Types et degrés d insuffisance mentale - article ; n°1 ; vol.12, pg 70-83
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Types et degrés d'insuffisance mentale - article ; n°1 ; vol.12, pg 70-83

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Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 70-83
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sante de Sanctis
Types et degrés d'insuffisance mentale
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 70-83.
Citer ce document / Cite this document :
de Sanctis Sante. Types et degrés d'insuffisance mentale. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 70-83.
doi : 10.3406/psy.1905.3709
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3709IV
TYPES ET DEGRÉS D'INSUFFISANCE MENTALE
Dans une communication que j'annonçais pour la 3e Section
du 5e Congrès International de Psychologie, et qui a été
publiée l'année passée, je touchai une question qui me paraît
fondamentale pour l'étude psycho-pathologique de ceux com
munément appelés idiots, imbéciles, « deficient! », en un mot,
d'une intelligence inférieure. Je disais qu'il faut distinguer
entre le type d'insuffisance intellectuelle et le degré, et que
conséquemment il faut, à chaque cas d'insuffisance intellec
tuelle, se poser une double question séméiologique, et toutes
les classifications des faiblesses intellectuelles, depuis celles
d'Esquirol et J. Voisin à celles de Bourneville et Demoor, doivent
s'harmoniser avec cette nouvelle conception. De même qu'il y
a divers types d'intelligence, de mémoire, de travail et de
fatigue (Kemsies), de même il faut distinguer des types diff
érents pour l'insuffisance intellectuelle.
Je reviens sur cette question qui me semble d'importance
bien grande, non seulement pour la séméiologie mentale et
pour la psycho-pathologie individuelle, mais encore pour la
thérapeutique et la pédagogie. Claparède, très justement, pré
tend que pour les enfants il faut « l'école sur mesure »; je
dirai que les débiles il faut le choix approprié
de la cure et de l'éducation selon le type et le degré d'insuff
isance que présente le sujet.
I
LES TYPES
Les aliénistes d'autrefois reconnaissaient tellement peu les
divers types d'intelligence parmi les faibles d'esprit, qu'ils ne
voyaient même pas la différence entre la faiblesse d'intell
igence de naissance, ou acquise durant l'enfance, la faiblesse
d'intelligence irréparable survenue dans l'âge adulte, et la DE SANCTIS. — TYPES ET DEGRÉS D'INSUFFISANCE MENTALE li
faiblesse d'intelligence qui est le propre de certaines formes de
psychoses plus ou moins aiguës. Pinel en effet comprit dans
son idiotisme l'idiotie, la démence et la stupeur. Mais Esquirol,
parlant d'idiotie, la distingua très bien de la démence, compar
ant les déments aux riches devenus pauvres, les idiots aux
pauvres, qui le furent toujours. Georget fut le premier à
appeler stupidité « ce que Pinel dénomma erronément « idio
tisme pour causes morales », et ce qu'Esquirol désigna sous
le nom de « démence aiguë », dénomination équivoque d'ail
leurs-. La stupidité et la démence furent ensuite l'objet d'une
étude sérieuse; et bien vite on distingua pour cette dernière
divers types (paralytique, sénile, épileptique, consécutif, pré
coce), mais pendant longtemps encore on ne reconnut dans
l'idiotie qu'un type unique, le type idiot, qui pouvait se pré
senter sous divers degrés.
Esquirol fut le premier à avancer que l'imbécillité était une
idiotie atténuée et l'idée d'une simple différence de degré entre
l'idiotie, l'imbécillité et l'arriération intellectuelle était admise
presque généralement de tous, de J. Voisin à Griesinger,
de Krafft-Ebing à Schule, d'Ireland à Bourneville, Ziehen,
Kräpelin et tous nos aliénistes. Mais beaucoup relevèrent
implicitement des différences plus que quantitatives entre
idiots et imbéciles, quand ils en furent à analyser, souvent avec
finesse, les caractères, dits spécifiques, des imbéciles, comme
ceux ayant trait au développement des sentiments moraux et
sociaux. Séguin, par exemple, distingua parfaitement les
imbéciles des idiots, et ses arriérés, tant de ceux-ci que de
ceux-là. Et après Séguin, les Français soutenaient plus que
jamais la distinction entre idiots, imbéciles et arriérés,
auxquels certains ajoutaient une quatrième catégorie, celle des
idiots ou imbéciles moraux.
