Tétricus I et II : les apports de la statistique à la numismatique de l'empire gaulois - article ; n°3 ; vol.4, pg 243-266

Sylviane Estiot

Description

Histoire & Mesure - Année 1989 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 243-266
L’auteur examine le classement traditionnel des émissions monétaires frappées au nom des derniers empereurs gaulois dissidents Tétricus I et II (271-274 ap. J.-C.). à la lumière du matériel abondant offert par un trésor monétaire du troisième siècle de notre ère, le trésor de Sainte-Pallaye (Yonne), une étude statistique pondérale est mise en oeuvre : elle permet de repousser certains éléments de la reconstruction généralement admise opérée par Lallemand et Thirion (trésor de Saint-Marc I, 1970) et d’en proposer une autre. Elle examine en outre par d’autres biais les hypothèses récentes proposées par des publications anglaises (trésors de Cunetio et Normanby, 1983 et 1988).
Tetricus I and II: Statistical contributions to the numismatics of the Gallic empire The author examines the classical classification of emissions coined in the name of the lest Gallic emperors, Tetricus I and II (271-274 A.D.). Using the rich material of the third-century coin hoard of Sainte-Pallaye (Yonne, France), a statistical study of weights is performed allowing the author to dismiss some parts of Lallemand and Thirion’s traditionally accepted classification (Saint-Marc I coin hoard, 1970) and to make new propositions. Furthermore, she examines by different means the recent hypothesis formulated in English publications (Cunetio and Normanby coin hoards, 1983 and 1988).
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE_-_MESURE
• Publié le: 01 janvier 1989
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• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Sylviane Estiot
Tétricus I et II : les apports de la statistique à la numismatique
de l'empire gaulois
In: Histoire & Mesure, 1989 volume 4 - n°3-4. pp. 243-266.
Résumé
Sylviane Estiot Tétricus I et П : les apports de la statistique à la numismatique de l'empire gaulois.
L'auteur examine le classement traditionnel des émissions monétaires frappées au nom des derniers empereurs gaulois
dissidents Tétricus I et II (271-274 ap.J.-C). A la lumière du matériel abondant offert par un trésor monétaire du troisième siècle
de notre ère, le trésor de Sainte-Pallaye (Yonne), une étude statistique pondérale est mise en oeuvre : elle permet de repousser
certains éléments de la reconstruction généralement admise opérée par Lallemand et Thirion (trésor de Saint-Mard I, 1970) et
d'en proposer une autre ; elle examine en outre par d'autres biais les hypothèses récentes proposées par des publications
anglaises (trésors de Cunetio et Normanby, 1983 et 1988).
Abstract
Sylviane Estiot Tetricus I and П : Statistical contributions to the numismatics of the Gallic empire.
The author examines the classical classification of emissions coined in the name of the last Gallic emperors, Tetricus I and II
(271-274 A.D.). Using the rich material of the third-century coin hoard of Sainte-Pallaye (Yonne, France), a statistical study of
weights is performed allowing the author to dismiss some parts of Lallemand and Thirion's traditionally accepted classification
(Saint-Mard I coin hoard, 1970) and to make new propositions. Furthermore, she examines by different means the recent
hypothesis formulated in English publications (Cunetio and Normanby coin hoards, 1983 and 1988).
Citer ce document / Cite this document :
Estiot Sylviane. Tétricus I et II : les apports de la statistique à la numismatique de l'empire gaulois. In: Histoire & Mesure, 1989
volume 4 - n°3-4. pp. 243-266.
doi : 10.3406/hism.1989.1360
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1989_num_4_3_1360Histoire & Mesure, 1989, IV-3/4, 243-266
MESURE DE L'HISTOIRE
Sylviane ESTIOT
Tétricus I et II : les apports de la statistique à la
numismatique de l'empire gaulois
I. QUELQUES JALONS HISTORIQUES ET NUMISMATIQUES
L'empire gaulois (1) dut son existence aux difficultés rencontrées par
l'empire romain central au milieu du troisième siècle de notre ère.
L'incapacité des empereurs régnant Valérien et Gallien à assumer la
défense et le maintien d'un empire trop vaste conduisit à son éclatement.
A l'ouest, depuis 259, les provinces rhénanes sont en proie aux
