Théorie de la séparation de la propriété et du contrôle et ethnicité - article ; n°1 ; vol.10, pg 53-65
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Théorie de la séparation de la propriété et du contrôle et ethnicité - article ; n°1 ; vol.10, pg 53-65

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1979 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 53-65
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Candau
Roger Guir
Théorie de la séparation de la propriété et du contrôle et
ethnicité
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 10. 4e trimestre 1979. pp. 53-65.
Citer ce document / Cite this document :
Candau Pierre, Guir Roger. Théorie de la séparation de la propriété et du contrôle et ethnicité. In: Revue d'économie
industrielle. Vol. 10. 4e trimestre 1979. pp. 53-65.
doi : 10.3406/rei.1979.1068
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1979_num_10_1_1068Théorie de la séparation de la
propriété et du contrôle et ethnicité
par Pierre CANDAU
et Roger GUIR
Université du Québec Hull
L'objet de cette recherche est d'analyser en quoi la mise en évidence d'une affi
nité ethnique entre la propriété et la haute direction dénote au moins l'exis
tence, sinon l'exercice, d'un certain contrôle de la propriété sur les objectifs fon
damentaux de la firme, ou encore la non stricte séparation de la propriété et du
contrôle.
Le glissement du contrôle de l'entreprise des mains des possesseurs du capital
aux mains des « managers » a été considéré comme la caractéristique de l'écono
mie capitaliste moderne : la concentration de la production entre les grandes
entreprises a virtuellement fait disparaître la notion classique de l'entrepreneur,
dont la fonction a été reprise dans les firmes modernes par le groupe des dir
igeants.
Dans le capitalisme traditionnel, le responsable des décisions possède sur les
biens qu'il gère les droits issus de la propriété : la combinaison de la propriété et
du pouvoir de décision fait que la personne-entrepreneur qui prend une grande
partie des risques, est également responsable de la plupart des décisions qui les
déterminent ; ainsi, en unissant et en joignant la prise de risques et la prise de
décisions, le concept classique d'entrepreneur réduit le coût de la première tout
en augmentant l'efficacité de la seconde.
L'analyse économique classique considérait implicitement la grande firme
comme une forme d'entreprise collective à étudier, en fait, de la même façon que
l'entreprise individuelle ; ce n'est qu'avec Baumöl (1959) que les théories de la
firme font état et prennent en considération la séparation du capital et du pou
voir de contrôle et de décision, dans l'économie capitaliste moderne : ce sont les
« managers », non propriétaires des moyens de production, qui détiennent en
fait le contrôle de la grande entreprise (et non plus les actionnaires).
Berle et Means (1932) ont les premiers mis en évidence cette classe nouvelle de
dirigeants (les managers) dans la grande entreprise et ont fondé la théorie du con
trôle interne (1), c'est-à-dire du contrôle ou du pouvoir de décision par les
« managers », le propriétaire ou les actionnaires n'étant alors que des bénéficiair
es passifs.
(1) Sur les études empiriques ultérieures du contrôle interne, voir notamment : R. LARNER
(1966), et J.-M. CHEVALIER (1970) pour les États-Unis, F. MORIN (1974) pour la France,
J. NIOSI (1978) pour le Canada.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n" 10,4' trimestre 1979 53 Marris (1964, traduction 1971, p. 17) considère que dans l'entreprise capitalR.
iste moderne, la distinction entre la « direction » et les actionnaires s'avère fon
dée ; mais, dit-il, « nous ne constatons rien d'autre que le fait que les deux grou
pes (direction et actionnaires) sont suffisamment distincts et les dirigeants suff
isamment autonomes, pour que l'on ne puisse pas poser comme axiome l'exi
stence d'une harmonie de leurs intérêts ». Toutefois, les actionnaires peuvent
faire valoir leurs intérêts grâce à l'existence d'un marché boursier organisé, ce qui
restreint de manière générale l'indépendance des dirigeants et l'autonomie de
leurs intérêts.
