Un pharmacien créateur du premier quotidien français : Cadet de Vaux - article ; n°319 ; vol.86, pg 303-312
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1998 - Volume 86 - Numéro 319 - Pages 303-312
Cadet de Vaux, en association avec Louis Dussieux et Olivier de Corancez, créa, le 1er janvier 1877, le premier journal quotidien français : le Journal de Paris. Cadet était responsable de la rubrique scientifique. Les trois directeurs du journal, et Cadet en particulier, firent l'objet de multiples pamphlets. Le journal fut momentanément interdit à deux reprises en raison d'articles jugés injurieux et cessa de paraître pendant quelques semaines, en 1792, à la suite de mouvements révolutionnaires. C'est à ce moment que Cadet de Vaux y cessa ses activités.
A pharmacist, creator of the first French daily paper : Cadet de Vaux
Cadet de Vaux, in partnership with Louis Dussieux and Olivier de Carancez, was the creator of the first French daily news paper, on the 1th of January 1877. Cadet had the responsability of the scientific section. Several lampoons werre written against the three directors of the paper. The paper was momentarily suppressed two times, because of non convenient contributions, and it was stopped some weeks in 1792, because of revolutionary actions. At this time, Cadet stopped his activities in this paper.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

Charles Cailhol
Jean Flahaut
Un pharmacien créateur du premier quotidien français : Cadet
de Vaux
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 86e année, N. 319, 1998. pp. 303-312.
Résumé
Cadet de Vaux, en association avec Louis Dussieux et Olivier de Corancez, créa, le 1er janvier 1877, le premier journal quotidien
français : le Journal de Paris. Cadet était responsable de la rubrique scientifique. Les trois directeurs du journal, et Cadet en
particulier, firent l'objet de multiples pamphlets. Le journal fut momentanément interdit à deux reprises en raison d'articles jugés
injurieux et cessa de paraître pendant quelques semaines, en 1792, à la suite de mouvements révolutionnaires. C'est à ce
moment que Cadet de Vaux y cessa ses activités.
Abstract
A pharmacist, creator of the first French daily paper : Cadet de Vaux
Cadet de Vaux, in partnership with Louis Dussieux and Olivier de Carancez, was the creator of the first French daily news paper,
on the 1th of January 1877. Cadet had the responsability of the scientific section. Several lampoons werre written against the
three directors of the paper. The paper was momentarily suppressed two times, because of non convenient contributions, and it
was stopped some weeks in 1792, because of revolutionary actions. At this time, Cadet stopped his activities in this paper.
Citer ce document / Cite this document :
Cailhol Charles, Flahaut Jean. Un pharmacien créateur du premier quotidien français : Cadet de Vaux. In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 86e année, N. 319, 1998. pp. 303-312.
doi : 10.3406/pharm.1998.4657
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1998_num_86_319_4657303
UN PHARMACIEN
CRÉATEUR DU PREMIER
QUOTIDIEN FRANÇAIS :
CADET DE VAUX
par Charles Cailhol * et Jean Flahaut **
m p ue le premier quotidien français d'informations ait été une création
\J^ pharmaceutique est un fait sans doute peu connu. Ce fut l'uvre de
Caoet de Vaux, pharmacien ayant gagné maîtrise à l'Hôtel Royal des
Invalides et tenant pharmacie depuis 1769, rue Saint Antoine l* 2> 3> 4.
Bouillonnant d'idées, il pensa créer à Paris un quotidien d'informations.
Il n'existait jusqu'alors en France que des journaux périodiques, le plus sou
vent spécialisés par exemple vers les lettres (le Mercure), les sciences
(le Journal des savans), la vie de la Cour (la Gazette de France). Et pourtant
le public était avide d'informations. Le seul quotidien de l'époque paraissait
à Londres, tous les soirs. Cadet de Vaux voulut fonder une feuille qui paraît
rait tous les matins, et pourrait être lue au déjeuner, « à côté du chocolat ou
du café à la crème » 5. Il fut fortement encouragé par ses amis Parmentier et
Duhamel de Monceau 6 qui y voyaient peut-être un moyen de mieux informer
les gens des conditions d'une vie meilleure.
Trois personnages fortunés s'associèrent pour créer le Journal de Paris :
à côté de Cadet de Vaux, pharmacien, figuraient Louis d'Ussieux ou
Dussieux, littérateur 7, et Olivier de Corancez, commis des fermes et homme
de lettres 8. Le roi accorda son privilège le 11 septembre 1776 et le premier
numéro du journal parut le 1er janvier 1777. Une habile publicité faite au
cours des mois précédents lui avait assuré un millier de souscripteurs ; on
comptera 2 500 abonnés à la fin de l'année.
* 14 rue de l'Écureuil, 76000 Rouen.
