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Publié le
01 janvier 1972
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Français
Poids de l'ouvrage
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Lan Sunnary
Étude iconographique du temple khmer de Thommanon (
Dhammānanda)
In: Arts asiatiques. Tome 25, 1972. pp. 155-198.
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Sunnary Lan. Étude iconographique du temple khmer de Thommanon ( Dhammānanda). In: Arts asiatiques. Tome 25, 1972.
pp. 155-198.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1972_num_25_1_1053ÉTUDE ICONOGRAPHIQUE DU TEMPLE KHMER
DE THOMMANON (DHAMMÂNANDA)
par LAN SUNNÀRY
Dans les monuments khmers des xne et xme siècles les artistes ont multiplié
les décors historiés sur les linteaux, les frontons et même les pilastres ; c'est le cas
du Pràsàt Thommanon dont nous nous proposons d'étudier l'iconographie.
En l'absence de documents épigraphiques, nous ne pouvons savoir la date exacte
de la construction du temple, ni son vrai nom d'origine. Nous ignorons également le
nom de son fondateur et même sa destination. Mais, d'après des études faites récemment
par des historiens de l'art khmer, ce temple serait un peu antérieur à Angkor Vat.
Thommanon est connu sous le nom de Ta Menân par E. Aymonier (1). Il a été
décrit par L. de Lajonquière (2). Situé à proximité de la rivière de Siemreap et à
500 m environ de la Porte de la Victoire à l'Est d'Angkor Thom, il comprend plusieurs
édifices à savoir : deux pavillons d'entrée — l'un à l'Est et l'autre à l'Ouest — , un
sanctuaire central composé d'une tour-centrale unie par un antarâla au mukhaman-
dapa, enfin une unique bibliothèque au Sud-Est.
La Tour-sanctuaire à quatre faux étages repose sur un soubassement de 2,50 m
de hauteur. Elle est munie de quatre avant-corps précédant les fausses-portes. Ces
avant-corps sont percés latéralement de fenêtres dépourvues de barreaux.
Le mukhamandapa a un avant-corps à l'Est et deux entrées latérales au Nord
et au Sud.
(1) Cf. E. Aymonier, Le Cambodge, III, 1904, pp. 57-59.
(2) Cf. Lunet de Lajonquière, Inventaire descriptif des monuments du Cambodge, III, 1911, pp. 79-83,
sous le n° 490. 156 LAN SUNN AR Y
Le pavillon d'entrée Est comprend un passage central et deux passages latéraux.
Le passage central est une salle de plan carré de 3 m environ de côté ; elle est munie
de quatre avant-corps ayant chacun deux fenêtres dépourvues de barreaux. La salle
de passage central est surmontée d'une tour ayant un faux-étage coiffé d'un toit
voûté en encorbellement. Cette salle présente quatre avant-corps ; les avant-corps
Est et Ouest jouant le rôle de porches ; les avant-corps Nord et Sud, formant des
ailes, rattachent le passage central aux passages latéraux. Aux extrémités Nord et
Sud du bâtiment les superstructures se terminent par des pignons, munis chacun
d'un fronton inférieur et d'un fronton supérieur. Devant la porte Est du passage
central il y a une terrasse en grès, de plan cruciforme, avec escaliers d'accès aux
quatre côtés. De même l'escalier Ouest du pavillon d'entrée Est est directement uni
à l'escalier oriental de l'avant-corps du mandapa par une terrasse de liaison en grès.
Ces deux terrasses n'ont pas été élevées à la même époque : la première est postérieure
au temple ; une étude du décor de la seconde nous incite à l'estimer contemporaine
du monument.
Le pavillon d'entrée Ouest n'a qu'un seul passage central ouvert à l'Est et à
l'Ouest ; les accès Est et Ouest sont encadrés chacun par deux fausses-fenêtres.
L'unique bibliothèque, de plan rectangulaire, sur un soubassement de 1,10 m de
hauteur, est ouverte à l'Ouest et précédée d'un avant-corps à deux larges fenêtres
sans barreaux ; une fausse-porte la ferme à l'Est. Ses superstructures, recouvertes
d'une voûte en encorbellement, sont percées de fenêtres gisantes.
