Une approche intégrée pour la définition d’unités de voisinage dans le contexte d’une étude
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Une approche intégrée pour la définition d’unités de voisinage dans le contexte d’une étude sur les inégalités sociales de la santé dans la région de Québec Alexandre Lebel, CRAD, Université Laval. Dans un contexte où l’on recherche des pistes d’actions ou d’interventions pour atteindre un mode de vie durable des collectivités, la question des inégalités sociales de santé est sans contredit un élément fondamental à considérer. À ce sujet, l’Équipe de recherche sur les inégalités de santé et milieux de vie du département de médecine sociale préventive de l’Université Laval fait un travail exemplaire. En effet ce groupe de recherche multidisciplinaire, dirigé par Maria De Koninck et auquel le Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) et moi-même sommes associés, cherche actuellement, à partir d’une approche territoriale, à identifier les déterminants sociaux en cause dans la construction des inégalités de la santé. Trois territoires de la région de Québec ont ainsi été sélectionnés. L’angle d'approche retenu est celui des différents milieux dans lesquels évoluent leurs populations c’est-à-dire le milieu local, le milieu familial et le milieu de travail. Les travaux font appel à une méthodologie mixte soit quantitative et qualitative. En ce qui concerne le milieu local, il importe de considérer dès le départ, non seulement les trois territoires d’étude de façon globale, que sont la MRC de Portneuf ainsi que les arrondissements de ...

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Une approche intégrée pour la définition d’unités de voisinage dans
le contexte d’une étude sur les inégalités sociales de la santé dans
la région de Québec
Alexandre Lebel, CRAD, Université Laval.
Dans un contexte où l’on recherche des pistes d’actions ou d’interventions pour
atteindre un mode de vie durable des collectivités, la question des inégalités sociales de santé
est sans contredit un élément fondamental à considérer. À ce sujet, l’Équipe
de recherche sur
les inégalités de santé et milieux de vie
du département de médecine sociale préventive de
l’Université Laval fait un travail exemplaire. En effet ce groupe de recherche
multidisciplinaire, dirigé par Maria De Koninck et auquel le Centre de recherche en
aménagement et développement (CRAD) et moi-même sommes associés, cherche
actuellement, à partir d’une approche territoriale, à identifier les déterminants sociaux en
cause dans la construction des inégalités de la santé. Trois territoires de la région de Québec
ont ainsi été sélectionnés. L’angle d'approche retenu est celui des différents milieux dans
lesquels évoluent leurs populations c’est-à-dire le milieu local, le milieu familial et le milieu
de travail. Les travaux font appel à une méthodologie mixte soit quantitative et qualitative.
En ce qui concerne le milieu local, il importe de considérer dès le départ, non
seulement les trois territoires d’étude de façon globale, que sont la MRC de Portneuf ainsi que
les arrondissements de Limoilou et de Charlesbourg, mais également des secteurs plus petits à
l’intérieur de ces territoires qui pourraient présenter des bilans de santé différenciés en raison
de leurs caractéristiques propres. Ces secteurs correspondent à ce que l’on appelle des unités
de voisinage.
Objectifs
L'objectif principal de mes travaux dans le cadre de cette recherche était de proposer
une méthodologie pour découper les territoires en unités de voisinage, rendant ainsi opératoire
ce concept de « voisinage », ce qui devait permettre d’évaluer le rôle que peut avoir le milieu
local sur la santé de la population et ce, autant pour un milieu de vie urbain, de banlieue que
rural. Ainsi, une méthodologie spécifique a du être élaborée afin de définir ces unités de
voisinage en fonction de la thématique de recherche.
Le concept de voisinage
Nous nous retrouvons donc ici avec une difficulté méthodologique passablement
ancienne et bien connue des géographes, qui est celle de poser des limites pertinentes sur un
territoire spécifique. Cette problématique peut être abordée comme un problème de
régionalisation. Traditionnellement, on peut considérer qu’il existe trois grands types de
régions.
¾
La
région homogène
est une zone contiguë à l’intérieure de laquelle on
retrouve une certaine uniformité par rapport à un ou plusieurs attributs, et qui
se distingue du reste de son environnement (ex : un quartier défavorisé).
¾
La
région polarisée
est un ensemble de points réunis par une relation
fonctionnelle spécifique. Elle n’est pas nécessairement contiguë et est
grandement utilisée pour l’étude des systèmes urbains (ex : aire d’attraction
d’une rue marchande).
