Un collier d enfant du Sahara algéro-marocain - article ; n°1 ; vol.26, pg 197-209
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1956 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 197-209
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

D. Champault
Un collier d'enfant du Sahara algéro-marocain
In: Journal de la Société des Africanistes. 1956, tome 26. pp. 197-209.
Citer ce document / Cite this document :
Champault D. Un collier d'enfant du Sahara algéro-marocain. In: Journal de la Société des Africanistes. 1956, tome 26. pp. 197-
209.
doi : 10.3406/jafr.1956.1942
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1956_num_26_1_1942UN COLLIER D'ENFANT
DU SAHARA ALGÉRO-MAROCAIN
par
D. CHAMPAULT
Les enfants en bas âge offrent aux maladies, aux jnun et au
mauvais œil, des proies faciles, toutes désignées par leur faiblesse.
La tendresse maternelle, les prévenances dont ils sont l'objet de la
part de l'ensemble du milieu social, n'apparaissent en aucun cas
suffisantes. En un domaine aussi périlleux, aucune précaution n'est
superflue. Aussi met-on en œuvre toutes les forces naturelles, magiques
ou religieuses, concurrentes, dont on dispose et que l'on canalise dans
un même but : la sauvegarde de l'enfant. La plupart d'entre elles
excercent et développent des fonctions multiples et c'est souvent en
raison même de leur polyvalence qu'elles sont choisies et utilisées.
D'apparence hétéroclite, les colliers que l'on voit au cou de tous
les enfants non sevrés, sans distinction de sexe, remplissent un rôle
essentiel : chacun de leurs éléments est employé dans un but bien
déterminé et assure la continuité d'une protection vigilante, indi
spensable à l'heureuse croissance des enfants.
Le collier qui fait l'objet de cette note a été recueilli dans l'oasis
de Tabelbala, à 400 kilomètres au Sud de Colomb-Béchar. Des colliers
de ce type peuvent être observés sporadiquement dans l'axe Guir-
Saoura. Les colliers prophylactiques sont répandus dans toute Г Afrique
du Nord. (Sans parler de très nombreuses régions du monde ancien
et moderne.) Cependant leurs composantes et le symbolisme de celles-
ci sont variables.
* *
Le septième jour après la naissance, jour de l'imposition du nom,
le père de l'enfant demande au taleb d'écrire des amulettes : sept
pour un garçon, six pour une fille. Ces nombres sont constants. Les
écrits ne sont pas toujours des originaux, destinés précisément à
cette occasion particulière. A Tabelbala, oasis des plus déshéritées,
il n'y eût pas, depuis longtemps et jusqu'en 1954, de taleb connais- 198 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
sant vraiment la lecture et l'écriture, aussi le privilégié qui en tenait
lieu, empruntait-il ses écrits à des feuillets manuscrits ou imprimés
en Arabe.
Jusqu'au quarantième jour, deux de ces écrits déterminés par
simple choix, noués dans un chiffon noir, sont attachés dans la che
velure de la mère.
Les autres, cinq ou quatre, selon qu'il s'agit d'un garçon ou d'une
fille, sont enfermés dans un sachet de cotonnade noire qui ne quitte
pas la proximité de l'enfant *, et qui contient le cordon ombilical,
des petits cailloux de sel récemment rapportés de la sebkhra, des
feuilles et des graines de tabellat (Peganum Harmela), quelques fra
gments d'écorce de grenade et des dattes : trois pour un garçon, quatre
pour une fille. Le sel et tabellat ont mission d'écarter les jnun. L'écorce
de grenade, à défaut du fruit entier, joue un rôle important dans la
symbolique de fécondité. Les dattes, synonymes d'abondance, de
prospérité, de multiplicité, véhiculent une force bénéfique.
La veille du quarantième jour 2, les femmes amies se réunissent
dans la maison de la naissance pour préparer le collier dénommé
« haziu n-kafo » (haziu : amulettes, de l'arabe harz ; kafo : corde en
belbali) 3, en même temps que les galettes de blé ou d'orge, cuites
dans le « tinzia » 4 qu'il est coutume de distribuer le quarantième jour,
et la chemise de henné : « henna n-teysept » 5.
1. Lorsque l'enfant est couché, ce sachet se trouve près de sa tête, souvent dissimulé dans les
plis de l'étoffe qui lui sert d'oreiller. Si l'enfant repose dans le poche dorsale de l'izar maternel,
le sachet est alors fixé par une fibule ou une épine de palmier, à même le vêtement de la mère,
à hauteur de poitrine ou à la ceinture.
2. Plus exactement : au début du quarantième jour, les jours commençant au coucher du soleil.
3. Dialecte parlé à Tabelbala, où dominent par ordre d'importance décroissant : le songay,
le berbère et l'arabe.
4. Poterie grossière, noire, hémisphérique, enfouie dans la terre ou maçonnée grossièrement à
environ 70 cm de hauteur, que l'on chauffe au bois. Quand les parois sont grises, la température
est convenable. On extrait les braises du tinzia au moyen d'un bâton, on badigeonne hâtivement
les parois internes d'une palme mouillée puis on y applique les galettes rondes et plates qui cuisent
en moins de vingt minutes.
tinzia répond à la description du kribanos de la Grèce ancienne.
5. henna n-teysept : dès la naissance, un enfant de la famille, si possible frère du nouveau ne
porte chez le taleb trois doubles poignées de henné (mains jointes, largement emplies) dans un plat
de vannerie. Sur le henné sont disposés : trois œufs, quelques dattes et une pièce de monnaie. Le
taleb lit quelques versets du Coran, le livre étant tenu juste au-dessus du plat. La lecture terminée,
il prend œufs, dattes et argent qui lui sont dévolus, non à titre de paiement, mais comme kembi
n-tiri, « sel de la main ». (La notion de kembi n-tiri intervient dans tous les soins physiques ou
moraux donnés par un personnage para-religieux ou par un homme ou une femme habiles : il ne
peut être question de salaire à l'égard d'un instrument, sinon d'un coopérateur de Dieu. Du moins
la main qui demande n'est-elle pas vide). Le henné est alors rapporté à la mère. Il servira notam
ment à la préparation de henna n-tersept, chasuble de laine usagée, confectionnée dans un vieux
burnous du père de l'enfant, longuement trempé dans un bain de henné par ayma hena, la femme
qui a coupé le cordon ombilical, cf. : La naissance à Tabelbala. Journal des Africanistes. T. XXIII.
Cette chemise sera portée à partir du quarantième jour, jusqu'à ce qu'elle soit jugée très sale. Après
quoi la mère la range soigneusement, sans la laver. En cas de maladie de l'enfant, la chemise revêtue
à nouveau est le plus sûr des remèdes. UN COLLIER D'ENFANT DU SAHARA ALGÉRO-MAROCAIN 199
A la plus âgée de ces femmes, la plus vénérable, autant que pos
sible de souche maraboutique, revient le soin de coudre les écrits du
taleb à l'intérieur de petits sachets de cuir rectangulaires : filali rouge
importé si la famille est aisée, simples petits morceaux de peau de
chèvre ou de gazelle tannés et teints en rouge à la maison si la famille
est modeste. La tradition veut que les amulettes soient préparées à la
maison, mais le souci de paraître fait emprunter la mode des porte
amulettes faits par le cordonnier et décorés au fer. Des tendons de
gazelle dilacérés sont employés comme fil. Il faut veiller à ne point
piquer l'écrit en même temps que le cuir sous peine d'en neutral
iser l'effet. Les femmes qui ont préparé colliers et chemises de henné
ne sont pas rétribuées.
Une seule pourrait suffire à cette besogne. Mais le quarantième
jour est une étape, aussi bien pour le nouveau-né que pour la mère.
Aussi convient-il de « socialiser » les relevailles de la mère comme
l'entrée du nouveau-né dans le village. (La première sortie officielle
et rituelle de l'enfant s'effectuant au matin du quarantième jour).
Une collation généreuse : thé, cacahuètes, beignets, est offerte dans
l'allégresse. Quatre des amulettes gainées de cuir sont placées parmi
les perles et les éléments prophylactiques de haziu n-kafo, de part
et d'autre de l'élément central hamuysa aux cinq cauris accom
pagnés ou non de perles rouges figurant du corail. Deux autres
pagneront taydforť, deuxième collier, spécifique du dernier né de la
famille, porté jusqu'à la naissance suivante qu'il est censé appeler
sinon susciter x.
Les garço

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