Toutefois il s'agissait toujours de différents degrés d'un état
unique, la débilité intellectuelle. Voici par quels caractéristi
ques principaux les aliénistes d'autrefois distinguaient entre
eux les idiots, les imbéciles et les arriérés :
Idiots. Imbéciles. Arriékés.
Oblitération des fa Organisation plus ou Ce sont des normaux
cultés intellectuelles et moins parfaite ; mais retardataires dans le
affectives (Belhomme). facultés sensitives et développement (Sé
intellectuelles peu dé- Intelligence mal servie guin, Marcé et plusieurs
par des organes imparf loppées. Faible degré autres). Facultés intel
aits. Manque de déve- de développement des lectuelles en bonne MEMOIRES ORIGINAUX
Idiots. Imbéciles. Arriérés.
loppement de la volon té condition, mais sans sensations, d'idées, de
(Séguin). Automatisme jugement et incapacité mémoire, d'affectivité,
(Dubois). Développe de passions, de ten- de se diriger (Morel).
ment exclusif des ins dances(Esquirol). Man Faiblesse ou manque
que de jugement, rare d'équilibre des facultincts. Manque d'ab
straction et défaut cor tés (Jules Voisin). Affecment mémoire, trou
rélatif du langage (Es- bles graves du carac tions et sentiments bien
tère, incorrigibilité quirol, Krafft-Ebing). développés, mais inco
(Guislain). Facultés mor ordonnés ou, tout au Absence complète, ou
faiblesse énormede l'at- ales perverties; sus plus, peu excitables.
tenlion (Sollier). Édu ceptibilité au travail Éducabilité complète
cation difficile, mais manuel (Belhomme). (Séguin, Bourneville et
Existence rudimen- autres). possible en certains cas
et en certaines limites. taire de toutes le» f
acultés intellectuelles et
morales; perversion,
instabilité de ces facul
tés (Jules Voisin). In
suffisance d'abstraction
et défaut corrélatif du
langage (Esquirol,
Krafft-Ebing). Mobilité
de l'attention et édu-
catiun impossible (Sol
lier).
Une grande distinction, et vraiment qualitative, entre idiots
et imbéciles fut faite par P. Sollier1, en 1891, qui divisait ces
deux classes de « faibles », quant àlapalhogenèse, la Sympto
matologie, le pronostic, et le traitement. L'idiot a une maladie
des centres nerveux (maladie visible), c'est conséquemment un
extra-social; l'imbécile est un dégénéré qui pense et sent de
façon incomplète et erronée; il est en outre vaniteux, menteur
et hypocrite, dangereux, nullement à éduquer et anti-social.
La séparation entre idiots (idiots-pathologiques) et imbéciles
(idiots-dégénérés) fut confirmée par Freud et par König. Tanzi 2
maintient la distinction antithétique entre idiots vulgaires et
idiots cérébroplégiques, dont les premiers correspondent aux
imbéciles, et les seconds aux idiots proprement dits; il en
donne une belle description différentielle, mais enlève presque
toute l'importance étiologique à la prédisposition héréditaire.
A cet argument je contribuai par ma propre expérience en
1899 et ensuite en 1901 3.
1. P. Sollier, Psychologie de l'idiot et de l'imbécile, Paris, 2" édition,
1901.
2. Tanzi, Sui rapporti délia cerebroplegia infantile colla idiozia, Rivista
di palologia nerv. e. mentale, vol. IV, 1899.
3. Santé de Sanctis, Intorno alla cura dei fanciulli frenastenici, in SANCTIS. — TYPES ET DEGRES D'INSUFFISANCE MENTALE 73 DE
J'admis la différence clinique entre idiots et imbéciles, mais
je ne reconnus pas bien démontrée la difference pathogénétique.
Je doutais donc qu'il s'agissait de deux entités cliniques diff
érentes; mais j'admis que l'idiot est un type clinique totalement
différent de l'imbécile.
Avec la formation définitive du type idiot et du type imbécile,
tout n'était pas établi clairement et distinctement. Mais quel
critérium devait-on donc choisir pour la distinction des types,
si l'on ne pouvait se servir du critérium p

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