Scribonia Caesaris et les Julio-Claudiens. Problèmes de vocabulaire de parenté - article ; n°1 ; vol.87, pg 349-375
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Scribonia Caesaris et les Julio-Claudiens. Problèmes de vocabulaire de parenté - article ; n°1 ; vol.87, pg 349-375

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1975 - Volume 87 - Numéro 1 - Pages 349-375
~~John Scheid, Scribonia Caesaris et les Julio-Olaudiens. Problèmes de vocabulaire de parenté~~, pp. 349-375. La confection des arbres généalogiques donne fréquemment lieu à l'interprétation forcée des termes de parenté. Deux exemples choisis dans la dynastie des Julio-Claudiens montrent que le vocabulaire de parenté est en fait beaucoup plus précis qu'on ne le croit souvent, et qu'il est préférable de faire confiance aux textes. Ainsi Scribonia Caesaris n'est point la sœur de L. Scri-bonius Libo (cos. 34 av. J.-C.) mais sa fille, et donc la tante paternelle (~~amita~~, d'après Sénèque et Tacite) du conspirateur Libo Drusies (~~praet~~. 16 ap. J.-C).
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

John Scheid
Scribonia Caesaris et les Julio-Claudiens. Problèmes de
vocabulaire de parenté
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 87, N°1. 1975. pp. 349-375.
Résumé
John Scheid, Scribonia Caesaris et les Julio-Claudiens. Problèmes de vocabulaire de parenté, pp. 349-375.
La confection des arbres généalogiques donne fréquemment lieu à l'interprétation forcée des termes de parenté. Deux exemples
choisis dans la dynastie des Julio-Claudiens montrent que le vocabulaire de parenté est en fait beaucoup plus précis qu'on ne le
croit souvent, et qu'il est préférable de faire confiance aux textes. Ainsi Scribonia Caesaris n'est point la sœur de L. Scribonius
Libo (cos. 34 av. J.-C.) mais sa fille, et donc la tante paternelle (amita, d'après Sénèque et Tacite) du conspirateur Libo Drusies
(praet. 16 ap. J.-C).
Citer ce document / Cite this document :
Scheid John. Scribonia Caesaris et les Julio-Claudiens. Problèmes de vocabulaire de parenté. In: Mélanges de l'Ecole française
de Rome. Antiquité T. 87, N°1. 1975. pp. 349-375.
doi : 10.3406/mefr.1975.1014
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1975_num_87_1_1014SCRIBONIA CAESARIS ET LES JULIO-CLAUDIENS
PEOBLÈMES DE VOCABULAIEE DE PAEENTÉ *
John Scheid
Membre de l'Ecole
Le vocabulaire de la parenté nous nargue souvent lorsque nous
voulons désigner nos ascendants au-delà du troisième degré. Comment
nous étonner que cet embarras devienne un rocher de Sisyphe pour qui
s'occupe de prosopographie? En effet le Eomain, surtout quand il est
noble, entoure son ascendance, toute son ascendance, d'un véritable
culte. Une prudence extrême s'impose donc au chercheur moderne. Bien
souvent sa langue ne lui offre pas les équivalents pour décrire les liens
familiaux complexes dont les textes font état.
Nombreux sont alors les enquêteurs qui, pour dresser une généalogie,
couchent les gentes dans un lit de Procuste. Les textes qui rapportent
des filiations ont ainsi subi de nombreuses « seclusions », restitutions ou
interprétations. Fort heureuses dans certains cas — le savant clerc mé
diéval a pu rester perplexe devant un vocable compliqué — ces altéra
tions violentent bien souvent le document.
A la lumière de quelques exemples choisis dans la familles des Julio-
Claudiens, nous essaierons de montrer que généralement la sagesse et
l'honnêteté scientifique interdisent le mépris du document. Il est trop
facile d'expliquer une généalogie à partir d'un système préconçu, dit
logique. Le prix payé en est fréquemment le contresens, d'autant plus
regrettable qu'une fois commis il a la vie dure et risque d'engendrer
une longue lignée d'erreurs.
* M. H. -G. Pflaum a bien voulu relire ce travail. Qu'il en soit remercié. JOHN SCHEID 350
* * *
Je pense qu'avant d'examiner les exemples proposés, il n'est pas
inutile de commencer par rappeler et définir certains termes de parenté.
Notre science du vocabulaire latin de la parenté repose presqu'exclusi-
vement sur le chapitre VI du troisième livre des Institutes de Justinien
(éd. Huschke, Teubner, 1868) et sur le chapitre 10 du trente-huitième
livre du Digeste (éd. Mommsen-Krüger, Berlin, 1962) 1. Ces pages éta
blissent un classement précis des parents par rapport à leurs héritiers.
Or les juristes sont fréquemment amenés à définir tel ou tel nom de pa
rent, définitions capitales pour notre propos.
Une première lecture nous permet ainsi de dresser l'arbre généalo
gique suivant:
tritauu8 patern. tritauus maternus
atauus patern. atauus maternus
abpatruus abamita abauus patern. abauus abauunculus abmatertera