incursions de peuples germaniques, Francs et Alamans ; d'autres bandes
alamanniques menacent dangereusement le Danube et l'Italie du nord
(2). A l'est, catastrophe inouïe pour l'empire, l'empereur Valérien tombe
au pouvoir du roi sassanide Sapor ; les usurpations se multiplient dans
les régions menacées, Ingénuus avait été proclamé empereur à Sirmium
par les légions du Danube ; en Orient, c'est Macrien qui tente de
s'opposer aux entreprises sassanides, le prince Odénath, tout en main
tenant provisoirement la fiction de sa fidélité à Rome, pose les bases de
ce qui deviendra l'empire de Palmyre ; enfin, en Occident, à Cologne,
Postume élimine Salonin, le fils de l'empereur Gallien, et crée son propre
empire décalqué sur le modèle romain.
Pendant neuf ans, l'emprise de Postume sur un vaste territoire (3) ne
se desserra pas. Sous son règne l'empire gaulois connut une indéniable
stabilisation, dont témoignent entre autres la qualité et la beauté de son
monnayage. Le compétiteur de Postume, Lélien, ou ses épigones,
Marius, Victorin et les deux Tétricus, n'eurent pas son génie politique.
Tétricus, gouverneur d'Aquitaine, assume la pourpre à la fin de 271,
il gère son premier consulat en 272 et le deuxième en 273 ; Tétricus fils
est associé à l'empire à la fin de 273, il revêt son premier consulat en 274,
en même temps que Tétricus I gère son troisième : les quin
quennales du règne ont à peine le temps d'être fêtées avant la reddition
des deux Tétricus entre les mains de l'empereur Aurélien après la bataille
de Châlons, en avril-mai 274. L'empire gaulois, tout comme l'empire
palmyrénien à l'autre bout du monde l'avait été un an plus tôt, fut
rattaché à l'empire central par la poigne énergique d'Aurélien ; il avait
joué son rôle : préserver l'intégrité de l'empire romanisé contre les
poussées de peuples exogènes.
L'étude du monnayage de l'empire gaulois dissident a déjà une
longue histoire derrière elle, dont il n'est pas de notre propos d'établir ici
243 Histoire & Mesure
une bibliographie exhaustive (4). Le premier jalon scientifique a été posé
par G. Elmer (5) en 1941 dans une synthèse remarquable, qui fut la base
obligée des études postérieures et qui reste l'ouvrage de référence
concernant ces règnes.
En ce qui regarde les antoniniens et exception faite des travaux plus
généraux de J.-P. Callu et de J. Lafaurie (6), ce sont essentiellement les
études de trésors qui se sont préoccupées depuis Elmer de faire avancer
notre connaissance du monnayage gaulois. Malheureusement, en ce qui
concerne le monnayage des Tétricus, peu de publications offrent toute
fiabilité : ou bien la distinction entre le monnayage officiel des Tétricus
et ses innombrables imitations locales n'y est pas faite, ou bien leurs
catalogues trop synthétiques se contentent d'une référence aux ouvrages
de Cohen ou de Webb, trop anciens, trop peu précis ou franchement
erronés.
Parmi les études concernant plus particulièrement le règne des
Tétricus qui nous intéresse ici, il convient de citer avant tout celle du
trésor de Saint-Mard, par J. Lallemand et M. Thirion (7), qui a donné
naissance à une longue postérité : de nombreuses publications de trésors
s'en sont inspirées, elles ont permis de compléter ou de nuancer les
conclusions de cet ouvrage pionnier, mais n'en ont pas contesté les
grandes lignes directrices.
Plus récemment, de très gros trésors ont été rigoureusement publiés
en Grande-Bretagne, qui ont drastiquement remis en cause le classement
« traditionnel » du monnayage des Tétricus (8).
Nous avons nous-mêmes, à l'occasion de l'étude du trésor d'Allon-
nes II (9), été conduits à douter de la validité de certaines attributions.
Le gros trésor de Sainte-Pallaye, que nous étudions actuellement et qui
comporte plus de 3000 antoniniens des Tétricus, offre l'occasion de
tester ici à l'aide de méthodes statistiques les nouvelles hypothèses des
savants anglais. C'est ainsi que nous examinerons les problèmes de
classement que posent certains revers de Tétricus fils, PRINC IVVENT
et PIETAS AVGVSTOR/AVGG et ceux que suscite la nouvelle orga
nisation des émissions au sein des deux ateliers en fonction.
П. LA PROBLÉMATIQUE STATISTIQUE ET NUMISMATIQUE
Notre étude statistique est rendue possible par la conjonction de
plusieurs circonstances favorables : nous bénéficions de l'existence d'un
ensemble n