Un argument en révolution, la souveraineté du peuple - article ; n°1 ; vol.298, pg 695-714
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1994 - Volume 298 - Numéro 1 - Pages 695-714
Jacques Guilhaumou, An argument in Revolution : the sovereignty of the people, The Marseille experiment.
For all Jacobins, citizenship was defined by the sovereignty of the people. The Girondin faction stuck to a minimalist discourse whereby the formation of public opinion is the first step in the exercise of sovereignty. The maximalist discourse of the Corde- Hers and the radical Jacobins held that the people make the law and judge the conformity between the law and natural right.
One notes a marseillaise inflexion in this discourse. At Marseille, the moderate patriots evoked the relative and local sovereignty, so to speak. From spring 1793 the radical patriots evoked a marseillaise insurrection taking its lead from Paris as motor of the Revolution and, after the success of the insurrection, and organization of the executive power characterized by the multiplication of intermediary governmental bodies.
Maignet, représentant en mission in the Bouches-du-Rhône, developed a synthesis : the division of functions. Accordingly, the Convention would make the law, the departments would concern themselves with local problems, the districts would surveil the application of laws, the municipalities and revolutionary committees would handle all matters relative to individuals.
Jacques Guilhaumou, Un argument en Révolution : la souveraineté du peuple. L'expérimentation marseillaise.
Pour tous les jacobins, la souveraineté du peuple définit la citoyenneté. Le groupe girondin tient à son propos un discours minimaliste (la formation de l'opinion publique est la première étape de l'exercice de la souveraineté). Les cordeliers et les jacobins radicaux tiennent un discours maximaliste (le peuple fait la loi et juge la conformité de la loi avec le droit naturel).
On note une inflexion marseillaise de ces discours. Les patriotes modérés y évoquent « la souveraineté relative et pour ainsi dire locale ». Les patriotes radicaux évoquent à partir du printemps 1793 une insurrection marseillaise prenant le relais de Paris comme moteur de la Révolution, et après le succès de cette insurrection, une organisation du pouvoir exécutif caractérisée par la multiplication des instances intermédiaires.
Maignet, représentant en mission dans les Bouches-du-Rhône, tente une synthèse : le partage des fonctions (la Convention fait la loi, les départements s'occupent des problèmes locaux, les districts surveillent l'application des lois, les municipalités et les comités révolutionnaires s'occupent de tout ce qui est relatif aux personnes).
Jacques Guilhaumou, Un argomento in Rivoluzione : la sovranità del popolo. La sperimentazione marsigliese.
Per ogni giacobino la sovranità del popolo definisce la cittadinanza. II gruppo girondino tiene un discorso minimo nei suoi riguardi (la formazione della pubblica opinione è la prima tappa dell'esercizio della sovranità). I cordiglieri ed i giacobini radicali fanno un discorso massimo (il popolo detta legge e giudica la conformité della legge con il diritto naturale).
Si nota un'inflessione marsigliese di questi discorsi. I patrioti moderati accennano alla « sovranità relativa e per cosi dire locale ». Dalla primavera 1793 i patrioti radicali alludono ad un'insurrezione marsigliese che prende il ricambio a quella di Parigi corne stimolo della Rivoluzione, e dopo il successo di quest'insurrezione, accennano ad un'organizzazione del potere esecutivo caratterizato dal moltiplicarsi delle istanze intermediare.
Incaricato di una missione nelle Bouches-du-Rhône, Maignet tenta una sintesi : la ripartizione delle funzioni (la Convenzione detta legge, i dipartimenti si occupano dei problemi locali, i distretti controllano l'applicazione delle leggi, le municipalità ed i comitati rivoluzionari si dedicano a tutto ciô che è relativo alle persone).
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Guilhaumou
Un argument en révolution, la souveraineté du peuple
In: Annales historiques de la Révolution française. N°298, 1994. pp. 695-714.
Citer ce document / Cite this document :
Guilhaumou Jacques. Un argument en révolution, la souveraineté du peuple. In: Annales historiques de la Révolution française.
