Syntaxe du récit dans l aire drehu (Îles Loyauté) - article ; n°1 ; vol.88, pg 69-87
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1989 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 69-87
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 77
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Weniko Ihage
Syntaxe du récit dans l'aire drehu (Îles Loyauté)
In: Journal de la Société des océanistes. 88-89, 1989-1-2. pp. 69-87.
Citer ce document / Cite this document :
Ihage Weniko. Syntaxe du récit dans l'aire drehu (Îles Loyauté). In: Journal de la Société des océanistes. 88-89, 1989-1-2. pp.
69-87.
doi : 10.3406/jso.1989.2854
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1989_num_88_1_2854Syntaxe du récit dans l'aire drehu
(Iles Loyauté)
Par
Weniko IHAGE
Weniko lhage est à la fois Mélanésien et chercheur. Il dans des situations d'énonciations bien déter
dispose du double atout d'une formation de qualité et d'une minées. tradition orale dont la sophistication nous est ici montrée.
La façon dont s'orientent les étudiants océaniens est, en
soi, un phénomène intéressant. Certains collègues nous les Les circonstances sociales.
vouaient à la seule fonction d'informateurs. Weniko lhage
démontre ici qu'il peut faire mieux, ou, du moins, plus raffiné La diffusion plus ou moins restreinte des que ses maîtres. On peut se poser la question du volume
récits est régulée par le contexte social, le type nécessaire, si chaque texte de tradition orale devait subir un
traitement analytique de cette intensité. de public, les statut du récitant, et aussi par les
Dans le cas présent, le problème n'est pas tant la interdits sociaux. Ces différents éléments en profondeur et la précision du commentaire que l'analyse de la interaction et étroitement liés entre eux fofonction exacte des particules qui donnent tant de mal aux
rment le système de la production dynamique linguistes occidentaux. Sur ce point particulier, dont Maurice
Lenormand nous avait entretenu il y a quarante ans dans les d'un récit.
colonnes de ce même journal, Weniko lhage nous apporte
d'importantes précisions. Les nuances ne peuvent se réduire à
des « aspects » ; elles introduisent une cohérence dans le Les participants. texte. Leurs présences conjointes, une particule complétant et
précisant le sens de la précédante, annoncent la forme que va
Occasions formalisées : mariages, deuils, prendre le développement du récit. En particulier, f ame-trej
le changement du centre d'intérêt, la mise en valeur de la fêtes de l'igname...
qualité intrinsèque des héros, le report de cette qualité sur le
personnage principal, la mise en évidence de ce dernier ou de — Les orateurs. l'événement essentiel ; (■àmc-V.s) la cause dont on constate le
résultat, etc.. L'analyse, présentée ici par lhage Weniko,
Durant un mariage, les clans apportent des introduit une novation importante dans notre connaissance de
la structure des langues mélanésiennes. dons en nature au clan du marié. Ces participa
La réussite de nos collègues linguistes est très évidente. Ils tions en sont accompagnées de discours
sont pris à leur propre jeu et, ce qui est excellent, se sont où les orateurs — strictement des hommes âgés — fabriqué des égaux océaniens. Il convient de les en féliciter. «qatr», prennent la parole pour expliquer les
J.G. généalogies, les textes d'installation...
Lors d'un deuil, ces mêmes orateurs prononc
Circonstances sociales du récit. ent d'autres discours pour partager la tristesse
de la famille du défunt.
La performance d'un récit, effectuée dans La fête de l'igname reste une occasion où les
des circonstances sociales déterminées, met en paroles échangées mettent l'accent sur la culture
scène des participants, ayant des fonctions de l'igname, sur l'autorisation de consommer les
différentes, mais complémentaires pour la réal premières ignames. Notons que la consommat
isation d'un « contage ». Nous entendons par ion de l'igname, principale nourriture de l'Ile,
contage la production d'un récit d'un orateur est interdite avant cette cérémonie sociale. 70 SOCIÉTÉ DES OCÊANISTES
Occasions non formalisées. Cette terminologie ne correspond pas toujours
aux fonctions qu'elles occupent dans la narra
tion, ni non plus à la sensibilité linguistique du — Les veillées.
