XX. Recherches céphalométriques sur les enfants arriérés de la colonie de Vaucluse - article ; n°1 ; vol.7, pg 430-489
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Description

L'année psychologique - Année 1900 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 430-489
60 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1900
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Th. Simon
XX. Recherches céphalométriques sur les enfants arriérés de la
colonie de Vaucluse
In: L'année psychologique. 1900 vol. 7. pp. 430-489.
Citer ce document / Cite this document :
Simon Th. XX. Recherches céphalométriques sur les enfants arriérés de la colonie de Vaucluse. In: L'année psychologique.
1900 vol. 7. pp. 430-489.
doi : 10.3406/psy.1900.3226
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1900_num_7_1_3226XX
RECHERCHES CÉPHALOMÉTRIQUES
SUR LES ENFANTS ARRIÉRÉS
DE LA COLONIE DE VAUCLUSE
Existe-t-il une corrélation entre les dimensions de la tête et
l'intelligence et de quelle nature est cette relation ? Telle est
la question précise qui a présidé à ce travail. J'avais recherché,
l'année dernière, s'il y avait une corrélation entre le dévelop
pement intellectuel et le développement physique, et plus spé
cialement la taille, et accessoirement abordé déjà un peu la
question d'une corrélation analogue existant avec les mesures
de la tète, à propos de la circonférence maxima de celle-ci et
de sa demi-circonférence antérieure. Ce sont ces mesures que
j'ai essayé, cette année, de compléter, en prenant sur le crâne
et la face la plupart de celles enseignées par Broca dans ses
Instructions générales pour les recherches anthropologiques à
faire sur le vivant. M. le Dr Blin, en m'accordant de faire dans
son service une seconde année d'internat, m'encourageait ainsi
à poursuivre ces recherches. Qu'il me permette de lui en témoi
gner mes remerciements et ma reconnaissance.
Je ne rapporterai encore ici que ces recherches personnelles,
espérant pouvoir revenir bientôt sur un historique de la ques
tion et les travaux antérieurs, et, parmi ceux-ci, sur le petit
nombre qui a précisément rapport à la céphalométrie des indi
vidus anormaux.
C'est, en effet, également sur la même classe d'enfants que
l'année passée que j'ai fait porter ces recherches, à savoir les
enfants arriérés du département de la Seine hospitalisés à la
colonie de Vaucluse. Cette dernière colonie reçoit plus spécia
lement les enfants qui paraissent aptes à être employés aux
travaux des champs. Sa population comprend ainsi essentiel
lement, au point de vue mental, deux classes particulièr
ement distinctes d'enfants :
1° Ceux qui présentent des troubles délirants, comparables — RECHERCHES CÉPHALOMÉTRIQUES 431 SIMON.
à ceux de l'adulte, dégénérés héréditaires faisant des accès de
mélancolie, des poussées d'idées de persécution, etc. ;
2° Ceux, beaucoup plus nombreux, qui sont atteints de débil
ité intellectuelle ou morale, et peuvent ainsi présenter tous les
degrés jusqu'à l'imbécillité ou même, par exception, l'idiotie.
En somme, ces enfants ne constituent donc pas, à propre
ment parler, un groupe autonome, mais, du moins, ils s'éloignent
et se différencient assez du type qu'on est habitué à considérer
comme normal pour justitier une étude spéciale et pour qu'on
puisse se demander dans quelles limites précisément, elle accu
serait ou non les mêmes qualités physiques.
Poui' qu'on puisse mieux se rendre compte de ce que sont
ces enfants, du milieu qui les environne et surtout de leur
mode de vie, de leurs aptitudes, de leur caractère, voici
des notes individuelles sur une vingtaine d'entre eux.
Chaque note comprend trois parties : il y a d'abord l'exposé
du diagnostic médical, puis un certain nombre de renseigne
ments sur la vie courante de l'enfant à la colonie, enfin quelques
lignes plus spéciales relatives à la conduite de l'enfant à l'école
et à son degré d'instruction. J'ai recueilli ces derniers rense
ignements auprès du surveillant et de l'instituteur de la colonie,
et je les ai donnés sans les fondre et sans chercher à les accorder,
parce qu'aussi bien un enfant peut paraître très différent à
l'école de ce qu'il est ailleurs.