N°298, 1994. pp. 695-714.
doi : 10.3406/ahrf.1994.1868
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1994_num_298_1_1868Abstract
Jacques Guilhaumou, An argument in Revolution : the sovereignty of the people, The Marseille
experiment.
For all Jacobins, citizenship was defined by the sovereignty of the people. The Girondin faction stuck to
a minimalist discourse whereby the formation of public opinion is the first step in the exercise of
sovereignty. The maximalist discourse of the Corde- Hers and the radical Jacobins held that the people
make the law and judge the conformity between the law and natural right.
One notes a marseillaise inflexion in this discourse. At Marseille, the moderate patriots evoked "the
relative and local sovereignty, so to speak". From spring 1793 the radical patriots evoked a marseillaise
insurrection taking its lead from Paris as motor of the Revolution and, after the success of the
insurrection, and organization of the executive power characterized by the multiplication of intermediary
governmental bodies.
Maignet, représentant en mission in the Bouches-du-Rhône, developed a synthesis : the division of
functions. Accordingly, the Convention would make the law, the departments would concern themselves
with local problems, the districts would surveil the application of laws, the municipalities and
revolutionary committees would handle all matters relative to individuals.
Résumé
Jacques Guilhaumou, Un argument en Révolution : la souveraineté du peuple. L'expérimentation
marseillaise.
Pour tous les jacobins, la souveraineté du peuple définit la citoyenneté. Le groupe girondin tient à son
propos un discours minimaliste (la formation de l'opinion publique est la première étape de l'exercice de
la souveraineté). Les cordeliers et les jacobins radicaux tiennent un discours maximaliste (le peuple fait
la loi et juge la conformité de la loi avec le droit naturel).
On note une inflexion marseillaise de ces discours. Les patriotes modérés y évoquent « la souveraineté
relative et pour ainsi dire locale ». Les patriotes radicaux évoquent à partir du printemps 1793 une
insurrection marseillaise prenant le relais de Paris comme moteur de la Révolution, et après le succès
de cette insurrection, une organisation du pouvoir exécutif caractérisée par la multiplication des
instances intermédiaires.
Maignet, représentant en mission dans les Bouches-du-Rhône, tente une synthèse : le partage des
fonctions (la Convention fait la loi, les départements s'occupent des problèmes locaux, les districts
surveillent l'application des lois, les municipalités et les comités révolutionnaires s'occupent de tout ce
qui est relatif aux personnes).
Riassunto
Jacques Guilhaumou, Un argomento in Rivoluzione : la sovranità del popolo. La sperimentazione
marsigliese.
Per ogni giacobino la sovranità del popolo definisce la cittadinanza. II gruppo girondino tiene un
discorso minimo nei suoi riguardi (la formazione della pubblica opinione è la prima tappa dell'esercizio
della sovranità). I cordiglieri ed i giacobini radicali fanno un discorso massimo (il popolo detta legge e
giudica la conformité della legge con il diritto naturale).
Si nota un'inflessione marsigliese di questi discorsi. I patrioti moderati accennano alla « sovranità
relativa e per cosi dire locale ». Dalla primavera 1793 i radicali alludono ad un'insurrezione
marsigliese che prende il ricambio a quella di Parigi corne stimolo della Rivoluzione, e dopo il successo
di quest'insurrezione, accennano ad un'organizzazione del potere esecutivo caratterizato dal
moltiplicarsi delle istanze intermediare.
