Trois pavements de la Maison de la course de chars à Carthage - article ; n°1 ; vol.81, pg 219-256

Hanoune Roger

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1969 - Volume 81 - Numéro 1 - Pages 219-256
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_D-ARCHEOLOGIE_ET_D-HISTOIRE
• Publié le: 01 janvier 1969
• Nombre de lectures: 41
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Roger Hanoune
Trois pavements de la Maison de la course de chars à Carthage
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 81, 1969. pp. 219-256.
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Hanoune Roger. Trois pavements de la Maison de la course de chars à Carthage. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 81,
1969. pp. 219-256.
doi : 10.3406/mefr.1969.7574
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1969_num_81_1_7574TROIS PAVEMENTS DE LA MAISON
DE LA COURSE DE CHARS À CARTHAGE
Roger Hanoïïne
Membre de l'Ecole *
L'édifice baptisé par l'Institut national tunisien d'Archéologie et
d'Arts « Maison de la course de chars » occupe un tiers environ d'un ter
rain de Carthage déjà connu pour avoir livré, dans une couche de dé
blais, une inscription punique intéressante pour l'urbanisme de la ville
avant la conquête romaine *. Longé par l'actuelle avenue de la Républiq
ue, en forte pente vers la mer à l'est, ce terrain est traversé sur une
trentaine de mètres par le sixième leardo est de la cadastration d'Auguste
que l'on retrouve, descendant vers le sud-ouest, à l'emplacement exact
qui lui avait été assigné par les études de Monsieur Ch. Saumagne; le
croisement avec le premier deeumanus nord devrait se trouver à une
soixantaine de mètres au sud-ouest de l'intersection du kardo et de l'
avenue de la République (fig. 1) 2.
Cette portion de la centurie Β qui occupe la vallée entre la colline
de rJunon et Byrsa contient bien des vestiges antiques, puniques, romains
* Mes plus vifs remerciements vont à Monsieur P. Boyancé, Directeur
de l'Ecole française de Rome, et à Monsieur H. Sébaï, Directeur général de
l'Institut national tunisien d'archéologie et d'arts, qui m'ont permis de réaliser
cette étude, et aux membres de la Commission de la recherche archéologique
de ΓΙΝΑΑ, qui ont bien voulu m'apporter leur aide.
1 Terrain Sahbani, titre cadastral n° 87060. Voir M. -H. Fantar (intr
oduction d'A. Mahjoubi), Une nouvelle inscription carthaginoise, dans RAL,
1966, p. 201-209; H. Dupont-Sommer, Une nouvelle inscription punique de
Carthage, dans ORAI, 1968, p. 116-133.
2 Carte au 1/5000 des environs de Tunis (plan Danger 1947, revu en 1953),
feuille Gr4, 38000/94600; plan archéologique de Carthage, Ι1ΝΓΑΑ, mise à jour
1967, n° 46. Voir Ch. Saumagne, Colonia Iulia Karthago, dans BAC, 1924,
p. 131-140 et Les recherches récentes sur la topographie de Carthage, dans J8,
1931, p. 145-157, plan p. 150; C. Picard, Carthage, Paris, 1951, p. 38, plan 4,
au nord du jardin public. 220 ROGER HANOUNE
ou byzantins 1; mais le grand nombre des habitations privées d'époque
impériale qu'on y trouve donne à ce quartier, peu éloigné lui-même du
groupe des villas de la colline du théâtre, un certain cachet résidentiel:
(D'après le plan archéologique de OartJiar/e, ΐΛτΛΛ. li) 67)
Fig. 1 - Le quartier de la Maison de la course de chars, ν" 4(i. (Villas de
la colline du théâtre, riÜS 14 et 17; palais de la mosaïque aux chevaux, u° 39).
1 Sur ce quartier, voir A. Audolleut, Carthage romaine, Paris, 190 L, p. 257-
295 et les mises à jour de C Picard, ibid., p. 15 plan 1 (carte de Carthage), p. 38
plan 4, p. 37. 39, 93 pour les pentes sud et est de la colline Lavigerie (colline de
.Timori): p. 33 plan 3. p. 36, 92-93 pour les pentes nord et est de la colline Saint-
Louis (Byrsa); G-. Picard. La, Varthaye de Saint- Augustin, Paris, 1965, p. 18-22. TROIS PAVEMENTS DE LA MAISON DE LA OODKSK DE CHARS À CARTHAU.E 22 1
AVENUE DE LA REPUBLIQUE,
(.Dessin de S. Belhadj)
Fig\ 2 - Plan de la maison et emplacement des mosaïques. ROGER HANOüNE 222
citons par exemple les Maisons d'Ariane, du seigneur Julius, de la chasse
aux sangliers, du paon, auxquelles s'ajoute maintenant la Maison de la
course de chars.
