Un examen critique des modèles mentaux de Johnson-Laird - article ; n°4 ; vol.95, pg 693-706
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Description

L'année psychologique - Année 1995 - Volume 95 - Numéro 4 - Pages 693-706
Résumé
L'examen critique des modèles mentaux de Johnson-Laird se situe ici dans le cadre plus général d'une interrogation concernant la psychologie cogni-tive contemporaine du raisonnement. Dans l'analyse de l'expression « modèle mental», Johnson-Laird semble se satisfaire d'une «définition» de «mental» comme d'une métaphore topologique (l'interne vs l'externe) et « modèle » est présenté comme un produit plutôt qu'un guide. Présentation et théorie des modèles mentaux manquent de précision, particulièrement dans leurs rapports avec les images et les concepts abstraits. Plusieurs variables (exploitation, exhaustivité, connaissance du monde...) ne sont pas précisément définies. Bien que les modèles mentaux soient présentés comme une réfutation d'une logique mentale, Johnson-Laird continue à utiliser, pour l'expérimentation et l'argumentation, des matériels empruntés à la logique classique, sans faire mention de l'approche écologique alternative.
Mots-clés : Johnson-Laird, raisonnement, modèles mentaux.
Summary: A critical examination of Johnson-Laird's mental models.
The critical examination of Johnson-Laird's mental models presented here is a part of a more general assessment of the contemporary cognitive psychology of reasoning. Analyzing «mental models», Johnson-Laird seems satisfied by a « definition » of « mental » with a topological metaphor (internal vs external) and « model » as a product rather than a guide. The presentation and theory of mental models lack in precision, particularly in relation to images and abstract concepts. Several variables (explicitness, exhaustiveness, world knowledge...) are not clearly defined. Although mental models appear as a refutation of mental logic, Johnson-Laird uses, for experimentation and argumentation, materials issued from classical logic without mention of the alternative, ecological approach.
Key words : Johnson-Laird, reasoning, mental models.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Pierre Oléron
Un examen critique des modèles mentaux de Johnson-Laird
In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°4. pp. 693-706.
Résumé
L'examen critique des modèles mentaux de Johnson-Laird se situe ici dans le cadre plus général d'une interrogation concernant
la psychologie cogni-tive contemporaine du raisonnement. Dans l'analyse de l'expression « modèle mental», Johnson-Laird
semble se satisfaire d'une «définition» de «mental» comme d'une métaphore topologique (l'interne vs l'externe) et « modèle » est
présenté comme un produit plutôt qu'un guide. Présentation et théorie des modèles mentaux manquent de précision,
particulièrement dans leurs rapports avec les images et les concepts abstraits. Plusieurs variables (exploitation, exhaustivité,
connaissance du monde...) ne sont pas précisément définies. Bien que les modèles mentaux soient présentés comme une
réfutation d'une logique mentale, Johnson-Laird continue à utiliser, pour l'expérimentation et l'argumentation, des matériels
empruntés à la classique, sans faire mention de l'approche écologique alternative.
Mots-clés : Johnson-Laird, raisonnement, modèles mentaux.
Abstract
Summary: A critical examination of Johnson-Laird's mental models.
The critical examination of Johnson-Laird's mental models presented here is a part of a more general assessment of the
contemporary cognitive psychology of reasoning. Analyzing «mental models», Johnson-Laird seems satisfied by a « definition »
of « mental » with a topological metaphor (internal vs external) and « model » as a product rather than a guide. The presentation
and theory of mental models lack in precision, particularly in relation to images and abstract concepts. Several variables
(explicitness, exhaustiveness, world knowledge...) are not clearly defined. Although mental models appear as a refutation of
mental logic, Johnson-Laird uses, for experimentation and argumentation, materials issued from classical logic without mention of
the alternative, ecological approach.
Key words : Johnson-Laird, reasoning, mental models.
Citer ce document / Cite this document :
Oléron Pierre. Un examen critique des modèles mentaux de Johnson-Laird. In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°4. pp.
693-706.
doi : 10.3406/psy.1995.28863
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1995_num_95_4_28863L'Année psychologique, 1995, 95, 693-706
NOTE THÉORIQUE
LaPsyDEE
Université René Descartes1
UN EXAMEN CRITIQUE
DES MODÈLES MENTAUX
DE JOHNSON-LATOD
par Pierre OlÉRON
SUMMARY : A critical examination of Johnson-Laird's mental models.
The critical examination of Johnson-Laird's mental models presented here
is a part of a more general assessment of the contemporary cognitive
psychology of reasoning. Analyzing «mental models», Johnson-Laird seems
satisfied by a « definition » of « mental » with a topological metaphor
(internal vs external) and « model » as a product rather than a guide. The
presentation and theory of mental models lack in precision, particularly in
relation to images and abstract concepts. Several variables (explicitness,
exhaustiveness, world knowledge...) are not clearly defined. Although mental
models appear as a refutation of mental logic, Johnson-Laird uses, for
experimentation and argumentation, materials issued from classical logic
without mention of the alternative, ecological approach.
