L’IPC, miroir de l’évolution du coût de la vie en France ? Ce qu’apporte l’analyse des courbes d’Engel - article ; n°1 ; vol.433, pg 77-99
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Economie et statistique - Année 2010 - Volume 433 - Numéro 1 - Pages 77-99
The consumer price index (CPI) is designed to track the overall change in prices at a constant level of product
quality. It also serves as a measure of cost-of-living
changes when it is used for index-linking wages and
private contracts. It is therefore important to make
sure that the CPI is a good indicator of cost-of-living
changes.
The authors accordingly seek to test the existence of a divergence between the CPI and cost-of-living changes by means of an intertemporal comparison of Engel
curves for food consumption. The curves measure the
share of food consumption in household expenditures as a function of purchasing power (real income)— a
share that decreases with income. Under the assumption
that theoretical Engel curves remain constant over
time, the shift in the observed curves reflects a divergence
between the change in the price index and the
change in the actual cost of living. We borrow this methodology from Costa (2001) and
Hamilton (2001) and apply it to French data taken from the CPI series and the “Family Budget” (Budget de
Famille) surveys from 1979 to 2006. We perform the
analysis by household category using a variety of methods:
methods that are robust to the excessive influence
of certain observations; instrumentation against measurement errors and endogeneity of total expenditures;
and data fitting to adjust for any incorrect reporting.
The results differ according to whether we work on data
taken directly from the survey or on data fitted to the national-accounts aggregates. However, the cost-ofliving
increase shown in the Engel curves is consistently
smaller than the one shown by the CPI. Therefore, while
our results cannot have a normative value, the intertemporal analysis of Engel curves does not support the claim that the French CPI underestimated the rise in the
cost of living between 1979 and 2006.
L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) vise à mesurer l’évolution générale des prix à qualité de produits
constante. Il est aussi utilisé comme mesure de l’évolution
du coût de la vie quand il sert à l’indexation de
revenus ou de contrats privés. Il est donc important de
s’assurer que cet indice est un bon indicateur de l’évolution
du coût de la vie. On se propose ainsi de tester, dans le cas français,
l’existence d’une divergence entre l’IPC et l’évolution du coût de la vie en s’appuyant sur la comparaison intertemporelle des courbes d’Engel relatives à la
consommation alimentaire. Celles-ci retracent la part
de la consommation alimentaire dans le budget des ménages en fonction du pouvoir d’achat, part qui est
décroissante avec le revenu. Sous l’hypothèse que les
courbes d’Engel théoriques sont constantes au cours du temps, le déplacement des courbes observées traduit une divergence entre l’évolution de l’indice des prix
et celle du véritable coût de la vie. Cette méthodologie est reprise de Costa (2001) et
Hamilton (2001). On l’applique aux données françaises
en mobilisant les séries de l’IPC et les enquêtes Budget de famille de 1979 à 2006. L’analyse est conduite par catégorie de ménages. Un éventail de techniques est utilisé: techniques robustes à l’influence trop forte
de certaines observations, instrumentation contre les erreurs de mesure et l’endogénéité du total des dépenses, techniques de recalage pour corriger d’éventuelles
mauvaises déclarations. Les résultats diffèrent selon que l’on travaille sur les
données issues directement de l’enquête ou sur celles recalées sur les agrégats des comptes nationaux mais
la croissance du coût de la vie que reflètent les courbes d’Engel est toujours plus faible que celle de l’IPC.
Même si ces résultats ne peuvent pas avoir de valeur normative, l’analyse intertemporelle des courbes d’Engel
ne conforte donc pas la thèse selon laquelle l’IPC français aurait sous-estimé l’évolution du coût de la vie entre 1979 et 2006.
