Syrie : la révolution économique silencieuse
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Syrie : la révolution économique silencieuse

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De Damas à Alep, la Syrie connaît une croissance économique sans précédent, grâce à un programme de réformes mené depuis une décennie. Alors que le gouvernement lance une série de grands travaux, les opportunités sont légion pour les grands groupes et les PME françaises.
Historique :
L’économie syrienne a connu une véritable révolution en 10 ans.Le
gouvernement cherche à attirer de nouveaux investisseurs, dans les
secteurs stratégiques de l’économie (transports, industrie, tourisme
santé, …). La nouvelle loi sur les PPP ouvre de nouveaux horizons
Portraits :
Une nouvelle génération d’entrepreneurs fait bouger la Syrie :
rencontre avec les partenaires potentiels pour les entreprisses
françaises.
Investissements :
Où et comment bien investir en Syrie ? Les réponses des experts
locaux dans les secteurs porteurs de l’économie.

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Publié le 07 septembre 2011
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Langue Français
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Extrait

Damas, capitale de la Syrie, est au
cœur d’une dynamique de croissance
encore méconnue. Le Produit Intérieur
Brut du pays a plus que doublé entre
2003 et 2008. La Syrie devrait afficher
une croissance de 5 % en 2010 selon
le FMI. Cette révolution économique
a été portée par le président Bachar
Al-Assad, aux commandes de l’Etat
depuis 2000. Les vastes réformes ont
ouvert le marché au secteur privé, qui
participe désormais à plus de 80 % de
la croissance. Les investisseurs inter-
nationaux ont mis le cap vers la Syrie.
Parmi eux, la France se distingue par
la diversité des entreprises présentes;
Total, Lafarge, Areva, Carrefour, ou en-
core Bel sont implantés dans ce pays
où les élites parlent français. Les rela-
tions diplomatiques se sont en effet
normalisées depuis mai 2008. M. Moh
-
sen Bilal, Ministre de l’Information,
souligne
que le pays a en mémoire
«les pas courageux de Nicolas Sarkozy
lorsqu’il est venu en Syrie» en 2008.
Réchauffement des relations
Franco-Syriennes
Une nouvelle ère s’est alors ouverte, qui
s’incarne aussi dans le secteur économique.
Les nombreuses visites bilatérales qui se
sont succédées depuis, incarnent cette
nouvelle dynamique et cet engagement
politique réciproque; après la visite de M.
Fillon en février 2010, M. Abdullah Darda-
ri, Vice Premier Ministre en charge des Af-
faires économiques est en visite à Paris en
ce mois de septembre 2010 pour rencontrer
Mme Christine Lagarde, Ministre de l’Eco-
nomie, et mener une série d’entretiens avec
les responsables économiques. L’objectif
sera de «faire un point sur la situation poli-
tique bilatérale ainsi que sur les dernières
évolutions législatives qui ont eu lieu en Sy-
rie». Lors d’une visite en Syrie en décembre
dernier, Mme Lagarde a notamment initié
des discussions concernant la participation
française au métro de Damas prévu pour
2016. L’Agence Française de Développe-
ment a ouvert un bureau dans la capitale
en octobre 2009. Elle a signé, avec la Com-
mission d’état au plan, un accord de 150
millions d’euros de projets communs pour
2010 et 2011. «Nous pensons que la Syrie
est un pays clé dans la région, pas seule-
ment pour des raisons politiques. Au niveau
économique et géographique, ce pays est
tout aussi important», expliquait récem-
ment M. Eric Chevallier, Ambassadeur de
France en Syrie. Certes, le pays ne se situe
qu’au 73
e
rang des clients de la France et
n’est que son 57
e
fournisseur (chiffres
2008). Mais le potentiel est grand: une posi-
tion stratégique entre l’Asie, l’Afrique et
l’Europe, des ressources énergétiques, une
vague de grands travaux à venir, un marché
de quelques 22 millions de consommateurs.
«Il faut plutôt considérer la Syrie comme
un pays de 300 millions de consommateurs.
En effet, elle a un rôle à jouer avec tous les
pays qui l’avoisinent, avec les continents et
les mers qui l’entourent. Historiquement,
c’est un carrefour commercial», analyse M.
Ghraoui, président du Club des entrepre-
neurs Franco-Syriens.
Le Club, lancé en mai 2009, se présente
comme une porte d’entrée idéale pour les
investisseurs. Parmi ses projets, une coo-
pération est prévue dans la formation avec
les grandes écoles de la Chambre de com-
merce de Paris.
« Mais il faut venir assez
tôt sur le marché»
, prévient M. Ghraoui. Il
cite l’exemple du Groupe Bel qui a choisi
de s’implanter à Damas.
« Bel est confronté
à un processus d’expansion important au sein
de son usine. Ils ont ainsi ciblés 17 pays de la
région pour exporter leur fromage. C’est la
preuve qu’investir en Syrie est un bon choix »
.
Déjà, entre 2008 et 2009, les exportations
françaises vers la Syrie étaient en hausse de
5%, soit un montant 303, 8 millions d’euros.
Le cadre juridique pour les investisseurs
s’inspire des lois françaises en la matière, et
les allégements fiscaux sont très attractifs.
Opportunités pour les grands
groupes et pour les PME
Pour M. Chevallier, la France a une place à
prendre dans les grands projets à venir: in-
frastructures, transport, énergie, tourisme
ou encore gestion de l’eau. Les PME ont
aussi des marchés
à saisir. Déjà, 60%
des
entreprises
françaises
expor-
tatrices vers la Sy-
rie sont des PME.
« Notre
pays
offre
aujourd’hui des op-
portunités d’affaires
dans
des
secteurs
dans
lesquels
les
Français excellent»
,
annonce M. Abdul-
lah Dardari.
« Pour une PME française, il y
a des places à prendre dans le tourisme, l’ali-
mentaire, l’éducation, les services. De même,
les grands groupes ont des marchés à décro-
cher dans l’énergie, le transport, le tourisme,
le traitement des eaux
.
Avec une croissance
démographique de 2,5 % par an, la Syrie est
un grand marché, et représente une plate-
forme idéale pour faire du commerce dans la
région »
, conclut-t-il. Parallèlement à cet
essor économique, les avancées politiques
et sociales ont été considérables. M. Sulei-
man, CEO du groupe United Group for ad-
vertising, publishing and marketing (UG),
déplore le mauvais traitement médiatique
du pays, non conforme à la réalité. Hommes
d’affaires, responsables politiques, et In-
tellectuels ont aujourd’hui un message
commun: chacun invite les acteurs écono-
miques français à venir découvrir le pays
par soi-même, au-delà des clichés véhiculés
depuis trop longtemps par les médias.
Historique
L’économie syrienne a connu une véritable révolution en 10 ans.Le
gouvernement cherche à attirer de nouveaux investisseurs, dans les
secteurs stratégiques de l’économie (transports, industrie, tourisme
santé, …). La nouvelle loi sur les PPP ouvre de nouveaux horizons.
Portraits
Une nouvelle génération d’entrepreneurs fait bouger la Syrie :
rencontre avec les partenaires potentiels pour les entreprisses
françaises.
Investissements
Où et comment bien investir en Syrie ? Les réponses des experts
locaux dans les secteurs porteurs de l’économie.
Dossier international
Vue de Damas et de l’hôtel Four Seasons surplombant la ville
Syrie: la révolution
économique silencieuse
De Damas à Alep, la Syrie connaît une croissance économique sans précédent, grâce à un programme de réformes mené
depuis une décennie. Alors que le gouvernement lance une série de grands travaux, les opportunités sont légion pour les
grands groupes et les PME françaises.
SEM Eric Chevallier,
Ambassadeur de France
à Damas
Réformes : le nouveau souffle de la
révolution économique
En une décennie, la Syrie a connu une véri-
table «révolution économique silencieuse»,
selon le mot du Premier Ministre français
François Fillon lors d’une visite à Damas
en février dernier. En juillet 2000, Bachar
Al-Assad arrive au pouvoir. Le pays passe
du socialisme à une «économie sociale de
marché» grâce à de nombreuses réformes.
En 2004, une loi bancaire autorise la créa-
tion des banques privées. Le paysage ban-
caire compte désormais 14 établissements
privés. Réforme des universités, réforme
de la loi du travail,… Le secteur privé pèse
pour 80 % dans la croissance, note M. Abou
Khater, du groupe TOEC. Il n’y a plus aucun
monopole étatique, sauf sur l’eau potable.
Autre tournant, l’économie se diversifie et
se tertiarise: le secteur tertiaire est passé
de 38 % à 45 % du PIB en 8 ans. Sept zones
franches ont été ouvertes (Damas, Alep,
Adra, Dar’a, à l’aéroport international de
Damas, et dans les ports de Lattaquié et de
Tartous), qui ont déjà attiré plus de 1000
investisseurs. Le Parti Baas est à l’origine
de ces évolutions, souligne Muhammad Al
Hussein, Ministre des Finances: «Certains
pensent que les reformes ne proviennent
pas du parti baasiste alors qu’il en est le
premier instigateur. Nous sommes ouverts à
tous types de partenariats. Nous ne sommes
pas des conservateurs. Nous avons décidé
au parti Baas de libéraliser les banques et
d’établir une Bourse.» Cette dernière a vu
le jour l’année dernière à Damas. Elle est
principalement constituée de banques com-
merciales syriennes. L’activité économique
est dynamisée par les holdings, nouvelle-
ment constituées ainsi que par de grands
groupes
aux
activités
diversifiées
(voir
page spéciale portraits d’entrepreneurs).
Le pays a bien résisté à la crise économique
mondiale, le taux de croissance du PIB est
passé de 5,2 à 4% entre 2008 et 2009. Quant
à la dette publique n’a pas dépassé 26%
du PIB l’année dernière, selon le ministère
des Finances. Autre changement majeur:
l’ouverture du marché. «Ouverture com-
merciale en éliminant les restrictions, les
monopoles, et en passant à une politique
d’exportation. Ouverture aux Investisse-
ments Directs Etrangers», résume M. Dar-
dari. Le pays concluait en 2005 un accord
de libre-échange avec la Turquie et rejoi-
gnait le GAFTA (Great Arab Free Trade
Area), la zone de libre-échange régionale.
«Nous discutons avec la Russie, la Biélo-
russie et le Kazakhstan pour conclure des
accords de libre-échange, et la prochaine
étape sera l’Afrique», note M. Dardari. Le
pays est en phase d’accéder à l’OMC, et
un accord d’association avec l’Union Euro-
péenne est en cours de négociation. Dans ce
contexte, les chiffres sont éloquents: l’In-
vestissement Direct Etranger est en hausse
de près de 10 % par an en moyenne depuis
2005. Le solde de la balance globale s’est
maintenu à l’équilibre en 2009. Certes, tout
n’est pas réglé, le secteur informel pèserait
encore pour 35 % de l’économie. La Syrie
se trouve au 105e rang, sur 185, selon l’Indi-
cateur de Développement Humain. Mais les
entreprises agissent socialement: «Nous
offrons des bourses pour l’éducation, des
donations pour soutenir les théâtres en
Syrie», révèle M. Firas Tlass, PDG de MAS
INVEST.
Dossier international
Entretien avec Mohsen Bilal,
Ministre de l’Information
Quelle a été l’évolution de l’accès à
l’information en Syrie?
M. Bilal: La Syrie a toujours été un pays
tolérant et interconfessionnel. Dans les
dernières années, le Gouvernement a eu
pour objectif de promouvoir l’accès à une
information de qualité. L’agence SANA
a longtemps été l’unique source d’infor-
mation. Désormais des journaux télévisés
sont diffusés en anglais, francais, italien et
même hébreu. Nous accueillons la presse
étrangère à bras ouverts et les centaines
de journalistes qui découvrent notre pays
sont libres d’écrire ce qu’ils souhaitent.
Face à ces faits, il n’est pas juste de nous
coller une étiquette héritée du passé. Le
Ministère n’a pas pour vocation d’être
un Ministère de la censure. Au contraire,
nous encourageons l’ouverture en jouant
un rôle de coordination, pour assurer une
couverture des sujets importants que ce
soit sur l’actualité nationale, régionale, ou
internationale.
Pensez-vous que le regard des médias sur la
Syrie est en train de changer?
Les médias ont commencé à porter un
regard différent sur la Syrie. Des change-
ments majeurs ont eu lieu au niveau socié-
tal que personne ne peut nier. Autrefois il
était difficile pour un journaliste étranger
de rencontrer des responsables politiques
en Syrie à cause du manque de confiance
ou de langue commune. Aujourd’hui, nos
représentants et décideurs publics sont ac-
cessibles et familiers des médias, syriens
comme internationaux.
Comment souhaiteriez-vous voir la Syrie pré-
sentée dans la presse étrangère?
J’aimerais que les médias étrangers
portent un regard objectif sur la Syrie,
dénué de préjugés. Il est important de
s’intéresser aux 23 millions de syriens
qui vivent dans ce pays et de comprendre
qu’ils s’investissent pour permettre à
leurs enfants d’accéder à la culture, à plus
d’ouverture et à de meilleures conditions
de vie, en défendant les valeurs du travail.
C’est cette image de la Syrie qu’il s’agit de
partager avec nos amis étrangers.
