Un écrivain breton méconnu, la vie et l œuvre d Yves Le Febvre (24 décembre 1874- 21 janvier 1939) - article ; n°2 ; vol.67, pg 147-188
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Un écrivain breton méconnu, la vie et l'œuvre d'Yves Le Febvre (24 décembre 1874- 21 janvier 1939) - article ; n°2 ; vol.67, pg 147-188

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Description

Annales de Bretagne - Année 1960 - Volume 67 - Numéro 2 - Pages 147-188
42 pages

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Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Léon Dubreuil
Un écrivain breton méconnu, la vie et l'œuvre d'Yves Le Febvre
(24 décembre 1874- 21 janvier 1939)
In: Annales de Bretagne. Tome 67, numéro 2, 1960. pp. 147-188.
Citer ce document / Cite this document :
Dubreuil Léon. Un écrivain breton méconnu, la vie et l'œuvre d'Yves Le Febvre (24 décembre 1874- 21 janvier 1939). In:
Annales de Bretagne. Tome 67, numéro 2, 1960. pp. 147-188.
doi : 10.3406/abpo.1960.2108
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1960_num_67_2_2108Léon DUBREUIL
UN ECRIVAIN BRETON MECONNU
LA VIE ET L'ŒUVRE D'YVES LE FEBVRE
(24 DECEMBRE 1874-21 JANVIER 1959)
II est un écrivain breton dont l'œuvre est importante et
de qualité, dont le nom n'a pas eu le retentissement auquel
elle lui donnait droit. Il s'agit d'Yves Le Febvre. Si quel
quefois on le cite au cours d'une conversation, il se trouve
d'ordinaire quelqu'un pour dire : « Ah ! oui, Fauteur de
La Terre des Prêtres », avec le vague souvenir du procès
qui lui fut intenté par une vingtaine de prêtres du Léon.
Or La Terre des Prêtres ne constitue qu'un « épisode »
dans la série de ses œuvres qui, sans être extrêmement
dense, en raison des fonctions qu'il exerça dans la magis
trature et de l'attention qu'il donna .aux œuvres sociales,
est assez considérable, se prolongeant durant une qua
rantaine d'années de son existence, pour mériter que l'on
se soit occupé davantage de son incontestable valeur, ne
serait-ce qu'au point de vue strictement littéraire.
La raison principale de cette méconnaissance tient sans
doute à ce que l'œuvre d'Yves Le Febvre, sauf pour les
romans de sa jeunesse, était à contre-courant des idées
généralement reçues en Bretagne, à l'époque où il la
construisait. Elle aime à se dire à base d'hérésie et, sans
être irréligieuse, ne laisse aucun doute sur l'agnosticisme
de son auteur.
Elle se réclame du « druidisme », tel que sa doctrine
apparaît dans les Triades de l'île de Bretagne, publiées
par les soins de J. Le Fustec et d'Yves Berthou, apôtres
d'un véritable panceltisme. Elle est nationale, en ce sens 148 YVES LE FEBVRE
qu'Yves Le Febvre ne conçoit la Bretagne ni autonome,
ni séparée, mais française. Elle n'est pas seulement
républicaine, révolutionnaire en ce qu'elle s'attaque
aux puissances et aux régimes établis dont la longue durée
conduit à l'égoïsme et à l'usure et qui, pour ces motifs,
ont besoin d'un rajeunissement dû à des forces nouvelles,
qu'il s'agisse d'invasions de barbares ou de la pression des
classes sociales jusqu'alors déshéritées et dédaignées.
Elle est pourtant complémentaire de celle de Le Braz
et de Charles Le Goffic, par ce qu'Yves Le Febvre
met en évidence dans ses contes, ses nouvelles et ses
derniers romans. Ce n'est pas la Bretagne aux molles
vapeurs, aux couchers de soleil magnifiques, ni même aux
superstitions ancestrales dans leurs formes présentes, mais
une Bretagne âpre et rude, celle des monts d'Arrée où les
paysans sont aussi durs que l'échiné ou la dent des rocs
perçant les hautes étendues de landes, dont les mœurs sont
brutales et parfois sanguinaires. S'il lui arrive de décrire
la côte, c'est une côte qui devient plus sauvage à partir
de Roscoff et mord sur celle des « pagans » .
Qu'on ne croie que cette dureté, cette âpreté aient le
moindre rapport avec la nature d'Yves Le Febvre. Les
douceurs de l'existence dont il a bénéficié, grâce surtout à
un père excellent, à une belle-mère attentive et à une
femme d'élite, il les aurait voulues pour tous ceux qu'il
juge asservis, qui souffrent et qui désespèrent. Il est animé
