Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise) - article ; n°1 ; vol.144, pg 39-67
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1986 - Volume 144 - Numéro 1 - Pages 39-67
La localité de Liancourt-Saint-Pierre (proche des limites du Vexin français et dépendant au Moyen Age du diocèse de Rouen), pour laquelle on dispose ac tuellement de sources rares, était aux mains, aux XIe-XIIe siècles, de diverses personnes morales et physiques: le prieuré de Saint-Pierre (fondé en 1056 par le comte de Vexin, Gautier III) dépendait de Saint-Père de Chartres, l'église de Notre-Dame, de l'abbaye du Bec-Hellouin ; la famille royale y détenait des biens fiscaux relativement importants. Deux conflits agitèrent Liancourt durant les XIe et XIIe siècles. Le premier, qui opposa vers 1090 les abbayes du Bec et de Saint-Père de Chartres, fut réglé au profit de cette dernière. Le second, plus sérieux, mit aux prises Saint-Pierre de Liancourt et la famille royale à propos des biens concédés à Isabelle, fille naturelle de Louis VI, en dot par son père et en douaire par son mari, Guillaume de Chaumont. Il donna lieu d'une part à un accord sincère entre Guillaume et les moines, d'autre part,à un acte faux de Louis VI, conservé en deux versions: si la première, simple esquisse, est fort brève, la seconde reprend dans le détail, parfois en les interpolant, plusieurs chartes antérieures, à l'origine du temporel de Saint-Pierre, insérées dans un cadre emprunté selon toute vraisemblance des diplômes de Louis VI réellement délivrés en faveur de Saint-Père de Chartres. Ce faux, qui est datable de la fin du XIIe siècle, avait pour but de déposséder les descendants d'Isabelle et de Guillaume des biens et droits qu'ils avaient hérités de leur mère.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Dufour
Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1986, tome 144, livraison 1. pp. 39-67.
Résumé
La localité de Liancourt-Saint-Pierre (proche des limites du Vexin français et dépendant au Moyen Age du diocèse de Rouen),
pour laquelle on dispose ac tuellement de sources rares, était aux mains, aux XIe-XIIe siècles, de diverses personnes morales et
physiques: le prieuré de Saint-Pierre (fondé en 1056 par le comte de Vexin, Gautier III) dépendait de Saint-Père de Chartres,
l'église de Notre-Dame, de l'abbaye du Bec-Hellouin ; la famille royale y détenait des biens fiscaux relativement importants. Deux
conflits agitèrent Liancourt durant les XIe et XIIe siècles. Le premier, qui opposa vers 1090 les abbayes du Bec et de Saint-Père
de Chartres, fut réglé au profit de cette dernière. Le second, plus sérieux, mit aux prises Saint-Pierre de Liancourt et la famille
royale à propos des biens concédés à Isabelle, fille naturelle de Louis VI, en dot par son père et en douaire par son mari,
Guillaume de Chaumont. Il donna lieu d'une part à un accord sincère entre Guillaume et les moines, d'autre part,à un acte faux
de Louis VI, conservé en deux versions: si la première, simple esquisse, est fort brève, la seconde reprend dans le détail, parfois
en les interpolant, plusieurs chartes antérieures, à l'origine du temporel de Saint-Pierre, insérées dans un cadre emprunté selon
toute vraisemblance des diplômes de Louis VI réellement délivrés en faveur de Saint-Père de Chartres. Ce faux, qui est datable
de la fin du XIIe siècle, avait pour but de déposséder les descendants d'Isabelle et de Guillaume des biens et droits qu'ils avaient
hérités de leur mère.
Citer ce document / Cite this document :
Dufour Jean. Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1986, tome 144, livraison 1.
pp. 39-67.
doi : 10.3406/bec.1986.450405
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1986_num_144_1_450405* i
UN FAUX DE LOUIS VI
RELATIF À LIANCOURT (OISE)
par
Jean DUFOUR
La localité de Liancourt-Saint-Pierre1, située à flanc de coteau sur
la rive gauche de la Troësne — petite rivière de 20 à 25 km se jetant
dans l'Epte à Gisors — , appartient au Vexin français ; elle est peu
éloignée de Ghaumont-en-Vexin et de Trie-Château, ville proche des
limites du Vexin français et du Vexin normand durant la majeure
partie des xie et xne siècles. Dépendant au Moyen Age du diocèse de
Rouen, elle possédait deux églises : en bas, Notre-Dame, dont les
religieux, rattachés à l'abbaye du Bec2, avaient probablement autref
ois desservi le château voisin ; en haut, Saint-Pierre, prieuré fondé
en 1056 par le comte de Vexin, Gautier III, pour l'abbaye de Saint-
Père de Chartres3. Cette dernière église aurait bénéficié d'un d
iplôme de Louis VI, jugé sincère jusqu'à ce jour4; c'est ce document,
à mes yeux faux, et le dossier dont il fait partie qui font l'objet du
présent article.
Examinons en premier lieu le matériel documentaire relatif à Lian-
court, et spécialement au prieuré de Saint-Pierre, auquel on peut au
jourd'hui recourir. Les Archives départementales d'Eure-et-Loir ne
conservent actuellement que fort peu de chartes de cette église, toutes
étrangères à mon propos5. En revanche, les recueils de chartes
établis au xvine siècle pour Gaignières (Bibl. nat., lat. 5417), par
dom Charles Muley (Bibl. mun. Chartres, ms 1136), et par le prési-
1. Liancourt-Saint-Pierre, Oise, cant, de Chaumont-en-Vexin.
2. Pour Véronique Gazeau (Le domaine continental du Bec, aristocratie et monachisme au
temps d'Anselme, dans Les mutations socio-culturelles au tournant des XIe- XI Ie s., études
anselmiennes , IVe session. Colloque organisé... [au] Bec-Hellouin (11-16 juillet 1982),
Paris, 1984, p. 262), l'abbaye du Bec ne disposait alors à Liancourt que de rentes.
3. A son sujet, cf. Beaunier et Besse, Abbayes et prieurés de l'ancienne France, t. VII,
Ligugé-Paris, 1914, p. 85 ; Gottineau, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés,
t. I, Mâcon, 1939, col. 1600.
4. Cf. Achille Luchaire, Louis VI le Gros, annales de sa vie et de son règne (1081-1137 ),
avec une introduction historique, Paris, 1890 (réimpr. Bruxelles, 1964), p. 112, n° 231.
5. Arch. dép. Eure-et-Loir, H 527 et 4741 (1381-vers 1780).
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 144, 1986. 40 JEAN DUFOUR
dent Lévrier (Bibl. nat., Collection du Vexin, vol. 8, 11, 12 et 20,
avec une annotation abondante) renferment un grand nombre de do
cuments concernant Liancourt qui pour la plupart s'échelonnent sur
une période de cent vingt ans, entre la fin du règne de Henri Ier et
la fin de celui de Louis VII ; la majorité d'entre eux a un lien direct
avec le diplôme de Louis VI. Seul le Vêtus Aganon, cartulaire char-
train du début du xne siècle (autrefois Bibl. mun. Chartres, ms 1060 ;
détruit en 1944 1), contenait quelques textes plus anciens.
L'acte de Louis VI est connu par deux états successifs.
La première mouture (8 A)2, très brève, conservée par une seule
source — une copie du xvine siècle — , est dépourvue de formules
finales et de date. Du long préambule, ayant pour thème la défense
des biens concédés aux églises, retenons les formules ou expressions
Sathane crescente malitia, sine calumniantis infestatione, contra infes
tantes qui, de toute évidence, témoignent d'une menace contempor
aine sur ces biens ecclésiastiques. Puis, après la suscription où le
roi porte le simple titre de rex, au lieu de l'habituel rex Francorum,
vient la notification, inusitée du temps de Louis VI, tam futuros quam
présentes certifico qui n'introduit pas, comme on s'y attendrait, une
proposition infinitive, mais une subordonnée commandée par ut ; il y
est question à la fois des biens royaux de Liancourt concédés à Isa
belle, fille du roi, lors de son mariage, des biens possédés par les moines
de Saint-Pierre de Liancourt, de la violentia qu'ils pourraient subir
et de leurs principaux bienfaiteurs. Enfin, après une phrase où Louis VI
se proclame le défenseur de cette église, vient la seconde partie de
l'acte, dans laquelle sont érumérés dans le détail les biens et droits
que lui conféra Gautier III, comte de Vexin, lors de sa fondation.
L'expression supradictorum autem dona virorum hec sunt introduisant
ce passage indique, à mon avis, que devait être ensuite précisé le
contenu d'autres concessions : il est probable que le rédacteur, in
satisfait de son travail, a préféré en rester là.
La seconde version (8 B), beaucoup plus longue et plus importante
pour notre propos, possède la plupart des parties habituelles du dis
cours diplomatique. Quatre des cinq copies utiles, datant seulement du
xvine siècle, auraient pour source un original, scellé d'un sceau que
B décrit avec une minutie presque excessive et un tantinet troublante,
comme peut troubler la formule surprenante (mais peut-être simple-
1. Les quelques débris récupérés ne sont guère utilisables ; aussi doit-on pour en avoir
connaissance se reporter à la vieille édition, souvent peu sûre, de Benjamin Guérard, Car
tulaire de l'abbaye de Saint-Père de Chartres, t. I, Paris, 1840, p. 3-254.
2. Les chiffres en gras, utilisés ici et par la suite, renvoient aux diverses pièces justifica
tives publiées en annexe. UN FAUX DE LOUIS VI RELATIF A LIANCOURT 41
ment maladroite) « scellé d'un sceau attaché en placard » pour dési
gner le sceau plaqué. Relevons que, toujours d'après cette copie B
due à dom Muley, 1' « original » était conservé parmi les archives de
Saint-Père de Chartres, dans l'armoire 38, sous la cote « C », donc à
proximité d'un autre diplôme délivré en 1115 par Louis VI en fa
veur de cette abbaye chartraine1, coté lui-même « F », si l'on en
croit toujours dom Muley. J'aurai à revenir sur la parenté de ces
deux documents.
En outre, quelques graphies méritent d'être notées, en raison même
de leur rareté : Hludovicus, forme archaïsante pour le nom du roi,
présente entre autres, comme par hasard, dans des faux de Louis VI
pour Saint-Pierre-le-Vif de Sens2 ou Tiron3 ; Fran

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