matern.
propatruus proamita proauus patern. proauus proauunculus promatertera
matern.
patruus amita auus patern. auus auuneulus matertera
magnus magna matern. magnus magna
patruus 2 amita pater + mater auuneulus 2 matertera
filins, filia
1 Les juristes dont les textes sont cités dans ce chapitre sont Caius, Ulpien,
Modestin, Paul, Scévola et Pomponius.
2 Just., Inst., 3,6,3: Patruus est patris frater, qui Graece πάτρως uocatur:
auuneulus est matris frater, qui apud Graecos proprie μήτρως appellatur: et pro
miscue θειος dicitur. Amita est patris soror, matertera uero matris soror: utraque
θεία uel apud quosdem τηθίς appellatur. — « Nous appelons patruus le frère
du père et auuneulus le frère de la mère. En grec le premier s'appelle patrôos,
le second mêtrôos et tous les deux theios. Uamita est la sœur du père, la mater- SORIBONIA CAESARIS ET LES JULIO-CLAUDIENS 351
Ce stemma théorique appelle un certain nombre de précisions. Rapp
elons-nous d'abord que les Romains n'identifiaient plus les ascendants
qui dépassaient le tritauus: à partir de ce degré ils parlaient simplement
d'ancêtres (maiores) opposés, à partir de la sixième génération, aux des
cendants (posteriores) l. En tient-on toujours compte dans les enquêtes
généalogiques?
L'arbre généalogique que nous avons dressé n'est pas encore complet.
En effet à chaque génération le nombre d'ascendants est multiplié par
deux: nous avons quatre grand-parents, huit arrière-grand-parents et
ainsi de suite. Des problèmes de vocabulaire délicats peuvent surgir.
Le frère de ma grand-mère est par exemple mon auunculus magnus,
il est également Vauunculus de ma mère. Mais qu'en est-il du patruus
de ma mère! Une analyse superficielle pourait voir en lui mon auunculus
magnus. Mais heureusement la tradition romaine est sur ce point claire
et notre source explicite: « Celui qui est mon patruus magnus est le pa
truus de mon père ou de ma mère. Mon amita magna est la sœur de mon
grand-père: toutefois le grand-père, et donc sa sœur, doivent être comptés
doublement, nous l'avons dit. Ainsi donc nous obtenons à ce degré quatre
personnes. Par conséquent la tante paternelle (amita) de mon père ou
de ma mère est ma grand-tante {amita magna). Le grand-
oncle maternel (auunculus magnus) est le frère de ma grand-mère. Or
quatre personnes répondent à ce nom: mon auunculus magnus (grand-
oncle maternel) est donc l'oncle maternel (auunculus) de mon père ou
de ma mère » 2.
Ces précisions permettent de compléter notre arbre généalogique
de la manière suivante, en admettant que chaque ancêtre ait au moins
un frère et une sœur:
tera la sœur de la mère. Toutes deux sont appelées theia, et quelques uns les
appellent têthis ». — Voir également le Tractatus de gradibus, 5-6.
1 Paul., Dig., 38,10,10,7: Par elites usque ad tritauum apud Romanos pro
prio uocabulo nominantur : ulteriores qui non habent speciale nomen maiores ap-
pellantur: item liberi usque ad trinepotem : ultra hos posteriores uocantur.
2 Paul., Dig., 38,10,10,15: Qui autem mihi patruus magnus est, is patri
meo uel mairi meae patruus est. Amita magna est aui sor or: auus autem, item
sorer, ut supra diximus, dupliciter intelleguntur , et ideo hic quoque quattuor per-
8ona8 intellegimus; similiter quae patris mei uel matris meae amita est, mihi erit
amita magna. Auunculus magnus est auiae f rater: quattuor personae huic nomini
eadem ratione subiectae sunt mihique is est auunculus magnus, qui patri meo
uel matri meae auunculus est. Cf. Dig., 38,10,10,16: patruus maior est proaui
f rater, patris uel matris patruus magnus. 352 JOHN SCHEID
promatertera
matertera proauunculus etc.
magna proauia
proauus
etc. matertera auuncul. proamita
magnus propatruus
auia promatertera
proauuncu lus
etc.
auunculus, — auus proauia
amita
magna proauus
etc. proamita
mater, propatruus
patruus promatertera
magnus
proauunculus etc. filius, filia matertera -
magna proauia
proauus auuncul.
pater — proamita magnus etc.
propatruus auia
h
promatertera
auus amita, proauuncu lus etc.
proauia
amita
patruus, magna
proauus patruus
proamita magnus
propatruus
La complexité croissante de ce tableau invite à une circonspection
extrême, et encore ne s'agit-il ici que d'une lignée banale, sans extrava
gances. Justinien n'a-t-il pas écrit: «... il est plus aisé de répondre à SCRIBONIA CAESARIS ET LES JULIO-CLAUDIENS 353
quel degré de parenté une personne se trouve que de désigner chaque
degré par une appellation spéciale»1?
Cette prudence est d'autant plus indiquée que, dans la vie de tous
les jours et surtout quand il fa

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents