Violences urbaines et restauration de l identité spatiale masculine - article ; n°3 ; vol.20, pg 295-307
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Description

Espace, populations, sociétés - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 3 - Pages 295-307
Urban Violence and Male Spatial Identity.
The theme of urban violence has swept into the fields of politics, ethics, and is getting in the economic one. The authors of the damages seem well identified. When referring to the media, public authorities, politicians and to many research works, the main responsible of the muggings are namely and almost unanimously, youngsters from immigrant origin living in disadvantaged suburbs. Residential environment plays a complex part in the relationships these young people establish with others through their actions on space. Both men and women agree that leaving their neighbourhood is the best solution for them. It is indeed a rotten area, symbol of boredom and social, exclusion. But, unlike women or girls, men also describe this area as their territory, where they feel at home and that they have appropriated as time go by. They belong to gangs and networks, which are short-term and precarious, but there they find friendship and solidarity as well as some financial income. When looking at their behaviour, it appears that these acts of violence in the public space show a (re)assertion of traditional values of feminity and masculinity, or even manliness.
Le thème des violences urbaines a envahi les champs du politique, de la morale, et prend même de l'importance dans celui de l'économique. Les auteurs de tels méfaits paraissent bien identifiés. À en croire les médias, les pouvoirs publics, les élus et beaucoup de travaux de recherche, les principaux responsables des agressions sont, explicitement et de façon quasi unanime, les « jeunes » appartenant à des familles issues de l'immigration et vivant dans les banlieues déshéritées des périphéries urbaines. La proximité résidentielle joue un rôle complexe dans la relation au monde que les « jeunes » de ces banlieues établissent à travers leurs actions sur l'espace. Elle est certes une « zone pourrie », symbole d'ennui et d'exclusion sociale : hommes et femmes estiment qu'en sortir est le seul moyen de s'en sortir. Mais à la différence des femmes, les hommes la décrivent aussi comme un territoire où ils sont chez eux, qu'ils se sont appropriés au fil du temps. Les « bandes » et réseaux dont ils font partie sont certes éphémères et fragiles, mais ils y puisent amitié et solidarité, souvent aussi des revenus financiers. En examinant les conduites des acteurs, il apparaît que les violences s 'exprimant « en public » sont une (ré)affirmation des traditionnelles valeurs de féminité et de masculinité, voire de virilité, qui identifient très fortement tout espace résidentiel dans la ville moderne.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacqueline Coutras
Violences urbaines et restauration de l'identité spatiale
masculine
In: Espace, populations, sociétés, 2002-3. Questions de genre. pp. 295-307.
Citer ce document / Cite this document :
Coutras Jacqueline. Violences urbaines et restauration de l'identité spatiale masculine. In: Espace, populations, sociétés, 2002-
3. Questions de genre. pp. 295-307.
doi : 10.3406/espos.2002.2041
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_2002_num_20_3_2041Abstract
Urban Violence and Male Spatial Identity.
The theme of urban violence has swept into the fields of politics, ethics, and is getting in the economic
one. The authors of the damages seem well identified. When referring to the media, public authorities,
politicians and to many research works, the main responsible of the muggings are namely and almost
unanimously, youngsters from immigrant origin living in disadvantaged suburbs. Residential
environment plays a complex part in the relationships these young people establish with others through
their actions on space. Both men and women agree that leaving their neighbourhood is the best solution
for them. It is indeed a "rotten area", symbol of boredom and social, exclusion. But, unlike women or
girls, men also describe this area as their territory, where they feel at home and that they have
appropriated as time go by. They belong to gangs and networks, which are short-term and precarious,
but there they find friendship and solidarity as well as some financial income. When looking at their
behaviour, it appears that these acts of violence in the public space show a (re)assertion of traditional
values of feminity and masculinity, or even manliness.
Résumé
Le thème des violences urbaines a envahi les champs du politique, de la morale, et prend même de
l'importance dans celui de l'économique. Les auteurs de tels méfaits paraissent bien identifiés. À en
croire les médias, les pouvoirs publics, les élus et beaucoup de travaux de recherche, les principaux
responsables des agressions sont, explicitement et de façon quasi unanime, les « jeunes » appartenant
à des familles issues de l'immigration et vivant dans les banlieues déshéritées des périphéries urbaines.
La proximité résidentielle joue un rôle complexe dans la relation au monde que les « jeunes » de ces
banlieues établissent à travers leurs actions sur l'espace. Elle est certes une « zone pourrie », symbole
d'ennui et d'exclusion sociale : hommes et femmes estiment qu'en sortir est le seul moyen de s'en sortir.
