Trois trésors de monnaies d argent du temps de la Ligue - article ; n°3 ; vol.6, pg 203-219
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Description

Revue numismatique - Année 1961 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 203-219
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 140
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Dumas
Trois trésors de monnaies d'argent du temps de la Ligue
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 3, année 1961 pp. 203-219.
Citer ce document / Cite this document :
Dumas Françoise. Trois trésors de monnaies d'argent du temps de la Ligue. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 3, année
1961 pp. 203-219.
doi : 10.3406/numi.1961.1715
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1961_num_6_3_1715Françoise DUMAS
TROIS TRÉSORS DE MONNAIES D'ARGENT
DU TEMPS DE LA LIGUE
Nous avons examiné, au cours de l'année 1961, trois trésors de monnaies
d'argent, découverts cette année-là, qui datent tous trois du temps de la Ligue,
époque où la France, après la mort du dernier de ses rois Valois, Henri III,
était déchirée entre les royaux, partisans de Henri IV, héritier naturel mais
protestant, et les ligueurs catholiques. Ces trois trésors ont été enfouis entre
1590 et 1595. Deux ont été trouvés en Bretagne (Auray et Pont-Croix), le
troisième dans la région parisienne (Lagny). Ils présentent un certain inté
rêt comme témoins de la période de troubles que la France traversait à ce
moment-là. Deux d'entre eux (Lagny et Pont-Croix) peuvent être datés
très précisément et la cause d'enfouissement des trois trésors est facilement
déterminable : marche des armées ennemies, désordres consécutifs aux
dissenssions dont nous parlions plus haut.
Leur composition reflète, elle aussi, la marque des événements contemp
orains. L'un d'eux est formé uniquement de monnaies espagnoles, l'autre
pour un quart. Ce sont les deux trouvailles faites en Bretagne. Cela montre
la richesse espagnole en métaux précieux. L'argent, fourni en abondance
par l'Amérique latine, envahissait peu à peu la France voisine avec laquelle
l'Espagne avait de multiples relations. Dans le domaine commercial, l'E
spagne payait en réaux d'argent le blé français dont elle avait grand besoin.
Dans le domaine politique, l'ingérence espagnole dans les affaires françaises
se manifesta à partir de 1585 par des subsides versés à la Ligue par Phi
lippe II (traité de Joinville du 31 décembre 1584 : 50 000 pistoles par mois).
Mais la présence de ces monnaies étrangères dans ces trouvailles faites en
Bretagne dénote des liens particulièrement étroits entre cette province et
l'Espagne. Le blé exporté provenait en grande partie de Bretagne et les
toiles de lin des régions environnantes. De plus, toutes ces marchandises
étaient transportées par des navire* bretons qui revenaient chargés d'ar
gent *. Il n'est donc pas surprenant de trouver beaucoup d'argent espagnol
en Bretagne. Le commerce en est la cause principale sinon unique. Il ne
faut pas oublier que la Bretagne fit appel aux troupes espagnoles en 1590 et
que les renforts envoyés aux ligueurs amenaient aussi de l'argent espagnol.
Il ne faut pas oublier non plus que les liaisons entre l'Espagne et les Pays-
Bas se faisaient en grande partie par l'Atlantique. Il est fort probable que la
flibuste de Saint-Malo trouva à s'exercer aux dépens des vaisseaux espagnols
qui transportaient de Bilbao à Anvers l'argent du Nouveau-Monde. Saint-
1. Frank C. Spooner, L'-Économie mondiale et les frappes monétaires en France 1493-1680.
Paris, 1956, p. 290. 204 TRÉSORS
Malo, en tout cas, a largement contribué à fournir les ateliers bretons en
matières premières 1.
Cet afflux de métal blanc eut deux conséquences : la présence, dans la
circulation monétaire française, d'un certain nombre de monnaies espa
gnoles mais également une très grande activité des hôtels de Monnaies de
la région bretonne, fort occupés à transformer en monnaies françaises ce
métal étranger. Entre 1579 et 1588, la frappe de l'argent fut nettement
plus importante à Rennes qu'à Paris 2. Ce phénomène se traduit, dans les
trésors et en particulier dans ceux que nous étudions, qu'ils aient été trou
vés en Bretagne ou ailleurs, par une forte proportion de monnaies sortant
des ateliers de Rennes et Nantes et — dans une moindre mesure — de La
Rochelle et Saint-Lô.