SEM Mohsen Bilal, Ministre de l’Information
Syrie : tour d’horizon
Capitale:
Damas
Superficie :
185 180 km
2
Population:
22 millions d’habitants
Géographie :
14 provinces administratives.
Frontière avec le Liban à l’Ouest, Israël et la Jor-
danie au Sud, l’Irak à l’Est et la Turquie au Nord.
Monnaie:
Livre syrienne (SYP).
PIB:
55 milliards d’USD en 2009 (5% d’augmen-
tation sur la période 2008-2009)
Taux de croissance:
Depuis 2000 et surtout
depuis 2003, grâce à un programme soutenu de
réformes structurelles, le paysage économique a
beaucoup évolué, et aujourd’hui, le décollage du
pays suit une courbe ascendante. La croissance
est aux alentours de 5%.
Taux de natalité:
29 ‰ en 2009
Taux de chômage :
9,2% en 2009
Taux d’inflation :
3,8 % en 2009
Religions:
90% de Musulmans (dont 80% de
Sunnites, 7% de Alaouites, 2% de Druzes, 1% de
Ismaélites, 0,5% de Chiites) et 9% de Chrétiens.
Régime:
La période précédant l’arrivée de Bachar
Al-Assad a la présidence en 2005 a été marquée
par une économie socialiste,résolument tournée
vers une production autarcique visant à l’autosuffi
-
sance.Aujourd’hui,l’économie syrienne a opéré une
véritable révolution culturelle. L’afflux de capitaux
arabes a aidé également le pays à sortir de son isole-
ment. Le régime se définit comme une « économie
sociale de marché »,modèle acté en juin 2005,et
cadre du processus actuel et continu d’ouverture et
de réformes dans le pays.
Le Président est le chef des forces armées et Secré-
taire Général du parti Baas.Le pouvoir législatif est
confié au Conseil du Peuple (250 membres).
Représentation politique :
En 1963,le pays
devient une République socialiste,sous la direction
du parti Baas.La République Arabe Syrienne est
une démocratie populaire et socialiste régie par la
Constitution de 1973.Elle est présidée par Bachar
Al-Assad qui succède a son père Hafez ElAssad en
juillet 2000.
Liens utiles:
www.tresor.economie.gouv.fr/se/syrie/infopays.asp
www.theodora.com/wfbcurrent/syria/syria_economy.html
www.syriainvestmentmap.org
www.interex-bretagne.com/fr/les-marches/atlas-pays/
syrie/investir
Production et rédaction:
Julie Valette, Florence Paque,
Philippe Dagouassat, Olivier Lowe, Sonia Bertho
contact@nbcom.eu
Dossier accessible en ligne sur
www.nouveleconomiste.fr/archives
Remerciements à:
l’Ambassade de France et la Mission économique,
Abeer Al Ahmad et Fathya Hassan.
Visite officielle du Président Al-Assad à Paris en 2008
SEM Abdullah Al Dardari, Vice-Premier Ministre aux
Affaires é
conomiques et SEM Mohammad al Hussein,
Ministre des Finances
*
L’Ouverture du monde
de la presse
Dans les dix dernières années qui ont
marqué l’arrivée de Bachar Al-Assad au
pouvoir, l’industrie des média a connu
des changements profonds. En 2001, un
décret autorisant l’investissement privé
a provoqué un essor considérable des
publications écrites, mais aussi celui des
chaînes TV, radio ou d’internet.
Conséquence de cette libéralisation
et de l’ouverture au privé, le domaine de
la presse écrite a connu la croissance la
plus significative de l’industrie, avec près
de 250 publications sous licence depuis
2001, comprenant des revues écono-
miques, culturelles,… ainsi que des ma-
gazines politiques, qu’ils soient privés ou
publics.
Un secteur en
pleine expansion
Souvent conduits par la jeune génération
d’hommes d’affaires syriens, les groupes
de presse privés, se financent grâce aux
recettes publicitaires. United Group for Pu-
blishing, Advertising and Marketing, l’un
des principaux acteurs de cette industrie
grandissante, est l’ambassadeur de ces
groupes jeunes et créatifs. Fondé par Majd
Suleiman, le groupe compte aujourd’hui
5500 employés dans le monde. M. Sulei-
man se réjouit des perspectives d’avenir
de son activité. Dans un contexte global
morose pour le secteur, celui-ci n’attend
pas moins de 30% d’augmentation de son
chiffre d’affaires cette année.
« Une crois-
sance soutenue par l’arrivée de nouvelles
marques, dans l’alimentaire, la mode ou
encore les cosmétiques. Le marché publi-
citaire est en train de se sophistiquer»,
indique ce jeune entrepreneur ambitieux.
Le groupe propose un panel diversifié
de plus d’une dizaine de titres, quotidiens,
hebdomadaires ou mensuels. Après avoir
développé son réseau de distribution en
Syrie, United Media a su s’étendre au
Moyen Orient puis désormais en Europe.
Longtemps discrète, la presse internatio-
nale elle aussi se développe en Syrie : la
plupart des grands titres internationaux
sont aujourd’hui distribués en kiosques à
Damas, le célèbre International Herald Tri-
bune s’apprête à étendre sa distribution
en Syrie avec un partenaire libanais, et
les journalistes étrangers sont de plus en
plus présents dans les rues de la capitale.
Autre phénomène, la déclinaison
de titres internationaux en versions
moyen-orientales : United Média Group a
construit sa valeur ajoutée sur la publica-
tion de titres internationaux adaptés au
public arabe. Ainsi, le groupe distribue
aujourd’hui le magazine Gala (en Syrie,
au Liban, et aux Emirats Arabes Unis),
ou encore Marie Claire Arabic Magazine
(en Syrie, Liban, EAU, et au Koweït), qui
reprend la ligne éditoriale du célèbre heb-
domadaire féminin, en langue arabe.
Des concepts créatifs qui
s’exportent
Longtemps en retrait en Syrie, de nou-
veaux supports, adaptés aux attentes et
aux centres d’intérêts de la jeune généra-
tion syrienne se développent : les maga-
zines de « lifestyle », automobile, mode,…
sont par exemple aujourd’hui les guides
de référence de la jeunesse syrienne. Et
ces concepts s’exportent : imaginé en Sy-
rie par United Group, Layalina le Magazine
dédié à l’actualité artistique, culturelle
et à la mode se décline désormais dans
près de 15 éditions internationales dans
le Monde Arabe, mais aussi en Pologne,
en Russie, aux îles Comores et en France :
« le concept a été initié à Montpellier et
présente les tendances, les bons plans
et le who’s who’s de la région. C’est au-
jourd’hui le seul magazine exclusivement
consacré à l’évènementiel de Montpellier
et sa région. Fort de ce succès, nous pré-
parons d’autres développements dans de
nouvelles villes de France »
annonce Majd
Suleiman.