** 5 impasse du Marché, 92330 Sceaux.
REVUE D'fflSTOIRE DE LA PHARMACIE, XLVI, N° 319, 3e TRIM. 1998, 303-312. 304 REVUE D'fflSTOIRE DE LA PHARMACIE
Le Journal de Paris se distinguait des autres journaux par une excel
lente présentation et une conception originale. Il contenait diverses
rubriques consacrées aux belles-lettres ; aux variétés ; aux arts ; aux spec
tacles ; aux sciences avec des chapitres propres à la médecine, la « chymie »,
la physique ; aux uvres de bienfaisance ; à la météorologie ; aux cours
des grains, etc. Toutes ces rubriques ne pouvaient évidemment être insé
rées dans chaque numéro et elles étaient publiées suivant les besoins de
l'actualité.
Lorsque la Révolution s'installera, les rubriques verront leur importance
relative changer : une large part sera donnée aux comptes rendus des séances
de l'Assemblée constituante puis, à partir de 1792, de la Convention et de la
Commune de Paris ; il n'y sera plus que rarement question de belles-lettres
ou de variétés.
Le Journal de Paris se présentait sur quatre pages, de petit format (in-4°,
soit 19,5-13,5 cm). Ces feuilles étaient imprimées dès 5 heures du matin et
étaient diffusées à Paris entre 7 et 10 heures. Des pages supplémentaires y parfois insérées.
Les noms des rédacteurs ne figurèrent dans aucun numéro jusqu'en
1796. Mais les trois propriétaires avaient la charge de rubriques ; ils inter
venaient, Dussieux pour les spectacles, Corancez pour les belles-lettres,
Cadet de Vaux pour les sciences, car celui-ci, comme tout pharmacien, maît
risait bien les sciences physiques, chimiques, naturelles et médicales. Il
était, de plus, bien introduit dans les milieux académiques, puisque son
frère aîné Louis-Claude Cadet de Gassicourt 9 appartenait à l'Académie
royale des sciences.
Bien que les rubriques du journal ne soient pas signées et qu'il soit
difficile de préciser l'importance du rôle de chacun, on peut cependant
affirmer que l'activité de Cadet de Vaux fut très grande jusqu'au début
de la Révolution. On en trouve un témoignage dans deux lettres qu'il
adressa à Lavoisier à propos d'informations à faire paraître dans le jour
nal 12.
Dans la première, de fin août 1784, il fait état d'un rapport sur le magnét
isme, qui lui avait été promis et qui ne lui était pas parvenu en temps voulu.
Il dit : « Il serait désagréable que nous fussions prévenus par d'autres
ouvrages périodiques sur le compte [rendu] que je me serais empressé de
rendre si nous n'eussions compter sur la promesse en question. Je vous prie,
Monsieur, de vouloir bien remonter à la source et nous informer de la per
sonne qui devait nous faire passer cet extrait. . . » 32
Finalement les extraits du rapport des commissaires sur le magnétisme
animal seront publiés dans le Journal de Paris les 31 août et 1er septembre UN PHARMACIEN CRÉATEUR DU PREMIER QUOTIDIEN FRANÇAIS 305
1784, sous la signature de Franklin, Majault, Le Roy, Sallin, Bailly, d'Arcet,
Bory, Guillotin et Lavoisier.
Dans une seconde lettre datée du 29 octobre 1788, il demande à Lavoisier
des détails sur la mort de Monsieur Le Tors, tué lors de l'explosion de la pou
drerie d'Essones, drame dont Lavoisier avait été témoin. « On nous a adressé
au Journal des détails sur la mort de M. Le Tors ; nous n'avons pas cru devoir
les insérer mais bien, Monsieur, vous prier de nous les communiquer tels
qu'ils sont ; le fait intéresse la physique et il est bon de prévenir par la publi
cité exacte ce que les autres papiers publiés [par d'autres périodiques] ne
manqueront pas de débiter sur cet événement. Si vous voulés bien me les faire
passer directement ou les adresser au journal, on se hâtera de les faire
paraître. »
Le Journal de Paris rencontra très vite de sérieux avatars. En effet, il manif
esta dès sa parution une grande liberté de ton, n'hésitant pas à faire connaître
des affaires où certains grands personnages étaient impliqués. Si la curiosité
des lecteurs pouvait en être satisfaite, ces révélations entraînèrent des cri
tiques, parfois sournoises, souvent violentes, de la part des milieux concer
nés. Par exemple, trois semaines après sa création, le 19 janvier, le journal
publiait une épigramme sur la rapacité des moines quêteurs et surtout, le 22
janvier, un conte en vers, Le Bonze et son Pénitent, qui traitait de la chasteté
d'un religieux 30. Aussitôt, le Journal de Paris fut suspendu par l'autorité
royale ; après sans doute de multiples interventions, il reparut sept jours plus
tard, le 29 janvier, mais la rubrique « Palais-Tribunal » en était supprimée.
Les propos critiques en disparurent peu à peu, les préoccupations littéraires
prenant le pas sur les autres 13, 14, 15.
La hargne de certains contre le Journal de Paris se manifesta par des épi-
grammes et par des chansons, fort critiques à

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