfaction première de l'homme. C'est cette théorie que nous allons
maintenant examiner en détail.
II. — LA THÉORIE DU POUVOIR DE MULDER
1. La satisfaction augmente avec V exercice du pouvoir
C'est, répétons-le, l'hypothèse fondamentale de Mulder. Celui-ci
insiste sur le fait que ce ne sont pas, ou pas essentiellement, les avantages
attachés à une position élevée qui déterminent cette satisfaction. C'es

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