Média : la nouvelle ère
Tour d’horizon de la presse nationale avec Majd Suleiman. Le Président de United Group for advertising,
publishing and marketing (UG) poursuit son expansion jusqu’en France.
Dossier international
Entretien avec Majd Suleiman,
Président de United Group for
advertising, publishing and
marketing
Que pensez-vous du processus
de réformes qui a contribué
à la modernisation du secteur de la
communication et de la publicité?
M. Suleiman : Le premier impact majeur
a été l’impressionnante augmentation
du nombre de journaux, radios et
chaines de télévisions. Désormais
en Syrie vous pouvez trouver plus de
200 titres et publications couvrant
des sujets aussi divers que le sport,
la mode, l’économie ou la science.
L’environnement s’est nettement
professionnalisé grâce à l’association
de sociétés de medias privées avec
des agences internationales, qui leur
fournissent des experts internationaux
en communication et leur permettent
un partage réussi de connaissance et
d’expérience.
Jusqu’à quel point considérez-vous que
le secteur des médias désormais privé
est indépendant ?
De nombreux hommes d’affaires aiment
se lancer dans le secteur des médias
car il véhicule une image de glamour
et de modernité, qui permet d’accéder
à un certain statut social. Même
quand certains médias ne sont pas
rentables, ils sont parfois maintenus
car ils contribuent à l’image de leur
fondateur. En Syrie, il est malheureux
de voir que la plupart des médias de
presse qui disparaissent ont été crées
par des journalistes qui ne peuvent
assurer suffisamment de retour sur
investissement. La plupart des journaux
qui sont créés par des hommes d’affaires
et businessmen en Syrie touchent à
des sujets tels que la mode ou la vie
sociale. La rentabilité est alors plus
grande que celle de médias politiques
ou financiers où il reste encore de la
place pour de nouvelles publications de
qualité reposant sur de solides business
models.
Quelles sont majoritairement les attentes
du lectorat en Syrie ?
M. Suleiman : Avec l’évolution du
marché, la demande augmente pour
des magazines abordant des sujets
de plus en plus spécialisés. Dans le
Monde Arabe en général, les magazines
féminins concentrés sur la mode, les
célébrités et la société ont énormément
de succès. Il est essentiel pour chaque
journal de s’adapter au marché local. Les
normes et les goûts varient même entre
pays voisins du Monde Arabe. Ainsi
certains journaux distribués en éditions
régionales, mais sans être adaptés au
marché syrien, ont rarement été des
réussites.
Panneau publicitaire à Damas
SEM Président du United Group
for Publishing, Advertising and Marketing
Entretien avec S.E.M. Eric Chevallier,
Ambassadeur de France à Damas
Quelle analyse portez-vous sur le climat
d’affaires pour les entreprises françaises en
Syrie?
Je suis convaincu qu’existent de nom-
breuses opportunités en Syrie pour les
sociétés françaises. Les avancées faites
depuis dix ans sous l’impulsion du Pré-
sident Assad en matière d’ouverture et
de modernisation de l’économie sont
notables. La loi à l’étude sur les parte-
nariats public-privé devrait marquer un
signal fort, notamment pour les investis-
seurs étrangers.
Je me réjouis de voir des fleurons de
l’économie française s’intéresser à la Sy-
rie.Total, ou plus récemment CMA CGM
et Air liquide, sont autant d’exemples
encourageants. Et ce n’est qu’un début :
le groupe Lafarge inaugure prochaine-
ment sa première usine dans le nord du
pays, avec un investissement considé-
rable de plus de 400 millions d’euros.
EADS vient de vendre des ATR à Syrian
Air. Le groupe Accor a signé récemment
avec la principale holding syrienne un
contrat pour la gestion de deux hôtels et
d’un centre d’affaires à Alep. Carrefour,
et désormais Danone et Monoprix sont
présents. Les PME françaises ont égale-
ment une place à prendre, à l’instar du
groupe Bel depuis 2005 et récemment
de la société Loftus qui s’associe à un
groupe syrien pour construire le premier
parc d’attraction en Syrie. Les opportu-
nités sont là, elles sont solides. Et il est
important que nos entreprises se posi-
tionnent dès à présent sur un marché
stratégique, vu sa forte croissance, son
très fort potentiel et sa position centrale
dans la région. Mais, attention, la concur-
rence s’accentue.
Quels sont vos axes prioritaires pour
consolider les relations bilatérales entre la
France et la Syrie?
Notre objectif est développer un parte-
nariat solide et durable au service de nos
intérêts communs. Il s’agit de traduire
par davantage de réalisations concrètes
la nouvelle dynamique des relations
Franco-Syriennes depuis la relance de
notre dialogue politique à l’initiative des
deux Présidents en 2008. Ce dialogue
intéresse nos deux pays, mais aussi
l’Europe et le Proche et le Moyen-Orient,
compte tenu de la place qu’y tiennent la
France et la Syrie.
La France appuie la Syrie dans le mouve-
ment de réforme de son économie mais
aussi de son administration. Enfin, je ne
saurais oublier la culture. En plein déve-
loppement, qu’il s’agisse de nos échanges
artistiques (y compris avec la promotion
de jeunes créateurs), académiques, de
l’archéologie et des sciences sociales,
de la santé…, la coopération culturelle
Franco-Syrienne franchit elle aussi une
nouvelle étape, comme l’illustre le projet
exemplaire entrepris sous l’autorité de
Mme Asma Al Assad en partenariat avec
le Musée du Louvre pour mieux pré-
server et valoriser l’exceptionnel patri-
moine archéologique syrien.
Dossier international
Investissements : des
opportunités à saisir dans tous
les secteurs
«Les opportunités se trouvent dans tous les
secteurs», explique M. Antoun Betinjaneh,
membre de la Fédération des chambres
d’industrie. Au niveau énergétique, les pro-
jets d’importation de gaz irakien mis en
œuvre par Total peuvent s’avérer intéres-
sants pour des groupes privés producteurs
d’électricité. Près de 25 parcs industriels
sont en cours de construction, et pourront
accueillir des sociétés françaises, révèle
M. Dardari. Le groupe Lafarge a rempor-
té en juin 2008 un appel d’offres pour la
construction de deux cimenteries ultramo-
dernes, un investissement de 1,2 milliard de
dollars en partenariat avec MAS INVEST.
50 millions d’euros seront dédiés à des pro-
jets d’agriculture et d’irrigation. Le pays
s’ouvre également au développement du
tourisme médical. Ouvertures pour un nou-
vel opérateur télécoms, développement
des hôpitaux et organismes de santé, libé-
ralisation du du système éducatif. Telecom,
santé, éducation: tous les secteurs sont en
développement. Confrontée à son boom
économique, en 2009, la Syrie se place au
8
e
rang des villes les plus chères du monde
pour l’immobilier de bureau selon une
étude du cabinet de conseil en immobilier
Cushman and Wakefield. Le pays a besoin
de bâtir 800 000 appartements dans les 5
prochaines années. «Le logement et les
transports publics sont les priorités pour
notre pays», souligne M. Ganama. A l’instar
de celui-ci les groupes comme TOEC et Al
Fadel se réjouissent de ces nouvelles priori-
tés et se sont enfoncés dans la brèche pour
dynamiser leur croissance sur ces nouveaux
marchés.
Concernant
la
grande
distribution,
«l’ouverture de Carrefour à Alep a transfor-
mé le marché, puisque les grandes surfaces
représentent aujourd’hui 30% des parts
de marché locales. Fort de cette réussite,
le groupe s’implante à Homs et va ouvrir à
Damas. Monoprix va ouvrir deux magasins.
Les Français sont les seuls sur ce secteur
en pleine expansion», rapporte Antoun
Betinjaneh membre de la Fédération des
Chambres d’Industrie de Syrie.
Des dispositions légales
avantageuses
Le gouvernement a mis en place des dispo-
sitifs attractifs pour les investisseurs. Les
lois syriennes prévoient un impôt sur les
bénéfices plafonné à 8% du bénéfice réel.
«Nous appliquons 0% de taxes douanières
sur l’importation du matériel contribuant
à élaborer des projets d’investissement en
Syrie», explique M. Al Hussein, Ministre
des Finances. «Un investisseur peut rame-
ner son argent en Syrie et le rapatrier avec
les gains et les profits qu’il a fait. Il peut
aussi emprunter de l’extérieur en devises
étrangères et il peut payer et rembour-
ser ses dettes en devises extérieures. Il
peut acheter les devises extérieures de la
banque. Ce n’est pas à lui de trouver les
devises. La banque est obligée de lui don-
ner les devises», détaille le gouverneur de
la banque centrale M. Adib Mayyalé. Dans
la restauration, le groupe Le Duff (Brioche
Dorée) a signé en 2007 un contrat de fran-
chise qui prévoit l’ouverture de 25 restau-
rants à travers le pays.
Sur la route de Damas
Inauguration du projet immobilier de Emaar Syria
à Yafour
Recherche de partenaires privés
«Ce qui compte, c’est la prise de conscience
effective d’efforts continus à mener pour
améliorer l’environnement des affaires»
déclare Mohammed Haykal, Chairman de
Haykal group. En effet, le gouvernement
donne
un
second
souffle
aux
réformes,
à travers le 11
e
Plan quinquennal (2011-
2015). Ses priorités sont la réforme des
institutions, «pour offrir de meilleurs ser-
vices aux citoyens», offrir une éducation
«d’excellence et gratuite», mais aussi le
développement durable, notamment la ges-
tion de l’eau, explique M. Dardari. La Syrie
entend investir 50 milliards de dollars dans
les infrastructures dans les 5 années à venir,
souligne leVice Premier Ministre en charge
des Affaires économiques. «4 milliards de
dollars dans l’électricité, 3 dans les trans-
ports, 6 dans l’agriculture et l’irrigation, 4
dans l’éducation, 3 dans le logement, et au
moins 1,5 dans le tourisme», détaille t-il.
«Sur un modèle 50% privé, 50% public,
notre mot clé est partenariat», ajoute M.
Dardari. Pour cela, il poursuit les réformes
juridiques, afin de rendre la Syrie toujours
plus attractive. Des solutions de
finance
-
ment innovantes sont à l’étude du côté des
partenariats publics-privés: «la formule
«Build Operate and Transfert» est déjà une
pratique utilisée pour financer certains in
-
vestissements» note M. Antoun Betinjaneh,
membre de la fédération des chambres d’in-
dustrie. Une loi sur les Partenariats Publics
Privés (PPP) est actuellement en cours de
rédaction, complète M. Al Fadel (Al Fadel
Group), qui comme beaucoup de privés voit
dans cette nouvelle formule une source
d’opportunités pour ses activités.
La Syrie : hub régional
Le secteur des transports est décisif dans
ce plan quinquennal. L’objectif est de
«renforcer le rôle de la Syrie comme pays
de transit dans le Monde Arabe», annonce
M. Badr, Ministre des Transports. Il entend
renforcer les liens ferroviaires et routiers
entre la Syrie et les pays voisins, améliorer
l’infrastructure des ports et libéraliser le
transport aérien domestique. Un projet de
ligne ferroviaire à grande vitesse (250 km
à l’heure) est en cours. Il relierait Damas
à Amman, en Jordanie, et à l’Arabie Saou-
dite. Un appel d’offre pour la construction
d’un second terminal à l’aéroport de Damas
va être lancé en 2011, signale par ailleurs
M. Badr. L’objectif est d’atteindre une capa-
cité de 5 millions de passagers par an qui
va compléter les 5 millions actuels. 1200 km
d’autoroutes sont prévus, afin de doubler le
réseau. Quant au métro, il devrait pouvoir
transporter environ 800 000 passagers par
jour sur Damas et sa périphérie en 2016.
Selon M. Badr, francophone, diplômé de
l’école des Ponts et Chaussées, ces projets
sont autant d’opportunités pour les entre-
prises hexagonales. Ainsi, la compagnie
CMA-CGM a obtenu en 2009 le dévelop-
pement et la gestion d’un terminal conte-
neur dans le port de
Lattaquié. «Nous
voulons faire de la Syrie un hub entre les
pays Arabes, l’Asie et l’Europe», résume
M. Dardari. Pour financer ces chantiers,
le gouvernement souhaite faire venir de
grandes banques. «Les banques étrangères
sont autorisées depuis le 1
er
janvier 2010
à détenir jusqu’à 60% du capital des insti-
tutions bancaires actives sur le marché sy-
rien, contre 49 % autrefois. Cela va attirer
de nouveaux acteurs ainsi que la présence
de banques d’investissement», explique
M. Muhammad Al Hussein, Ministre des
Finances.
Dossier international
Ces Syriens qui font bouger l’économie
Portraits d’entrepreneurs syriens
Betinjaneh Est
Groupe initialement spécialisé dans le
textile qui s’est étendu dans l’industrie, le
trading et l’agro-alimentaire
Mr Habib Betinjaneh a travaillé avec les
plus grands groupes français: Rhône Pou-
lenc, ou le groupe français Bel afin d’initier
la distribution de leurs produits dans le
Monde Arabe. C’était il y a 30 ans, il ven-
dait alors 200 caisses de fromage par an.
