La conversion de H?r?t? au Buddha : origine du thème iconographique et interprétations picturales chinoises - article ; n°1 ; vol.55, pg 98-119
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La conversion de H?r?t? au Buddha : origine du thème iconographique et interprétations picturales chinoises - article ; n°1 ; vol.55, pg 98-119

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Description

Arts asiatiques - Année 2000 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 98-119
This is an attempt to give an answer to the question of the origin of the Chinese pictorial theme of the Raising of the Alms' Bowl by the army of demons headed by Hariti, before she eventually submits to the Buddha. A comparison is drawn between pre-Chinese and Chinese paintings, with a particular focus on the exceptional site of Kizil, from the former Central Asian kingdom of Koutcha. This highlights the dynamic dimension of the Chinese iconography, and allows a new understanding of its connexion with Mara's Assault : analogies are drawn with the little known episode of Mara's Attempt to move the Buddha's water-pot. The common origin of both episodes - of Hariti's and Mara's submission - in the Za baozang jing is underlined, and their illustration in a yet unpublished Chinese Life of the Buddha of the 15th century are closely compared and discussed. The author then addresses the issue of connoisseurship for the scrolls of the Raising of the Alms' Bowl attributed to the famous painter of the Northern Song dynasty Li Gonglin. A critical analysis of the colophons attached to two paintings in particular, kept, for one, in the Guimet Museum, and, for the other one - a copy by the Japanese painter Kano Tan'yu (1602-1674) - in the Kyoto Museum, suggests that the scrolls were forged and produced in a serial and systematic way.
Cette présentation tente, d'une part, d'apporter de nouvelles réponses concernant l'origine de l'iconographie chinoise des représentations peintes de la Conversion de Hariti, la mère-des-démons, au Buddha. A ces fins, les antécédents picturaux du thème en Asie Centrale, et notamment dans le sanctuaire rupestre koutchéen de Kizil, sont identifiés et comparés aux peintures chinoises. L'originalité de ces dernières, et le caractère dynamique de l'assaut qu'elles mettent en scène, concentré autour du bol du Buddha, en particulier, sont ainsi soulignés. L'hypothèse jusqu'alors pressentie d'un emprunt à l'iconographie de l'Assaut de Mara se précise en révélant les analogies avec l'épisode, peu connu, du Buddha défiant Mara de déplacer son pot à eau. La communauté d'origine de ces deux épisodes de la légende dorée du Buddha dans le Za baozang jing est soulignée. Leurs illustrations formelles dans une Vie illustrée chinoise du Buddha, inédite, sont comparées et discutées. L'auteur s'intéresse, dans un second temps, aux rouleaux peints mettant en scène le Soulèvement du Bol attribués au célèbre peintre lettré des Song du Nord, Li Gonglin. Une étude comparative critique des colophons rattachés à deux d'entre eux, en particulier - l'un, peint à l'encre (musée Guimet), et l'autre, copié par le japonais Kano Tan'yu (1602-74) (musée de Kyoto) - suggère qu'ils sont le fruit d'une contrefaçon organisée et systématique, dont certains procédés sont ainsi mis en évidence.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Emmanuelle Lesbre
La conversion de Hārītī au Buddha : origine du thème
iconographique et interprétations picturales chinoises
In: Arts asiatiques. Tome 55, 2000. pp. 98-119.
Citer ce document / Cite this document :
Lesbre Emmanuelle. La conversion de Hārītī au Buddha : origine du thème iconographique et interprétations picturales
chinoises. In: Arts asiatiques. Tome 55, 2000. pp. 98-119.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_2000_num_55_1_1448Abstract
This is an attempt to give an answer to the question of the origin of the Chinese pictorial theme of the
Raising of the Alms' Bowl by the army of demons headed by Hariti, before she eventually submits to the
Buddha. A comparison is drawn between pre-Chinese and Chinese paintings, with a particular focus on
the exceptional site of Kizil, from the former Central Asian kingdom of Koutcha. This highlights the
dynamic dimension of the Chinese iconography, and allows a new understanding of its connexion with
Mara's Assault : analogies are drawn with the little known episode of Mara's Attempt to move the
Buddha's water-pot. The common origin of both episodes - of Hariti's and Mara's submission - in the Za
baozang jing is underlined, and their illustration in a yet unpublished Chinese Life of the Buddha of the
15th century are closely compared and discussed. The author then addresses the issue of
connoisseurship for the scrolls of the Raising of the Alms' Bowl attributed to the famous painter of the
Northern Song dynasty Li Gonglin. A critical analysis of the colophons attached to two paintings in
particular, kept, for one, in the Guimet Museum, and, for the other one - a copy by the Japanese painter
Kano Tan'yu (1602-1674) - in the Kyoto suggests that the scrolls were forged and produced in
a serial and systematic way.
Résumé
Cette présentation tente, d'une part, d'apporter de nouvelles réponses concernant l'origine de
l'iconographie chinoise des représentations peintes de la Conversion de Hariti, la mère-des-démons, au
Buddha. A ces fins, les antécédents picturaux du thème en Asie Centrale, et notamment dans le
sanctuaire rupestre koutchéen de Kizil, sont identifiés et comparés aux peintures chinoises. L'originalité
de ces dernières, et le caractère dynamique de l'assaut qu'elles mettent en scène, concentré autour du
bol du Buddha, en particulier, sont ainsi soulignés. L'hypothèse jusqu'alors pressentie d'un emprunt à
