Gestion agricole et géographie rurale - article ; n°4 ; vol.44, pg 323-374
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1969 - Volume 44 - Numéro 4 - Pages 323-374
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Jean Boichard
Gestion agricole et géographie rurale
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 44 n°4, 1969. pp. 323-374.
Citer ce document / Cite this document :
Boichard Jean. Gestion agricole et géographie rurale. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 44 n°4, 1969. pp. 323-374.
doi : 10.3406/geoca.1969.2647
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1969_num_44_4_2647GESTION AGRICOLE
ET GÉOGRAPHIE RURALE
par Jean Boichard
Une étude « classique » de géographie rurale s'ordonnait autrefois
autour de trois thèmes essentiels : l'écologie, les systèmes de culture,
les paysages agraires. On souhaitait pouvoir préciser les conditions
de vie et le développement des espèces végétales, naturelles et cultivées,
repérer leurs aires de croissance, définir les exigences ou les tolérances
du bétail que l'on élevait. Il s'agissait, en quelque sorte, de dresser le
répertoire des conditions de travail et d'existence offertes à l'homme
par la région naturelle où il s'était établi, un homme encore bien démuni
de moyens d'intervention, plus « habitant » que « producteur », pour
rait-on dire en utilisant la classification de Maurice Le Lannou.
De l'écologie on passait au système de culture, c'est-à-dire à la comb
inaison, historiquement et empiriquement mise au point par des géné
rations de paysans, pour tirer le meilleur parti de la nature. On cher
chait à savoir comment le paysan utilisait la force de travail (hommes
et animaux de trait), dont il disposait, le train de culture (outillage,
machines) qu'il avait acquis ou fabriqué pour tirer de la terre un produit
végétal et éventuellement le transformer avec l'aide de l'animal. On
jugeait un système de culture à la masse de produit qu'il permettait de
de tirer par unité de surface mise en valeur et l'on parlait ainsi, selon
les cas, de systèmes intensifs ou extensifs, les premiers étant considérés
généralement comme supérieurs aux seconds, car ils permettaient de
faire vivre davantage de personnes sur une même surface occupée.
Le système de culture conduisait logiquement à l'examen des struc
tures agraires, c'est-à-dire à la manière dont les paysans avaient disposé
leurs maisons et marqué de leur empreinte toute la terre cultivée :
la forme des champs, la présence ou l'absence de haies, le groupement
ou la dispersion des maisons ont ainsi donné lieu à d'innombrables
publications, le géographe se souvenant, lorsqu'il les rédigeait, qu'il
avait été formé, lui aussi, à la discipline historique. De toutes les époques,
le Moyen Age était pour lui la plus féconde ; c'est là qu'il allait souvent 324 JEAN BOICHARD
chercher la clé, l'explication des paysages, l'origine des systèmes de
culture et quantité d'autres données pour expliquer la manière de vivre
et de travailler des gens du xxe siècle.
En réalité, dans cette société qui évoluait lentement, dans des cam
pagnes qui n'avaient pas encore été bouleversées en profondeur par
l'introduction d'une technique industrielle, dans un monde où l'effica
cité du travail était médiocre, où l'on vivait replié sur soi-même en
consommant largement les produits qu'on avait directement élaborés, il
était assez logique de dresser du monde rural un tableau aussi figé
et statique. Le géographe pouvait trouver le temps de se pencher
sur les sources et les archives, de bâtir une synthèse minutieuse, certain
qu'il était de voir sa construction conserver longtemps une large part de
fraîcheur et de vérité. Il nous paraît indispensable, aujourd'hui, de revoir
intégralement certaines de nos méthodes :
— Les données écologiques sont de moins en moins contraignantes.