Mais à la différence des femmes, les hommes la décrivent aussi comme un territoire où ils sont chez
eux, qu'ils se sont appropriés au fil du temps. Les « bandes » et réseaux dont ils font partie sont certes
éphémères et fragiles, mais ils y puisent amitié et solidarité, souvent aussi des revenus financiers. En
examinant les conduites des acteurs, il apparaît que les violences s 'exprimant « en public » sont une
(ré)affirmation des traditionnelles valeurs de féminité et de masculinité, voire de virilité, qui identifient
très fortement tout espace résidentiel dans la ville moderne.COUTRAS IRESCO Jacqueline
Laboratoire Genre et Rapports Sociaux (GERS)
59-61, rue Pouchet
75849 Paris cedex 17
coutras@ iresco.fr
Violences urbaines et
restauration de l'identité
spatiale masculine
encore que les délits, le sentiment que chaprogressivement, Le thème des violences depuis urbaines une vingtaine est devenu d'an
cun peut être à tout moment menacé jusques
nées, le problème majeur de notre société ; il et y compris dans son corps.
envahit les champs du politique, de la moral Les auteurs de tels méfaits paraissent bien
e, et prend même de l'importance dans identifiés. Pour les médias, les pouvoirs
celui de l'économique. Les images qu'il sus publics, les élus et beaucoup de travaux de
cite sont celles, vues à la télévision ou dans recherche, les principaux responsables des
les journaux, de rodéos, de pillages de agressions sont, explicitement et de façon
magasins et de grandes surfaces, de caillas- quasi unanime, les jeunes appartenant à des
sage de bus, d'incendies de commissariats et familles issues de l'immigration et vivant
autres bâtiments symboles du bien et de dans les banlieues déshéritées des périphér
l'ordre publics. Elles sont celles de zones ies urbaines.
urbaines dont Les Minguettes, Vaux-en- Bien que non vraiment confirmée par les
Velin, Sartrouville, Mantes-la-Jolie sont statistiques, cette représentation relie un
devenues les symboles. Ces images ont un type d'espace résidentiel - ce qu'il est
retentissement très fort ; pour beaucoup, convenu d'appeler les "cités" ou "les grands
elles préfigurent ce qui se passe déjà dans ensembles" - et une catégorie de populat
les banlieues des grandes villes nord-améri ion : celle marquée à la fois par sa situation
caines, en particulier à Los Angeles. économique, son âge, une origine eth
L'expression évoque également des expé nique vague, qui n'est précise que par la
riences et des situations vécues ou observées négation contenue implicitement dans la
quotidiennement dans tous les quartiers de dénomination : issus de l'immigration. Elle
la ville. Qui n'a pas été victime ou témoin de a commencé à être mise en mots et explici
ce qu'on appelle aujourd'hui les incivilités ? tée à partir du milieu des années 70. Les uns,
Ces actes de petite délinquance non vra établissant des comparaisons avec ce
iment illégaux ressortent plus de l'impolitess qu'avaient fait les blousons noirs quelque 20
e, de l'irrespect, du refus de la présence de ans plus tôt, parlaient d'adolescents en rup
l'autre qu'il soit voisin ou passant. Par leur ture avec la génération précédente et rame
multiplicité et la fréquence des "désordres" naient leurs conduites déviantes à des rites
qu'ils créent, ils alimentent, peut-être plus de passage. D'autres mettaient en accusation 296
la crise économique et les transformations elles des faits de violence, subis ou infligés
du travail entraînant chômage, précarisation ? À moins que les deux sexes ne disposent
sociale et misère économique ; les décomp pas pareillement des ressources que procure
ositions/recompositions de la cellule famil tout environnement résidentiel, aussi "pourr
i" iale d'où sort affaiblie et disqualifiée l'au soit-il, et donc que sa maîtrise constitue
torité parentale et surtout celle du père ; un enjeu d'inégale importance pour les deux
l'institution scolaire considérée comme le sexes. Si tel est le cas, une alternative est
premier instrument de dévalorisation et possible. Soit les femmes délaissent cet
d'exclusion pour les enfants ayant peu de espace et cherchent une inscription et une
"capitaux culturels" ; et enfin un certain identité spatiales ailleurs. Soit les expé
urbanisme résidentiel : celui des "cités". Les riences qu'elles y localisent n'arrivent pas
analyses sont précises et nourries qui, évo jusqu'à la visibilité tant les rapports de
quant une spirale infernale, mettent en rela domination jouent ici en faveur du masculin.
tion les caractéristiques socio-économiques Il n'y aurait rien d'étonnant à cela. Dès les
des résidents et les programmes de loge débuts de la ville moderne, cette catégorie
ments collectifs construits à la hâte et à bas spatiale a eu pour mission de reproduire cer
prix dans les périphéries urbaines pendant taines des inégalités qui établissent l'opposi
les années 60 et qui, aujourd'hui, souffrent tion entre le masculin et le féminin. Dans le
d'une réputation déqualifiée, ont un bâti prolongement et la dépendance du loge
délabré, des équipements collectifs vétustés ment, elle participe au clivage privé/public,
inadaptés et en nombre insuffisant. Dans ce les liens de dépendance noués dans l'inté
type d'habitat, chacun, sans avenir, ne pourr rieur privé y débordent et s'y continuent.
ait qu'être renvoyé à soi-même. Pour ceux Depuis plus d'un siècle, l'image qui s'en est
qui ne se résignent pas à la solitude désespér progressivement imposée est celle d'un
ée, en particulier pour les "jeunes", la vio périmètre voué à la vie domestique et famil
lence s

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