Un médecin de Fontenay-le-Comte au début du XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.90, pg 19-33
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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1983 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 19-33
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Publié le 01 janvier 1983
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Langue Français
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Extrait

Pierre Treuttel
Un médecin de Fontenay-le-Comte au début du XVIIIe siècle
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 90, numéro 1, 1983. pp. 19-33.
Citer ce document / Cite this document :
Treuttel Pierre. Un médecin de Fontenay-le-Comte au début du XVIIIe siècle. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest.
Tome 90, numéro 1, 1983. pp. 19-33.
doi : 10.3406/abpo.1983.3110
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1983_num_90_1_3110UN MÉDECIN
DE FONTENAY-LE-COMTE
AU DÉBUT DU XVIIP SIÈCLE
par Pierre TREUTTEL
Les papiers familiaux souvent abandonnés dans les vastes greniers
des maisons provinciales contiennent des documents jusqu'alors ignorés
qui nous renseignent sur la vie quotidienne d'autrefois. Ainsi le « papier
journal » du docteur Hilaire Raison, registre oublié au milieu d'actes
notariés, billets à ordre, grosses de jugements et autres pièces de procé
dure, a dormi pendant de nombreuses années dans les a galetas » d'un
logis vendéen. Son auteur qui exerça la médecine à Fontenay-le-Comte
en « bas pays de Poitou » à la fin du règne de Louis XIV y inscrivit,
jour après jour, pendant 17 ans, les visites qu'il rendait à ses clients.
Dans ce « livre de raison », d'une très grande sobriété, aucune indi
cation n'est donnée sur la nature des maladies soignées ni sur les
prescriptions médicales ; ne sont notés que les noms des clients (un
millier environ), parfois leur profession, la date des visites et le montant
des honoraires. Tel quel, ce document nous éclaire cependant sur la vie
des bourgeois de Fontenay-le-Comte et l'activité d'un médecin de pro
vince au début du XVIIIe siècle.
En 1671, la petite ville de Fontenay-le-Comte en Poitou comptait
1.500 feux (1) répartis en trois paroisses. C'est sur les registres de
Nostre Dame, la plus importante des trois, que figure l'acte de baptême
d'Hilaire Raison : « Le second jour de novembre 1671 a esté baptisé
Hillaire, fils de M. Nicolas Raison, exempt en la maréchaussée de cette
ville et de dame Marie Drouillard, conjointe, le parrein sire Hillaire
Raison, ayeul paternel, la marreine dame Catherine Pouponnot, ayeulle
maternelle. Ainsi signé audit registre : Hillaire Raison et Aubineau,
prestre ».
La famille du jeune Hilaire. Raison habitait à Fontenay depuis trois
générations au moins ; d'abord dans le « Marchou », quartier pauvre
des drapiers, puis aux « Loges ». Le grand père et « parrein » possédait
des vignes à Pissot et à St-Michel-le-Clou. En 1664, le plus jeune de
ses fils « pourveu de la tonsure » et désirant « se desdier au service
de Dieu (mais ne pouvant le faire que) muni d'un titre patrimonial
bon pour son entretiennement », il lui consentit une donation de 100
livres de rente, dont l'acte fut certifié par René Moreau, curé de Nostre
Dame. 20 ANNALES DE BRETAGNE
La grand mère maternelle, Catherine Perochon, avait épousé Jean
Drouillard, marchand tanneur corroyeur qui possédait une « douberie »
(tannerie) sur la Vendée et avait pris à ferme l'office de « contrôleur
et vendeur de cuir ». Ace titre, il était chargé du marquage des cuirs
et bénéficiait des « droits attribuez aux prud'hommes et vendeurs de
cuir ».
Après le décès de son mari, Catherine avait continué le commerce
et confié à François Pineau, son facteur et gagé, la conduite et admin
istration de ses affaires et de son « trafficq », et l'avait marié à sa
fille/ aînée, « contre le sentiment de ses parents qui jugeant qu'il n'estait
pas un party sortable s'absentèrent lors du contrat de mariage ». Au
lieu de la servir fidèlement et de « lui rendre l'affection qu'elle avait
conçue pour lui, François Pineau employa toute la ruse et les machines
possibles pour tirer le bien d'icelle ». En quatre ans « tous ces ressorts
ayant joué selon son projet », il avait acquis pour 6 à 7.000 livres de
domaines dans les seigneuries de Nieul, Soiiil et Poyletard.
