La viticulture dans la vallée allemande de la Moselle - article ; n°379 ; vol.70, pg 287-299
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Description

Annales de Géographie - Année 1961 - Volume 70 - Numéro 379 - Pages 287-299
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Reitel
La viticulture dans la vallée allemande de la Moselle
In: Annales de Géographie. 1961, t. 70, n°379. pp. 287-299.
Citer ce document / Cite this document :
Reitel François. La viticulture dans la vallée allemande de la Moselle. In: Annales de Géographie. 1961, t. 70, n°379. pp. 287-
299.
doi : 10.3406/geo.1961.15815
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1961_num_70_379_15815LA VITICULTURE DANS LA VALLÉE ALLEMANDE
DE LA MOSELLE1
Le voyageur qui, venant du Sud, gagne les pays de l'Hunsruck et de l'Eifel
est frappé du contraste entre la vallée de la Moselle et les plateaux. Au-dessus
des pentes où les vignobles semés de gros bourgs cossus font une guirlande
de verdure, de rares et médiocres villages de clairière dans un cadre forestier.
Au long de l'histoire, en dépit des crises, la vallée a toujours été favorisée.
Et la viticulture, importée du Sud a été un élément constant de sa fortune.
I. — Peuplement et viticulture
La liaison entre la prospérité rurale de la vallée où le commerce, emprunte
de bonne heure la voie fluviale et la prospérité viticole, a été précoce. Dès
l'époque celte, la vallée avec ses sites défensifs et ses lieux de confluence
avait été l'axe du peuplement des Trévires et dés Médiomatrices. Elle connaît
avec la paix romaine un essor remarquable. La continuité du peuplement
rural ne laisse guère subsister de vides entre les villages qui recherchent
surtout la commodité plus que la sécurité.
Entre toutes les cultures, celle de la vigne s'installe sur les défrichements.
Nous ne pouvons pas dater son introduction. L'abondance du matériel
ramené par les fouilles atteste son importance à la fin de l'Empire. Elle est
chantée par le Bordelais Ausone, au ive siècle. Au siècle suivant Fortunat de
Poitiers lui fait écho. L'empereur Probus la restaure après les ravages des
invasions germaniques de 275. Deux faits remarquables, la persistance
jusqu'à nos jours de presque tout le vocabulaire d'origine latine relatif à la
viticulture et à l'œnologie, l'importance des transports fluviaux (navire de
Neumagen). On ne peut douter que les invasions du ive et du ve siècle n'aient
atteint le vignoble mosellan. Mais la propagation du christianisme, la soll
icitude de l'empereur Charlemagne la défendent.
Le vignoble reprend toute sa prospérité à partir du xne siècle, époque des
grands défrichements. Dans le mouvement général d'expansion rurale, les
communautés villageoises de la vallée accrochent leurs ceps à tous les lam
beaux de pente convenablement exposés. Mais un rôle considérable revient
aux grandes abbayes. Maria Laach et Stavelot Malmédy même possèdent des
vignobles dans la vallée. Et surtout, l'évêque de Trêves devenu électeur
en tire le principal de ses revenus. La viticulture trouvera un protecteur eff
icace dans ce grand marchand de vins. Et, comme il n'y eut pas de séculari
sations dans la région, la Réforme n'eut aucun effet appréciable.
La crise la plus grave fut celle de la guerre de Trente ans suivie des
1. Cette étude est le fruit d'un séjour de plusieurs semaines dans la région. Nous tenons à
remercier plus particulièrement M. Barthos, Landrat de l'arrondissement de Cochem, qui
nous a aimablement communiqué tous les documents nécessaires. Nous exprimons également
notre gratitude à MM. H. Moritz et J. Zenzen, propriétaires- viticulteurs à Pommera pour leur
bienveillante compréhension qui a permis la réalisation de ce travail. 288 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
guerres de Louis XIV. La vallée, zone de passage, fut dévastée. L'électorat
avait perdu plus de 300 000 hab. du fait des hostilités et des épidémies.
Des bourgs perdirent plus de la moitié de leur population. Et l'immigration
du xvnie siècle ne combla pas les vides. Cependant un fait important marque
la fin de cette période. Le dernier électeur de Trêves fait en 1787 remplacer
tous les plants indigènes par un cépage de qualité Riesling.
C'est donc un vignoble de cru qui vers le milieu du xixe siècle va affron
ter la concurrence. Si, le Zollverein favorisa tout d'abord les vignobles
de l'Allemagne du Sud, l'essor des chemins de fer et le tourisme répandirent
la renommée des vins mosellans. Dans la première moitié du xxe siècle la
viticulture connut une remarquable prospérité, coupée de quelques crises.
Pour démêler ce qu'il peut y avoir de précaire dans cette situation, il
faut en indiquer les circonstances. La politique protectionniste des différents
gouvernements depuis la fin du xixe siècle en est la cause directe. Actuell
ement encore les taxes douanières à l'importation varient entre 25 NF et
47 NF par hectolitre de vin de consommation. Seuls les vins destinés à
des fins industrielles paient moins. A ces taxes il faut ajouter le contingen
tement qui limite l'arrivée des vins étrangers1. La viticulture mosellane
attend avec appréhension l'abaissement des tarifs douaniers avec lé déve
loppement du marché commun. Cette évolution nouvelle portera un coup
fatal aux mauvais vignobles, d'un rendement douteux. Les vignerons seront
portés à rechercher la qualité au lieu de la quantité comme c'est encore le
cas trop fréquemment. Le vignoble mosellan situé à la périphérie de l'aire
d'expansion de la vigne nécessite de gros travaux d'entretien et de défense
contre ses ennemis naturels. Pour limiter les pertes de revenus les vignerons
sont obligés de procéder à des soins minutieux et coûteux qui grèvent les
prix de revient : lutte anticryptogamique, lutte contre les gelées printan-
nières, entretien des terrasses, acquisition d'appareils et de moteurs de toutes
sortes. Malgré ces lourdes charges le vignoble se maintient. Il ne recule que
sur les mauvaises expositions : ubacs ou vallées latérales. C'est que la vit
iculture est profondément enracinée non seulement dans la vie économique
mais encore dans la vie culturelle de la région. La possession d'une technique
savante, la manière de vivre, le fait de boire du vin opposent le Winzer
(vigneron) de la vallée au Bauer (paysan) du plateau. Cette hiérarchie se
maintient encore actuellement et est cause des frictions et railleries entre
habitants de la vallée et ceux du Hunsruck et de l'Eifel.
Voilà donc une culture profondément enracinée dans le genre de vie de
cette population laborieuse, tenacement liée à sa tradition religieuse — catho
lique. Implantée suivant la tradition avant l'arrivée de Rome, elle a survécu
à toutes les vicissitudes, profitant tour à tour pour reconquérir ses posi
tions après les crises de l'appui des monastères, de l'aide de l'électeur, du
protectionnisme du deuxième et du troisième Reich, de la sollicitude du
gouvernement actuel. Comment va-t-elle affronter la conjoncture présente?
1. Cf. Der Deutsche Weinbau, cahier n° 5, mars 1960, p. 203. LA VITICULTURE DANS LA VALLÉE DE LA MOSELLE 289
П. — - Les conditions naturelles et le système économique ancien
Mais il faut dire au préalable d'où est issu dans le passé le plus proche
le système actuel.
Défavorables dans leur ensemble, les conditions naturelles sont corrigées,
en partie, grâce à un travail intense, minutieux et pénible. L'encaissement
de la vallée, d'environ 150 m, l'existence de nombreux méandres déterminent
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Fig. 1. — Le vignoble de la vallée de la Moselle allemande.
1, Village ayant entre 100 et 200 ha de vigne. — 2, Village ayant entre 200 et 300 ha de vi»ne.
— 3, Ville non viticole. — 4, Village cité dans le texte. — 5, Chef-lieu d'arrondissement (kreistadt).
Les chiffres indiquent la population en milliers d'habitants. — 6, Frontière. — 7, Région viticole
(villages ayant moins de 100 ha de vigne). — 8, Essentiellement polyculture (céréales, pommes
de terre, élevage). — 9, Principales forêts (Hunsruck plus boisé qu'Eifel).
I, Vignoble de la Moselle inférieure — II, Vignoble de la Moyenne Moselle. — III, vignoble
de la Moselle Supérieure, Sarre et Ruwer.
ANN. DE GÉOG. LXXe ANNÉE. 19 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 290
des oppositions de versants défavorables à une extension continue de

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