Un problème de topographie antique : l identification des villes de la côte kabyle à l ouest de Bougie - article ; n°1 ; vol.66, pg 147-163
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Un problème de topographie antique : l'identification des villes de la côte kabyle à l'ouest de Bougie - article ; n°1 ; vol.66, pg 147-163

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1954 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 147-163
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Edmond Frézouls
Alain Hus
Un problème de topographie antique : l'identification des villes
de la côte kabyle à l'ouest de Bougie
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 66, 1954. pp. 147-163.
Citer ce document / Cite this document :
Frézouls Edmond, Hus Alain. Un problème de topographie antique : l'identification des villes de la côte kabyle à l'ouest de
Bougie. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 66, 1954. pp. 147-163.
doi : 10.3406/mefr.1954.8530
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1954_num_66_1_8530PROBLÈME DE TOPOGRAPHIE ANTIQUE : UN
L'IDENTIFICATION
DES VILLES DE LA CÔTE KABYLE
A L'OUEST DE BOUGIE
PAR
MM. Ed. Frézouls et A. Hus
Anciens membres de l'École
Chargés, en 1950 et 1951, par la Direction des Antiquités de l'Al
gérie, de fouiller les ruines de Tigzirt-sur-Mer *, nous nous sommes
naturellement essayés, après d'autres, à trouver le nom antique de
la ville dont la partie aujourd'hui visible occupe le petit promont
oire. Nous avons vite senti combien la question était ardue et
complexe ; mais, si nous ne prétendons pas avoir atteint une certi
tude, nos recherches nous ont du moins amenés à replacer Tigzirt
dans le contexte sans lequel le problème ne peut même être posé —
à réexaminer les données topographiques antiques pour toute la
côte du cap Djinet à Bougie (dépliant). Nous livrons ici les résul
tats de cet examen ; peut-être souhaiterait-on nous voir prendre po
sition de façon plus affirmée pour ou contre les deux principales
thèses en présence : nous nous contenterons de pencher pour l'une ;
mais l'essentiel nous a paru être de faire un inventaire exhaustif
des difficultés qu'elles soulèvent l'une et l'autre et des moyens —
quand ils existent — dont on dispose pour les résoudre.
1 C'est M. L. Déroche qui avait repris, en 1949, les fouilles abandonn
ées voici un demi-siècle. Ed. Frézouls fut chargé de la campagne de
1950 et A. Hus de celles de 1951 et 1953. M. M. Euzennat a dirigé celle
de 1952. Un compte rendu de ces fouilles paraîtra ultérieurement. 148 ED. FRÉZOULS ET A. HUS
Disons tout de suite que les fouilles récentes n'ont rien apporté
qui permette de trancher le débat. C'est donc à des données déjà
anciennes qu'il convient de recourir. Nous avons d'abord sur les
villes de la côte kabyle plusieurs textes qui présentent malheureu
sement, nous le verrons, de sensibles différences : le texte de Pto-
lémée, l'Itinéraire d'Antonin, le Géographe de Ravenne, la Table
de Peutinger1. Étant données les identifications sûres (Saldae =
Bougie et Rusguniae = Matifou), la liste des stations interméd
iaires et leurs distances, il n'y a pour Tigzirt, que l'on considère
ou non Tàksebt comme une ville indépendante, que deux possi
bilités : Rusuccuru et Iomnium. S'il suffisait, en l'absence de tout
texte littéraire explicite 2, d'interroger l'épigraphie, la difficulté ne
serait pas bien grande; mais les données épigraphiques peuvent
être parfois équivoques et il faut au moins examiner si elles cadrent
avec les textes géographiques anciens, qu'on peut toujours, il est
vrai, soupçonner à leur tour d'erreur, dans leur rédaction ou dans
leur tradition. Mais l'on ne saurait se montrer satisfait s'il faut
choisir entre les sources, à moins de ruiner l'autorité de celles qu'on
écarte.
La plupart des premiers savants qui s'intéressèrent à Tigzirt —
et notamment Shaw, Vignerai, L. Renier, Mercier, Berbrugger,
etc.3, identifièrent Rusuccuru avec Dellys, à 22 km. à l'Ouest, ce
qui imposait pour notre ville le choix de Iomnium ; mais déjà
Mommsen, suivi au Corpus, en 1881, par Willmans, tenait la chose
pour impossible et considérait comme épigraphiquement certaine
l'identité de Tigzirt et de Rusuccuru. Gavault, dans son Étude... de
1 Voir le tableau d'ensemble, p. 155. Nous n'y avons pas fait figurer
les données du Géographe de Ravenne, que l'on retrouve sans chan
gement appréciable dans la Table de Peutinger : Rusuvicaris — Gisi
municipium — Rusucurum municipium — Lomnio — Rusu visir —
Rusuvis municipium — Salbas.
