Virûpâksa, le gardien au regard torve - article ; n°1 ; vol.39, pg 78-86
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Description

Arts asiatiques - Année 1984 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 78-86
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gilles Béguin
France Drilhon
Virûpâksa, le gardien au regard torve
In: Arts asiatiques. Tome 39, 1984. pp. 78-86.
Citer ce document / Cite this document :
Béguin Gilles, Drilhon France. Virûpâksa, le gardien au regard torve. In: Arts asiatiques. Tome 39, 1984. pp. 78-86.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1984_num_39_1_1619Gilles Béguin et France Drilhon
Virûpâksa, le gardien au regard torve
cien (kinnara)3 (fig. 2), évoquaient bien malformation et regard, amenèrent Mar
lacunes. malgré Le fonds sa Ainsi d'art richesse, chinois la série présente du de musée bronzes encore Guimet, bouddes modestement au musée Guimet cet ie-Thérèse de Mallmann à émettre l'hy
aspect somptueux de l'art bouddhique pothèse que notre personnage posséder
dhiques, en partie due à la générosité chinois. Malgré le grand soin apporté à ait des yeux vairons. Il appartient à un
d'Oswald Sirèn en 1927, offre un pano leur exécution, elles ne peuvent donner groupe bien connu de quatre rois, « gar
rama très complet des iconographies et une juste idée de l'aspect monumental de diens des portions de l'univers », les
des styles aux époques anciennes. Elle cette production. Il n'en est pas de même lokapâlà7, dénommés parfois « les quatre
s'achevait par un célèbre stûpa en argent dans les grands musées étrangers. Il suffit grands rois » catur maharaja8. Dans cette
repoussé daté 9861. Aucune pièce à ce propos de citer le riche ensemble du troupe, Virûpâksa est chargé de la protec
majeure n'illustrait les nouveaux cou British Muséum dont deux pièces ont été tion de la direction ouest. Vaiçravawa, le
rants du Bouddhisme aux époques Yuan présentées à Paris en 19774. gardien du nord, en assure le commandem
(1279-1368) et Ming (1368-1644). La L'achat sur le marché parisien d'une ent. Des représentations de ces person
cour impériale favorise alors le Boud imposante statue de cuivre doré repré nages apparaîtraient en Inde dès le IIe
sentant le roi-gardien Virûpâksa3 (fig. 3,4 dhisme tibétain, forme particulière du siècle avant J.-C.9.
Bouddhisme tantrique, promu au rang de et 8 à 12) permet, sur ce point, de
Le culte des lokapâlà semble lié à celui religion officielle. En particulier, deux rattraper le retard des collections national
empereurs Ming, Yongle (1403-1424) et es. Avant d'examiner plus en détail cette de leur chef. Dans des textes bouddhiques
Xuande (1426-1435) commanditèrent œuvre, il convient de donner quelques tels le Kriyâsamgraha, Vaiçravana est une
renseignements succincts concernant l'exécution, dans les fabriques impériales, épithète qui désigne le dieu des richesses,
de statuettes illustrant les aspects variés et Virûpâksa. Kubera. Cette divinité indienne va, en
« Virûpâksa » est un terme sanskrit complexes de l'iconographie tibétaine. Asie centrale, se confondre avec un dieu
qui contient l'adjectif virûpâ, « déformé, Seules jusqu'à présent deux figurines, armé, lié aux légendes de fondation de la
laid, monstrueux, contre nature »6 et hélas dépourvues de marque de règne, ville de Khotan, au sud du bassin du
aksa, « œil ». Ces deux composantes : l'arhat Bhadra2 (fig. 1) et un génie musi- Tarim, et protecteur de leurs souverains.
L'iconographie de Vaiçravana prend déf
initivement forme en Asie centrale jus
qu'à occulter le vieux fonds indien. Fig. 2. Kinnara. Laiton doré, Chine, XV siècle, musée Fig. 1. L'arhat Bhadra. Bronze doré, Chine, fin XIVe siècle, Kubera apparaît dans une autre liste Guimet, Paris (cliché Frandne Tissot - musée Guimet). musée Guimet, Paris (cliché R.M.N.). de dieux gardiens propre au Brahma
nisme aussi bien bouddhique qu'hindou.