Sans cesse, les progrès de la sélection végétale nous obligent à reconsi
dérer la répartition des aires de culture que l'on avait peut-être un peu
trop tendance à considérer comme définitives. Rien n'est plus instructif
à cet égard que le maïs, naguère encore céréale des plaines aquitaines
et que l'on trouve aujourd'hui jusque dans la France la plus septen
trionale et dont certaines variétés hybrides se hissent jusqu'à 1 200 m
d'altitude dans les Alpes méridionales. Une pratique comme l'ensilage
qui permet de couper les céréales avant leur maturité ou de récolter les
prairies temporaires, sans qu'il soit nécessaire de disposer de longues
périodes d'enseillement pour la fenaison, prépare sans doute une sérieuse
redistribution des espèces cultivées.
— Les paysages agraires se transforment à vue d'ceil avec le remem
brement parcellaire et l'exode rural. Les cultivateurs les plus avisés,
parmi ceux qui disposent des capitaux nécessaires pour ce faire, rem
placent volontiers leurs antiques demeures, plus folkloriques que fonc
tionnelles, par des bâtiments légers, convenant mieux aux spéculations
d'aujourd'hui : hangars de stabulation libre, silos-tours ou tranchées,
salles de traite..., tandis que les fermes abandonnées sont rachetées
par des citadins qui en font leurs résidences secondaires 1.
— Le paysan ne se sent plus autant qu'autrefois tributaire de l'env
ironnement séculaire du système de culture. Les entraves juridiques ou
coutumières (vaine pâture, obligations d'assolement, bans des vendanges
ou des moissons ) , ont presque toutes disparu ; le système de culture
n'est plus un carcan imposé, mais un canevas proposé, que chacun peut
remettre en question sans encourir la réprobation générale. A la manière
du fermier américain, interrogé autrefois par René Dumont et qui se
1. Ce mouvement de « déménagement » des exploitations a pris en Allemagne fédé
rale, à la faveur du remembrement, une importance certaine puisque 5 000 fermes,
chaque année, abandonnent les villages étriqués qui les tenaient emprisonnées, pour
redistribuer leurs bâtiments sur leurs terres regroupées. En France, de pareils déplace
ments d'exploitations commencent à se faire, le plus souvent aussi à l'issue des
opérations de remembrement. GESTION AGRICOLE 325
préoccupait davantage de faire des dollars que du blé ou du maïs, le
cultivateur français d'aujourd'hui se soucie plus de rentabilité que de
système. Il devient un marchand qui doit produire ce qui se vend et
non chercher péniblement à vendre ce qu'on a l'habitude de produire
dans sa région. La pénurie de viande bovine et l'excès de production
laitière expliquent, à ce sujet, la mise en route d'un processus de trans
formation des méthodes d'élevage dont les effets sont déjà visibles dans
certaines régions : les croisements industriels. Naguère encore, au nom
de l'uniformité, on aurait mal toléré ces mélanges de races ; bientôt,
peut-être, on dosera les sangs presque aussi couramment que les engrais
et l'on s'en trouvera bien, si cela permet de mieux satisfaire la demande
du marché. Les paysans qui veulent survivre savent bien qu'ils doivent
être à l'affût des innovations, adopter les méthodes et les productions
nouvelles quand elles se présentent, se recycler comme des cadres de
l'industrie. Jadis, le système de culture était une sécurité et le novateur
un aventurier ; aujourd'hui l'avenir est aux hommes qui recherchent
obstinément l'innnovation ; malheur à ceux qui s'attardent dans les
chemins battus !
Cette mutation du monde agricole, à laquelle on est en train d'assister,
suppose des laboratoires et des bureaux d'études, non seulement pour
analyser les sols et mettre au point de nouvelles espèces de plantes,
mais aussi pour tester économiquement l'entreprise et lui faire rendre
le maximum de profit. Sous l'impulsion des directions départementales
agricoles et de leurs services de vulgarisation, grâce aux chambres
d'agriculture et aux organisations syndicales, se sont multipliés, à travers
tout le pays, des centres de gestion et d'économie rurale qui analysent
méthodiquement les entreprises que les exploitants responsables veulent
bien soumettre à leur investigation. Comme en médecine, du diagnostic
doit sortir, si c'est néce

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