¾
La
région–plan
est une zone définie par une autorité administrative
quelconque (ex : une paroisse).
N’étant pas incompatibles entre elles, ces trois types de régions font partie d’une
réalité qui peut être vécue ou subie par les différents utilisateurs du territoire et à différentes
échelles. C’est dans ce contexte que nous tenterons de rendre compte de l’unité de voisinage.
Il faut savoir également que le concept d’unité de voisinage (
neighborhood unit
) n’a
pas de définition unique, et encore moins une méthodologie sur laquelle on peut s’appuyer
pour en préciser les limites. En effet, depuis près d’un siècle, des dizaines d’auteurs ont
proposé des définitions de ce que pourraient être des unités de voisinage. Même si ces
définitions présument toutes d’une certaine extension spatiale et/ou de la présence
d’interrelations dans l’espace, elles ignorent néanmoins un bon nombre de facteurs de
l'environnement résidentiel local, de sorte que le résultat d'une telle lecture pourrait être bien
différent selon la perspective d'un résidant, d'un administrateur ou d'un investisseur (Glaster,
2001).
L'approche habituellement retenue pour constituer les unités de voisinage dans ce type
d’étude est de nature statistique (Sampson et al., 2002) ou encore elle fait appel à des
frontières géographiques définies à des fins politiques (Pickett et Pearl, 2001), en référence à
la région homogène ou la région-plan. Toutefois, ces approches demeurent incomplètes
(Sampson et al., 2002). En effet, en découpant le territoire un peu arbitrairement, un biais de
classification sera nécessairement induit puisque ce faisant on ne tient nullement compte de
l'espace vécu par les individus. On peut donc ainsi regrouper des sections de territoire qui
sont, par exemple, statistiquement similaires mais où les individus ont un espace vécu
largement différent les uns des autres. Plusieurs auteurs ont déjà envisagé certaines options
(Granis, 1998; Caughy et al., 2001; Coulton et al., 2001; Diez Roux, 2001; Sampson et al.,
2002), et suggérer de nouvelles approches basées par exemple sur la perception des habitants,
les frontières administratives ou encore sur des critères de type historique.
Méthodologie
La méthode que nous proposons pour définir des unités de voisinage repose sur
l’agencement de plusieurs critères. En effet, notre démarche vise à intégrer différentes sources
d’information disponibles sur le territoire de manière à mettre en évidence les particularités
propres à chaque unité de voisinage. Nous croyons que de telles unités circonscrivent de façon
plus précise le milieu vécu par les habitants, permettant ainsi de réduire le biais de
classification induit par un découpage arbitraire et de mieux dégager l’influence que peut
avoir le milieu local sur la santé de la population. Cette méthode consiste à intégrer trois
perspectives : historique, statistique et perceptuelle.
La perspective historique
Cette perspective est basée sur le repérage de tous les découpages institutionnels,
privés ou publics qui ont pu être recensés au cours des quarante dernières années avant le
début de la présente étude (de 1963 à 2002). La période de quarante ans a été retenue puisqu'il
s'agit de la durée moyenne d'une vie active; la période d’étude couvrant ainsi la durée de
résidence de la grande majorité de la population. Ces limites ont ensuite été pondérées en
fonction de la qualité de l'information recueillie, de la pertinence de celle-ci en fonction de la
thématique (limites de type social ou fonctionnel vs inégalités sociales et de la santé) ainsi que
du moment et de la période d'utilisation de la limite. Les données recueillies ont ensuite été
géo-référencées et intégrées dans un système d’information géographique (SIG). De cette
manière, il nous a été possible de localiser les frontières qui ont été les plus utilisées sur
chacun des territoires et, par le fait même, de tracer un découpage synthèse des limites les
plus connues. Cette perspective fait référence à la région-plan.
La perspective statistique
Pour la définition d’unités de voisinage selon une perspective statistique, nous avons
eu recours à l’indice de défavorisation
produit par Pampalon et Raymond (2000). Cet indice
permet de décrire deux aspects de la défavorisation à l'échelle des aires de diffusion de
Statistique Canada, soit: l'aspect matériel et l'aspect social. Les indicateurs entrant dans la
construction de cet indice ont été choisis pour leurs relations connues avec un grand nombre
de problèmes de santé, leurs affinités avec les formes matérielles et sociales de défavorisation
et leur disponibilité par aire de diffusion. Ils constituent les deux facteurs résultant d’une
analyse en composantes principales et offrent généralement une variance expliquée
d’environs 70%. Afin de fournir un seul portrait statistique de la défavorisation de chacun des
territoires, nous avons procédé à une analyse de groupement des aires de diffusion à partir des
notes factorielles associées aux deux aspects de la défavorisation. La méthode de groupement
utilisée pour notre analyse est le
K-Means
puisque les résultats générés par celle-ci permettent
de maximiser l’homogénéité interne des groupements ainsi que l’hétérogénéité entre ceux-ci.
Cette démarche nous offre une image de la diversité interne pour chacun des trois territoires
en ce qui concerne les conditions matérielles et sociales de la population qui l’habite. Elle
permet également de localiser sur le territoire les endroits qui ont des niveaux de
défavorisation similaires et d’ainsi évaluer le niveau de contiguïté de chacun des groupes
nouvellement formés. Cette perspective fait principalement référence à la région homogène.
La perspective perceptuelle
Concernant la perspective perceptuelle, nous avons eu recours à une méthode de type
focus group
dans chacun des trois territoires. Les groupes étaient composés de cinq à huit
intervenants locaux qui ont une excellente connaissance de leur territoire. Nous avons
sélectionné des personnes disposant d’une grande expérience professionnelle, tout en nous
assurant de diversifier leurs compétences. Le but était d’abord de recueillir leur perception du
vécu territorial, puis de favoriser une certaine intégration des perspectives historique et
statistique. Préalablement à cet exercice, tous les participants ont été informés des objectifs et
du contexte de l’étude ainsi que des travaux déjà effectués sur leur territoire en regard de la
définition d’unités de voisinage, selon les perspectives historique et statistique. Nous leur
avons par la suite demandé de tracer sur une carte
ce qui, selon eux, correspondait aux unités
de voisinage de leur territoire en les laissant complètement libres de recourir aux critères
qu’ils estimaient les plus importants. Ils pouvaient retenir les tracés proposés par les
perspectives historique et statistique ou/et les modifier en fonction d’autres critères qu’ils
jugeaient pertinents. Seules deux contraintes, de nature statistique, furent établies. La
première étant que les unités de voisinages retenues devaient regrouper un nombre entier
d’aires de diffusion et la seconde que les unités devaient contenir environ 5000 habitants (+/-
3000). Par la suite, une discussion devait permettre de réaliser un consensus entre les
participants pour parvenir à un tracé définitif d’unités de voisinage. Dû au grand nombre de
points de vue considérés par cette perspective, elle fait référence à tous les types de région.
Résultats
L’exercice de définition d’unités de voisinage, réalisé pour chacun des territoires
étudiés, a permis de repérer des unités territoriales pour lesquelles les participants de l’atelier
ont pu identifier des caractéristiques propres à ces unités. Le découpage qui en a résulté offre
donc un agencement d’unités de voisinage dont chacune représente une agglomération
d’attributs souvent très différente d’une unité à l’autre. Nous avons constaté également, par
une analyse de la comparaison des variances de la défavorisation entre l’optimum
d’homogénéité du territoire et celle offerte par le découpage, que la considération de ces
attributs a réduit d’environ 50% l’homogénéité interne des unités de voisinage pour les
milieux urbain et de banlieue et de près de 70% concernant le milieu rural. De plus, les
attributs considérés par les intervenants de ce dernier milieu sont fort différents de ceux
mentionnés par les intervenants des milieux plus urbanisés.
Conclusion
En somme, la méthodologie proposée ici permet de rendre opératoire le concept de
d’unité de voisinage en tenant compte à la fois des différentes perspectives d’analyses
géographiques et des particularités du milieu de vie local. Il faut cependant noter qu’une prise
en compte plus adéquate de la notion de «région polarisée» nécessiterait le recours à des
données de mobilité géographique et d’interaction spatiale. Néanmoins, nous croyons
que la
méthodologie proposée diminuera le biais systématique de classification de manière à réduire
l’incertitude qui plane généralement au-dessus des études écologiques qui tentent d’évaluer le
rôle du milieu de vie dans les inégalités sociales de santé.
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