Cette surprenante activité économique de l'ouest de la France, en liaison
avec l'Espagne, est ce qui nous a paru présenter le plus d'intérêt et ce qui
constitue à coup sûr le lien entre ces trois trésors.
Nous allons examiner chacun d'eux séparément pour les dater et déter
miner la cause de leur enfouissement.
Qu'il nous soit permis, avant d'aller plus avant de remercier ceux qui ont
bien voulu nous communiquer ces trouvailles et nous permettre d'en publier
l'étude : Mme Kapamadji, numismate professionnel et membre de la Société
française de Numismatique, M. Bousquet, directeur de la circonscription
des Antiquités historiques de Rennes, M. Guibourg, titulaire de
la Société française de Numismatique.
BIBLIOGRAPHIE
J. Lafaurie, Les Monnaies des rois de France, t. I, Paris, 1951.
J. Lafaurie et P. Prieur, -Les Monnaies des rois de France, t. II, Paris, 1956.
F. de Poey d'Avant, Monnaies féodales de France, t. II, Paris, 1860.
G. Schlumberger, Description des monnaies... du Béarn, 1893.
Catalogo de la coleccion... de Manuel Vidal Quadras y Ramon, t. II, Barcelone, 1892.
A. Heiss, Descripcion general de les monedas hispano-cristianas, t. I, Madrid, 1867.
J. Dasi, Estudio de los reaies de a ocho..., Valence, 1950.
G. Serafini, Le Monetě e le bolle plumbee pontiflcie del medagliere vaticano..., t. II, Milan, 1912.
TRÉSOR DE LAGNY
Ce trésor a été trouvé à Lagny (Seine-et-Marne), dans le mur d'une mai
son et nous a été communiqué en avril 1961 par Mme Kapamadji qui en
avait fait l'acquisition et que nous remercions bien vivement.
Nous avons examiné 179 pièces. Elles étaient enfermées dans un pot
de terre qui a été brisé lors de la découverte.
Le trésor était composé exclusivement de pièces d'argent allant
d'Henri II à Charles X auxquelles il faut ajouter 3 d'Henri de Béarn
(le futur Henri IV). La grande majorité des pièces sont III. Nous
1. Frank С Spooner, ibid., p. 175, n. 1, p. 179, 184-185.
2. Id. p. 316, 393-394, 406-408. TRÉSORS 205
avons dénombré, dans ce trésor, 3 testons, 24 francs, 3 demi-fràncs, 148 quarts
d'écus, 1 huitième d'écu. La composition de cette trouvaille est assez res
serrée dans le temps : une seule pièce d'Henri II, une seule de François II,
aucune de Charles IX, alors que le trésor de Pont-Croix, étudié plus loin
contient des pièces bien antérieures. Peut-être la raison en est-elle que le
trésor de Lagny est surtout composé de pièces d'assez grosse valeur. Les
pièces plus anciennes du trésor de Pont-Croix sont toutes de moindre valeur
(blancs aux couronnelles et douzains pour la plupart). Ce trésor-ci est formé
surtout de francs et quarts d'écus.
Il faut noter l'écrasante majorité de pièces de Rennes (45) et de Nantes (41)
qui forment la moitié du trésor, ce qui correspond à l'activité de ces ateliers
telle que nous l'avons définie dans notre introduction. Cependant les pièces
les plus récentes sont pour la plupart de Paris. Pour l'année 1589 : 20
de Paris, pour 3 de Nantes, 2 de Saint-Lô, 1 de Rennes ; pour l'année 1590 :
6 pièces de Paris.
Ces six écus de la Monnaie de Paris au nom de Charles X, le roi de la
Ligue, de 1590 nous permettent de dater l'enfouissement du trésor. 1590
est l'année qui suivit l'avènement d'Henri IV, année de l'éclatante victoire
des royaux sous les ordres du nouveau souverain, sur les ligueurs conduits
par le duc de Mayenne à Ivry (14 mars 1590). Henri IV bloqua alors Paris.
Au bout de cinq mois, il dut lever le siège. Les Espagnols, commandés par le
duc de Parme, et les ligueurs progressèrent sur la rive droite de la Marne,
puis, le 7 septembre, s'emparèrent de Lagny sur l'autre rive. La vallée de la
Marne et, par là même, l'accès de Paris étaient ouverts aux ligueurs et
aux Espagnols. En novembre, lorsque les Espagnols s'éloignèrent, les troupes
royales reprirent Lagny et Corbeil. Ces fluctuations expliquent amplement
que certains aient jugé nécessaire de mettre leur fortune à l'abri en cette
fin d'année 1590.
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