Les enfants sur lesquels portent ces notes sont à peu près du
même âge, étant tous nés en 1887. Ce sont les mêmes qui ont
été soumis aussi aux expériences de copie et de sensibilité
tactile rapportées dans la même Année. Les noms par lesquels
ils sont désignés sont entièrement arbitraires.
Merlot.. , né le 29 décembre 1887.
Imbécile avec hémiplégie infantile du côté droit
et attaques d'épilepsie assez fréquentes.
1° C'est un enfant malpropre : sans doute, il a de la difficulté à
s'habiller, mais il est, en outre, toujours déchiré et il ne se débarb
ouillerait pas seul; il faut l'y contraindre ou lui laver la figure de
force. De même qu'il s'habille seul, il mange seul, mais salement
aussi, sans gloutonnerie cependant, mâchant bien et se rationnant
de lui-même.
C'est sa malpropreté qui le fait le plus sujet aux observations des
gardiens, mais elles sont sans effet; très grossier, il insulte qui les
lui fait, lance du gravier au visage ou se met à rager sitôt qu'il est 432 MÉMOIRES ORIGINAUX
puni, en se sauvant autour de la cour. Les punitions n'ont d'ai
lleurs pas d'autre résultat, et il n'est pas assez intelligent pour que
le raisonnement ou la douceur soient plus efficaces.
II ne travaille et ne s'occupe à rien et, en dehors de l'école, où il
va une demi-journée, il ne fait que jouer dans la cour. Mais il ne
joue jamais à un jeu intelligent : il ne sait guère que courir, faire
le cheval, par exemple, ou bien il se chamaille avec ses camarades ;
il est, en effet, mauvais joueur : si le jeu ne va pas à son idée, il se
sauve dans un coin et y reste à rager ; c'est, d'ailleurs, son mode de
résistance et pourquoi les autres ne font pas toujours de lui ce qu'ils
voudraient, malgré sa faiblesse musculaire. Mais il est lui-môme sans
aucune autorité vis-à-vis des autres.
2° A l'école, il semble ne comprendre aucune des explications
données; il ne répond jamais à une interrogation, même directe. Il
semble que tous les efforts tentés pour le faire travailler restent sté
riles. Il est indifférent, inattentif et ne fait jamais effort. Peut-être,
cependant, prète-t-il quelque attention à ce qui est nouveau pour
lui, mais il n'en est pas capable longtemps. La moindre difficulté
l'arrête aussitôt. Mémoire nulle.
Sa conduite aussi est médiocre : il a de la peine à rester en place,
il s'amuse avec tous les objets qu'il a sous la main; brusqué, il
résiste et devient facilement méchant.
11 est enfin voleur et mendie, d'où le surnom de mendigo que lui
ont donné les autres.
To.nnom..., né le 14 décembre 1887.
Débilité mentale : fugues, vagabondage, etc.
1° Tonnom... ne joue guère qu'à des jeux tranquilles, aux dames,
par exemple, et sans paraître, d'ailleurs, beaucoup aimer jouer.
Mais il le fait avec intelligence, est très bon joueur, ne cherche pas
chicane sans raison ; et comme il est plutôt doux avec ses camar
ades, ceux-ci recherchent sa société. Son préféré est d'une intel
ligence à peu près égale et point bruyant non plus : si les parents
de l'un ou de l'autre leur ont apporté un nouveau jouet ou quelque
chose à lire, ils s'isolent toujours tous les deux dans un coin de la
salle pour en profiter. Tonnom... ne se mêle jamais aux bandes
bruyantes, et les autres paraissent avoir pour lui estime et respect.
Les gardiens n'ont pas non plus à se plaindre de lui, car il entend
raison; il n'est que peu souvent l'objet d'observations et les reçoit
sans récriminer.
Il aide le matin, pour nettoyer le dortoir et aux diverses corvées
du quartier, le tout avec beaucoup de bonne volonté. — II ne va à
la musique que depuis deux mois, mais parait déjà avoir fait des
progrès au solfège. Il est également assez fort en gymnastique. RECHERCHES CÉPHALOMÉTRIQUES 433 SIMON.
Visité à peu près régulièrement tous les mois, il est très poli vis-
à-vis de sa mère et redoute ses réprimandes.
Sans autres habitudes spéciales, sans histoire de mœurs depuis
son entrée, il paraît regretter

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