Traitement social du chômage et nouvelle pauvreté  - article ; n°1 ; vol.56, pg 35-51
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Description

Perspectives chinoises - Année 1999 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 35-51
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Antoine Kernen
Jean-Louis Rocca
Traitement social du chômage et nouvelle pauvreté
In: Perspectives chinoises. N°56, 1999. pp. 35-51.
Citer ce document / Cite this document :
Kernen Antoine, Rocca Jean-Louis. Traitement social du chômage et nouvelle pauvreté . In: Perspectives chinoises. N°56,
1999. pp. 35-51.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/perch_1021-9013_1999_num_56_1_2461Traitement social
du chômage
et nouvelle pauvreté
Le cas de Shenyang et du Liaoning
nismes boursiers peuvent être utiles pour financer la modAntoine Kernen et Jean-Louis Rocca
ernisation des entreprises d'Etat, il se doit de les utiliser.
Dour tenter une nouvelle fois de résoudre les diff Quels que soient les avis sur sa signification, cette ou
icultés des entreprises d'Etat, les représentants verture a pour but de forcer les entreprises d'Etat à pro
du Parti communiste chinois, réunis en 15ème céder à une réallocation de leur main-d'œuvre afin de ga
congrès à Pékin à la mi septembre 1997, ont af gner en efficience. De ce point de vue, elle représente la
firmé le principe de l'ouverture du capital d'entités écono « touche finale » d'un processus de désengagement d'un
miques qui autrefois constituaient l'ossature de l'écono système socialiste de l'emploi, lancé au milieu des an
mie socialiste planifiée. Les départements et administra nées 1980. Le système d'emploi à vie a été aboli et rem
tions dont dépendent les entreprises ont dès lors pu déci placé par un de contrat, alors que les avantages
der de mettre en vente tout ou partie de leur capital pour sociaux comme le logement, l'éducation des enfants, le
financer la modernisation technologique ou pour se dé système de santé, etc., jusqu'alors offerts, sont progres
sivement devenus payants. Depuis 1994-1995, pour rébarrasser des plus déficitaires. Cette vente d'actifs d'Etat
prend place dans un processus de transformation des en duire les déficits et limiter l'endettement, de nombreuses
treprises d'Etat en sociétés par actions. Si tout le monde entreprises d'Etat ont commencé à mettre à pied des ou
s'accorde pour noter l'importance de ce changement, les vriers. Selon les estimations, entre 20 et 25 millions d'em
avis divergent pour qualifier sa nature. La presse écono ployés auraient été mis à pied en 1996 et 1997, et quelque
mique occidentale y a vu le signal du début des privatisa 23 et 31 millions en 1998 et 1999'". Shen Hong, un cher
tions en Chine, ouvrant de grandes perspectives pour les cheur chinois, estime quant à lui le nombre de «chô
meurs cachés » à 30 millions à la fin 1997'-''. investisseurs étrangers. Le gouvernement chinois récuse
le terme de privatisation en affirmant que la vente d'une Une telle restructuration en profondeur de l'emploi ur
partie des actifs ne l'empêche pas de maintenir un bain n'est pas en soi une nouveauté, mais ce phénomène
contrôle sur ses entreprises. En ce sens il minimise l'i a lieu en Chine dans des circonstances spécifiques, qui lui
mportance du changement pour l'inscrire dans la continuité donne une importance particulière. Aujourd'hui, la classe
d'une ouverture justifiée essentiellement par la nécessité ouvrière urbaine chinoise a peu de point commun avec
celle des pays occidentaux décrite par Karl Marx. Les re- de la modernisation économique : à ses yeux, si les
N° 56 • NOVEMBRE - DECEMBRE 199S erspecû'ves chinoises 35 .
