Télévision et démocratie : à propos du statut de la mise en scène - article ; n°1 ; vol.20, pg 75-91
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Mots - Année 1989 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 75-91
TELEVISION ET DEMOCRATIE : A PROPOS DU STATUT DE LA MISE EN SCENE La démocratie est devenue le système le moins mauvais que nous connaissions pour gérer les conflits entre les imaginaires. La médiatisation des sociétés industrielles a rendu de plus en plus visibles les stratégies énonciatives. Pourtant cette visibilité des mises en scène est difficilement acceptable : journalistes et hommes politiques continuent à parler à partir du principe de la sincérité et au nom de la vérité, c'est-à-dire, au « premier degré » de la croyance. C'est autour du paradoxe de la « fonction présidentielle » que le « deuxième degré » prend aujourd'hui sa forme la plus claire.
TELEVISION AND DEMOCRACY : CONCERNING THE STATUS OF PERFORMANCE Democracy has become the least ill-suited system that we know for managing conflicts between belief patterns. Médiatisation of industrial societies has made the enunciative strategies structuring social discourses more and more visible. Nevertheless, this visibility of performances is not easily acceptable : both newspaper men and politicians still speak in the name of truth and sincerity, that is, at a « first degree » level of belief. A « second degree » level, making performance explicit, appears most around the paradoxes the « presidential function ».
TELEVISION Y DEMOCRACIA : A PROPOSITO DEL ESTATUTO DE LA PUESTA DE ESCENA La democracia se ha convertido en el sistema menos malo que conozcamos destinado a administrar los conflictos entre imaginarios. La mediatización de las sociedades industriales vuelve cada vez más visibles las estrategias enunciativas. Sin embargo, esta visibilidad de las puestas en escena es dificilmente aceptable : periodistas y hombres políticos continuan hablando a partir del principio de la sinceridad y en nombre de la verdad, es decir, en el « primer grado » de la creencia. Es en torno a la paradoja de la « función presidencial », que el « segundo grado » de la discursividad muestra hoy dia su figura más clara.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eliséo Veron
Télévision et démocratie : à propos du statut de la mise en
scène
In: Mots, septembre 1989, N°20. pp. 75-91.
Citer ce document / Cite this document :
Veron Eliséo. Télévision et démocratie : à propos du statut de la mise en scène. In: Mots, septembre 1989, N°20. pp. 75-91.
doi : 10.3406/mots.1989.1487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1989_num_20_1_1487Resumen
TELEVISION Y DEMOCRACIA : A PROPOSITO DEL ESTATUTO DE LA PUESTA DE ESCENA La
democracia se ha convertido en el sistema menos malo que conozcamos destinado a administrar los
conflictos entre imaginarios. La mediatización de las sociedades industriales vuelve cada vez más
visibles las estrategias enunciativas. Sin embargo, esta visibilidad de las puestas en escena es
dificilmente aceptable : periodistas y hombres políticos continuan hablando a partir del principio de la
sinceridad y en nombre de la verdad, es decir, en el « primer grado » de la creencia. Es en torno a la
paradoja de la « función presidencial », que el « segundo grado » de la discursividad muestra hoy dia
su figura más clara.
Abstract
TELEVISION AND DEMOCRACY : CONCERNING THE STATUS OF PERFORMANCE Democracy
has become the least ill-suited system that we know for managing conflicts between belief patterns.
Médiatisation of industrial societies has made the enunciative strategies structuring social discourses
more and more visible. Nevertheless, this visibility of performances is not easily acceptable : both
newspaper men and politicians still speak in the name of truth and sincerity, that is, at a « first degree »
level of belief. A « second degree » level, making performance explicit, appears most around the
paradoxes the « presidential function ».
Résumé
TELEVISION ET DEMOCRATIE : A PROPOS DU STATUT DE LA MISE EN SCENE La démocratie est
devenue le système le moins mauvais que nous connaissions pour gérer les conflits entre les
imaginaires. La médiatisation des sociétés industrielles a rendu de plus en plus visibles les stratégies
énonciatives. Pourtant cette visibilité des mises en scène est difficilement acceptable : journalistes et
hommes politiques continuent à parler à partir du principe de la sincérité et au nom de la vérité, c'est-à-
dire, au « premier degré » de la croyance. C'est autour du paradoxe de la « fonction présidentielle » que
le « deuxième degré » prend aujourd'hui sa forme la plus claire.Eliséo VERON
CELSA (Institut des hautes études de
l'information et de la communication)
Université de Paris IV
Télévision et démocratie :
à propos du statut de la mise en scène
Du direct au différé
A l'occasion de l'élection présidentielle de 1981, j'avais tenté
une expérience : suivre la campagne électorale au fil des jours,
en achetant les grands quotidiens nationaux, en enregistrant les
principales émissions à la radio et à la télévision, et en prenant
quotidiennement des notes. Une sorte de « journal », en somme,
sur les événements discursifs de l'affrontement politique, que j'ai
commencé à écrire en novembre 1980. Très rapidement, la récolte
des données est devenue mon activité journalière principale, au
détriment de l'observation attentive. Je suis ainsi arrivé au 10 mai
1981 avec un très grand retard dans mes analyses par rapport à
la perception « brute » des événements.