2 Une mention de Rusuccuru chez Pline, V. 20, ne nous apprend rien.
8 Gsell, Ail. Arch., f. 6, n° 87, fait un historique détaillé de la contro
verse. LES VILLES ANTIQUES DE LA CÔTE KABYLE 149
1897, se rangea à cette opinion, comme bientôt Müller dans son édi
tion de Ptolémée. Le courant semblait renversé et, malgré les fortes
réserves en faveur de Tigzirt = Iomnium formulées par Cagnat
et Dessau dans le Supplément de 1904 au Corpus1, Gsell adoptait
en 1911, dans son Atlas archéologique..., une position très pru
dente : tout en paraissant opter pour Dellys = Rusuccuru et Tigz
irt = Iomnium, il exposait avec tant de conviction les arguments
contraires qu'ont peut vraiment hésiter sur son opinion profonde.
C'est M. J. Carcopino qui reprit, en 1914 2, le problème et revint
résolument à la première solution ; une découverte épigraphique,
en 1919 3, le confirma dans son jugement. Depuis lors, on a tenu la
question pour tranchée et, par exemple, M. P. Salama* identifie
sans hésiter Tigzirt à Iomnium. Mais peut-on vraiment, avec les
données actuelles, clore le débat?
A. — Les données épigraphiques et linguistiques.
Ce sont les moins complexes et, en apparence, les plus décisives.
La thèse la plus ancienne, qui identifie Tigzirt à Iomnium, s'appuie
essentiellement sur l'épigraphie.
1) Une borne trouvée à environ 5 km. de Dellys et indiquant une
distance de III milles, porte le nom des Rusuccuritani6. D'où Ton
conclut que Dellys est Rusuccuru ; Tigzirt doit donc être la ville
suivante de tous les textes, à savoir Iomnium.
2) Au moins deux inscriptions du Tamgout d'Azazga, mont
agne qui domine Port-Gueydon, à une trentaine de kilomètres
à l'Est de Tigzirt, attestent l'identité du site d'Azefîoun, sur
la côte près de avec la colonie de Rusazu. La
première inscription6 pouvait paraître discutable et St. Gsell se
1 CIL, VIII, Suppl. 3, p. 1957.
a J. Carcopino, Revue Africaine, 1914, n° 293, p. 21-24.
8 J. BCTH, 1919, p. 170-177.
4 6 Dans BACTH, ses Voies 1912, romaines p. ccxl, de l'Afrique du Nçrd, 1951, passim,
• CIL, VIII, 8991, 150 ED. FRÉZOULS ET A. «US
montrait réservé sur sa lecture x ; mais M. J. Carcopino l'a vtìe, l'a
lue et en a lu une autre qui mentionne sans conteste les Rusazi-
tani2. Or, si Rusazu est à Azeffoun, il faudrait pour identifier
Tigzirt à Rusuccuru placer entre les deux sites les villes de Iom-
nium et de Rusippisir — ce qu'interdisent absolument les textes
géographiques : de Rusuccuru à Rusazu, il y a, selon IA, 56 MP,
selon TP 3 93 ! Notons en passant l'énorme différence ; quoi qu'il
en soit, la distance, même réduite, ne peut convenir aux 32-34 km.
(cf. p. 158, n. 1) qui séparent Tigzirt d'Azeffoun. Si, au contraire,
Iomnium se situe à Tigzirt, on compte 54-56 km. de Rusuccuru à
Rusazu, ce qui peut à la rigueur convenir si l'on admet une certaine
imprécision des textes, mieux encore si l'on corrige, avec M. J. Car
copino, le texte d'IA4.
Les arguments épigraphiques ne sont pas seuls toutefois à soute
nir cette thèse 5 ; un argument linguistique y concourt aussi. On sait
que les noms de la côte sont généralement des noms géographiques
d'origine punique. Et si le préfixe Rus- désigne évidemment les
villes établies sur un cap (Rusguniae, Rusicade, etc.), /- semble
bien indiquer la proximité d'une île (loi, Icosium, Inarim, etc.).
Or Dellys est sur un cap et Tigzirt tire encore aujourd'hui son
nom kabyle de la « petite île » qui prolonge, en effet, à quelque
200 m., le promontoire·.
1 Atl.Arch.,t. 6, p. 12.
2 J. Carcopino, BACTH, 1919, p. 172-173 et 175-176.
8 Pour la commodité de l'exposé, nous utiliserons les abréviations IA
pour désigner l'Itinéraire d'Antonin et TP la Table de Peutinger. De
même, nous nous dispenserons de renvoyer chaque fois au tableau génér
al, p. 155, et au dépliant.
* J. Carcopino, Revue Africaine, p. 23 ; la distance Iomnium-Ru-
sazu diminue grâce à la correction de XXXVIII à XXVIII milles.
5 Les d

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