Der Verbraucherpreisindex (VPI) soll die allgemeine
Entwicklung der Preise bei konstanter Qualität der
Produkte messen. Herangezogen wird er auch zur
Messung der Entwicklung der Lebenshaltungskosten, wenn er zur Indexierung von Einkommen oder privatrechtlichen
Verträgen verwendet wird. Daher muss
sichergestellt werden, dass dieser Index einen guten Indikator für die Entwicklung der Lebenshaltungskosten
darstellt. Getestet werden soll in diesem Artikel im französischen
Fall das Vorhandensein einer Abweichung zwischen dem VPI und der Entwicklung der Lebenshaltungskosten, wobei man sich auf den intertemporalen Vergleich der Kurven von Engel betreffend den Konsum von
Lebensmitteln stützt. Diese Kurven geben Aufschluss
über den Anteil des Lebensmittelkonsums am Budget der Haushalte entsprechend der Kaufkraft •ein
Anteil, der mit dem Einkommen abnimmt. Bei
Zugrundelegung der Hypothese, dass die theoretischen Kurven von Engel im Zeitverlauf konstant
sind, findet die Verlagerung der festgestellten Kurven
ihren Niederschlag in einer Abweichung zwischen der
Entwicklung des Preisindexes und derjenigen der wirklichen Lebenshaltungskosten. Diese Methodik wird von Costa (2001) und Hamilton (2001) übernommen. Sie wird auf die französischen Daten angewendet, indem die VPI-Reihen
und die Erhebungen Familienbudgets von 1979 bis 2006 herangezogen werden. Die Analyse wird nach Haushaltskategorien vorgenommen. Verwendet wird
ein ganzes Spektrum von Techniken: robuste Techniken
mit zu starkem Einfluss bestimmter Beobachtungen,
Instrumente zur Berichtigung von Messfehlern sowie Endogenität der gesamten Ausgaben, Techniken der Angleichung zwecks Korrektur eventueller falscher
Angaben. Die Ergebnisse unterscheiden sich je nach dem, ob man mit direkt aus der Erhebung stammenden Daten oder Daten, die auf die Aggregate der Volkswirtschaftlichen Gesamtrechnung abgestellt sind, arbeitet. Die Zunahme
der Lebenshaltungskosten, die die Kurven von Engel
widerspiegeln, ist aber stets geringer als diejenige des VPI. Auch wenn diese Ergebnisse keinen normativen Wert haben können, bestätigt die intertemporale
Analyse der Kurven von Engel somit nicht die These,
wonach der französische VPI die Entwicklung der Lebenshaltungskosten zwischen 1979 und 2006 unterschätzt hätte.
El índice de precios al consumo (IPC) tiene como objetivo
medir la evolución general de los precios en el
marco de la calidad constante de los productos. Se
utiliza también para medir la evolución del coste de la vida cuando sirve para la indexación de los ingresos o
contratos privados. Por ello es importante asegurarse
de que este índice es un buen indicador de la evolución
del coste de la vida. Así, nuestro objetivo es verificar, en el caso francés, la
existencia de una divergencia entre el IPC y la evolución del coste de la vida, con el apoyo de la comparación intertemporal de las curvas de Engel en relación con el
consumo alimentario. Estas reconstituyen la parte del
consumo alimentario en el presupuesto de los hogares en función del poder adquisitivo, parte que es decreciente
con los ingresos. Con la hipótesis de que las curvas
teóricas de Engel son constantes en el transcurso del tiempo, el desplazamiento de las curvas observadas traduce una divergencia entre la evolución del índice de
los precios y la del verdadero coste de la vida. Esta metodología se ha tomado de Costa (2001) Hamilton (2001). Se aplica a los datos franceses las series del IPC y las encuestas Budget famille [ Presupuesto familiar] de 1979 a 2006. El se conduce por categoría de hogar. Se utiliza un de técnicas: técnicas robustas con una demasiado fuerte de algunas observaciones, contra los errores de medición y la del total de los gastos, técnicas de ajuste corregir eventuales malas declaraciones. Los resultados difieren según si se trabaja con procedentes directamente de la encuesta o con datos ajustados sobre los agregados de las nacionales, pero el incremento del coste de la vida reflejan las curvas de Engel es siempre más débil la del IPC. Aunque estos resultados no puedan tener valor normativo, el análisis intertemporal de las de Engel no apoya por lo tanto la tesis por la que el francés habría subestimado la evolución del coste de vida entre 1979 y 2006.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2010
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

ÉCONOMIE
L’IPC, miroir de l’évolution du coût
de la vie en France ? Ce qu’apporte
l’analyse des courbes d’Engel
Marie-Émilie Clerc et Élise Coudin*
L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) vise à mesurer l’évolution générale des prix
à qualité de produits constante. Il est aussi utilisé comme mesure de l’évolution du coût
de la vie quand il sert à l’indexation de revenus ou de contrats privés. Il est donc impor-
tant de s’assurer que cet indice est un bon indicateur de l’évolution du coût de la vie.
On se propose ainsi de tester, dans le cas français, l’existence d’une divergence entre
l’IPC et l’évolution du coût de la vie en s’appuyant sur la comparaison intertemporelle
des courbes d’Engel relatives à la consommation alimentaire. Celles-ci retracent la part
de la consommation alimentaire dans le budget des ménages en fonction du pouvoir
d’achat, part qui est décroissante avec le revenu. Sous l’hypothèse que les courbes d’En-
gel théoriques sont constantes au cours du temps, le déplacement des courbes observées
traduit une divergence entre l’évolution de l’indice des prix et celle du véritable coût de
la vie.
Cette méthodologie est reprise de Costa (2001) et Hamilton (2001). On l’applique aux
données françaises en mobilisant les séries de l’IPC et les enquêtes Budget de famille
de 1979 à 2006. L’analyse est conduite par catégorie de ménages. Un éventail de tech-
niques est utilisé : techniques robustes à l’influence trop forte de certaines observations,
instrumentation contre les erreurs de mesure et l’endogénéité du total des dépenses,
techniques de recalage pour corriger d’éventuelles mauvaises déclarations.
Les résultats diffèrent selon que l’on travaille sur les données issues directement de l’en-
quête ou sur celles recalées sur les agrégats des comptes nationaux mais la croissance du
coût de la vie que reflètent les courbes d’Engel est toujours plus faible que celle de l’IPC.
Même si ces résultats ne peuvent pas avoir de valeur normative, l’analyse intertempo-
relle des courbes d’Engel ne conforte donc pas la thèse selon laquelle l’IPC français
aurait sous-estimé l’évolution du coût de la vie entre 1979 et 2006.
* Lors de la rédaction de cet article, Marie-Émilie Clerc et Élise Coudin faisaient partie du département des Études Économiques d’En-
semble (D3E) de l’Insee. Élise Coudin est également affiliée au Crest.
Les auteures remercient Didier Blanchet, Magali Beffy, Hélène Erkel-Rousse pour leur relecture attentive ainsi que Vanessa Bellamy,
Maryse Fesseau et Emmanuel L’Hour pour leur aide précieuse. Ce travail a été présenté à l’occasion d’un séminaire interne du D3E
le 23 novembre 2009. Les auteures remercient Jérôme Accardo pour ses remarques constructives, les deux rapporteurs ainsi que les
participants au séminaire D3E.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 433-434, 2010 77’objet de cette étude est de confronter Russie, (Gibson et al., 2008), Mexique et Brésil L l’évolution du coût de la vie, telle qu’elle (de Carvalho et al., 2008), Italie (Papalia, 2006).
ressort des courbes d’Engel relatives aux dépen- Cet article étudie le cas de la France en utilisant
ses alimentaires, à celle de l’Indice des Prix à les séries de l’IPC et les six enquêtes Budget de
la Consommation (IPC) de l’Insee, entre 1979 Famille (BdF) disponibles de 1979 à 2006 (cf.
et 2006. encadré 1). Compte tenu des hypothèses restric-
tives sur lesquelles repose la méthode, l’étude
ne peut pas fournir une estimation du biais Les courbes d’Engel relatives aux dépenses ali-
effectif de l’IPC, mais elle peut fournir un élé-mentaires relient la part du budget consacrée à
ment utile à l’appui, ou au contraire à l’encon-l’alimentation au pouvoir d’achat du consom-
tre, de la thèse parfois défendue selon laquelle mateur. La première loi d’Engel stipule que
l’IPC aurait sous-estimé la hausse du coût de la cette part décroît avec le niveau de richesse.
1vie, notamment depuis le passage à l’euro. Autrement dit, quand la richesse d’un ménage
augmente, la part des dépenses qu’il consacre
à l’alimentation diminue. La part des dépenses
L’IPC et la mesure de l’évolution du coût alimentaires peut donc s’interpréter comme un
de la vieindice indirect de bien-être. Cette idée se for-
malise en se plaçant dans le cadre de la théo-
L’IPC vise à mesurer l’évolution générale des rie du consommateur. Sous un certain nombre
prix à qualité de produit constante. Il a plusieurs d’hypothèses, notamment celle de stabilité
fonctions, qui ne sont pas toujours aisément des préférences, la part du budget consacrée à
conciliables. Il est en premier lieu un indicateur l’alimentation diminue si les consommateurs
macroéconomique des tensions inflationnistes. s’enrichissent, augmente s’ils s’appauvrissent,
Il sert aussi de base de calcul au déflateur utilisé en se déplaçant toujours le long de la même
pour calculer les évolutions en termes réels pour courbe d’Engel. À caractéristiques identiques,
la Comptabilité nationale. Il doit aussi mesurer deux ménages observés à deux dates diffé-
l’évolution du pouvoir d’achat des revenus, rentes qui ont la même richesse consacrent la
quand il sert à l’indexation de revenus (minima même part de leurs dépenses à l’alimentation.
sociaux, smic, pensions,…) ou de contrats pri-On peut donc construire un indice de coût de
vés. Enfin il doit permettre des comparaisons la vie en recherchant le déflateur du revenu qui
internationales.permet aux courbes d’Engel de se superposer
d’une période à l’autre. Il est alors possible de
La hiérarchie entre les différentes fonctions de confronter les évolutions de cet indice à celle de
l’IPC a évolué au cours du temps et les méthodes l’IPC. Telle est l’idée développée par Hamilton
retenues pour le calculer sont le reflet de cette (2001) et Costa (2001). Ces auteurs comparent
évolution. Au moment de sa création (en 1916), le Consumer Price Index (CPI) américain à cet
et au cours des 50 ans suivants, l’IPC avait pour indice d’évolution du coût de la vie et interprè-
objectif principal la mesure du pouvoir d’achat tent l’écart entre les deux comme un biais du
des salariés dans le cadre des négociations CPI. Leur approche s’applique dans le cadre
salariales. Puis le développement des analyses précisé ci-dessus et nécessite des hypothèses
conjoncturelles, la nécessité d’une mesure cor-supplémentaires : une utilité séparable entre
recte des agrégats de la Comptabilité nationale l’alimentation et les autres biens, une spécifi-
(par exemple pour calculer la croissance) ont cation linéaire de la courbe d’Engel et d’autres
donné plus de poids aux objectifs macroécono-hypothèses techniques.
miques. Enfin, l’harmonisation internationale a
pris une importance croissante depuis les années Cette méthodologie a été appliquée depuis telle
1980-1990, avec la mise en place des critères quelle, ou dans des versions étendues, dans
de Maastricht portant sur l’inflation (cf. Insee, de nombreux pays. Beatty et Larsen (2005)
1998). Cependant, son rôle socio-économique et Larsen (2004) proposent des spécifications
s’est à nouveau renforcé récemment notamment semi-paramétriques de la courbe d’Engel. Logan
parce qu’il entre dans l’indexation des pensions (2008) introduit un effet variable de la taille du
depuis 2003 et dans le calcul de l’évolution des ménage, au lieu d’un effet fixe comme dans la
loyers depuis 2008.spécification d’Hamilton et Costa. La méthode
initiale et ses extensions semi-paramétriques
ont été appliquées dans divers pays : Norvège
(Larsen, 2004 (1)), Canada (Beatty et Larsen, 1. C’est la seule étude dont nous avons connaissance qui
conclut à une sous-estimation du coût de la vie en utilisant cette 2005), Australie (Barrett et Brzozowsky, 2009),
méthode, attribuée au traitement du logement
Nouvelle Zélande (Gibson et Scobie, 2002), dans l’indice de prix norvégien.
78 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 433-434, 2010Les biais potentiels des indices des prix indice de coût de la vie (« cost of living index »
en anglais, aussi traduit en français par « indice face à l’évolution du coût de la vie
2à utilité constante (2) », voir Boskin et al.,
1996). Des débats sur la surestimation de ces La question de l’existence d’un biais de l’IPC
par rapport à l’évolut

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