Les genres de vie dans la géographie humaine - article ; n°111 ; vol.20, pg 193-212
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Description

Annales de Géographie - Année 1911 - Volume 20 - Numéro 111 - Pages 193-212
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Vidal de la Blache
Les genres de vie dans la géographie humaine
In: Annales de Géographie. 1911, t. 20, n°111. pp. 193-212.
Citer ce document / Cite this document :
Vidal de la Blache Paul. Les genres de vie dans la géographie humaine. In: Annales de Géographie. 1911, t. 20, n°111. pp.
193-212.
doi : 10.3406/geo.1911.7340
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1911_num_20_111_7340XXe année 16 mai 1911 111
ANNALES
DE
OGRAPHIE
OGRAPHIE RALE
LES GENRES DE DANS LA OGRAPHIE HUMAINE
Premier article
On sait que la physionomie une contrée est susceptible de
changer beaucoup suivant le genre de vie pratiquent ses habi
tants Ces changements ne nous frappent guère en Europe parce que
les conditions existence sont pour ainsi dire stéréotypées fixées
depuis plusieurs siècles Encore pourtant échapperaient-ils pas
des yeux attentifs et nous pourrions constater par exemple que
le développement croissant de la vie urbaine commencé déjà
exercer autour de nous sur les cultures les groupements et la phy
sionomie des contrées des modifications qui ne sont pas insensibles
Mais il suffit de considérer ce on appelle les pays neufs Prairies
Amérique Pampas et même la Puszta les Steppes russes ou enfin
la Mitidja et autres parties de Algérie pour apprécier les change
ments géographiques entraîne la substitution un genre de vie
un autre Nous assistons là des transformations qui ne consistent pas
seulement dans introduction éléments nouveaux mais qui déran
gent tout équilibre antérieur de la nature vivante causent un
ébranlement profond qui étend la nature inorganique La
végétation se modifie autour des pâturages où sont installés nos
troupeaux arbre paraît là où sa présence était exclue certaines
plantes non convoquées accourent elles-mêmes appel de nos
ANN DE OG XX ANN 13 OGRAPHIE RALE 194
cultures Et la contre-partie de ce spectacle nous est offerte dans les
contrées trop nombreuses où ont sévi entre autres fléaux les abus
pastoraux Autour de la Méditerranée notamment et dans Asie
occidentale il ne manque pas exemples de demi-déseris ayant
succédé une agriculture mi-pastorale ou irrigation
Nous sommes effectivement en présence un facteur géo
graphique on pas apprécié sa valeur ou du moins dont on
pas étudié le fonctionnement faute sans doute de termes de com
paraison en quantité suffisante un genre de vie constitué implique
une action méthodique et continue partant très forte sur la nature
ou pour parieren géographe sur la physionomie des contrées Sans
doute action de homme est fait sentir sur son environnement
dès le jour où sa main est armée un instrument on peut dire
que dès les premiers débuts des civilisations cette action pas
été négligeable Mais tout autre est effet habitudes organisées et
systématiques creusant de plus en plus profondément leur ornière
imposant par la force acquise aux générations successives im
primant leur marque sur les esprits tournant dans un sens déterminé
toutes les forces de progrès
Si forte est cette action que nous risquons en être dupes Les
catégories tranchées que présentent notre esprit état pastoral
état agricole ou telles autres classifications sociologiques sont loin
de correspondre des contrastes aussi tranchés dans la nature Ces
contrastes tiennent ce que pasteur et agriculteur pour ne arrêter
aux deux genres de vie les plus évolués sont deux êtres devenus
socialement très différents par un ensemble habitudes et de concep
tions nées précisément de la différence des genres de vie ils
pratiquent Il irrémédiables dissidences dans idée que chacun
de ces êtres sociaux se fait de la propriété des liens de famille et de
race du droit Le droit pour un est territorial pour autre il est
essentiellement familial Mais ces oppositions ne sont que très
indirectement des faits de nature Ce serait un abus de langage
voir la traduction du milieu physique La nature est plus diverse
moins absolue bien plus malléable que ne le laisseraient supposer
ces contrastes Elle tient en réserve des possibilités en nombre bien
plus divers on ne le croirait après nos classifications abstraites
Nous en jugeons mieux mesure que nos connaissances étendent
un plus grand nombre de contrées se trouvant des degrés inégaux
de développement Nous en voyons qui avec des ressemblances de
climat offrent de grandes différences de genres de vie Nous en
voyons qui ont revêtu successivement la livrée de genres de vie
dissemblables est surtout la colonisation moderne qui nous apprend
mesurer où étend sur les contrées le pouvoir de modifica
tion dont dispose homme il faut convenir ailleurs que si ce LES GENRES DE VIE DANS LA GÉOGRAPHIE HUMAINE. 195
pouvoir était restreint en des cadres trop rigides, cette œuvre de
colonisation, qui éveille un si légitime intérêt, n'aurait guère de
portée et de sens.
Il
Je crois que, pour se faire une idée juste, il faut avant tout con
sidérer que l'action de l'homme sur la nature ou de la nature sur
l'homme s'exerce principalement par l'intermédiaire du monde végétal
et animal, c'est-à-dire de ce quelque-chose d'infiniment souple et
tenace qui s'appelle la vie. Les influences de climat et de sol, qui
régissent toutes choses, nous atteignent en même temps que tout ce
monde animé avec lequel se joue notre existence. Or c'est un monde
de composition très complexe, où entrent des espèces d'époques
géologiques diverses, les unes en régression, les autres en progrès.
Un état de lutte et de concurrence règne, soit entre animaux qui
s'entre-détruisent, soit entre plantes qui se disputent l'espace, soit entre
les plantes et les microbes ou parasites qui vivent à leurs dépens.
A côté de plantes qui ont réussi à étendre leur aire, il y en a d'autres
qui, refoulées, guettent une circonstance propice pour s'élancer hors
de l'asile où elles se retranchent. Il résulte de tout cela un équilibre
instable, où aucune place n'est définitivement garantie. Dans le duel
qui se livre ainsi entre des formations végétales comme l'arbre et
l'herbe, la forêt et la prairie, ou entre des espèces comme les Arbres
feuillus et les Conifères, le Chêne et le Hêtre, etc., l'intervention
humaine a beau jeu pour modifier les chances, jeter un poids décisif
dans la balance. C'est ce qui est arrivé : l'homme a pris parti. Mais,
puisqu'il a besoin, pour agir en maître, de mobiliser à son profit une
partie des forces vivantes, il s'expose à rencontrer des chances très
inégales suivant les champs de bataille,
Si cette nature vivante est appauvrie, anémiée par des conditions
restrictives de climat, il est lui-même paralysé ou gêné dans le choix
de ses moyens d'existence. Une épizootie, qui détruit le troupeau de
Rennes, force la tribu Tchouktche ou Samoyède, dont il constituait
l'avoir, à se disperser. Un canal d'irrigation, qui cesse de fonctionner
dans la région du Sind, change en un ramassis de maraudeurs ou de
brigands le groupe de cultivateurs. Un genre de vie, dans de telles
régions, est chose précaire. Et c'est pour cette raison qu'il y a lieu
d'être étonné quand on voit à quel degré relativement solide d'orga
nisation ont su s'élever, les uns par l'élevage, les autres par la chasse
et la pêche, des peuples tels que les Lapons et les Esquimaux, Le
problème de réaliser un type social capable de durée et disposant
d'un outillage approprié a été réalisé chez ces peuples arctiques, dans
des conditions plus rigoureuses assurément que celles où, à l'extré- 196 GÉOGRAPHIE GENERÁLE.
mité de l'autre hémisphère, végètent misérablement les tribus Fué-
giennes. Il est difficile, (in présence de ce fait, d'échapper à l'idée
que ces genres de vie se sont constitués, non pas précisément dans la
région relativement restreinte où ils subsistent à l'état de témoins,
mais sur une plus grande échelle, dans les espaces continentaux qui
correspondent aux latitudes moyennes de notre hémisphère.
En tout cas, des genres de vie fondés sur des combinaisons aussi
simples que

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