Travaux en analyse de la conversation. Entretiens avec Charles et Marjorie Goodwin. Propos recueillis - article ; n°1 ; vol.48, pg 81-102
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Langage et société - Année 1989 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 81-102
Charles et Marjorie Goodwin présentent brièvement leur trajet professionnel et théorique, ainsi que leurs méthodes de travail en analyse de conversation. Les travaux de Charles Goodwin portent essentiellement sur des conversations en situation réelles enregistrées en vidéo, et l'analyse vise à intégrer dans un point de vue unitaire les éléments verbaux, kinésiques et gestuels. Le travail de Marjorie Harness Goodwin est d'orientation plus anthropologique, et est axé, dans une perspective goffmanienne, sur l'anthropologie urbaine de groupes d'enfants (en particulier d'enfants noirs des milieux pauvres). Les entretiens sont précédés d'une présentation de Michèle Lacoste.
Works in conversation analysis. Interview of Charles and Marjorie Goodwin. Propos recueillis par Michèle Lacoste et Claudine Dannequin.
Charles and Marjorie Goodwin briefly present their professional and theoretical itinerary, as well as their approach to conversation analysis. Charles Goodwin's work is essentially based on the analysis of real situation conversations, video-taped, and tends at unifying verbal, kinetic and gestual elements. Marjorie Harness Goodwin's approach is more anthro- poligical, and in a Goffman orientated perspective, relies on the urban anthropology of groups of children (in particular poor background Black children). A presentation by Michèle Lacoste precedes the recordings.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michèle Lacoste
Claudine Dannequin
Travaux en analyse de la conversation. Entretiens avec Charles
et Marjorie Goodwin. Propos recueillis
In: Langage et société, n°48, 1989. pp. 81-102.
Résumé
Charles et Marjorie Goodwin présentent brièvement leur trajet professionnel et théorique, ainsi que leurs méthodes de travail en
analyse de conversation. Les travaux de Charles Goodwin portent essentiellement sur des conversations en situation réelles
enregistrées en vidéo, et l'analyse vise à intégrer dans un point de vue unitaire les éléments verbaux, kinésiques et gestuels. Le
travail de Marjorie Harness Goodwin est d'orientation plus anthropologique, et est axé, dans une perspective goffmanienne, sur
l'anthropologie urbaine de groupes d'enfants (en particulier d'enfants noirs des milieux pauvres). Les entretiens sont précédés
d'une présentation de Michèle Lacoste.
Abstract
"Works in conversation analysis. Interview of Charles and Marjorie Goodwin". Propos recueillis par Michèle Lacoste et Claudine
Dannequin.
Charles and Marjorie Goodwin briefly present their professional and theoretical itinerary, as well as their approach to
conversation analysis. Charles Goodwin's work is essentially based on the analysis of real situation conversations, video-taped,
and tends at unifying verbal, kinetic and gestual elements. Marjorie Harness Goodwin's approach is more anthro- poligical, and in
a Goffman orientated perspective, relies on the urban anthropology of groups of children (in particular poor background Black
children). A presentation by Michèle Lacoste precedes the recordings.
Citer ce document / Cite this document :
Lacoste Michèle, Dannequin Claudine. Travaux en analyse de la conversation. Entretiens avec Charles et Marjorie Goodwin.
Propos recueillis. In: Langage et société, n°48, 1989. pp. 81-102.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1989_num_48_1_24460{
TRAVAUX EN ANALYSE DE CONVERSATION :
ENTRETIENS AVEC CHARLES ET MARJORIE GOODWIN
Propos recueillis par Claudine DANNEQUIN et Michèle LACOSTE
PRÉSENTATION
Donner la parole à des chercheurs étrangers sur leur travail, leur itiné
raire, leurs questionnements, c'est toujours, par rapport au paysage intel
lectuel qui nous est familier, déplacer des centres d'intérêt, découvrir des
conjonctions peu attendues, bousculer des idées reçues.
C'est bien ce qui nous a paru intéressant dans cette présentation de
Charles et Marjorie Goodwin. L'un et l'autre sont connus d'un petit nombre
de chercheurs français, essentiellement de ceux qui interviennent dans le
champ de l'analyse de conversation ; ils ont participé en France à des
rencontres - Colloque de Cerisy « Lectures de Goffman en » orga
nisé par I. Joseph, R. Castel, J. Cosnier en juin 87, Conférence internatio
nale « Analyse de l' action-analyse de la conversation » réunie à l'initiative
de B. Conein, M. de Fornel, L. Quéré à la MSH en septembre 1987. Un de
leurs articles a été traduit et publié dans Les Cahiers de Praxématique (n°9,
1987) par J.M. Barbéris. Ces contacts établis sont déjà appréciables si l'on
songe à notre traditionnel retard à inviter des chercheurs étrangers - y
compris américains - et à les traduire. Ils restent toutefois insuffisants à
l'égard d'une oeuvre déjà abondante - dont un livre Conversational
Organization (Academic Press 1981) par Ch. Goodwin fait figure de
classique - et qui occupe une place originale à l'intersection de différentes
orientations de recherche.