Il fait en effet partie du groupe des
dikpâla, « protecteur des directions céles
tes », aussi bien cardinales que collatéral
es. Parmi ces huit ou dix divinités, il
règne sur le nord. Cette assimilation entre
le Kubera indien et le Vaiçravawa centra-
siatique explique pourquoi Kubera-Vai-
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion çravawa sera présent dans ces deux grou
pes de divinités protectrices : dikpâla et
lokapâlà. Ces personnages ne peuvent
cependant être confondus. Ils diffèrent
par le nombre, les attributs et le costume.
Les dikpâla sont drapés à l'indienne ; les
lokapâlà sont toujours en armure10. L'
iconographie khotanaise, reprise en Chine
à date ancienne, représente Vaiçravawa
78 d'une coupole à Kirish (vers 600- décor
650) 13, au Temple dit «des lokapâla »
d'Ilikôl14, à Karashar et à Tûrfan15. On
doit éviter de les confondre avec d'autres
types de gardiens, certains à tête animale
comme à Târislak, qui appartiennent à
d'autres groupes encore mal connus16. En
Chine, leur culte apparaît assez tard. Un
sûtra les concernant est traduit après 427
par deux pèlerins, Zhiyan et Baoyun17. Si
on ne les rencontre pas dans les plus
anciennes grottes excavées, ils sont en
revanche représentés sur une peinture
murale de la grotte n° 285 de Dunhuang
(Pelliot n° 120 N), datée 538/918. Malgré
des attitudes variées, seul Vaiçravana,
reconnaissable à son stûpa-reliquaire, se
détache de leur groupe. En 559/60, un
temple, le Sitianwang si, leur est dédicacé
à Chang an, alors capitale de la dynastie
des Zhou du nord, pour les besoins du
célèbre missionnaire Jnânagupta19. Cette
diffusion relativement tardive s'explique
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 3. Virûpâksa. Cuivre doré, incrusté, art sino-tibétain, XVe siècle, musée Guimet, Paris (cliché RM. N.). Fig. 4. Virûpâksa. Dos (cliché RM. N.).
aisément, Les Chinois utilisaient plus de face, en armure, les épaules flammées, Dandân-Uilik, au nord-est de l'oasis de
soutenu par la terre apparaissant à mi- Khotan11. Malgré leur date relativement volontiers d'autres types de gardiens. Ils
basse (VIIe-début vme siècle ?), ces percorps. Il tient, dans les mains, une lance plaçaient ainsi, de chaque côté des issues
sonnages paraissent rester fidèles au plus des sanctuaires bouddhiques ou des imaet, ce qui doit retenir notre attention, un
stûpa-reliquaire. Dans un premier temps, ancien stade de leur iconographie. ges saintes, des dvârapâla, des « gardiens
ses trois compagnons ne possèdent aucun Leurs images paraissent avoir été rel de porte ». Ces derniers personnages sont
ativement répandues dans ces régions. Par signe distinctif. Ainsi, seul Vaiçravana empruntés aux conceptions brahmaniq
exemple, nous les remarquons à l'entrée ues, tant bouddhiques qu'hindoues. En peut être identifié avec certitude parmi
quatre statues de rois gardiens élevées du grand monastère de Rawak à Khotan, Chine, dès l'excavation des grottes les
dans la grotte n° 9 de Sorcuq12, dans le dans les angles du sanctuaire DU de plus anciennes, à l'époque des Wei du
79 Fig. 5. Les quatre lokapâla. Encre et couleurs sur papier, provient de Dunhuang (Gansu, Chine), IXe siècle (?) (d'après A. Stein: Serindia, vol. IV, pi. XC).
nord (386-534), les dvârapâla, toujours Longmen (672-675) présentent un clair et une flèche et Virûrfhaka, au sud, est
répartis par paires, sont de deux types. exemple de ces divers personnages. L'on pourvu d'un gourdin allongé. Il convient
de noter un détail : la carnation de Virû- Tantôt surpris dans des attitudes dynamiq trouve ainsi, encadrant la figure centrale,
ues, ils bombent leur torse dénudé et les deux tianwang dont l'un brandit le pâksa paraît pâle comparée à celle de ses
fortement musclé, les reins drapés à l'i vajra, puis les deux lishi dont l'un tient à compagnons. Ce détail souligne la
la main le stûpa-reliquaire. Le geste de ce ndienne. Tantôt en armure, ils portent une contrée qu'il domine : l'Occident. Il est
lance ou un trident. Ces deux types sont dernier personnage a parfois fait confon barbu, alors que les autres rois sont
bien distincts. L'entrée de la grotte n° 10 dre le groupe de ces « défenseurs de glabres. Son visage paraît serein et sa
de Yunkang2

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