Vocabulaire et structure des associations de mots en chaîne, orales et écrites - article ; n°2 ; vol.60, pg 349-370
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Description

L'année psychologique - Année 1960 - Volume 60 - Numéro 2 - Pages 349-370
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Jodelet
Vocabulaire et structure des associations de mots en chaîne,
orales et écrites
In: L'année psychologique. 1960 vol. 60, n°2. pp. 349-370.
Citer ce document / Cite this document :
Jodelet G. Vocabulaire et structure des associations de mots en chaîne, orales et écrites. In: L'année psychologique. 1960 vol.
60, n°2. pp. 349-370.
doi : 10.3406/psy.1960.6850
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1960_num_60_2_6850Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée
de la Sorbonne
VOCABULAIRE ET STRUCTURE
DES ASSOCIATIONS DE MOTS EN CHAINE
ORALES ET ÉCRITES
par François Jodelet
I. — Analyse comparée du vocabulaire
DES ASSOCIATIONS DE MOTS EN CHAINE ORALES ET ECRITES
Dans l'association de mots en chaîne, un parleur associe
de façon continue un second mot au premier mot qu'il vient de
dire, puis un troisième mot au second, et ainsi de suite, chaque
mot induisant le mot suivant : une « chaîne associative » comprend
ainsi une série de mots discrets associés chacun au précédent,
sans lien syntaxique ni thème suivi. Cette épreuve est l'une des
variantes de la technique d'association verbale utilisée à des fins
fort diverses en psychologie expérimentale (1, 2, 10). Nous désirons
montrer l'intérêt des informations comparatives qu'elle peut
apporter sur le comportement verbal oral et écrit.
1° Admettons que le vocabulaire utilisé par un parleur est
extrait du répertoire lexical disponible dans sa mémoire. Un pro
blème psycho-linguistique important est de déterminer tel carac
tère de ce en partant de l'observation des échantillons
de vocabulaire produits en certaines circonstances. Le caractère
auquel nous nous intéresserons est la composition du répertoire
lexical en catégories sémantiques de mots, tels que mots abstraits et
concrets, dénominations de lieux, de choses et d'êtres. Il apparaît
en effet qu'un répertoire comprend des classes d'éléments dont
l'utilisation spécifique différencie certains ensembles de messages,
et partant des comportements verbaux : les catégories sémant
iques de mots qu'on vient d'énumérer nous paraissent précisé- MÉMOIRES ORIGINAUX 350
ment correspondre à certaines de ces classes. Il s'agit dès lors de
savoir dans quelle forme particulière de comportement verbal
peut se manifester l'existence de telles classes, dont la description
se révèle en retour nécessaire pour caractériser certains types
spécifiques de comportement verbal, tels que la parole et
l'écriture.
Nous postulerons que l'association de mots en chaîne est,
parmi les diverses formes de comportement verbal, celle (ou
l'une de celles) qui peut fournir l'échantillon le plus représentatif
du répertoire lexical disponible d'un parleur, sous le rapport de sa
composition en catégories sémantiques de mots. Nous constatons
d'autre part que cette forme de comportement verbal peut relever
des mêmes types que le discours ordinaire (parole ou écriture) en
empruntant les mêmes canaux d'expression (oral ou écrit). Nous
en tirons la conséquence que l'échantillon de vocabulaire produit
oralement (ou par écrit) par association en chaîne nous renseigne
sur la composition du répertoire lexical disponible pour l'expres
sion à travers le canal oral (ou écrit), c'est-à-dire sur un caractère
d'un de ces types généraux du comportement verbal qu'est la parole
(ou l'écriture). Autrement dit, nous pouvons étudier la différence
des comportements verbaux oral et écrit, en ce qui concerne
le répertoire disponible respectivement pour chacun, à travers
les échantillons associatifs produits oralement et par écrit.
