Tertiarisation, croissance et emploi : quelles nouvelles logiques ? - article ; n°1 ; vol.43, pg 164-178
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1988 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 164-178
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascal Petit
Tertiarisation, croissance et emploi : quelles nouvelles logiques
?
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 43. 1er trimestre 1988. pp. 164-178.
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Petit Pascal. Tertiarisation, croissance et emploi : quelles nouvelles logiques ?. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 43. 1er
trimestre 1988. pp. 164-178.
doi : 10.3406/rei.1988.1016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1988_num_43_1_1016croissance et emploi : Tertiarisation,
quelles nouvelles logiques (*)
Pascal PETIT
CEPREMAP/CNRS
L'accumulation intensive des années 1950 et 1960 enchaînait de façon cumulat
ive l'obtention et la diffusion de gains de productivité élevés.
De forts gains de productivité permettaient tout à la fois de réduire les prix des
produits, d'accroître les salaires et les profits. Cette répartition avait pour effet
en retour de stimuler la demande de produits, par son incidence sur les prix et
sur les revenus. Ce cercle vertueux ne garantissait pas pour autant un même rythme
de croissance soutenu à toutes les économies industrielles. Pour des économies
ouvertes aux échanges extérieurs le même processus cumulatif pouvait, toutes cho
ses égales par ailleurs, accroître les écarts de compétivité. Ce schéma possédait
par ailleurs de fortes dimensions sectorielles ; le secteur industriel connaissait des
rythmes de croissance de la production et de la productivité nettement plus élevés
que dans le secteur des services, où par contre se trouvait concentré l'essentiel des
créations d'emplois.
Nous nous proposons dans cet article de préciser quelques aspects de cette dimen
sion sectorielle de la croissance et de son incidence en matière d'emploi en com
parant les enchaînements demande -*■ productivité -* demande dans les deux sec
teurs industriels et tertiaires de l'économie.
Alors qu'à l'échelle de l'industrie on identifie les différentes phases du cycle
entre demande et productivité, l'analyse de la croissance du secteur tertiaire insiste
sur le caractère exogène de l'évolution de la demande et du progrès technique.
Dans une période où les conditions d'échange à l'échelle mondiale ne favori
sent plus une croissance rapide et générale des industries des économies dévelop
pées, il importe de cerner les de croissance interne qui régissent les acti
vités tertiaires. On s'emploiera dans les sections suivantes à préciser la spécificité
du tertiaire successivement en matière d'obtention des gains de productivité (rela
tion demande -+ productivité, section I) puis en matière de diffusion de ces gains
(relation productivité-demande, II) enfin on cherchera à tirer de ces carac-
térisations quelques conclusions sur le déterminants de l'emploi tertiaire
(section III).
(*) Communication au colloque de la Commission des communautés européennes « Transformations
de l'emploi : nouvelles formes, nouveaux domaines ». Paris 19 et 20 juin 1987. Révisée septembre
1987.
164 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43, 1" trimestre 1988 Il nous reste en dernier préalable à préciser la définition que nous retenons des
services. Par services au sens large, nous entendons l'ensemble des activités (mar
chandes le plus souvent) des institutions financières, de transports et de commun
ications, de services aux ménages et de services aux entreprises. De façon plus
théorique, à la suite de T. -P. Hill (1977), on distinguera un service comme une
activité de production qui transforme l'état d'une personne ou de ses biens. En
ce sens un service modifie les caractéristiques d'un consommateur ou de ses pos
sessions d'une façon qui peut être standard ou personnalisée, étendant largement
l'univers des productions échangeables jusqu'aux rapports employeur/employé.
I. — GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET ÉCONOMIES D'ÉCHELLE DANS LES
ACTIVITÉS TERTIAIRES
L'hypothèse selon laquelle les gains de productivité sont liés à l'extension des
marchés remonte à Adam Smith. Elle fut appliquée à l'analyse de la croissance
contemporaine successivement par Kaldor et par les travaux sur les régimes for-
distes d'accumulation de l'école de la régulation (cf. par exemple R. Boyer,
P. Petit (1981). L'extension des marchés favorise la croissance des investissements,
la mutation des techniques et des produits comme la réorganisation du travail entre
firmes et à l'intérieur des firmes.
Tous ces travaux restent essentiellement centrés sur le secteur industriel. L'exis
tence d'une relation linéaire entre les évolutions de moyen terme de la production
et de la productivité dans les années 1960-1970 vient confirmer de façon schémat
ique (ou réduite) cette hypothèse (cf. annexe graphique 1). Cette relation s'estompe
dans les années 1970-1980 manifestant les mutations en cours du régime
d'accumulation.
Parallèlement les variations de la production et de la productivité dans les ser
vices ne semblent guère corrélées dans les années 1960, (cf. graphique 2), ni a for
tiori dans les années 1970-1980, où les gains de productivité sont les plus souvent
voisins de zéro pour des croissances de la production variant de 1 à 4 % l'an (cf.
annexe tableaux 1 et 2).
L'argument le plus souvent avancé pour expliquer les particularités de la rela
tion demande -* productivité dans le tertiaire met en cause l'absence d'économie
d'échelle. Ceci reste à préciser car les économies d'échelle, permises par une exten
sion de la production, peuvent avoir deux origines : interne lorsqu'elles résultent
d'une meilleure organisation du travail de la firme, externe sont la
conséquence d'une nouvelle division du travail entre firmes.
1) Les caractéristiques des productions tertiaires limitent les possibilités de rende
ments d'échelles internes
On résumera ci-après les principaux facteurs à même de limiter l'obtention d'éco
nomies d'échelle dans les entreprises de services (1).
(1) Pour plus de précision sur les points traités dans les sections 1 et 11 on pourra se reporter à « Inc
idences de la tertiarisation sur l'organisation industrielle et le rapport salarial ». Chapitre IV d'une
recherche collective intitulée « Aspects de la crise », CEPREMAP février 1987.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43, 1" trimestre 1988 165 Les problèmes de localisation et la simultanéité des actes de production et de
consommation constituent des limites évidentes à l'extension de l'échelle de pro
duction dans un seul centre de production.
De plus, l'importance de la localisation en matière de services confère un poids
particulier aux capitaux investis dans l'immobilier. Barras (1986) attribue ainsi
aux caractéristiques des capitaux immobiliers du secteur tertiaire l'intégralité de
la différence entre les taux de croissance du progrès technique mesurés dans les
deux secteurs (2).
Enfin l'extension de l'échelle de production transforme la nature du produit
lui-même ; ainsi un commerce de grande surface, un restaurant « collectif », un
concert à large audience constituent-ils plus des produits nouveaux que des for
mes nouvelles de production de services anciens.
Contraintes de localisation et simultanéité n'ont pas empêché dans les secteurs
des banques, assurances, transports et télécommunications la constitution de gran
des entreprises. D'autres arguments sont donc nécessaires pour rendre compte d'une
faiblesse éventuelle de la dynamique des gains de productivité dans les entreprises
tertiaires de grande taille.
Dans nombre de cas cette concentration de l'offre, sous forme de réseaux d'éta
blissements dépendants de quelques entreprises, s'est mise en place sous la tutelle
des pouvoirs publics pour servir aux moindres coûts une collectivité répartie en
clientèles locales captives (cf. Encaoua 1986).
Cette origine peut ralentir de deux façons la dynamique des gains de productiv
ité dans ces activités tertiaires. En premier lieu, face à une clientèle captive le
monopole peut se contenter de perpétuer ses routines : Hirshman (1972) évoque
ainsi le cas de « monopoles paresseux » dans les transports. En second lieu l'ori
gine institutionnelle, sous tute

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