sujet parlant. Ces particules ne jouent pas
Le narrateur. seulement un rôle au plan de l'énoncé, mais
aussi de renonciation. Ce sont ces deux plans Dans la société « traditionnelle » Drehu, les
qu'elles couvrent. soirées de récit débutent toujours par des
Au moment du récit, ces morphèmes déter« Thelexôtra », sortes d'énigmes que les enfants
minent un système d'échanges linguistiques se posent entre eux, avant de se raconter des
que l'on peut représenter ainsi : « Ifejicatre », histoires pour enfants. Chaque
enfant s'efforce de restituer ces histoires, telles
qu'il les a entendues de ses parents, ou grands-
Tableau 1 parents, afin de montrer aux autres sa maîtrise
de la parole. Dès qu'ils ont épuisé leur répert
littérature présupposés oire, les parents ou grands-parents prennent la orale > > Narrateur RI — •> Auditoire relève, et terminent la soirée de récit. Le plus R3Î j R2 souvent, le grand-père essaie de rester fidèle à i î î! la « version originale ». Il y ajoutera quelques : Texte > j \ — -R5 —
expressions pour prolonger le suspens, rendre
Acteurs son récit plus agréable et plaisant, pour affi
rmer son talent, sans changer pour autant la
structure du conte. Le style personnel est un centrer Ce R. Eluerd schéma notre (1985, composantes + étude. reste Autres p. un 189) cadre définit R4 théorique la «pragmati pour ] i paradoxe de l'oralité, puisque le conteur essaie
de rester fidèle à la parole transmise, mais
modifie de temps à autre son récit.
ique comme « tentative d'ajustement » où l'on
Le public. doit ajouter, au transport de l'information, le
jeu des rôle et des actes par lesquels les Dès la phase d'ouverture du récit, le public
interlocuteurs se reconnaissent comme tels, se tait, écoute avec attention, pose des ques
tions pendant le récit. Ce jeu de questions — agissent comme tels, et fondent ainsi des
communautés linguistiques dans un monde réponses entre le narrateur et le public montre
le dynamisme du récit, où chacun apporte son humain ».
En fondant notre étude sur la pragmatique enthousiasme à la circonstance.
« L'aspect pragmatique du langage concerne de l'auteur, nous pensons que ces particules
agissent sur deux olans : les caractéristiques de son utilisation (motivat
ions psychologiques des interlocuteurs, types — elles déterminent ces systèmes d'échanges
socialisés de discours, aspect du discours, etc..) linguistiques entre les différents participants
par opposition à l'aspect syntaxique (propriétés au récit ;
formelles des contructions linguistiques) et sémant — elles assurent une cohérence dans le texte.
ique (relation entre les entités linguistiques et le Nous précisons que la structure d'un texte
monde) » '. est constitué d'acteurs, d'actions, ainsi que
Dans la production d'un texte, chacun des d'autres composantes. Dans le premier temps,
participants apporte une contribution à la nous nous intéresserons plus particulièrement mouvance du récit. Le texte est « fabriqué » à la relation entre le texte, ainsi que celle
pendant des situations d'énonciation précises. des acteurs — sous-composante du texte —
A chaque genre littéraire correspond une syn avec les autres participants de la production
taxe particulière. du récit.
Stratégies du récit. Système d'échanges linguistiques entre les
participants
Dans les textes que nous avons recueillis,
Relais et hiérarchisation des informations. nous avons remarqué un certain nombre de
morphèmes récurrents, jouant un rôle syn II. 1. Narrateur -RI- » Auditoire taxique très important. Les descriptions gram
maticales du Drehu présentent ces particules Dans la langue courante, nous avons noté
comme des aspects, antipassifs, injonctifs... une différence dans les deux énoncés suivants :
1. Dubois et Coll. Dictionnaire de linguistique, Larousse 1973. Cité par R. Eluerd p. 6. LE RÉCIT DREHU 71
quête menée par les frères. Elle transmet donc 1 . Ame I la I sinôe / celë / tre / hmu
part. déf. arbre démonst. part, gaïac une histoire, considérée

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