Incaricato di una missione nelle Bouches-du-Rhône, Maignet tenta una sintesi : la ripartizione delle
funzioni (la Convenzione detta legge, i dipartimenti si occupano dei problemi locali, i distretti controllano
l'applicazione delle leggi, le municipalità ed i comitati rivoluzionari si dedicano a tutto ciô che è relativo
alle persone).UN ARGUMENT EN REVOLUTION,
LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE
L'expérimentation marseillaise
« Unité de la république d'une part, gouvernement fédératif
de l'autre : voilà le champ de bataille du jour et les grands mots
dont on étourdit le peuple qui, heureusement pour lui, n'y comprend
rien. On cherche par tous les moyens à lui faire un monstre de
ce mot fédéralisme [...] Dans l'idiome de ses Messieurs, unité répu
blicaine est le synonyme de la tyrannie de Paris. Mais cette tyrannie,
comme toutes les autres, disparaîtra devant le souffle du génie
de la liberté. // faut que Marseille soit la sœur et non la sujette
de Paris. »
Journal Français du 25 novembre 1792)
Nous nous proposons de préciser les enjeux doctrinaux de l'expér
imentation historique décrite au sein de notre livre sur Marseille républi
caine (1791-1793) (1) à partir d'une réflexion plus générale, de caractère
systémique, sur \ historicité d'un argument, perçu abstraitement par les
historiens et qui préside pourtant aux actions quotidiennes des révolutionn
aires, la souveraineté du peuple (2). Cette réflexion s'autorise d'une disci
pline interprétative, l'analyse de discours, plus proche actuellement des
sciences sociales que de la discipline historique proprement dite (3).
(1) Presses de la Fondation Nationale des Sciences politiques, 1992.
(2) La présente étude amplifie, précise et remanie un propos déjà exposé à l'occasion d'une double
communication, l'une au colloque « Ville et Révolution » (Lyon, 11-12 mars 1993), publié à l'Institut
d'études politiques de Lyon en 1994, l'autre au colloque « L'an I et l'apprentissage de la démocratie »
(Saint-Ouen, 21-24 juin 1993). Nous remercions tout particulièrement Françoise Brunei, Florence Gauthier
et Raymonde Monnier pour leurs suggestions et leurs remarques sur le problème de la au
sein du mouvement jacobin, fédéralismes compris.
(3) Voir notre article, « A propos de l'analyse de discours : les historiens et le "tournant linguis
tique" », Langage & Société, n° 65, septembre 1993.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1994 — N° 4 696 JACQUES GUILHAUMOU
En effet, notre investigation ne s'inscrit pas principalement dans l'atelier
de l'historien où il s'agit d'œuvrer pour une histoire cumulative et compar
ative, en vue d'une histoire totale. Mais il n'est pas dans notre intention
de contester la légitimité de cette manière ordinaire de faire l'histoire, car
ce serait mettre en cause la pertinence même de la démarche historienne.
En tant qu'historien du discours, nous essayons plutôt de faire apparaître
un domaine inédit d'investigation où l'accent est mis, dans les termes de
la sociologie descriptive (4), sur les pratiques configurantes du cours
d'action, où se déploie la capacité interprétative des acteurs de l'événement
révolutionnaire (5). Nous travaillons au sein du laboratoire des sciences
sociales, dans lequel l'historien est présent avec ses ressources propres,
issues de la lecture d'archives, mais reste en contact permanent avec les
chercheurs d'autres secteurs des sciences sociales et humaines. En ce lieu,
le surplomb historiographique, spécifique de la démarche ordinaire de
l'historien, a perdu toute valeur descriptive (6). Il est remplacé par une
position critique face à une société à la fois objet d'investigation et espace
critique par elle-même. Ainsi les arguments des sujets impliqués dans l'action
sont pris au sérieux, et non pas renvoyés à l'illusion idéologique qu'il faudrait
contourner par la recherche d'un sens caché (7). Un sociologue, Luc
Boltanski, a décrit la spécificité d'une telle recherche en laboratoire dans
les termes suivants (8) :
« (Le chercheur) s'astreint à suivre les acteurs au plus près de
leur travail interprétatif, frayant son chemin au travers des rapports
qu'ils ont constitués. Il prend au sérieux leurs arguments et les preuves apportent, sans chercher à les réduire en leur opposant une
interprétation plus forte. Il est attentif à la façon dont les acteurs
eux-mêmes cons

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