J'ai donc recommencé. Ma perception du processus devint alors
très différente de celle que j'avais eue lorsque je le suivais « en
temps réel ». Bien entendu, ce changement de perception était
dû, en partie, au fait que lors de mon deuxième parcours des
événements, à la différence du premier, je connaissais déjà le
résultat de l'élection. Mais seulement en partie : l'essentiel de ce
que je commençais, confusément, à comprendre, était parfaitement
indépendant du fait de savoir lequel des candidats avait été élu
président de la République ; que les problèmes avaient été les
mêmes pour tous les prétendants et que si j'arrivais à les cerner
correctement, cela m'aiderait à me débarrasser des aspects anec-
dotiques de cette campagne particulière. Car tout allait recom
mencer, sept ans plus tard.
Ces problèmes se dessinent en creux, à travers de multiples
événements que l'on connaît en lisant les journaux et en regardant
75 la télévision. Je dis à travers et non pas derrière : l'enjeu que je
n'avais pas vu dans ma première lecture, immédiate, événementi
elle, de l'élection, n'était pas à proprement parler caché, n'était
pas de l'ordre d'un enjeu secret : il était là, parfaitement exposé
à tous les regards. S'il restait pourtant invisible, c'était parce que
le système politique lui-même nous invite à regarder son fonc
tionnement d'une façon qui amène à ne pas voir ce qui se passe
pourtant sous nos yeux. Il s'agit donc en quelque sorte de changer
la focalisation du regard, plutôt que de se livrer à une fouille
destinée à retrouver, dans les profondeurs d'une autre scène, je
ne sais quelle « vraie nature » du politique.
Le 21 mai 1981, l'ère mitterrandienne s'est ouverte avec une
apothéose télévisuelle : la transmission en direct, et pendant toute
la journée, des diverses cérémonies d'investiture du nouveau
président de la République. La première image historique devait
être l'arrivée du président élu à l'Elysée et sa rencontre, sur le
perron du palais, avec le vaincu. Comme nous l'expliquait le
journaliste, sa chaîne de télévision avait six caméras sur place ;
pourtant, la caméra qui était à l'antenne au moment où les deux
hommes se sont retrouvés, a raté l'image historique : on nous a
parlé de la poignée de main, mais nous ne l'avons pas vue. Un
peu plus tard, comme l'entretien à huis clos entre Valéry Giscard
d'Estaing et François Mitterrand se prolongeait, on en a profité
pour nous faire voir la poignée de main que nous n'avions pas
vue auparavant, telle qu'une autre caméra l'avait enregistrée.
Un décalage inquiétant s'installait ainsi au cœur du direct : le
commentaire était fait au moment même où je regardais la
télévision, mais l'événement que je voyais avait déjà eu lieu, une
demi-heure plus tôt. En plus, il était impossible de savoir où ce
fragment, revenu d'un passé tout proche, se terminait pour laisser
la place aux images de maintenant, car elles se ressemblaient
toutes.
En dehors de la radio et de la télévision, dans les médias il
n'y a pas de direct. L'inquiétante étrangeté se produit lorsqu'en
regardant du direct à la télévision quelque chose fait naître
soudain le soupçon que, peut-être, cela n'a pas lieu maintenant.
C'est comme si la « réalité » s'évanouissait tout d'un coup, et que
nous restions seuls face à des ombres. Dans le cas du texte
imprimé, nous savons que nous sommes dans le différé, que
quelque part, dans un passé plus ou moins lointain, quelqu'un a
écrit ce que nous lisons. Nous sommes alors installés dans le
décalage constitutif de l'écriture : en écrivant, l'énonciateur a
fantasmé son destinataire ; en lisant, nous fantasmons notre
76 Ni l'un ni l'autre ne sauront jamais si ces deux énonciateur.
fantasmes se recoupent.
Prenons l'opposition entre le direct et le différé comme méta
phore de la distance l'expérience vécue, quotidienne, du
social, et l'image de cette expérience dans une perception que
l'on pourrait dire « scientifique », distancée. Cette opposition est
un bon modèle de la différence entre mes deux lectures de
l'élection présidentielle de 1981 : la première, je l'ai vécue « en
direct », la seconde « en différé ». La différence entre l'expérience
vécue, quotidienne, d'un phénomène social, et l'image ou le
modèle de ce même phénomène qui résulte d'une analyse scien
tifique (quel que soit le point de vue ou le nive

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