Les incitations fiscales aux dons sont-elles efficaces ? - article ; n°1 ; vol.427, pg 101-121
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Economie et statistique - Année 2009 - Volume 427 - Numéro 1 - Pages 101-121
We estimate the impact of tax incentives for donations to charities in France. We concentrate on two reforms enacted in 2003 and 2005, which raised by 32% the
income-tax deduction on gifts to non-profit organisations and charities known as organismes d’utilité publique and organismes d’intérêt général. We use a double-difference estimation strategy. This consists in comparing the changes in donations by different groups of households with similar income levels but different
tax statuses due to differences in household size. By
using an estimation technique based on censored quantile regressions, we can address the econometric problems arising from the fact that a high proportion of households (80-88%) declare no gifts. This approach also enables us to study the heterogeneity of responses
to tax incentives. We find a relatively low price elasticity
of donations. This means that the households studied
responded weakly to the increase in tax deductions for
donations. However, the effect of tax incentives is heterogeneous. All other things being equal, the most generous donors seem to respond to tax incentives more strongly than others.
Cet article est consacré à l’estimation de l’effet des
incitations fiscales en faveur des dons aux oeuvres en
France. Il se concentre sur deux réformes, intervenues en 2003 et 2005, qui ont augmenté de 32 % le taux
de réduction d’impôt sur le revenu pour les dons destinés
à des organismes d’utilité publique ou d’intérêt général. Nous utilisons une stratégie d’estimation en double différence, en comparant l’évolution des dons de différents groupes de ménages ayant des revenus similaires mais des statuts d’imposition différents, du fait de différences dans le nombre de personnes au sein du foyer. Le recours à une technique d’estimation par des régressions quantiles censurées permet de traiter les problèmes économétriques liés au fait qu’une forte proportion de ménages (entre 80 et 88 %) ne déclarent aucun don. Cette technique permet de plus d’étudier
l’hétérogénéité des réactions aux incitations fiscales.
Les estimations de l’élasticité prix du don obtenues sont
relativement faibles, ce qui signifie que les ménages
étudiés ont peu réagi à l’augmentation des réductions en faveur des dons. Cependant l’effet des incitations
fiscales est hétérogène: il semble que les donateurs les plus généreux réagissent plus aux incitations fiscales
que les autres, toutes choses égales par ailleurs.
In diesem Artikel werden die Auswirkungen der Steueranreize für Spenden zugunsten von Wohlfahrtseinrichtungen in Frankreich analysiert. Der Schwerpunkt liegt auf zwei Reformen der Jahre 2003 und 2005, durch die die Einkommensteuerermäßigung für Spenden an gemeinnützige Einrichtungen auf 32 % erhöht wurde. Wir verwenden eine Strategie der Doppeldifferenz-Schätzung, bei der die Entwicklungen der Spenden der verschiedenen Gruppen von Haushalten mit ähnlich hohem Einkommen, aber mit unterschiedlicher Steuerklasse aufgrund der Anzahl der im Haushalt lebenden Personen miteinander verglichen werden. Der Rückgriff auf eine Schätzung anhand zensierter Quantilsregressionen ermöglicht die Lösung ökonometrischer Probleme aufgrund des Umstands, dass ein hoher Anteil von Haushalten (zwischen 80 % und 88 %) keine Spenden in ihrer Steuererklärung angibt. Mit dieser Technik lässt sich zudem die Heterogenität der Reaktionen auf die Steueranreize untersuchen. Die Schätzungen der Preiselastizität der erhaltenen
Spenden sind relativ gering, was bedeutet, dass die
untersuchten Haushalte kaum auf die Anhebung der Steuerermäßigungen zugunsten von Spenden reagierten. Der Effekt der Steueranreize ist jedoch heterogen; denn es hat den Anschein, dass die großzügigsten Spender auf Steueranreize mehr reagieren als die anderen bei ansonst gleichen Bedingungen.
Ese artículo se centra en la estimación del efecto de los incentivos fiscales a las donaciones a organizaciones
en Francia. Se concentra en dos reformas, llevadas a cabo en 2003 y 2005, que aumentaron un 32 % el
índice de reducción del impuesto sobre la renta para
las donaciones destinadas a organismos de utilidad
pública o de interés general. Utilizamos una estrategia de estimación de doble diferencia, comparando la evolución de las donaciones de los distintos grupos
de hogares con ingresos similares, pero situaciones
de imposición diferentes debido a las diferencias en el número de personas que forman el hogar. El recurso a una técnica de estimación por regresiones cuantiles censuradas permite tratar los problemas econométricos
relacionados con el hecho de que una fuerte proporción
de hogares (entre el 80 % y el 88 %) no declara ninguna
donación. Esta técnica permite estudiar además la heterogeneidad de las reacciones a los incentivos fiscales.
Las estimaciones de la elasticidad del precio de
la donación obtenidas son relativamente bajas, lo que significa que los hogares estudiados han reaccionado
poco al aumento de las deducciones a las donaciones.
No obstante, el efecto de los incentivos fiscales es heterogéneo: parece que los donantes más generosos reaccionan más a los incentivos fiscales que los demás,
en igualdad de condiciones.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2009
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Les incitations fiscales aux dons  sont-elles efficaces ? Gabrielle Fack* et Camille Landais**
ÉCONOMIE
Cet article est consacré à l’estimation de l’effet des incitations fiscales en faveur des dons aux œuvres en France. Il se concentre sur deux réformes, intervenues en 2003 et 2005, qui ont augmenté de 32 % le taux de réduction d’impôt sur le revenu pour les dons destinés à des organismes d’utilité publique ou d’in -térêt général. Nous utilisons une stratégie d’estimation en double différence, en comparant l’évolution des dons de différents groupes de ménages ayant des revenus similaires mais des statuts d’imposition différents, du fait de différen -ces dans le nombre de personnes au sein du foyer. Le recours à une technique d’estimation par des régressions quantiles censurées permet de traiter les pro -blèmes économétriques liés au fait qu’une forte proportion de ménages (entre 80 et 88 %) ne déclarent aucun don. Cette technique permet de plus d’étudier l’hétérogénéité des réactions aux incitations fiscales. Les estimations de l’élas -ticité prix du don obtenues sont relativement faibles, ce qui signifie que les ménages étudiés ont peu réagi à l’augmentation des réductions en faveur des dons. Cependant l’effet des incitations fiscales est hétérogène : il semble que les donateurs les plus généreux réagissent plus aux incitations fiscales que les autres, toutes choses égales par ailleurs.
* Universitat Pompeu Fabra, gabrielle.fack@upf.edu ** University California, Berkeley, camille_landais@berkeley.edu
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 427-428, 2009
101
102
 
L a philanthropie est encoaur rlaignétee rdmaéndsi aiurne grand nombre de pays, p d’avantages fiscaux accordés aux donateurs. Ce type d’incitations a connu récemment un regain d’intérêt dans les pays européens, et en particulier en France, comme outil permettant de développer le financement privé de certains domaines d’activité, par exemple l’éducation, la recherche ou encore la culture. Cet article propose une estimation de l’effet des incitations fiscales au don en France, afin d’évaluer si ce type de politique peut efficacement compléter le financement direct de la puissance publique dans ces secteurs d’activité. Par rapport aux pays anglo-saxons et en parti -culier aux États-Unis, le niveau des contribu -tions en France est relativement faible, puisqu’il représentait à peine 0,08 % du PIB en 2002 contre environ 0,2 % pour le Royaume-Uni et 1,4 % pour les États-Unis (1). La faiblesse des dons en France a conduit les gouvernements successifs à mener une série de réformes, qui ont considérablement augmenté les incitations fiscales au don. Le système français, qui offre actuellement une réduction d’impôts égale à 66 % du don pour les ménages imposables, est devenu un des plus incitatifs au monde (cf. tableau 1). En effet, la majorité des pays offre la possibilité de déduire les dons du revenu impo -sable, ce qui implique que leur taux de réduction maximal est égal au taux marginal d’imposition le plus élevé, qui est rarement supérieur à 50 %. De plus, les pays qui ont un système de réduc -tions d’impôt présentent des taux de réduction beaucoup plus faibles que la France. Cet article étudie les réformes du système d’incitations en France comme des expériences naturelles per -mettant d’estimer l’effet des incitations fiscales au don sur la philanthropie. La littérature sur l’évaluation des incitations fiscales aux dons est principalement américaine et s’est concentrée sur l’estimation de « l’élas -ticité prix » du don, qui exprime le pourcentage de variation des dons suite à une variation du « prix » (2) du don, due à une modification des incitations fiscales. Les premières recherches empiriques sur le sujet datent de la fin des années 1970 (avec, par exemple, Feldstein et Taylor, 1976 ; ou Feldstein et Boskin, 1977), et utilisent des données en coupe pour estimer l’élasticité prix et l’élasticité revenu des contributions pri -vées. Leurs résultats donnent des estimations de l’élasticité prix du don supérieures à 1, ce qui suggère une forte sensibilité des ménages amé -ricains aux incitations fiscales (3). Cependant, la validité des résultats de ces premières études est
limitée par les problèmes d’identification de la stratégie d’estimation, dus au fait que le revenu et le prix du don varient de façon simultanée. En effet, dans le système américain, le don est déduit du revenu imposable : la réduction est ainsi égale au taux marginal d’imposition appli -cable à chaque contribuable et varie donc en fonction du revenu. Les études sur données de panel (en particulier Randolph, 1995 ; Barrett et al. , 1997 et Bakija, 2000), ont développé dif -férentes techniques pour séparer les effets d’un changement permanent du prix du don et les effets de variations transitoires dues aux fluc -tuations de revenu. En séparant l’effet revenu et l’effet prix en composantes transitoires et permanentes, Randolph trouve des estimations de l’élasticité du don au « prix de long terme » comprises entre 0,3 et 0,5 - beaucoup plus fai -bles que les valeurs trouvées dans les études précédentes. Cependant, Auten et al.  (2002) trouvent des valeurs plus élevées, entre 0,79 et 1,26, en utilisant des techniques différentes pour identifier les composantes transitoires et permanentes. Les estimations obtenues sur don -nées de panel varient donc beaucoup en fonc -tion des méthodes d’estimation utilisées.  1    2      3 De plus, la focalisation de la littérature sur le problème de séparation des effets transitoi -res et permanents conduit à occulter en par -tie d’autres difficultés importantes posées par l’étude empirique des comportements de dons. Des travaux récents mettent ainsi en lumière les limites de certaines études antérieures. D’une part, Bradley et al.  (2005) montrent que la censure des contributions privées, liée au fait que certaines personnes ne donnent pas, peut biaiser fortement les estimations qui ne pren -nent pas bien en compte ce problème. Ils esti -ment l’élasticité prix du don sur un échantillon de contribuables américains en comparant les résultats obtenus avec les méthodes tradition -nellement recommandées pour traiter la censure (comme les modèles Tobit ou de sélection à la Heckman ) et ceux obtenus avec des méthodes semi-paramétriques. Leurs résultats suggèrent que les hypothèses sur lesquelles sont fondés les modèles traditionnels ne sont pas toujours vérifiées et que les méthodes semi-paramétri -1. Les chiffres ont été calculés à partir des montants reportés dans les des déclarations de revenus et publiés par les autorités fiscales de chaque pays. 2. Le « prix » dun don est égal à 1 moins le taux de réduction  d’impôt. Il s’agit donc de la part du don qui est effectivement à la charge du donateur. 3. Pour une revue des résultats des estimations empiriques sur l’élasticité prix du don jusqu’en 2001, voir Schokkaert (2006), et pour une revue de littérature plus spécifique sur les études amé -ricaines, voir Bakija et Heim (2008).
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 427-428, 2009
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