Deux paysages en terrasses de l Ardèche - article ; n°4 ; vol.56, pg 391-409
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1981 - Volume 56 - Numéro 4 - Pages 391-409
In two different geological regions of Ardeche (Massif Central), farmers built terraced fields to domesticate the steep slopes. On the Gras Plateau of Chomerac the viticultural hillsides have been abandoned since the 1870 phylloxeric crisis. In the Boutières region, terraced fields have been left to abandon since the 2nd World War. To save these man-made landscapes, they should be inserted into a new planning policy for sloping areas.
Dans deux régions ardéchoises géologiquement différentes, pour vaincre la pente, handicap aux activités agricoles, les paysans ont construit des terrasses de cultures. Sur le Gras de Chomérac les versants viticoles ont été abandonnés depuis la crise phylloxérique des années 1870. Dans les Boutières, l'agriculture en terrasses agonise depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les paysages construits, pour être sauvés, auraient besoin d'être insérés à part entière dans une nouvelle politique d'aménagement des espaces pentus.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-François Blanc
Deux paysages en terrasses de l'Ardèche
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 56 n°4, 1981. pp. 391-409.
Abstract
In two different geological regions of Ardeche (Massif Central), farmers built terraced fields to domesticate the steep slopes. On
the Gras Plateau of Chomerac the viticultural hillsides have been abandoned since the 1870 phylloxeric crisis. In the Boutières
region, terraced fields have been left to abandon since the 2nd World War. To save these man-made landscapes, they should be
inserted into a new planning policy for sloping areas.
Résumé
Dans deux régions ardéchoises géologiquement différentes, pour vaincre la pente, handicap aux activités agricoles, les paysans
ont construit des terrasses de cultures. Sur le Gras de Chomérac les versants viticoles ont été abandonnés depuis la crise
phylloxérique des années 1870. Dans les Boutières, l'agriculture en terrasses agonise depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les
paysages construits, pour être sauvés, auraient besoin d'être insérés à part entière dans une nouvelle politique d'aménagement
des espaces pentus.
Citer ce document / Cite this document :
Blanc Jean-François. Deux paysages en terrasses de l'Ardèche. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 56 n°4, 1981. pp. 391-
409.
doi : 10.3406/geoca.1981.3961
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1981_num_56_4_3961Revue de Géographie de Lyon. 1981/4
DEUX PAYSAGES EN TERRASSES DE L'ARDÈCHE
par Jean-François Blanc
Sur les versants calcaires des Gras comme sur les pentes granitiques des
Boutières, les paysans ardéchois construisirent des réseaux de terrasses culti
vables. La lithologie et la morphologie de ces versants donnèrent à chacun de
ces paysages identité et originalité. Mais ici ou là, la terrasse a le même rôle
car ce sont des « champs construits par les hommes pour décomposer les pentes
trop fortes, séparés par des murailles ou des talus. Les terrasses peuvent être
parfaitement horizontales surtout si elles sont irriguées » 1. En Ardèche elles
portent plusieurs noms locaux : échamps, râlais, chambas dans la région du
Cheylard, piots dans la basse vallée de l'Erieux, chelets, murettes entre Tournon
et Serrières, accols, faïsses ou couols en Sud-Vivarais, seillous à Vogue et
Villeneuve-de-Berg, clos à Antraigues -. Comme en Basse-Provence on trouve
encore les noms de traversière et de barres dans certaines régions.
C'est au prix d'un travail immense que ces hommes ont construit l'indi
spensable support de leur agriculture : le sol. C'est au prix d'un labeur sans
cesse recommencé qu'ils ont entretenu et travaillé ces champs.
Pourtant, dès la fin du xix" siècle, avec la crise du phylloxéra, s'amorçait
la fin de cette agriculture. Les terrasses viticoles du Gras de Chomérac furent
les premières touchées, tandis que dans les Boutières, les premiers symptômes
de l'exode rural se firent sentir par l'abandon des terrasses les plus éloignées
des habitations. Mais c'est incontestablement après la Deuxième Guerre mond
iale que commence la décadence irrémédiable de ces espaces. L'exode vers les
villes (comme Valence, Lyon, Saint-Etienne, le Péage-de-Roussillon) continue,
s'accentue et saigne l'arrière-pays ardéchois : les premières écoles ferment,
rapidement suivies par les commerces, les autres services publics et les indust
ries. Ce déclin se poursuit encore aujourd'hui. Une population vieillie, des
problèmes fonciers énormes et une agriculture périmée, tout contribue à la
marginalisation de ces espaces pentus.