d'un amour profond de l'humanité. Il est convaincu que
l'accroissement de son bonheur est lié aux progrès de son
émancipation politique, religieuse et sociale. Ce sera la
raison des combats qu'il ne cessera de mener dans toute
son existence sous des formes diverses. Dans son esprit
et dans son cœur se retrouvent les sentiments des grands
initiateurs. Qu'on ne croie pas au paradoxe, si l'on dit
qu'il eût été jadis de ceux qui auraient pu être considérés
comme des saints, s'il ne s'était égaré volontairement hors
des voies de la pure orthodoxie. YVES LE FEBVRE 149
Le premier ouvrage d'Yves Le Febvre, Contes celtiques,
fut publié en 1899 (1). 11 l'avait fait précéder de quelques
lignes qu'il importe de reproduire :
« Je publie sans orgueil ni timidité, les pages que voici.
Je les livre au public, telles qu'elles sont, dans leur jeune
imperfection avec la seule fierté d'une conscience libre,
hors les coteries et les mensonges. Je les offre surtout à
la mémoire de l'homme bon et doux qui vit naître en mon
esprit les premières joies et les premières tristesses des
trop vastes rêves, mon père.
1er juin 1899. »
Ce père tant affectionné était le docteur en médecine
Ferdinand Le Febvre, né en 1840, soit à Morlaix, soit dans
une commune limitrophe où sa mère possédait un bien
patrimonial. Il s'installa à Morlaix dès le début de son
premier mariage « dans une maison de la rue des Font
aines, précise Mme Yves Le Febvre, dont la terrasse-
jardin surplombe la rue au premier coude en venant de
la place de Viarmes ».
C'était le type du médecin de son époque, ami et confi
dent de ses clients qui l'adoraient. Lettré, brillant cau
seur, il était libéral, voire républicain dès l'Empire. Plus
tard il montrera un vif attachement à l'école laïque telle
que la constituèrent les lois de 1881 à 1886 (2). Il avait
été nommé délégué cantonal, prenant très au sérieux la
tâche que cette fonction lui imposait et qui n'était pas
aussi illusoire qu'elle l'est devenue dans la suite. Non
seulement il s'intéressait aux enfants de ses clients et de
ses amis, mais encore il s'efforçait d'encourager et de se
rendre utile à ceux qui se faisaient remarquer par la qual
ité de leur travail.
Cédant à des instances amicales, il avait consenti à poser
sa candidature au conseil d'arrondissement de Morlaix et
U) Chez Chevalier, imprimeur à Morlaix, et chez G. Jacques,
libraire à Paris.
(2) Cf. Léon Dubreuil, Paul Bert, F. Alcan, 1935). 150 YVES LE FEBVRE
avait été élu à une importante majorité. Il était en effet
parfaitement considéré même des monarchistes qui appré-
caient se droiture et son respect de leurs opinions.
S'il était croyant — ce qui était probable — il était
d'une extrême tolérance, faisant une distinction très nette
entre les enseignements de la religion catholique et les
exigences du cléricalisme. Il est permis d'avancer que
quelques-uns des traits du docteur Moreau, dans la Terre
des Prêtres, lui ont été empruntés. Mais on n'y saurait
voir toutefois un portrait — son portrait..
Quand il mourut, le 14 décembre 1897, dans une maison
du quai de Tréguier, où il était venu habiter, Yves Guya-
der, une des têtes de la section socialiste de Morlaix, qui y
avait créé la première coopérative de production, celle
des tonneliers, et qui, neuf ans plus tard, allait devenir
le beau-père d'Yves Le Febvre, vint proposer à sa veuve,
au nom de ses camarades de travail de porter son cercueil
à bras, à l'église, puis au cimetière, en témoignage de
respect et d'affection. Elle accepta cette proposition avec
autant d'émotion que de gratitude.
Yves Le Febvre était le cinquième des huit enfants du
docteur Ferdinand Le Febvre.
Celui-ci s'était marié trois fois. Il avait épousé d'abord,
en 1865, Pauline Hubert, fille du receveur principal des
postes à Brest. Les naissances trop rapprochées des quatre
enfants qu'elle donna à son mari, trois garçons et une
fille, ruinèrent une santé peu robuste. Aussi mourut-eïle
peu après la naissance du quatrième de ses enfants.
Après quelques années de veuvage, le docteur Le Febvre
épousa, en 1872, Armelle Briant de

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