Aujourd’hui, son groupe distribue 27000
tonnes dans toute la région et emploie 500
personnes. Mr Betinjaneh a diversifié ses
activités: textile, usines de riz, d’olive et
de lait en poudre. Il souligne les qualités
commerciales des Syriens, qui s’avèrent de
bons ambassadeurs pour des entreprises
françaises dans la région.
Souria Holding
M. Joud assure la présidence de Souria
Holding depuis 2007. Ce groupement de 24
des plus importants businessmen du pays
repose sur un capital de 85 million US $,
investit dans des projets de développe-
ments en Syrie (immobilier, tourisme, san-
té, infrastructures,….). L’homme d’affaires
est également un partenaire de choix des
grands groupes internationaux, dont Bel,
Danone, Procter & Gamble, Pepsi Syria,
Panasonic, qui l’ont choisit pour la distri-
bution de leurs produits. En 2009, il a reçu
le prix de la réforme économique syrienne
pour son leadership visionnaire et sa contri-
bution à l’économie syrienne.
MAS INVEST
Groupe diversifié dans l’agroalimentaire,
la construction, l’immobilier et le
commerce
MAS INVEST, dont M. Firas Tlass est le
PDG, a été fondé en 1980. MAS Distribu-
tion est l’une des sociétés du groupe avec
un capital de 5 Million US Dollars. Palmyra
Real Estate Development Company, une
autre filiale du Groupe possède 2,6 million
de m2 d’immobilier de luxe («prime real
estate») à Damas, Alep et Lattaquié. 50%
de ses parts ont été acquis en juin 2010 par
le développeur egyptien SODIC. Désormais
la société s’appellera PALMYRA-SODIC et
sera présidée par M. Firas Tlass.
« Nous avons axé notre diversification sur
le développement immobilier entre 2006
et 2009 et entre 2010 et 2015, nous nous
concentrons sur l’industrie», rapporte M.
Tlass.
«Nous avons plus de 20 partenaires étran-
gers, fonds et investisseurs privés, qui vont
nous rejoindre afin de mener de nouveaux
projets dont une société d’engrais, et un
autre portant sur l’énergie solaire», an-
nonce M. Tlass.
Parmi ces partenaires, le Groupe Lafarge,
qui s’implante en Syrie ou EFG HERMES,
qui entre ainsi sur le marché syrien. Le
fonds égyptien détient 70% des parts, et
l’homme d’affaires syrien Firas Tlass, 30%.
Chaoui Group
Entreprise diversifiée, notamment dans
les pharmaceutiques, le papier et les
produits chimiques
Fondée en 1933, le groupe dirigé par M.
Naji Chaoui possède de nombreuses af-
faires, et représente dans la région des
sociétés étrangères, notamment pharma-
ceutiques et papetières. Il est implanté en
Syrie, Liban et Jordanie. «Aujourd’hui tout
est possible car le pays bouge », affirme M.
Chaoui, qui ajoute: «la première chose à
trouver pour un investisseur qui s’intéresse
à la Syrie est un partenaire national straté-
gique».
Arafeh Holding
Des produits pharmaceutiques
au tourisme, le groupe créé il y a plus de
50 ans s’est diversifié au plan régional
et sectoriel.
«Les biens d’équipement (le groupe repré-
sente un système novateur de parking intel-
ligent), le packaging et les nouvelles tech-
nologies viennent compléter l’activité his-
torique», explique son Président Safwan
Arafeh. Et le groupe continue désormais
son expansion dans le tourisme avec deux
projets de “Resorts” qui sont en cours à
Lattaquié. Dans l’immobilier M. Arafeh
prépare un macro projet de zone écono-
mique franche en bordure de Damas, qui a
pour objectif d’attirer les investissements
privés. Les investisseurs français qui sou-
haiteraient tirer parti de la position de hub
de la Syrie et des facilités qu’elle proposera
y sont attendus. M. Arafeh indique que son
groupe recherche des partenaires interna-
tionaux pour la distribution internationale
de ses produits ainsi que des investisseurs,
notamment pour des projets d’infrastruc-
tures.
Al Fadel Group
Présent dans la construction, les
infrastructures, les communications et
satellites, la finance, l’environnement…
Le groupe, dirigé par M. Al Fadel, est pré-
sent dans de nombreux secteurs. Il est à
l’origine d’une joint venture avec Globe-
Cast, une filiale de France Telecom pour
la diffusion de programmes télévisés par
satellite. L’entreprise syrienne apporte son
expertise marketing. M. Al Fadel déplore
Habib Betinjaneh
«Les Syriens : des ambassadeurs
commerciaux d’excellence
dans le Monde Arabe.»
Adib Alfadel
« Une future connexion
Europe-Syrie »
Firas Tlass
«For the Sake of Syria»
(«Pour le bien de la Syrie»).
Naji Chaoui
«Bien choisir son partenaire
national pour s’implanter.»
Haytham Joud
« Souria holding : les plus grands
projets immobiliers du pays »
Rami Makhlouf
«Pour une Syrie stable
et prospère»
Dossier international
Le secteur privé se réorganise pour investir
dans la Syrie de demain
L’économie syrienne connaît une profonde
réorganisation de son secteur privé: à côté
de structures familiales plus traditionnelles
et qui se professionnalisent progressive-
ment, on assiste à la création de holdings
majeures qui donnent naissance à des
partenariats internationaux et des projets
d’ampleur inédite. Ces évolutions per-
mettent au secteur de gagner en puissance
et de maintenir un rythme de croissance
élevé.
Depuis 2007, Cham Holding regroupe
73 partenaires syriens. Son capital de 360
millions de dollars US est dirigé vers des
initiatives dans l’immobilier, le tourisme,
les transports notamment via ses sociétés
Bena Properties et Sana Investment.
Autre holding qui regroupe des hommes
d’affaires syriens, Souria Holding détient
85 millions de dollars US. Ses 24 membres
fondateurs investissent depuis 2007 dans
les secteurs de la santé, de l’immobilier,
mais aussi des infrastructures. Il s’est ainsi
associé avec la compagnie française CMA-
CGM qui a remporté en 2009 la concession
du terminal à conteneurs du port de Lat-
taquié.
Quant à la Syro-Qatari Holding, elle est
fondée sur un schéma innovant, permettant
au Qatar d’investir pour le développement
de la Syrie, en partenariat avec l’Etat. Elle
s’engage dans la construction d’hôpitaux ul-
tra modernes ou encore dans des complexes
électriques. Son Président Nasser Hassan
Al Ansari se réjouit de pouvoir proposer à
quelque mille docteurs et autres médecins
spécialistes de la diaspora syrienne aux
états Unis de revenir exercer en Syrie dans
le cadre du projet d’une ville qui leur sera
entièrement dédiée et qui doit dispenser
sur place des soins de la plus grande qua-
lité.