Son emplacement n'a pas fait l'objet de fouilles proprement dites:
après l'enlèvement d'une couche de déblais antiques épaisse d'un mètre
au moins, lorsqu'en août 1964 des travaux de fondations eurent fait
apparaître des mosaïques polychromes *, et après des travaux spora-
diques, les années suivantes, dans un bâtiment à absides à l'ouest du
leardo, dans le reste du terrain à l'est et, probablement, encore dans l'en
ceinte de la maison, nous sommes aujourd'hui en présence d'un sol bien
tourmenté.
Dans la partie centrale de la maison, ABCD, qui nous occupe ici
(fig. 2), on peut voir tout d'abord à l'ouest, sur environ 25 m sans inter
ruption, le mur d'enceinte AD constitué d'assises régulières de moellons
de tuf calcaire d'une quarantaine de centimètres de longueur 2, en retrait
de 20 cm sur les gros blocs des fondations; large en moyenne de 50 cm,
le mur s'élève encore à 1,30 m au nord et à 0,80 m le plus souvent; il
ne semble pas avoir permis à cette partie de la maison de communiquer
avec le leardo qui le surplombe de 1,90 m en A et de 1,10 m en D. ïfous
serions ainsi au fond de l'habitation, établie sur la dernière pente de la
colline Lavigerie, tournant le dos à un leardo remarquablement large en
cet endroit 3, tandis que le reste de la maison devait se développer vers
l'est, où nous trouvons, au même niveau, deux salles contiguës, une
grande et une petite, et une cour. Le mur intérieur EF qui sépare les
deux pièces ne semble pas une simple cloison sans rôle porteur car il est
de la même construction et de la même épaisseur que l'enceinte, mais
l'arrachement des harpes verticales qui le renforçaient l'a réduit à trois
tronçons; il est encore recouvert par endroits, du côté de la grande salle,
d'une triple couche d'enduit sur une épaisseur de 2 cm. Le mur du fond
de ces deux pièces, AB, d'environ 20 m, toujours de même technique,
est encore plus lacunaire et ne se dresse qu'en trois endroits. Enfin le
mur est, BC, est réduit aux fondations, visibles sans interruption sur
10 m. La petite pièce s'ouvre au sud où un seuil semble en place, et à
1 Deux carnets de fouilles, tenus par A. Medfey, sont déposés à ΓΙΝΑΑ.
2 A. Audolleiit. ibid., p. 627-628; P. (Hntas, Matériaux de construction
employés à Carthage, dans Karthago, 10, 1959- 1960, p. 137-139.
:i [nie dizaine de mètres, comme pour le leardo principal (Oh. Saumagne.
dans JH, 1931, p. 1.51-1.52). Sur ces dimensions, voir par exemple A. Garcia
y Bellido, L'Italica <V Hadrien, dans L'information historique, 29, 1967, p. 150-
152. TROIS PAVEMENTS DE LA MALSON DE LA OdUESE DE CUAES À OAETHAliE 223
(Dess-iu de. R. (Mlardi)
Fig. 3 ·- Schéma de la mosaïque I. 224 ΚΛΚ+ΕΒ, HANOUNE
l'ouest dans la grande salle; cet œ-cus, de belles dimensions (8,40 m sur
8,50 m), et construit sur une citerne, donne lui-même au sud sur une
grande cour par le seuil ab. La cour, dégagée sur 15 m du nord au sud
et 12 m de l'est à l'ouest, semble avoir été entourée, au moins au nord
et à l'est, d'un portique dont certaines bases sont en place; à 4 m du
Illustration non autorisée à la diffusion
(Cliché Ι^ΛΛ η° 38)
Fig. 4 - Panneau 1.
seuil ab un puits c donne dans la citerne; plus au sud, deux bassins rectan
gulaires communicants, cimentés d'un enduit de tuileau, sont en relation
avec un autre puits cl; dans un état ultérieur de la maison, la cour a été
divisée en chambres par des murs est-ouest de très mauvaise qualité,
que l'on retrouve au nord de la grande salle où ils ont même empiété
sur le kardo. Mais il reste surtout quelques traces d'un état antérieur
de cette salle: le long du mur BF, à 5 cm au-dessous du niveau des pa
vements qui vont nous intéresser, subsistent quelques cubes blancs de
mosaïque; et de même, au milieu de la pièce, un regard de la citerne a
été condamné par la pose de la mosaïque. TROIS PAVEMENTS DE LA MAISON DE LA COURSE DE CHARS A CAKTHACiE 225
C'est donc un moment seulement de la vie de cet édifice qu'illustrent
les pavements découverts en trois points du terrain L, et actuel]ement
déposés dans les réserves du musée de ( -arthage après avoir été remontés
sur trente-quatre panneaux. Des restes de béton et quelques témoignages
permettent de préciser leurs emplacements, dans l'ensemble assez cu
rieux. Dans l'angle D, un pavement géométrique (IV, 4 panneaux) orne
Illustration non