Key words : Johnson- Laird, reasoning, mental models.
De nombreux travaux ont été consacrés au raisonnement.
On peut dresser des listes relativement longues d'écrits en trai
tant dans son ensemble ou sous ses diverses formes (Johnson-
Laird et Byrne, 1991, remarquent que le raisonnement déductif
a été étudié depuis quatre-vingt ans par les psychologues), qu'il
s'agisse d'ouvrages le prenant pour objet ou s'y référant dans tel
ou tel de leurs chapitres, de rapports de recherche, de débats
1 . 46, rue Saint-Jacques, 75005 Paris. 694 Pierre Oléron
théoriques, de revues ou analyses concernant les uns ou les
autres.
Ces travaux sont fort loin d'aboutir à un corps de connais
sances clairement et univoquement défini. Un qui support
erait la comparaison, même indulgente, avec un de ceux que
peut présenter un biologiste, par exemple sur la chimie des gènes
ou des virus...
Les recensions qui mettent au courant des apports sur le
sujet (parmi les plus récentes George, 1993 ; les contributions à
Psychologie Française, Girotto, 1994, fasc. 39(2), p. 115-116),
font état de recherches aux thématiques largement disparates et
discordantes (Girotto mentionne «leur très grande fragmenta
tion», 1994, p. 115-116) et de débats sur des elaborations théo
riques. Prenant connaissance de ces travaux, un lecteur sans
indulgence mais exigeant à l'égard de la psychologie scientifique
se demande si l'activité des auteurs ne consisterait pas à pour
suivre indéfiniment expérimentations et discussions, plutôt qu'à
constituer ce corps de connaissances évoqué à l'instant, à colle
ctionner les occasions de disserter habilement (souvent brillam
ment) sur le raisonnement et les domaines connexes, plutôt que
de viser à nous dire ce qu'il est. Approche rhétorique (cf. Oléron,
1994) qui n'est pas propre à ce sujet, mais que l'on n'est pas
tenu d'accepter sans réagir.
Nous avons, en effet, deux catégories de productions scienti
fiques : 1 / Dans le traitement d'un sujet, disons de neurochimie,
par exemple sur les récepteurs neuroniques d'une substance ch
imique (Zoli, 1994), tout lecteur ne peut qu'appréhender la soli
dité du constat et de l'analyse des faits. 2 / Les discours dévelop
pant des argumentations sur des concepts flous, sans définition
ou délimitation rigoureuses paraissent, à l'inverse, bien fragiles.
Il ne suffit pas de proclamer qu'ils constituent les composantes
d'une science — la science de la cognition — pour qu'ils obtien
nent de la communauté des savants ce statut. Confronta
tion/opposition spéculatives ? En rapport plutôt avec une obser
vation de Grize sur la prédominance, dans un Colloque CNRS
Cogniscience de deux disciplines qui «marquent une forte ten
dance à s'imposer», l'intelligence artificielle et la biologie (pré
face de Bideaud et Houdé, 1991, p. 9). L'homme neuronal et
L'homme cognitif ne bénéficient pas d'un crédit égal. L'auto-
entretien d'un certain type de propos est une condition néces
saire du pouvoir intellectuel. Il n'est plus une suffi- notion de modèle mental 695 La
santé en face de fractures que les affirmations les plus œcuméniq
ues échouent à réduire.
Une attitude critique implique le refus de s'insérer dans des
conceptualisations et des langages malgré la séduction qu'exer
cent leur subtilité, leur complexité et leur appartenance à une
certaine communauté de discours. Les subtilités que peut engen
drer un organisme dans ses produits ne sont nullement le reflet
de ses modalités de fonctionnement. Les constats de base s'a
ccommodent d'une certaine simplicité et la complexité n'est pas
nécessairement marque ou critère de validité.
On se limite ici aux modèles mentaux de Johnson-Laird. Ils
représentent bien la situation cible des observations critiques ci-
dessus : multiplication des écrits de Johnson-Laird et des expos
és de sa théorie, limitations et insuffisant approfondissement
des analyses, volume des discussions, sans perspective évidente
de conclusion... A cet aspect quantitatif, l'occupation d'un vaste
terrain d'écrits de paroles, s'ajoute l'approbation largement
accordée, même assortie de réserves, à la théorie par de nom
breux auteurs.
La théorie a déjà fait l'objet de critiques. Mais celles-ci ont
été surtout développées par les tenants de la conception logiciste
du raisonnement. La mise en cause se doit d'aller bien au-delà,
le logicisme étant lui-même écarté plus fondamentalement qu'il
ne l'a été par Johnson-Laird.
1. LE MENTAL ET LE MODELE
1.1. Le mental et la métaphore topologique
Des deux composantes du modèle mental, le second peut
appeler de longs commentaires et évoquer des discussions
connues — mais pas dépassées — sur sa scientificité. On retiendra
seulement, ici, dans «mental» le terme d&

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