Le père, Nicolas Raison, était né en 1634. A 16 ans, il était commis
à la recette des tailles de l'élection. En 1670, il épouse Marie Drouil
lard ; les deux familles se réunissent dans la maison de la « proparlée »
pour la lecture du contrat de mariage, qui comporte 17 signatures. A
la même époque,, il achète l'office d'exempt du vissénéchal, lieutenant
criminel de robe courte, aux gages de 225 livres, prête serment, règle
le droit de « marc d'or » (6 livres) et reçoit les lettres de provision
du Roy, le 20 août 1672. Il est chargé d'exécuter les ordonnances du
Gouverneur ou de l'Intendant.
Le jeun© Hilaire commença ses études au collège des Jésuites de
Fontenay qui, à cette époque, accueillait une soixantaine d'élèves. Il
s'y L'a d'amitié avec Claude Mahé, qui devint receveur des tailles de
l'élection. En 1692, le R.P. Louis Desnouhes, professeur de philosophie,
lui délivra des lettres testimoniales qui lui permirent de s'inscrire à la
faculté de médecine de Paris. Il resta deux ans à Paris ayant pour
maîtres : Douté, Liquebœuf et Leaulté, respectivement professeurs de
pathologie, de botanique et de chirurgie.
Puis il s'inscrit à Angers, où les études sont plus rapides et où
l'enseignement a été rénové sous l'influence de Pierre Hunauld. Au cours
de l'année 1695 il conquiert tous les grades : baccalauréat, licence et
doctorat, avec : « les pouvoirs les plus amples de faire pratiquer,
interpréter la médecine et d'exercer tous les actes magistraux, sur toute
la terre, immédiatement, conformément aux privilèges, sanctions et sta
tuts de la vénérable Faculté de Médecine de la célèbre Université
d'Angers » (4).
Dès la fin de ses études, il vient s'installer à Fontenay où exerce
déjà le docteur Hudel, avec lequel il constitue la « communauté » des
médecins de la ville qui se voit attribuer d'autorité l'office de « médecin
royal », avec inscription sur les rôles pour la somme de 125 livres, au
profit de « Messieurs les intéressés au traité », et qu'il faut payer sans
délai sous menace d'établissement d'une « garnison ». ANNALES DE BRETAGNE 21 ANNALES DE BRETAGNE 22
L'inventaire dressé après son décès mentionne à l'actif : « ... 80
livres reliés en parchemin et 42 reliés en veaux de différentes grandeur,
tant latin que français, la majeure partie concernant la médecine ... de
différentes mesures et grandeurs, la plupart vieux ». Ils ne sont pas
énumérés dans l'inventaire, mais certains ont été conservés (cf. annexe).
LA VIE FAMILIALE
Hilaire se maria deux fois. Le 27 juin 1707, à l'âge de 36 ans, il
épouse Catherine Pouponnot, fille de Nicolas, marchand droguiste. Elle
mourut en 1720 après 13 ans de mariage, 8 mois après avoir mis au
monde son 9e enfant. Le 3 janvier 1724, après trois ans et demi de
veuvage, il se remaria avec Françoise, Porcheron, fille de Charles, lieu
tenant particulier de la maitrise des eaux et forêts, qui possédait 5
métairies, des borderies et de nombreuses pièces de terre, de bois et de
marais. A la mort d'Hilaire en 1732, Françoise venait de mettre au
monde son 6e enfant.
La fécondité des deux épouses d'Hilairef, qui ont un enfant tous
les 18 mois, est courante à l'époque ; ce qui l'est moins, c'est la
mortalité de ces enfants ; le tiers d'entre eux seulement atteint l'âge
adulte : 3 filles, dont 2 se marièrent et la 3e entra au couvent, et 2
garçons qui fondèrent chacun un foyer.
Lqs enfants étaient baptisés le lendemain de la naissance et aussitôt
remis à une nourrice d'un village voisin : l'Orberie, St-Michel-le-Clou,
La Meilleraye, La Porte-de-L'Isle, pour une période de 18 mois. Chaque
nourrice recevait par an : 12 écus, 1 boisseau et demi de froment, 1
livre 1/2 de savon, une paire de brassières, un chapeau et un millier
d'épingles. Hilaire allait voir ses enfants au moins une fois par mois,
lorsqu'il payait la nourrice. A l'âge des études, les enfants éta

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