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: en attendant la réouverture de l'usine Photo : Mark Henley Shenyang
lations entre la classe dirigeante et les « employés et ou en train de détruire progressivement sa base sociale et de
vriers » à l'intérieur des entreprises d'Etat a été décrite modifier la nature de l'emploi urbain ? Comment a-t-il
comme néo-traditionaliste, créant des « dépendances or réussi (au moins pour le moment) à faire en sorte que le
ganisées » entre patrons et clients'". Grâce à son monop « séisme » du chômage ne débouchât pas sur un boule
ole sur les ressources matérielles, l'Etat permet aux versement général dans les villes industrielles ? Ces quest
cadres d'exercer un contrôle sur ses ouvriers à travers la ions, cruciales pour le l'avenir du régime, ont rarement
distribution de récompenses matérielles. Alors que paral été abordées par les observateurs occidentaux'"". Plus cu
lèlement le contrôle total des cadres sur les mécanismes rieusement, les provinces les plus touchées par la re
de promotion a favorisé le développement de réseaux structuration — les provinces du nord-est, et spéciale
clientélistes et de liens organiques entre ouvriers et petite ment le Liaoning — ont échappé à l'analyse des spécial
bureaucratie14'. De plus, les ouvriers chinois ne représent istes. En 1994, date du début des licenciements, la pro
ent pas seulement une force de travail mais aussi une vince de Liaoning comptait près de 6% du total de la po
force politique supposée être le principal support du ré pulation active de l'ensemble de la Chine pour 3% de la
gime socialiste et le symbole de sa réussite sociale. population totale : 34% de la population active de la pro
Dans une telle situation, les licenciements massifs dans vince était employée dans le secteur d'Etat contre 18% au
le secteur publique n'ont pas seulement des consé niveau national"". Et dans la région de Shenyang par
quences sociales ou économiques, mais également une s exemple, près de 70% des ouvriers travaillaient dans le
ignification politique. Comment un régime socialiste peut- secteur d'Etat. De plus, l'économie de la province du
il gérer une crise de l'emploi qu'il a engendrée et qui est Liaoning est avant tout orientée vers l'industrie lourde, un
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bel exemple d'industrialisation à la mode soviétique des lien salarial a été définitivement rompu avec l'entreprise
années 1950. Elle est aussi la province où le problème du du fait de sa faillite. Ce sont les seuls qui semblent pou
chômage est le plus grave. A la fin de 1997, près de 13.7% voir prétendre au versement d'indemnités de chômage
des xiagangll> recensés à l'échelle nationale qui n'avaient au titre des fonds d'assurance chômage. La catégorie des
pas encore retrouvé de travail vivaient dans le Liaoning(S). personnes en attente d'emploi (daiye), qui existe tou
Notre recherche'" montre qu'une part importante des jours, concerne essentiellement les jeunes gens n'ayant
sans-emplois ont été réinsérés grâce aux changements pas trouvé d'emploi à la sortie du système scolaire. Un
importants intervenus dans le fonctionnement des autor autre terme est également apparu plus récemment pour
ités locales (municipalités). En effet, elles ont réorienté désigner tous ceux qui sont victimes d'un retard de paie
ment partiel ou total des salaires (tuoqian) en raison leurs activités vers des tâches plus sociales, tels que la
formation professionnelle, l'allocation des fonds pour le d'un arrêt de production d'une entreprise ou d'un ralen
réemploi de la main-d'oeuvre ou l'aide aux pauvres. Plus tissement de son activité ou encore à la suite de difficul
généralement, cette réorientation s'inscrit dans un pro tés financières de grande ampleur.
cessus de socialisation de l'Etat dans lequel les préoc Les xiagang (littéralement « descendre du poste de tra
cupations sociales occupent une place de plus en plus vail ») sont des employés qui ne travaillent plus mais qui
continuent à recevoir une partie de leur salaire : 200 à importante dans la formulation des politiques. Au cours
de ce processus, l'ancienne « dépendance organisée » 300 yuans par mois dans certaines villes de Liaoning où
des ouvriers n'a pas été supprimée mais s'est tout bon le coût de la vie est élevé (Dalian par exemple), mais seu
nement déplacée. Ces ouvriers ne sont plus dépendants lement 120 à 130 yuans à Shenyang (10). Si les employés
de la bureaucratie de l'entreprise, mais de la bureaucrat qui sont mis à la « retraite anticipée » (tiqian tuixu)
ie locale et il ne s'a

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