L'ensemble du groupe est entouré par une enceinte en latérite rectangulaire
de 60 m sur 45 m, elle-même bordée par une douve. Lunet de Lajonquière (1) avait
décrit à propos de cette enceinte : « L'enceinte n'existe pas ; il semble qu'elle n'a pas
été construite, à moins qu'elle n'ait été complètement rasée et que les matériaux
qu'on en ait tirés soient ceux qui ont été employés à la construction du Spean Thina,
comme pourraient le faire supposer les sculptures que nous y signalerons ». Cette
affirmation de Lunet de Lajonquière est réfutée par les travaux postérieurs.
Les éléments de l'étude iconographique de ce monument sont constitués princ
ipalement par des frontons et demi-frontons, des linteaux, des bas de pilastres.
Certains frontons et demi-frontons sont érodés donc peu lisibles ou illisibles, d'autres
sont inachevés ou à peine ébauchés, quelques-uns n'ont jamais été sculptés. Les
linteaux comportent un décor végétal animé, au centre, d'une divinité isolée ou d'une
scène. Les bas de pilastres, assez bien conservés, sont souvent eux aussi décorés de
(1) Cf. Lunet de Lajonquière, op. cit., p. 81. ÉTUDE ICONOGRAPHIQUE DU TEMPLE KHMER DE THOMMANON 157
scènes, mais celles-ci sont imbriquées étroitement dans le décor purement végétal,
ce qui n'en facilite pas l'identification.
Sur les frontons les scènes occupent toute la surface du tympan. Il arrive que
les palmettes s'élevant au-dessus du rampant de certains frontons soient animées par
des personnages. Les frontons de faux-étages des deux pavillons d'entrée sont aussi
historiés de scènes ; en revanche à la superstructure du sanctuaire central les frontons
n'ont qu'un décor végétal avec une tête de monstre au centre. Les linteaux, souvent
érodés, sont difficiles à identifier, sauf quelques-uns, en particulier ceux de la tour
centrale. Seuls les demi-frontons les plus importants sont animés de scènes ; les
autres n'ont qu'un rôle décoratif et portent simplement des garuda stylisés ou des
apsaras volantes.
Il nous faut noter que dans bien des scènes on voit souvent des personnages
représentés assis, la jambe gauche repliée et le genou droit relevé, dans une attitude
proche du râjalalitâsana ; faute de mieux, nous emploierons ce terme, mais encore
avec réserve, sous l'indication « râjalalitâsana ».
1. — ICONOGRAPHIE DU GROUPE CENTRAL
Mandapa.
Le mandapa est orné de six frontons et quatre linteaux. Ces derniers sont surtout
décorés de feuillage, à l'exception de celui de la porte Est représentant un épisode
du Râmâyana.
Face Est
Du linteau de l'avant-eorps Est, assez érodé, il ne subsiste que quelques crosses
de feuillage.
Le fronton inférieur (fig. 1), qui surmonte ce linteau, a beaucoup souffert.
Cependant la scène qu'il porte est incontestablement la lingodbhavamûrti ou l'« origine
du linga » (1). La légende est racontée de façon presque identique dans le Linga
Purâna, le Kûrma Purâna, le Siva Purâna et le Vâyu Purâna (2). Rappelons seulement
que le mythe fait apparaître Siva dans le pilier flamboyant pour rabaisser l'orgueil
de Brahmâ et de Visnu (3). Ici la place que devait occuper le linga flamboyant est
détruite mais au centre, en haut, on voit Siva en vïrâsana, tenant dans sa main
(1) Cf. J. Filliozat, Les images de éiva dans l'Inde du Sud : I — L'image de l'origine du linga
(Lingodbhavamûrti), A. A., VIII, 1, 1961, pp. 43-56.
(2) Cf. T. A. Gopinatha Rao, Elements of Hindu iconography, II, 1, pp. 105-107 ; cf. aussi K. Bhattacharya,
Les religions brahmaniques..., pp. 80-81.
(3) Cf. à propos du linga lumineux, K. Bhattacharya, op. cit., pp. 70-71. 158 LAN SUNNARY
droite, le rosaire. A sa droite apparaissent les trois têtes visibles de Brahmâ. Au-dessus
de lui on distingue une divinité volante, sans doute, une apsaras. Au-dessus de celle-ci
un oiseau qui n'est autre que le hamsa, ou plutôt Brahmâ transformé en hamsa,
aux ailes largement déployées pour essayer d'atteindre le sommet de la colonne de
feu. En bas, un sanglier de grande taille, partiellement détruit, est certainement
en train de fouiller la terre avec son groin maintenant mutilé. Derrière l'animal,
émerge la partie inférieure d'un personnage assis en « râjalalitâsana ». Nous signalons
qu