l'iconographie de l'Assaut de Mara se précise en révélant les analogies avec l'épisode, peu connu, du
Buddha défiant Mara de déplacer son pot à eau. La communauté d'origine de ces deux épisodes de la
légende dorée du Buddha dans le Za baozang jing est soulignée. Leurs illustrations formelles dans une
Vie illustrée chinoise du Buddha, inédite, sont comparées et discutées. L'auteur s'intéresse, dans un
second temps, aux rouleaux peints mettant en scène le Soulèvement du Bol attribués au célèbre
peintre lettré des Song du Nord, Li Gonglin. Une étude comparative critique des colophons rattachés à
deux d'entre eux, en particulier - l'un, peint à l'encre (musée Guimet), et l'autre, copié par le japonais
Kano Tan'yu (1602-74) (musée de Kyoto) - suggère qu'ils sont le fruit d'une contrefaçon organisée et
systématique, dont certains procédés sont ainsi mis en évidence.EMMANUELLE LESBRE
Paris
La conversion de Hârïtï au Buddha:
origine du thème iconographique
et interprétations picturales chinoises
Dans le premier type, on assiste à une confrontation équibouddhique» Les représentations de Foucher1 anciennes — depuis de l'Inde Hârïtï jusqu'au — la Japon, «madone en librée entre deux groupes serrés: l'armée des démons, déva
passant par l'Asie Centrale et la Chine, sont déjà bien connues lant d'une montagne à gauche, et à droite, le Buddha entouré
des amateurs d'art indien ou d'Extrême-Orient. Le thème spé de ses dix disciples et de divinités. Entre ces deux groupes, le
cifique de sa conversion au Buddha leur est probablement conflit se concentre autour du bol à aumônes du Buddha, bol
moins familier. Celui-ci a connu une grande popularité en transparent, dans lequel se trouve prisonnier Pingala, et que
Chine, dont les nombreuses illustrations peintes sur rouleau les démons s'évertuent à soulever au moyen d'un portique
encore conservées sont un reflet2. La légende présentée dans sophistiqué et de cordes, sous le regard effaré de sa mère. Les
les canons bouddhiques chinois, et à laquelle Noël Péri avait deux plus beaux exemples de cette composition savante et
consacré une étude remarquable3, peut se résumer comme équilibrée sont la version colorée et anonyme peinte sur soie,
suit4 : conservée au British Museum9 et sa réplique monochrome sur
La Mère-des-démons avait enfanté dix mille fils, conçus papier, conservée au Musée de la Province du Zhejiang, en
Chine10 (fig. 4). La première semblait être un modèle mis au avec l'aide de Pâficika, et dotés d'une force redoutable. Pour
mettre fin à ses agissements d'ogresse, le Buddha enleva son point par les académiciens et ayant servi à la décoration des
benjamin favori — Pingala ou Priyankara, selon les versions — monastères bouddhiques des Song Septentrionaux11. La
et l'emprisonna sous son bol à aumônes. La mère, désespérée seconde est signée par un peintre au service de l'empereur
Renzong(2) des Yuan (r. 1311-30), Zhu Yu(3) (1293-1365)12. après sept jours de recherches infructueuses, se rendit auprès
du Buddha, qui la sermonna: si la perte d'un fils parmi dix A l'autre extrême, les rouleaux peints du Soulèvement du
mille lui causait une telle peine, quelle devait être celle des Bol montrent une composition très dispersée et déséquilibrée
mères qu'elle avait privées, par ses méfaits, de leur enfant au profit des démons (fig. 8) : ces derniers se livrent au regard
unique5 ! Hârïtï promit alors de mettre un terme à ses sévices du spectateur individuellement et à mesure que se déroule la
dès que son fils lui serait rendu. Mais, tandis que le Buddha lui peinture, laissant apparaître de nouveaux animaux bouffons
faisait voir son fils sous le bol, elle chercha à le reprendre «en et d'étranges personnages que l'on retrouve dans d'autres
épuisant toutes ses forces surnaturelles», avant de se sou rouleaux peints, tels que «Les arhats traversant l'océan»13.
mettre au Buddha qui la convertit6. On y voit figurer de curieux génies de la nature, qui peuvent
L'épisode résumé ci-dessus est extrait du Za baozang jing être comparés avec certains éléments de peintures de divinités
[Sûtra de Miscellanées de la Corbeille précieuse], traduit en de la nature associées à des ensembles rituels du Jeûne de
472 par Tan Yao(61), l'architecte du célèbre sanctuaire de Chine l'Eau et de la Terre {shuilu zhaiw), comme celles rapportées
par Pelliot et conservées au musée Guimet14 (fig. 8). Le Buddha Septentrionale, Yungang. Il est souvent retranscrit à la suite
des rouleaux peints chinois, mais toujours associé à un nom n'est plus entouré que par deux disciples. Le portique pour
erroné de sûtra, phénomène auquel nous tenterons d'apporter soulever le bol est simplifié, et souvent traité à la règle. Ces
une explication7. En réalité, ces rouleaux peints mettent en rouleaux mesurent entre trois et six mètres de long, au lieu de
scène un véritable assaut, livré par des troupes de démons au 1,10 m pour les précédents, et sans compter les colophons qui
service de Hârïtï contre le Buddha, pour tenter de libérer le les rallongent encore. Certaines peintures se situent entre les
benjamin prisonnier dans le bol de ce dernier — d'où leur fr deux compositions: laissant le groupe du Buddha inchangé,
équente appellation de «Soulèvement du Bol» (jiebotu{l)). mais présentant une armée des démons allongée, découpée, et
La composition de ces rouleaux varie entre deux extrêmes, parfois augmentée de nouveaux éléments15.
Ces peintures chinoises illustrant la conversion de la Mère- et a été identifiée par Julia Murray dans une étude pionnière,
consacrée à différentes versions conservées dans les collec des-démons sont attribuées et datées de façons très diverses.
tions occidentales, et à un

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