Un fils d El Hadj Omar : Aguibou, roi du Dinguiray et du Macina (1843 ?-1907) - article ; n°29 ; vol.8, pg 144-178
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Un fils d'El Hadj Omar : Aguibou, roi du Dinguiray et du Macina (1843 ?-1907) - article ; n°29 ; vol.8, pg 144-178

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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1968 - Volume 8 - Numéro 29 - Pages 144-178
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 207
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Yves Saint-Martin
Un fils d'El Hadj Omar : Aguibou, roi du Dinguiray et du Macina
(1843 ?-1907)
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 8 N°29. 1968. pp. 144-178.
Citer ce document / Cite this document :
Saint-Martin Yves. Un fils d'El Hadj Omar : Aguibou, roi du Dinguiray et du Macina (1843 ?-1907). In: Cahiers d'études
africaines. Vol. 8 N°29. 1968. pp. 144-178.
doi : 10.3406/cea.1968.3128
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1968_num_8_29_3128SAINT-MARTIN YVES
Un fils El Hadj Omar
Aguibou ro du Dinguiray et du Macina
1843?-1907
Parmi les possessions que le conquérant toucouleur El Hadj Omar
légua son fils aîné Ahmadou la petite province constituée autour de
Dinguiray non loin du Fouta-Djalon dut sa position excentrique
être peu près épargnée par les guerres locales comme par les
campagnes militaires fran aises Son existence abord étroitement
liée la création de empire toucouleur en distingua assez nettement
après la mort El Hadj Omar On habitua considérer le Dinguiray
comme une région autonome voire indépendante au moment
où la conquête coloniale le rattacha au Soudan fran ais puis la
Guinée
En marge de histoire beaucoup plus complexe de empire El
Hadj Omar on peut donc tenter de retracer celle de ce petit tat
et de son principal souverain Aguibou un des fils du prophète
toucouleur Plus tard la volonté du colonisateur fit de lui un roi
du Macina Monarque tenu en étroite tutelle dès son avènement il
en perpétua pas moins au début du xxe siècle le pouvoir
la fois politique et religieux créé par son père est son existence
que nous allons évoquer ici
EL HADJ OMAR ET LA FONDATION DE DINGUIRAY
Le xixe siècle vit dans Afrique des savanes de Atlantique au
lac Tchad la formation un certain nombre empires musulmans
dont les créateurs la fois prophètes et chefs de guerre appuyaient
sur une élite de fidèles fanatisés Du Sénégal la boucle du Niger
est dans les ethnies peule et toucouleur que se recrutèrent les UN FILS EL HADJ OMAR 145
guerriers et leurs chefs un des plus célèbres fut Omar Saïdou Tall
El Hadj Omar fondateur empire qui devait subsister une cinquan
taine années du Kaarta au Macina
La naissance Ornar dans une famille de pieux musulmans du
Toro vers 1796 se produisait vingt ans après que les Toucouleurs du
Fouta sénégalais eussent rejeté la domination de leurs émirs peuls
encore païens Ils leur avaient substitué une théocratie islamique
organisée en une confédération assez souple sous autorité spirituelle
almamis élus Une aristocratie guerrière et pieuse laquelle appar
tenait la famille Tall dominait en fait le pays
Omar Tall re ut tout naturellement de son père et de divers
marabouts maures un solide enseignement coranique il alla
parfaire auprès de imam Abd el-Kerim ben Ahmed Naguel dans
cette région pastorale du Fouta-Djalon dominée par les Peuls isla
misés Peuls et Toucouleurs parlent la même langue et il est parfois
difficile de les distinguer
identité linguistique et religieuse et le fait avoir été initié
la confrérie Tidjaniya dans les montagnes du Fouta-Djalon devaient
plus tard inciter El Hadj Omar revenir et en faire le point de
départ de sa prédication
La confrérie Tidjaniya origine maghrébine était institution
récente Elle opposait par divers préceptes la Qadriya alors en
plein épanouissement au sud du Sahara Mais surtout elle présentait
un caractère sensiblement plus démocratique par les liens spirituels
directs qui unissaient le prédicateur ou cheikh chacun de ses
fidèles ou talibés Leur discipline et leur dévouement prenaient ainsi
figure attachement personnel et pas seulement adhésion mystique
quelque inspirateur lointain Le recrutement de nouveaux membres
en était facilité autorité du cheikh renforcée
Omar Saïdou Tall entreprit vers 1827 date la plus probable
le pèlerinage La Mecque Il en revint renforcé dans son adhésion