Très largement abandonnés ces paysages n'en demeurent pas moins de
merveilleux exemples de paysages construits. Riches de leur passé et de leurs
1. J. Despois, Dictionnaire de la Géographie.
2. E. Reynier, Le pays de Vivarais, Yssingeaux, 1947, 238 p., notamment p. 91. J.-F. BLANC 392
voûte sur sou rein capté
coupe de terrasse
Fig. 1. — Culture en terrasses dans l'Ardèche granitique: les Boutières DEUX PAYSAGES EN TERRASSES DE L ARDÈCHE 393
«Chabotte»
0,7 à 1,7
coupe de terrasse
Fig. 2. — Culture en terrasses dans l'Ardèche calcaire : le Gras 394 J.-F. BLANC
traditions, les versants à terrasses sont à la fois héritage et paysages culturels.
Aussi est-il urgent de les étudier afin de pouvoir proposer quelques idées
pouvant servir de base à l'élaboration d'une politique générale d'aménagement
des espaces marginalisés.
I. — DES ESPACES CONSTRUITS
Deux régions géologiquement dissemblables par leurs morphologies
Dans les Boutières et sur le Gras de Chomérac les paysans ont aménagé
les versants, les découpant en fines bandes cultivables grossièrement parallèles
aux courbes de niveau et soutenues par des murs de pierre sèche. Ils extrayaient
sur place le matériel d'appareillage des murs. Ainsi dans les Boutières le granite
constitue l'essentiel des versants à terrasses, alors que sur le Gras de Chomérac
le calcaire jurassique domine. La géomorphologie des versants est également
très différente d'un secteur à l'autre ; aux très fortes pentes des Boutières on
peut opposer les pentes plus faibles des Gras 3. Cependant, dans les deux cas,
les dénivellations sont supérieures à 20 %. Sur la zone déclive du Gras de
Chomérac les roches en affleurement occupent 30 à 40 % de la surface 4 alors
que sur les versants de la vallée de l'Erieux elles sont plus rares et se localisent
souvent sur des pentes très fortes. Ces roches à nu seront, dans bien des cas,
utilisées comme points d'ancrage pour les murs de soutènement.
Le substrat utilisé pour l'édification des murettes explique en grande partie
les formes un peu différentes des terrasses dans les deux régions étudiées.
Deux paysages architectures fortement individualisés
Dans l'une comme dans l'autre région, pour vaincre le handicap de la
pente, les paysans ont bâti des terrasses. Cependant, les contraintes du milieu,
ainsi que le savoir-faire des hommes, ont donné à chaque région un particula
risme architectural ; l'abondance, la structure et le mode de gisement des roches
différencient fortement les deux paysages.
Les murs de soutènement
Sur les versants du Gras de Chomérac, les murs de soutènement sont
souvent polyvalents : ils retiennent la terre, ils reçoivent le produit de l'épier-
rement et servent souvent de chemins d'accès aux parcelles 3. Parementés des
deux côtés, ils atteignent des longueurs de 60 à 150 m pour des hauteurs variant
3. Hormis le petit secteur de Coux ce sont les seuls aménagés, la rudesse du versant nord
n'a pas permis l'établissement de communautés rurales.
4. Dans Bornand, Etude pédologique de la moyenne vallée du Rhône, notamment p. 188.
5. Les croquis présentés aux pages 392 et 393 illustrent cette approche morphologique
de la terrasse. DEUX PAYSAGES EN TERRASSES DE L ARDECHE 395
de 1 m à 1,50 m. La largeur de ces murs est très importante (soit de 1,40 à
1,70 m). C'est plus la masse considérable des pierres encombrant ces sols
rouges fersialitiques, que la nécessité de construire de véritables murailles qui
semble à l'origine de ces dimensions cyclopéennes. Les murs de soutènement ne
présentent pas d'inclinaison et ils sont plus haut que nécessaire afin d'accentuer
une revanche de 30 à 50 cm. L'abondance d'une pierre d'utilisation facile pour
bâtir, explique également la présence de murailles dans le sens de la pente.
Elles correspondaient autrefois à des limites de parcelles, encadrant les chemins
ruraux ou les vallats 6.
Les murs de soutènement dans le bassin de l'Erieux sont également
construits en pierre sèche. L'épierrement du versant couvre largement les
besoins de la construction. La hauteur du mur varie de 50 cm à plusieurs mètres.
Elle est fonction de la pente et aussi du maçon 7. La taille des blocs formant les
murets est variable d'un secteur à l'autre. Toutefois, près d'un chicot rocheux
ou d'un ancien tor, la dimension des pierres est nettement plus importante et
elle s'amenuise au fur et à mesure qu'on s'éloigne des affleurements. Le mur
présente un parement extérieur suivi d'un blocage constitué de petites pierres,
de genêts, de fougères ou de buis lorsq

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