2° Pour justifier le postulat qu'on avance sur la représentat
ivité des échantillons associatifs, on peut comparer utilement
l'association de mots en chaîne à d'autres formes de comporte
ment verbal. Tandis que dans l'association verbale simple (épreu
ves du type Kent-Rosanoff) (7,8), la teneur lexicale de la réponse
est presque entièrement déterminée par celle du stimulus verbal
(unique) présenté, l'association en chaîne ne dépend pas d'un tel
stimulus particulier, puisque chaque « maillon » de la chaîne
constitue à la fois un stimulus et une réponse : il s'agit d'une pro
duction séquentielle « spontanée », s'engendrant elle-même, ce qui
l'apparente au discours ordinaire. Contrairement à celui-ci, en
revanche, l'association en chaîne ne dépend d'aucun « impératif
sémantique » global ni d'une « attitude de communication »,
.puisqu'elle ne veut rien dire explicitement à personne, mais
consiste en la production pure d'un vocabulaire discret : la
variable psycho-sociale et thématique afférente au discours ordi
naire se trouve ici largement neutralisée.
Nous croyons ainsi pouvoir dire que l'association de mots
en chaîne, comme forme de comportement verbal, se distingue JODELET. — ASSOCIATIONS DE MOTS EN CHAINE 351 F.
à la fois du comportement de communication (discours ordinaire)
et de la réaction verbale pure (association de mots simple). Le
vocabulaire qui s'y déploie paraît extrait par le parleur dans son
répertoire lexical de façon aléatoire, dans la mesure où il n'est pas
sélectionné sous la contrainte externe et globale d'une situation
ou d'une stimulation, où il ne présente pas le biais résultant de tels
principes de sélection. Autrement dit, l'association en chaîne
semble constituer la seule (ou tout au moins la meilleure) forme
d'échantillonnage au hasard qu'un parleur puisse opérer dans son
propre répertoire lexical : elle mérite à ce titre d'être tenue pour
représentative d'un caractère de ce répertoire tel que sa répart
ition en classes sémantiques de mots. Que si l'on objecte l'exi
stence d'un « sens inconscient » du discours associatif, comme la
psychanalyse l'affirmerait, ou tout au moins d'un thème imagi-
natif suivi par le parleur et en fonction duquel il choisirait ses
mots, on répondra qu'il n'y a aucune raison pour que ce principe
de choix, s'il existe, agisse différemment dans l'écrit et dans
l'oral, pour que tel « argument implicite » soit suivi dans un cas
plutôt que dans l'autre (en introduisant de ce fait un biais
systématique). On peut donc y voir une variable aléatoire, qui
n'est en rien comparable aux contraintes régulières imposées
au discours ordinaire par sa fonction communicative.
3° Cette interprétation fonde l'emploi que nous ferons de
l'association de mots en chaîne en vue de comparer les répertoires
lexicaux respectivement disponibles pour la parole et l'écriture.
Les comparaisons psycho-linguistiques des langages oral et écrit
ont généralement porté jusqu'ici sur le langage du discours
courant (3, 5, 6), mais on doit penser que dans ce cas les diffé
rences constatées expriment surtout celles existant dans la
façon dont un locuteur sélectionne intentionnellement son vocabul
aire, pour un thème donné, en fonction soit de l'écoute soit de la
lecture par un récepteur (ces différences de sélection variant elles-
mêmes avec le thème, l'image du récepteur et celle de la récep
tion). Nous croyons cependant qu'en deçà de ces différences dans
V utilisation explicite du langage selon les modes oral et écrit on
trouve une différence plus fondamentale : elle se situe entre les
répertoires lexicaux respectivement disponibles pour la parole et
l'écriture. Cette idée, notons-le, développe et applique au problème
comparatif qui nous intéresse, une notion déjà largement admise
en psycholinguistique : celle de disponibilité (ou d'accessibilité)
d'un répertoire lexical (4). : .. .:.■.::. "...'..,
On a établi en effet qu'un mot ou une famille de mots dispo- 352 MÉMOIRES ORIGINAUX
nible dans une certaine situation (par exemple dans une conver
sation familiale) ne l'est pas dans une autre (par exemple dans
l'exercice de la vie professionnelle) : les statistiques linguistiques
sont toujours déficientes en ce que le vocabulaire le plus familier
des parleurs ne se confond pas avec celui util

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