la confrérie Tidjaniya De longs arrêts marquèrent son retour Il
séjourna quelque temps au Bornou où il re ut du sultan Ornar une
fille en mariage est de cette épouse Mariatou que naquit entre
autres enfants vers 1839 ou 1842-1843 son fils Aguibou le futur
chef du Dinguiray Il fut ensuite hôte de Mohamadou Bello Sokoto
et de Cheickou Ahmadou Hamdallahi au Macina La personnalité
du nouveau Hadj1 ne manqua pas de se heurter au caractère despo
tique de tous ces souverains et est le plus souvent en assez mauvais
termes il les quitta successivement Mais le spectacle de leur puis
sance organisation de leurs tats celui de Cheickou Ahmadou
Pèlerin titre donné ceux qui ont accompli le pèlerinage La Mecque
Ce titre précède alors leur norn
io 146 YVES SAINT-MARTIN
pouvait passer pour un modèle du genre furent certainement
médités par Ornar qui ne tarda pas en inspirer Le très mauvais
accueil que le chef bambara Tiefolo lui réserva Segou le confirma
dans son mépris des kaffir des païens idée de déclencher le
djihad la guerre sainte pour les convertir de gré ou de force fit
alors du chemin dans son esprit1
La réalisation de ces projets encore certainement imprécis néces
sitait une base de départ et une armée El Hadj Omar essaya de
constituer une et autre autour du petit village de Diégounko au
Fouta-Djalon que lui donna almami Bokar de Timbo Arrivé en
ces lieux vers 1841-1842 il resta quatre ans rassemblant autour de
lui des disciples toucouleurs peuls et dialonké2 Diégounko devint
ainsi la première zawiya El Hadj Omar mais sa réputation était
pas telle elle attirât en foule les néophytes El Hadj Omar ne
devait pas non plus sentir vraiment indépendant en raison de
la proximité des puissants émirats peuls de Timbo dont il restait
tributaire et de Labe Aussi en 1846 entreprit-il une longue tournée
de recrutement au Sénégal Si on montre encore pieusement aujour
hui les cases où il arrêta les chefs du Fouta-Toro ne semblent
pas avoir accueilli avec enthousiasme celui qui venait par sa prédica
tion leur enlever des sujets Les tentatives de rapprochement avec
les Fran ais les offres non déguisées alliance il leur fit au cours
de deux entrevues en 1846 et i8473 durent être fort mal vues des
Foutanké toujours en querelle avec les autorités coloniales de Saint-
Louis Il ne put donc imposer dans son pays natal et par le Boundou
et le Bambouk retourna alors au Fouta-Djalon 1848) ayant recruté
beaucoup moins de talibés il ne avait espéré
Il ne demeura pas longtemps Diégounko et installa bientôt
Dinguiray localité il paya en or pour en être bien le maître
au roi dialonké Dyimba Sako Il bâtit un grand village dont il
voulut faire une véritable capitale Les Toucouleurs les Peuls les
Dialonké convertis de la région assemblèrent attirés par la réputa
tion de sainteté et de générosité du cheikh La population atteignit
assez vite ooo io ooo personnes Dyimba Sako inquiet des progrès
de son voisin tenta de opposer El Hadj Ornar lui fit la guerre et
empara de sa capitale Tamba qui devint la seconde ville de son
nouveau domaine occupation de Tamba lui donnait accès au cours
supérieur du Bafing route naturelle vers le Haut-Sénégal et les pays
La principale source de renseignements sur la vie El Hadj Ornar est
Mohamadou Aliou YAM La vie El Hadj Omar traduite du poular et annotée
par GADEN Paris 1935 est un très intéressant écho de la tradition orale
Peuple néo-soudanais du Fouta-Djalon déjà en partie islamisé par les
Peuls
CARR RE et HOLLE De la Séné gambie fran aise Paris 1855 pp 195-
196 UN FILS EL HADJ OMAR 147
toucouleurs du Fouta-Toro où venaient par petits groupes de
nouveaux talibés Il contrôlait aussi par cette voie les mines or de
la Haute-Falémé du Bambouk et du Bou
Dès lors le prophète sans rien abdiquer de son caractère mystique
était devenu un souverain temporel Symboliquement ses deux pou
voirs étaient représentés par la mosquée et le tata enceinte fortifiée
de Dinguiray édifiés un et autre par des artisans formés Saint-
Louis et dont les noms sont connus Samba diaye et Johnny
Bambara1
Plusieurs officiers fran ais tels le lieutenant Plat en 1888 et
plus tard en 1899 le lieutenant Bouchez nous ont laissé des descrip
tions de Dinguiray telle que avait connue El Hadj Omar
Au milieu un cirque de hauteurs la ville étendait abri
une vaste enc

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