Bienaymé (1973, p. 259) précise que « l'objectif de maximisation de la capitali
sation boursière prolonge celui de la maximisation du profit, et l'adapte au cas
des entreprises introduites en bourse. Cet objectif réduit l'indépendance que
pourrait prendre les dirigeants des affaires dans lesquelles le patrimoine se trouve
séparé de l'exploitation ».
En outre, comme le souligne A. Jacquemin (1975, p. 125), « il existe une diffé
rence essentielle entre, d'une part la constatation de la dispersion des actions
d'une société et l'absence d'un groupe de propriétaires susceptibles d'exercer le
contrôle (2), et d'autre part l'affirmation que les technocrates exercent effectiv
ement le contrôle, pour des objectifs distincts de ceux des propriétaires » ; à ce
propos, il relève quatre limitations à ce contrôle effectif par les managers :
— les pressions du marché boursier empêchent tout choix discrétionnaire de la
part de ceux qui contrôlent effectivement l'entreprise, et entraînent donc des
comportements obligés relativement semblables ;
— « les minorités de contrôle » existant au sein du groupe des actionnaires, bien
que n'ayant qu'un très faible pourcentage du capital, combinent les objectifs du
propriétaire et ceux du dirigeant effectif de l'entreprise ; de même, une société,
personne morale, propriétaire d'une entreprise contrôlée ou d'une filiale,
n'attendra pas en principe de cette dernière, des performances différentes de cel
les qu'espère un propriétaire, personne physique ; enfin les institutions financiè
res sont susceptibles de détenir le contrôle et d'exercer une influence importante
sur les orientations stratégiques de la firme ;
— la dichotomie entre le contrôle par la propriété et le contrôle managerial
s'avère trop rigide, et ne tient pas compte de la répartition du contrôle, différente
selon les structures organisationnelles, les processus de décisions et même de
sélection des dirigeants et des administrateurs ;
— enfin, les managers sont poussés à aller dans le sens des attentes des actionnair
es sous peine de sanctions externes ou internes, et agissent en quelque sorte en
« hommes de la propriété ».
De la même manière, Morvan (1976, pp. 14-16) montre qu'une double confu
sion dans les analyses consacrant l'indépendance des managers par rapport à la
propriété (ou aux actionnaires influents) est à éviter :
(2) D'où l'émergence du concept du « contrôle interne », qui s'applique en général aux
grandes sociétés où il n'existe pas d'actionnaires détenant plus de 5 % du capital.
54 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 10, 4» trimestre 1979 — « tout d'abord, il ne faut pas confondre les « technocrates » directement ins
tallés par les propriétaires pour agir en leur nom, avec les « managers » qui sem
blent agir en leur nom propre : les premiers, décident par stricte délégation et ne
font qu'exercer les pouvoirs qui découlent de la propriété économique » ;
— « ensuite, au seul niveau des managers, il faut éviter une seconde confusion :
il est en effet une chose pour les propriétaires de laisser, plus ou moins durable
ment, la responsabilité effective de la gestion d'une affaire à des « managers-
salariés » ; il en est une autre d'abandonner définitivement tout contrôle de cette
affaire — notamment au niveau du recrutement même de ces managers ou de la
définition des stratégies de long terme ».
Or, selon nous, la rétention par les propriétaires d'un certain contrôle
— notamment sur le recrutement des cadres dirigeants — leur permet notam
ment de s'assurer d'une affinité, comme l'entend Weber (1946, p. 280) dans sa
notion d'« affinité élective » (3).
De telles affinités se retrouvent particulièrement au sein d'un même groupe
ethnique, défini par des éléments innés, persistants et très répandus dans l'orga
nisation sociale, tels que le langage, le rituel et l'idéologie qui fournissent une
commune identité face à une diversité culturelle (Obindinski, 1978, p. 215).
L'allégeance collective à des schémas socio-culturels, à des valeurs, définit le
groupe ethnique : le partage de di

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents