Un exemple d écriture traditionnelle mandingue : le «masaba» des Bambara-Masasi du Mali - article ; n°1 ; vol.57, pg 255-266
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Un exemple d'écriture traditionnelle mandingue : le «masaba» des Bambara-Masasi du Mali - article ; n°1 ; vol.57, pg 255-266

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Description

Journal des africanistes - Année 1987 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 255-266
On trouve chez les Mandingues du Mali et les peuples voisins, d'anciens systèmes de symboles et d'idéogrammes. Par ailleurs, l'on connaît deux écritures phonétiques syllabiques, inventées récemment dans le monde mandingue : l'écriture des Vaï conçue vers 1833 et l'écriture « Masaba » des Bambara-Masasi conçue en 1930. Il semble qu'il existe un lien entre la tradition idéographique mandingue et les syllabaires vaï et Masaba. Par son aspect général, sinon dans le détail, le Masaba rappelle l'écriture vaï. Des rapprochements peuvent être aussi faits avec quelques idéogrammes bambara analysés par Germaine Dieterlen et certaines lettres des alphabets arabes secrets du Hodh (Mauritanie). Cependant l'on continue à se demander s'il existait une tradition d'écriture mandingue, antérieure au vaï et au Masaba, qui n'ait pas été purement idéographique, mais aussi phonétique.
There exist among the Manding peoples of Mali and their neighbours, ancient systems of symbols and ideograms. Besides, two syllabical phonetic writings were recently invented in the Manding world : the writing of the Vai conceived around 1833 and the Masaba writing of the Bambara-Masasi conceived in 1930. It seems that there exists a link between the Manding ideographic tradition and the Vai and Masaba syllabaries. By its general aspect, if not in the detail, the Masaba has some similarities to the Vai writing. Other points of similarities can also be established with some Bambara ideograms analysed by Germaine Dieterlen and with some letters of the Arabic secret alphabets of the Hodh (Mauritania). However, the question remains whether there existed a Manding writing tradition, previous to the Vai syllabary and the Masaba, which was not purely ideographic but also phonetic.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 393
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Galtier
Un exemple d'écriture traditionnelle mandingue : le «masaba»
des Bambara-Masasi du Mali
In: Journal des africanistes. 1987, tome 57 fascicule 1-2. pp. 255-266.
Abstract
There exist among the Manding peoples of Mali and their neighbours, ancient systems of symbols and ideograms. Besides, two
syllabical phonetic writings were recently invented in the Manding world : the writing of the Vai conceived around 1833 and the
Masaba writing of the Bambara-Masasi conceived in 1930. It seems that there exists a link between the Manding ideographic
tradition and the Vai and Masaba syllabaries. By its general aspect, if not in the detail, the Masaba has some similarities to the
Vai writing. Other points of similarities can also be established with some Bambara ideograms analysed by Germaine Dieterlen
and with some letters of the Arabic secret alphabets of the Hodh (Mauritania). However, the question remains whether there
existed a Manding writing tradition, previous to the Vai syllabary and the Masaba, which was not purely ideographic but also
phonetic.
Résumé
On trouve chez les Mandingues du Mali et les peuples voisins, d'anciens systèmes de symboles et d'idéogrammes. Par ailleurs,
l'on connaît deux écritures phonétiques syllabiques, inventées récemment dans le monde mandingue : l'écriture des Vaï conçue
vers 1833 et l'écriture « Masaba » des Bambara-Masasi conçue en 1930. Il semble qu'il existe un lien entre la tradition
idéographique mandingue et les syllabaires vaï et Masaba. Par son aspect général, sinon dans le détail, le Masaba rappelle
l'écriture vaï. Des rapprochements peuvent être aussi faits avec quelques idéogrammes bambara analysés par Germaine
Dieterlen et certaines lettres des alphabets arabes secrets du Hodh (Mauritanie). Cependant l'on continue à se demander s'il
existait une tradition d'écriture mandingue, antérieure au vaï et au Masaba, qui n'ait pas été purement idéographique, mais aussi
phonétique.
Citer ce document / Cite this document :
Galtier Gérard. Un exemple d'écriture traditionnelle mandingue : le «masaba» des Bambara-Masasi du Mali. In: Journal des
africanistes. 1987, tome 57 fascicule 1-2. pp. 255-266.
doi : 10.3406/jafr.1987.2174
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1987_num_57_1_2174GÉRARD GALTIER
Un exemple d'écriture
traditionnelle mandingue
le « Masaba » des Bambara-Masasi du Mali
Avertissement
Pour la transcription latine des termes africains, nous avons utilisé
l'Alphabet international africain qui se caractérise par les notations suivantes :
с pour l'occlusive palatale sourde (tch ou ty)
jl'occusive sonore (dj ou dy)
rj pour la nasale vélaire (ng ou nw)
и pour la voyelle d'arrière fermée (ou)
оla mi-fermée (ô de côte)
о pour la voyelle d'arrière mi-ouverte (o de botte)
ela d'avant (é)