Nouveauté, le secteur privé s’implique
dans des macro-projets, en partenariat avec
l’Etat, dans les secteurs stratégiques, à sa-
voir infrastructures (routes, réseaux ferrés,
transports....), santé, tourisme, immobilier.
Dans le secteur de l’électricité, l’Etat invite
les acteurs privés à investir par exemple
dans les fermes éoliennes dans les régions
d’al-Hijané et d’al-Sikhné. Par leur taille et
leur puissance, ces holdings soutiennent la
modernisation du pays en assurant le finan
-
cement de gros projets aux côtés de parte-
naires étrangers. Lafarge a trouvé l’appui
de Firas Tlas, du groupe MAS INVEST, afin
de construire des cimenteries en Syrie.
Sofitel, du groupe Accor, s’est associé avec
Cham Holding pour s’implanter dans le
pays. Le secteur a atteint la taille critique
pour accompagner des projets de grande
ampleur en Syrie.
l’image négative du pays dans les médias.
Positif pour l’avenir, il insiste sur la «fu-
ture connexion entre la Syrie et l’Europe»,
grâce aux projets de transports: ports, au-
toroutes, aéroports. «La création de joint
ventures entre l’Etat syrien et des entre-
prises françaises est essentielle pour ces
chantiers». Son groupe entend participer à
cette vague de projets, et renforcer sa coo-
pération avec des compagnies hexagonales.
Abou Wafta
Entreprise de distribution de montres
de luxe
La société Abou Wafta, fondée en 1960,
propose sur le marché syrien 17 grandes
marques d’horlogerie, dont Bulgari, Chanel
et Hublot, et des marques de bijoux comme
De Grisogono ou Chaumet. Elle possède 12
points de vente, explique M. Bassam Abou
Watfa, son PDG. «Il y a certainement de la
place pour les marques françaises. Je pense
que la baisse des droits d ‘importation (pré-
vu par un accord signé avec l’UE) attirera
d’ ici 5 ans les plus grands noms français
comme par exemple LVMH. Nous sommes
ouverts à tout type de partenariats. Notre
clientèle est principalement locale, mais le
boom du tourisme nous permet de croire
que les gens du Golfe auront tendance à
venir davantage», conclut M. Abou Wafta.
Ganama
Groupe présent dans l’ingénierie
et le génie civil
Le groupe Ganama, dont l’activité génère
50 millions de dollars US par an, est en train
de fusionner ses multiples filiales. « Avec
la raréfaction des réserves de pétrole et
de gaz, nous nous sommes diversifiés. Au
-
jourd’hui nos activités sont tournées pour
moitié vers le pétrole et le gaz, pour l’autre
vers les infrastructures, notamment le trai-
tement des eaux», souligne son président
M. Ganama, ingénieur civil de formation.
Il se réjouit de l’arrivée de compagnies
françaises sur divers projets: construction
de centrales électriques, métro, aéroport.
«Notre groupe, qui est solide, peut appor-
ter son soutien, concernant la construction
et la logistique, que ce soit comme sous-trai-
tant ou comme partenaire», annonce t-il.
TOEC
(Technical Office for Engineering &
Contracting International), groupe posi-
tionné entre autres sur l’ingénierie, la
construction, l’industrie, import-export
Le groupe TOEC, fondé il y a 53 ans, opère
en Syrie, Algérie et Arabie Saoudite. Avec
2200 employés, il s’est diversifié dans tous
les secteurs, jouant un rôle majeur dans
la construction et l’import-export. Selon
ses dirigeants, Mamdouh Abou Khater et
son partenaire Aref Akhrass, les 3 secteurs
d’avenir en Syrie sont l’immobilier, l’infras-
tructure et le tourisme. «Nous pouvons
offrir les meilleurs travailleurs et les meil-
leurs matériaux à des partenaires étran-
gers. Nous ne sommes pas les moins chers,
mais nous offrons les meilleurs résultats.
Nous apportons une véritable sécurité à des
investisseurs. TOEC offre aussi ses connais-
sances sur les coutumes et les réglementa-
tions du pays», explique M. Abou Khater.
Le groupe entend se tourner vers de nou-
veaux horizons: l’Irak et la Libye.
Julia Dumna
Groupe spécialisé dans le tourisme
et les voyages
Avec ses quelques 1200 employés, le groupe
Julia Dumna est le seul en Syrie à propo-
ser des séjours touristiques répondant aux
meilleurs standards internationaux. Son
dirigeant, Dr. Eng Khaldoun Makhlouf, met
en avant la diversité des services, tels la
location de véhicules, et les nombreux par-
tenariats noués, notamment avec les hôtels
Sharbandar Palace à Damas, et le Coral
Hotel à Alep. De belles perspectives de dé-
veloppement se dessinent avec l’expansion
du tourisme et l’augmentation des partena-
riats avec les acteurs du secteur.
Cham Holding
Considéré comme l’une des principales
figures
économiques
du
pays,
Rami
Makhlouf,Vice Président du Groupe, dirige
un ensemble d’entreprises de télécommu-
nication et de BTP qu’il a su faire prospè-
rer avec l’ouverture du marché syrien au
capitaux étrangers. Il siège dans plusieurs
conseils d’administration dont Cham hol-
ding, Syriatel,…
Signature entre Cham Holding et le groupe ACCOR
Le projet Abraj Sourya de Souria Holding
Porte d’entrée de la Citadelle d’Alep
Mosquée des Omeyyades à Damas
Lampes et tissus traditionnels
Johnny R. Saadé et ses fils, Karim et Sandro, réunis
autour d’un Château Bargylus 2007
Citadelle d’Alep
A la découverte du pays
La Syrie recèle de nombreuses surprises
pour qui vient la visiter, ou souhaite
conclure un voyage d’affaires par une
échappée touristique. Le premier attrait
de la Syrie est l’hospitalité de ses habi-
tants, comme le remarque Dr. Eng Khal-
doun Makhlouf, dont la société Julia
Dumna, propose des parcours touris-
tiques à travers le pays.
Dans la capitale, la vielle ville est ins-
crite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Elle abrite la splendide mosquée des
Omeyyades, construite au VIII
e
siècle.
Elle était à l’époque le plus grand édifice
du monde musulman. Pour se plonger
dans la culture locale, il faut se rendre au
souk al-Hamadiyyeh.
Le Krak des Chevaliers
Dans la vallée d’Oronte, à l’ouest de
la Syrie, se trouve le célèbre Krak des
Chevaliers. Ce gigantesque château fort
est inscrit depuis 4 ans sur la liste du
patrimoine mondial de l’humanité par
l’Unesco. Les croisés mirent environ un
siècle à bâtir l’édifice perché sur une
colline de 750 mètres de haut. Le Krak
pouvait abriter 4 000 hommes. Il rappelle
que la région fut l’objet de luttes achar-
nées entre l’Islam et les croisés.