Sur plusieurs points la contribution de Ch. et M. Goodwin importe à
notre réflexion.
L'analyse de conversation d'inspiration ethnométhodologique a été
introduite en France par les travaux d'un petit nombre de chercheurs. Elle
s'y est imposée comme un courant de référence dont l'image est affirmée
- on lui reconnaît un domaine, des méthodes, une technicité - mais dont
la connaissance réelle reste assez floue. Elle suscite volontiers des réactions
d'étiquetage - « néo-positivisme », « néo-behaviorisme », « formalisme » 82 Marjorie et Charles GOODWIN
etc. - sans que l'on ait toujours prêté une attention précise à ses travaux
empiriques ou sans que l'on ait bien suivi ses récentes évolutions. Outre
ce décalage entre ce qu'on en dit et ce qu'on en sait, l'analyse de conver
sation est marquée en France par la référence essentielle, voire unique, à
Garfïnkel et à Sacks-Schegloff , et ce sont là effectivement les auteurs-clefs,
reconnus de tous, tant pour l'élaboration du projet théorique que pour la
mise en place du cadre d'analyse. Mais, de ce fait même, il nous échappe
qu'aux Etats-Unis ce courant a fait preuve d'un rayonnement plus large,
qu'il a voisiné avec d'autres problématiques et que des influences et des
fécondations réciproques ont été à même de se produire.
Si l'on se reporte au début des années soixante-dix, il est significatif que
dans une Ecole d'Eté qui fit date (Ann Arbor 1972) et qui rassemblait surtout
des linguistes soucieux d'une « approche du langage dans son contexte
social », le séminaire de Sacks et Schegloff ait été l'un des plus suivis, en
particulier par W. Labov. Plus durablement, grâce à quelques personnalit
és comme J. Gumperz mais aussi Ch. et M. Goodwin, l'analyse de conver
sation a entretenu des échanges avec la microsociologie goffmanienne et
avec l'anthropologie : toute une part de l'ethnographie de la communicat
ion s'en est inspirée pour intégrer au projet anthropologique l'analyse des
interactions verbales, rechercher la construction des rapports sociaux dans
les échanges situés, explorer les dimensions interactives verbales et non
verbales des rencontres sociales.
Il est vrai que ces rapprochements étaient facilités par l'existence d'une
riche tradition américaine - sans grand équivalent en France - de
recherches autour des rapports entre entre langage, culture et société,
illustrée en d'autres temps par Sapir, l'anthropologie linguistique, et que
l'ethnographie de la communication a reformulée à sa manière. Jusqu'à
quel point cette orientation anthropologique est-elle compatible avec
l'inspiration centrale de l'analyse de conversation, jusqu'à quel point peut-
elle y puiser renouvellement et enrichissement ou au contraire risque-t-elle
s'y laisser stériliser ? C'est une question qui est en jeu dans des travaux
comme ceux de Ch. et M. Goodwin.
Leur travail nous apparaît non pas comme « interdisciplinaire » au sens
d'une articulation théorisée entre des disciplines différenciées mais comme
spontanément - certains diront naïvement - « transdisciplinaire » : en
empruntant à plusieurs courants, ils construisent leur objet, l'interaction,
ou, pour être plus précis, la coordination interactive des comportements Analyse de conversation 83
sociaux. Doit-on penser que la collaboration de spécialistes de différentes
disciplines aurait permis à la fois de traiter mieux chacun des différents
aspects et d'avoir une perspective d'ensemble sur leur articulation ? Ou
doit-on au contraire être sensible à cette capacité à construire du neuf grâce
une démarche transversale ? Le lecteur français peut déjà s'en faire une
idée à travers le texte, pourtant très bref, publié dans Les Cahiers depraxé-
matique, et dont l'objet est la référence exophorique, mais il faudrait le
mettre en perspective, au sein d'un travail systématique qui explore de
nombreuses activités interactionnelles, empruntées à des situations très
diverses même si elles ont en commun de consister essentiellement en
conversations.
Leur démarche vise donc à mettre en lumière - à « découvrir » - des
phénomènes ; ce n'est pourtant pas pour autant un empirisme sans limites,
comme l'ont été nombre d'études américaines sur la communication non
verbale. On ne compte plus les travaux qui, par exemple influencés par
l'éthologie, ont visé à rendre compte de l'intégralité des éléments non
verbaux d'une rencontre, mettant alors l'accent sur le codage d'une
multiplicité d'indices et sur leur traitement statistique. Ici, au contraire,
s'impose 

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