e pour la voyelle (è)
Les voyelles nasales sont notées sous la forme Vn et non V. Exemple :
san et non sa.
DE LA PAROLE PICTURALE À L'ÉCRITURE
Parmi les systèmes de « parole » utilisés en Afrique noire, il en est cer
tains qui ont encore peu attiré l'attention des ethnologues et des linguistes (hor
mis l'école Griaule dans ses travaux sur les Dogon) ; il s'agit des codes symboli
ques picturaux et graphiques. Dans certaines régions ces systèmes sont particu
lièrement développés ; c'est le cas du Mali, notamment chez les Dogon, les Bozo
et les peuples mandingues (Bambara, Malinké, etc.). Chez les Mandingues, les
rares études consacrées à ces codes symboliques ont suggéré qu'il n'existe pas
un système unique de signes, mais plusieurs, utilisés concurremment et possé
dant chacun ses propres règles : certains sont l'apanage de sociétés initiatiques,
en particulier le Komo comme l'ont montré les travaux de Germaine Dieterlen
et Youssouf Cissé (voir bibliographie) ; d'autres sont utilisés par les artisans dans
la décoration, par exemple dans les motifs des tissus bogolan comme le montre
la thèse de Sarah Catharine Brett-Smith, dont on attend la publication. 256 UN EXEMPLE D'ÉCRITURE TRADITIONNELLE MANDINGUE
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LIS PEUPLES MANDINGUES
ET LEURS VOISINS GALTIER 257 GÉRARD
Selon les descriptions faites jusqu'à présent de ces systèmes, chaque
symbole représenterait le plus souvent un message complet codifié à l'avance
et non une forme phonétique isolée. Cependant, il existe des cas où un symbole
représente un mot particulier (par exemple, homme, femme, etc.) et Germaine
Dieterlen rapporte dans Signes graphiques soudanais (p. 42) que le système
glan glan zo (qui comporte 266 idéogrammes et semble être identique au
du Komo) aurait été autrefois utilisé par l'administration royale bambara pour
transmettre des messages gravés sur calebasse ou sur bois. Youssouf Cissé et
Dominique Zahan indiquent aussi que les initiés à ces codes symboliques peu
vent les employer pour se transmettre des informations. Néanmoins, il est dom
mage que tous ces auteurs, qui sont parmi les seuls à avoir étudié le symbol
isme graphique mandingue, aient été essentiellement intéressés par la signifi
cation ésotérique des idéogrammes et aient négligé leur valeur linguistique (att
itude qui a aussi longtemps influencé l'étude des hiéroglyphes égyptiens). En
1976, un magicien de Siguiri (Guinée) vivant à Bamako nous avait lui-même
informé que des signes similaires étaient utilisés dans son milieu pour l'échange
de messages et de lettres ; malheureusement, il refusa de nous enseigner plus
que leur nom générique : ti ou ci. A ce propos, signalons que selon Youssouf
Cissé (1972 : 13) les symboles graphiques sont nommés kulan tiw (tiw est le
pluriel de ti), c'est-à-dire « signes de l'enclume », car ce sont les forgerons
qui en détiendraient la clef. Par ailleurs, cette appellation de « signes de
l'enclume » nous ramène au fait que ces signes sont intimement liés à la tra
dition initiatique artisanale et elle nous rappelle que dans nombre de mythol
ogies c'est le dieu initiateur, créateur des arts et techniques, qui est aussi l'inven
teur de l'écriture ; c'est par exemple le cas de l'ancien dieu égyptien Thot.
Malgré les divers témoignages d'utilisation des idéogrammes mandin-
gues comme écriture, que nous venons de signaler, nous en sommes encore
réduits à des hypothèses quant à la manière avec laquelle des systèmes tels
que les signes du Komo ou du glan glan zo ont pu être employés pour la com
munication écrite. Il est possible que certains symboles, qui comme indiqué
ci-dessus représentent un message entier, aient été utilisés isolément à la manière
des signaux routiers. En quel cas ce type de communication correspondrait
assez bien à un style de parole elliptique assez répandu chez les Mandingues,
où par exemple un court proverbe suffit à exprimer un long message. Néan
moins l'on imagine facilement qu'un symbole représentant un mot monosyll
abique en arrive à représenter la syllabe correspondante dans un polysyllabe
(la majorité des termes mandingues sont de type CV ou CVCV), d'autant plus
que l'étymologie populaire mandingue ramène facilement les polysyllabes à des
suites de monosyllabes. Ainsi tout suggère que le symbolisme pictographique
mandingue peut facilement évoluer vers une réelle écriture de type phonétique.
Effectivement l'on possède l'exemple de l'écriture syllabique du vaï (lan
gue parlée à la frontière du Libéria et de la Sierra Leone, qui s'est détachée
très tôt du tronc mandingue) inventée en 1833 et celui de l'écriture syllabique
« Masaba » des Bambara-Masasi du Kaarta (Mali) inventée en 1930. Ces deux
écritures, bien que distinctes, possèdent des ressemblances générales et sem
blent procéder, comme on l'a vu ci-dessus, d'une évolution de la tradition 258 UN EXEMPLE D'ÉCRITURE TRADITIONNELLE MANDINGUE
symbolique mandingue. Néanmoins la question reste posée de savoir si, anté
rieurement à ces deux écritures, il n'a pas existé dans le monde mandingue
d'autres sy

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