Alep et autres sites d’exception
Dans la région du Hauran, le théâtre
romain de Bosra est l’un des mieux pré-
servés au monde. Le monastère chrétien
de Marmoussa, à nouveau habité depuis
1992 par une communauté, est impres-
sionnant. D’ailleurs, les différentes reli-
gions cohabitent en Syrie en parfaite
harmonie, signale M. Al Fadel, du groupe
du même nom. Tout comme son éternelle
rivale Damas, Alep prétend au titre, ô
combien convoité, de plus ancienne cité
habitée du monde. Les caravanes char-
gées d’encens, d’épices et de soies ont ali-
menté, des siècles durant, ses légendaires
souks d’où l’on ramènera l’authentique
savon qui a fait sa réputation. Non loin
les villes mortes Sergilla, Al-Bara, Ebla
abritent des vestiges d’architecture chré-
tienne. Le pays fut en effet une des terres
d’élection du christianisme primitif. Une
coopération archéologique a lieu avec la
France sur certaines de ces villes. Enfin,
le site de Palmyre est à ne pas manquer
(voir page suivante).
Gastronomie
A table, feuilles de vigne farcies, fro-
mages, hommous et taboulé composent
des repas raffinés et sains. Vous décou
-
vrirez les vins locaux, appréciés des com-
munautés chrétiennes du pays. S’ils sont
moins connus que ceux du Liban, ils les
égalent largement, voire les surpassent.
Ainsi, le domaine Bargylus, situé à 900m
d’altitudeaunord-ouestdelaSyrie,estun
des vins réputés du pays. Le domaine de
12 hectares est la propriété de la famille
Johnny R. Saadé. Bargylus est élaboré à
partir de cépages Cabernet Sauvignon,
Merlot et Syrah pour le rouge. Pour le
blanc, la vigne est plantée en Sauvignon
Blanc et Chardonnay. La vinification est
supervisée par Stéphane Derenoncourt,
œnologue conseil. La famille s’attache
à défendre «une philosophie du terroir
résolument ancrée dans le travail de la
vigne et la vision agricole d’un métier
qui remonte à des temps immémoriaux».
Séjourner à Damas
Les «maisons d’hôte de luxe» offrent
une alternative aux hôtels situés dans les
quartiers d’affaires. Anciennes maisons
du 17
e
siècle situées dans la vieille ville
près de la porte de Bab Touma, le quar-
tier chrétien, ces bâtisses d’époque ont
été converties en boutique hôtels d’une
dizaine de chambres. Parmi elles:
Le Shahbandar Palace
Fameux boutique-hôtel du groupe Julia Dumna
au style unique à Damas
www.alshahbandar-palace.com
Beit al Mamlouka
Après le succès du Beit al Mamlouka aux 8 chambres
personnalisées avec goût dans une maison de famille
de la période ottomane, le propriétaire, Antoun
Muzannar ouvre en août 2010 l’hôtel Dar Al Mamlouka
tout aussi spectaculaire dans le quartier de Bab Touma
www.almamlouka.com
Art House
Unique en son genre, l’hôtel Art house est la première
« galerie hôtel » du pays. Son propriétaire et son
directeur Ghiath Machnok ont su sublimer un ancien
moulin ottoman qui abrite une dizaine de chambres
et une galerie d’art. On vient également y découvrir
le talent des artistes contemporains syriens : dans la
peinture, la musique,…
www.i-escape.com
Hôtel Omayad
Cet établissement 4 étoiles est idéalement situé pour
la communauté d’affaires à Damas. Pour son directeur
M. Selloum, l’hôtel Omayad a une âme : « nous sommes
là depuis 1930, nous avons des clients dont l’arrière
grand-père était déjà client. Nous mixons l’art de
l’hospitalité Arabe avec la technique de management
Suisse. C’est ça le secret» Membre du réseau des
Special Hotels of the World, l’hôtel accueille une
clientèle à 80 % étrangère, preuve du dynamisme
économique dans la capitale. Les raisons du succès:
un emplacement idéal, un accueil exceptionnel et
une authenticité qui nous fait basculer entre hier et
aujourd’hui en parcourant les pages du livre d’or de
l’hôtel. Aujourd’hui l’hôtel est aussi connu pour son
bar à ciel ouvert, le Z bar, qui fait danser la jeune
génération damascène jusqu’au lever du jour.
www.omayad-hotel.com
Hôtel Four Seasons Damascus
Ouvert en 2008, l’hôtel Four Seasons est situé en
plein coeur du centre d’affaires de Damas. L’hôtel
est aujourd’hui un incontournable de l’hôtellerie
de luxe dans la région du Moyen-Orient. Il est
également célèbre pour ses restaurants, dont le
fameux Al Halabi, une référence en matière de cuisine
syrienne.
www.fourseasons.com/damascus
Pour en savoir plus:
www.syriatourism.org
Dossier international
Faire du tourisme un pilier de l’économie syrienne, tel est le but fixé
par les autorités syriennes. La Syrie a accueilli 6 millions de visiteurs en
2009, soit un taux de croissance de 12%. «Le secteur représente 11,2%
du PIB. Nous contribuons à hauteur de 20% à l’arrivée de monnaies
étrangères en Syrie et 13% des opportunités de travail», souligne M. Al
Qaala, Ministre du Tourisme, dans un français parfait. Aujourd’hui, les
touristes arabes représentent 60% des visiteurs, remarque M. Salloum,
de l’hôtel Omayad. La Syrie mise sur le tourisme culturel, avec ses sites
d’exception comme Palmyre. L’objectif est de doubler la capacité hôtelière
d’ici 5 ans, et aussi de bâtir des appartements hôtels. Le groupe Accor a
signé en juin dernier un contrat de management avec le groupe Cham
Holding pour deux hôtels qui ouvriront en 2014 à Alep. «Actuellement,
les investissements sous construction représentent 6 milliards de dollars.
74% de ces investissements sont syriens, 20% proviennent des pays du
Golfe et 6% d’Europe». Le challenge principal est de pallier le manque
de ressources humaines, « un problème qui concerne tous les secteurs»,
note M. Naji Chaoui, du Groupe Chaoui. «Il nous faut former à peu près
80 000 personnes pour travailler dans le tourisme d’ici 5 ans. «Nous allons
construire des écoles de formation. Des discussions sont en cours pour ouvrir une branche de l’Académie
Accor en Syrie», ajoute le Ministre. Pour obtenir facilement un visa, les visiteurs français, plutôt que
de faire une demande individuelle, peuvent passer par un tour- opérateur local. Cette option simplifie
grandement les démarches.
Tourisme : doubler la capacité hôtelière
d’ici 5 ans
SEM Saadallah Agha al-Qalaa,
Ministre du Tourisme
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