T2001-03 - Trois aspects de la reconversion industrielle en Russie ...
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La reconversion industrielle en Russie : Le cas du secteur de l’équipement de télécommunication Natalia AGAPITOVA Faculté des Sciences Économiques 93, avenue du Recteur Pineau 86000 Poitiers Tél. 06 99 91 73 89 e-mail : agapitova_natalia@yahoo.com Thèmes de travail : la reconversion industrielle en Russie, les stratégies des entreprises, le rôle des institutions publiques, l’économie régionale. La reconversion industrielle en Russie : Le cas du secteur de l’équipement de télécommunication Abstract: This paper analyzes the outcome of privatization and conversion in the Russian defense industry and, in particular, three aspects: evolution of the productive system, inertia of the organizational structure and spatial dimension of enterprises. The survey, based on data provided by the largest Russian telecommunications equipment producer and the longitudinal analysis of regional press, shows the emergence of regional governance apparatus, making the enterprises particularly dependent on the regional economic environment and the relationship between the regional government and the enterprises’ directors. The resistance of the hierarchical organizational structure makes the enterprise extremely vulnerable to the quality of its management. Résumé : L’article analyse les conséquences de la privatisation et de la reconversion de CMI en Russie et des trois aspects particuliers de ces processus : l’évolution de l’appareil productif, l’inertie des structures organisationnelles et la dimension spatiale des entreprises. L’étude, basée sur les résultats d’analyses de la presse régionale, des publications sur les entreprises du secteur et la base de données de premier producteur national, démontre l’émergence des structures de gouvernance régionale qui rendent les entreprises particulièrement dépendantes de l’environnement économique régional et de type de relation entre la direction d’entreprise et les hommes au pouvoir. La résistance des structures hiérarchiques organisationnelles rend les usines en reconversion extrêmement sensibles à la qualité du management. Key words : Conversion, defense industry, governance, regional economy, telecommunications. Mots clés : Reconversion, CMI, gouvernance, économie régionale, télécommunications. Introduction La reconversion de l’industrie soviétique a attiré beaucoup d’attention et fait objet de nombreuses études. Les réformes libérales prônées par la théorie néoclassique, ont été engagées en Russie et ont provoqué une rupture brutale avec le mode de fonctionnement dans l’EPC (Économie Planifiée du Centre). Les effets immédiats comme la chute de la production industrielle, la baisse des salaires réels et le licenciement du personnel ont souvent détourné l’attention des chercheurs des processus évolutifs engagés par les entreprises. Par conséquent, les 1 études de cas sont assez rares, ce qui s’explique aussi par l’accès difficile aux données statistiques. Dans le cadre d’une thèse en préparation ayant pour problématique les aspects régionaux de la reconversion industrielle en Russie, nous avons effectué une étude du secteur de l’équipement de télécommunication. Ce dernier est notamment composé en Russie de l’usine « Morion » (un quasi-monopole national avec 86% de production du secteur) basée à Perm. Ses deux concurrents nationaux de taille inférieure ainsi que leurs concurrents étrangers n’ont pas fait objet de l’étude actuelle. Nous nous sommes servis de l’approche évolutionniste qui nous fournit une grille d'analyse particulièrement stimulante pour étudier l’appareil productif du type soviétique dans sa transformation : la notion de routine, de compétence, d’apprentissage et d’environnement de sélection, ainsi que les régimes technologiques, la dépendance de sentier, les designs dominants et les phénomènes de 'lock-in' (développées dans les travaux de R. NELSON, S. WINTER, D. TEECE, D. NORTH, N. FOSS, W. ANDREFF, J. FONTANEL, Ph. MOATI et d’autres). L’étude s’est déroulée en deux parties. Dans la première partie nous sommes revenus en arrière pour analyser les effets de sentier de la période ‘soviétique’ qui ont par la suite influencé l’évolution du secteur et nous avons exposé son histoire, la spécificité du régime technologique soviétique, les performances de l’industrie et l’impact de la première vague des reformes. La deuxième partie présente une étude plus complexe de la réaction de l’entreprise principale du secteur face aux changements de son environnement, qui nous permettrait de suivre de prêt la logique de reconversion et les comportements stratégiques des entreprises russes. Notre recherche a été basée sur l’analyse de la presse régionale, russe et internationale des douze dernières années, les analyses des investisseurs et des concurrents de « Morion » et, enfin, une base de donnée de l’usine à laquelle nous avons pu avoir un accès exclusif. 