Vers une remise en cause des politiques de santé publique en Afrique de l Ouest et du Centre ? - article ; n°53 ; vol.14, pg 135-147
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Vers une remise en cause des politiques de santé publique en Afrique de l'Ouest et du Centre ? - article ; n°53 ; vol.14, pg 135-147

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 53 - Pages 135-147
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Cheikh Hamidou Kane
Pierre Emeric Mandl
Vers une remise en cause des politiques de santé publique en
Afrique de l'Ouest et du Centre ?
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°53. pp. 135-147.
Citer ce document / Cite this document :
Kane Cheikh Hamidou, Mandl Pierre Emeric. Vers une remise en cause des politiques de santé publique en Afrique de l'Ouest
et du Centre ?. In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°53. pp. 135-147.
doi : 10.3406/tiers.1973.1909
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_53_1909.
DOCUMENTATION
VERS UNE REMISE EN CAUSE
DES POLITIQUES DE SANTÉ PUBLIQUE
EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE ?
par Cheikh Hamidou Kane* et Pierre-Emeric Mandl**
« II faut résolument s'écarter d'un appareil admin
istratif hérité d'un passé révolu au profit d'une
organisation pensée et adaptée en fonction des
besoins et possibilités des pays africains. »
Dr. Quenum, directeur régional de l'O.M.S.
pour l'Afrique (Discours au Séminaire
inter-régional sur la Planification sani
taire nationale, Addis-Abeba, 11-22 octo
bre 1965).
Une tradition, somme toute maintenant bien établie, fait accepter l'exi
stence d'une crise de l'éducation dans les pays riches et, a fortiori, dans les
pays du Tiers Monde où ce système éducatif, avec tous ses défauts, a été tel
quel importé.
Et si cette transposition de l'éducation n'était qu'un cas particulier d'un
phénomène généralisé ? Peut-être n'a-t-on pas suffisamment étudié les facteurs
régissant ce transfert, qui obéirait à des lois de parallélisme de structures
administratives historiquement imposées par les pays colonisateurs aux
colonisés, transferts aujourd'hui maintenus vivaces à travers les règles qui
régissent l'aide fournie aux pays pauvres. S'il en était ainsi, il faudrait s'attendre
à ce que, dans les mois et les années qui viennent, on assiste notamment à
* Directeur régional de l'U.N.I.C.E.F. pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre.
** Conseiller de en planification pour l'Afrique de l'Ouest et
du Centre.
Les opinions exprimées sont celles de leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement
celles de l'U.N.I.C.E.F. TIERS MONDE
une crise de la santé analogue à celle qui secoue aujourd'hui l'éducation.
Reste à savoir si, dans ce cas particulier de la santé, cette crise — contrairement
à celle de l'éducation — , n'éclatera pas d'abord dans les pays en voie de
développement avant que les politiques de santé suivies dans les pays indust
rialisés ne soient remises en cause elles-mêmes par ces derniers (i).
L'objet de cet article est d'examiner, à partir de l'analyse de quelque
z ooo pages d'études nationales élaborées par huit Etats africains (2), études
confrontées et approfondies lors du Séminaire technique, puis de la Confé
rence ministérielle « Enfance, Jeunesse, Femmes et Plans de Développement
en Afrique occidentale et centrale » de Lomé en mai 1972 (3), les insuffisances
des politiques de santé actuelles en attirant notamment l'attention sur quelques-
unes des causes institutionnelles de cette situation.
Avec la Conférence de Lomé, l'U.N.I.C.E.F. a voulu donner la parole
aux pays eux-mêmes pour leur permettre de s'exprimer sur leurs besoins et
sur leur avenir. Après une année de préparation et de recherches théoriques
et méthodologiques, nous avons proposé en fin décembre 1971 - début 1972,
à un certain nombre de chefs d'Etats africains, de faire procéder par leur
gouvernement, sous l'égide du ministère du Plan et avec l'assistance de
l'U.N.I.C.E.F., selon un même canevas de recherches, à des études appro
fondies sur le thème « Enfance, Jeunesse, Femmes et Plans de Développement ».