2 1. Les caractéristiques déterminantes de l’industrie pendant la période soviétique 1L’usine de l’équipement de communication à longues distances , classée « stratégique » jusqu’à l’ouverture du pays, a été fondée en 1957, pendant la période d’après-guerre caractérisée par la militarisation forcée de l’industrie soviétique. L’emplacement du premier producteur des systèmes de communication a été décidé par le Ministère de la Défense pour compléter le cycle de production des missiles de portée moyenne basé à Perm. Monopoliste sur le marché national des lignes téléphoniques jusqu’en 1988, l’usine ADS nouait des liens productifs avec plus de 800 usines-fournisseurs des républiques de l’URSS 2intégrées dans son cycle productif. Une grande partie de la production de l’usine a été destinée à l’usage militaire (39% de la production), tandis que la production des lignes téléphoniques (46% de la production) n’a pas été suffisante pour satisfaire la demande nationale. En 1990 seulement 30 foyers sur 100 avaient le téléphone (47-ème place dans le monde) et le gouvernement a pris la décision d’assurer une connexion téléphonique dans chaque ménage soviétique vers l’an 2000. A partir de 1980 jusqu’à 1990, le taux de croissance annuelle du volume de la production de l’usine était de 15% en moyenne. Pourtant, une forte réduction de financements et de commandes de l’État en 1992 avait beaucoup freiné la production qui depuis commence à se redresser. Son environnement de sélection ‘étroit’ a été présenté par le marché monopolistique de l’URSS et des pays de l’Est, fermé à la concurrence internationale, réglementé par les ministères centraux et doté d’un investissement ‘inépuisable’. En fait, ce n’est pas les entreprises qui ont été sélectionnées, mais leurs dirigeants. Si les résultats du fonctionnement d’une usine ne satisfaisaient pas le gouvernement, la direction en place était simplement remplacée sans changer les structures productives ou organisationnelles. 1 Nous utiliserons par la suite l’abréviation russe « usine ADS ». 2 La totalité de la production de l’usine était distribuée par le Ministère central jusqu’à sa privatisation. 3 1.1. La spécificité du régime technologique soviétique dans les télécommunications En URSS, le régime technologique a été caractérisé par le gaspillage des actifs, notamment des matériaux de construction et des ressources énergétiques. Le nombre d’emplois pendant la période soviétique était inadéquat aux besoins de l’entreprise, la productivité de travail était très basse et le surplus de la production était remboursé par l’État. Il y a eu néanmoins quelques avantages considérables quant aux capacités de travail de l’équipement dans des conditions 3extrêmes d’une part (les basses températures, l’altitude, l’espace extraterrestre), et d’autre part concernant la haute sécurité de transmission des données. Faisant partie du CMI soviétique, l’usine ADS se spécialisait dans la production des appareils de communication pour l’armée et des équipements électroniques d’espionnage. La structure de télécommunications en URSS a été considérablement différente de son 4analogue occidental: plus de 90% du réseau développé était analogique avec le système 5d’interconnexion de type PDH . Pour interconnecter ce système au réseau de type SDH, les chercheurs de l’usine ont développé en 1975 un produit spécifique assurant un raccordement de différents systèmes : ICM (une abréviation russe pour le ‘modulateur d’impulsion codée’). Ces caractéristiques sont restées inchangées pendant 20 ans puisque les besoins de l’armée, satisfaits par la puissance des centraux, concernaient principalement le domaine de sécurité de la transmission et sa stabilité. La demande civile jouait le rôle secondaire, par conséquent, les produits civils n’ont pas été ni diversifiés, ni performants. 3 Le meilleur exemple de l’utilisation de cette expérience est le système de transmission des données le long des chemins de fer, qui est insensible aux perturbations électromagnétiques. 4 La transmission analogique des données s’effectue par au moyen d’ondes électromagnétiques (vitesse maximale 30 Mb/s), tandis que la transmission digitale, utilisée par les pays développés, est un processus de conversion des signaux en chiffres, transmis et décodés par la suite. La dernière méthode est considérablement plus stable, crédible et rapide (vitesse minimale 155 Mb/s), mais les lignes fibre-optiques ne constituent que 15% du réseau russe. 5 Le système d’interconnexion en URSS a été de type PDH (‘plezio-syncronous digital heirarchy’), ce que a énormément augmenté le nombre de nœuds dans le réseau. Dans les pays développés ce type de connexion a été dépassé par l’introduction des lignes digitales, qui ont une vitesse de transmission supérieure et du système SDH (‘syncronous digital hierarchy’), qui fonctionne sur le principe de redistribution des signaux. 4 1.2. La production de l’usine :de la priorité de la défense à la diversification incohérente La spécialisation
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