Chacune des études nationales a permis de mettre en évidence l'écart
observé entre les options, les objectifs et la satisfaction effective des besoins
des populations. Devant cet écart, nous avons été amenés à nous poser la
question de savoir si la médiocrité des résultats acquis par les politiques pra
tiquées jusque-là n'était pas due à une inadaptation des moyens utilisés pour
atteindre les objectifs visés. Qu'en est-il plus spécifiquement du domaine de
la santé ?
LES OPTIONS DES GOUVERNEMENTS ET LES MESURES UTILISÉES
Dans tous les plans de développement et dans les déclarations politiques,
la primauté de l'homme, finalité et instrument du développement, est reconnue.
(1) On n'insistera pas ici sur les critiques émises par les étudiants en Europe sur l'ense
ignement actuel de la médecine. La profession, son organisation et le système hospitalier
commencent à être vigoureusement critiqués mais les politiques de santé publique suivies
en Europe n'ont pas encore fait l'objet d'une remise en cause radicale bien que, dans certains
groupes, on commence à en dresser le procès.
(2) Cameroun, Côte-d'Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Togo.
(3) Voir Conférence de Lomé : Enfance, Jeunesse, Femmes et Plans de Développement,
U.N.I.C.E.F., Abidjan, 1972, 144 p. Cet ouvrage contient à la fois le « Projet de synthèse
des huit études nationales » élaboré par un groupe de fonctionnaires et de consultants de
l'U.N.I.C.E.F. et les travaux de la Conférence de Lomé (15-27 mai 1972).
136 DOCUMENTATION
Mais dès que l'on passe aux objectifs en matière de santé publique et aux
indicateurs sanitaires, il y a lieu de s'interroger. N'est-on pas en face d'une
transposition de politiques de santé et de concepts issus de pays riches ?
L'option fondamentale, communément partagée par les Etats africains, les
instances d'aide tant bilatérales que multilatérales et internationales, c'est
d'aboutir à la possibilité pour tous de se soigner et d'avoir accès aux soins
médicaux et hospitaliers. Cet objectif est orienté sur le plan conceptuel par la
présence « autoritaire » (i) des indicateurs « officiels » de santé. La responsabilité
des Nations Unies n'est pas la moindre puisque les objectifs suivants avaient
été fixés pour 1970, terme de la première décennie du développement (2) .
1 médecin pour 10 000 habitants;
1 infirmière pour 5 000
1 technicien (laboratoire, radiologie) pour 5 000 habitants;
1 auxiliaire sanitaire pour 1 000 habitants;
1 technicien de l'assainissement pour 15 000 habitants;
1 ingénieur sanitaire pour 250 000 habitants.
C'est par référence à ces indicateurs que les organisations internationales
comme les Etats proclament la nécessité urgente et impérieuse de la formation
d'un personnel de santé.
Ces normes, issues de pays industrialisés (3), sont-elles vraiment valables
pour l'Afrique ? Ou, au contraire, indiquent-elles de façon contraignante le
chemin d'un développement dépendant, voire d'un développement du sous-
développement, en rendant plus difficile l'élaboration d'une politique nationale
(1) Autoritaires car il n'existe pas d'indicateurs sociaux qui soient neutres. Un indicateur
est un instrument de pratique administrative issu d'une politique, fut-elle non explicitée.
« Sa construction répond, par définition, à un effet recherché par rapport à une pratique
de politique qui serait statistiquement indiquée. » Voir notamment pour une critique épisté-
moîogique des indicateurs sociaux les travaux en sociologie de la connaissance de F. Govaerts
de l'Université libre de Bruxelles.
(2) Actes officiels de J'O.M.S., n° 118, annexe }, p. 81, XVe Assemblée mondiale de la
Santé, Genève, 8-25 mai 1962.
(3) Issues de pays industrialisés, car il s'agit en fait d'une transposition pure et simple
des normes sous-jacentes à une certaine conception occidentale de ce qu'est une politique
de santé. En Europe, il y a un médecin pour joo ou 1 000 habitants, alors que pour les
pays du Tiers Monde on fixera pour objectifs un médecin pour 10 000 habitants, sans remise
en cause fondamentale de la théorie de santé publique exprimée par ces indicateurs. Pour les
pays de la région, on compte à peine un médecin pour 50 000 habitants. Et que signifie
ce chiffre si 75 % des médecins sont dans la capitale ?

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents